J'ai adoré
Et je suis comme beaucoup depuis hier, un peu orphelin désormais.
En 8 ans cette série aura su porter la quintessence de ce qui se fait de mieux en termes de fiction et de narration pour porter à l'écran un objet filmique d'une qualité qu'on est pas prêt de revoir avant de nombreuses années.
J'ai aimé cette saison 8, elle n'est pas parfaite, certes, mais elle a suffisamment de qualités pour rivaliser avec les autres saisons, amha.
En premier lieu, on ne la cite plus parce qu'elle semble être devenu pour beaucoup quelque chose de normal, mais l'ambiance, la photographie, la mise en scène, la musique... Est-ce que d'autres séries tiennent la comparaison sur 8 saisons ? J'ai souvent l'impression que concernant Game of Thrones la barre a été placée tellement haute qu'on en arrive à faire la fine bouche sur à peu près n'importe quoi.
Concernant ce dernier épisode,
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la mise en scène est vraiment à tomber par terre. De cette sorte d'hiver nucléaire qui fait encore davantage réaliser l'ampleur du massacre, de la scène où Tyrion découvre les corps de son frère et de sa soeur enlacés ou encore de l'arrivée de Daenerys avec son ambiance totalitaire, on a déjà passé un premier quart d'heure riche en émotions.
La scène du trône et du choix de Jon restera parmi mes souvenirs de cette série les plus marquants. Daenerys qui arrive enfin au but ultime de son existence, Jon qui enfin fait un choix jusqu'à toute la portée symbolique de Drogon durant ce moment. Beaucoup de choses passent par le jeu des deux acteurs pour nous montrer l'impossible réunion du feu et de la glace. On a reproché à Drogon de ne pas brûler Jon, ce que je n'aurai pas du tout compris parce que Drogon n'est pas sensé savoir comment Daenerys est morte, il reste un animal, une bombe nucléaire sur pattes griffues, certes, mais un animal tout de même. De plus, il connait Jon et sait quel rapport il entretenait avec Dany (cf la scène de la cascade).
Je le répète souvent, il manque 7 épisodes à Game of Thrones pour être parfait et cela se ressent notamment dans la scène du conseil. Cela aurait pu prendre un peu plus son temps, surtout pour un moment aussi important. On répète souvent que Ver Gris aurait dû tuer ses otages. Sauf que Ver Gris n'est qu'un bras armé incapable de décision. Il veut juste la justice mais laisse très bien sous-entendre qu'il n'est pas question qu'il la rende lui-même, parce que ce n'est tout simplement pas sa nature.
J'ai plutôt apprécié le choix de Bran.Les deux dernières tentatives de persuasion de Tyrion auront donc été les bonnes. Il devient quelque part à la fois Queenslayer (même s'il ne tient pas le couteau, il en oriente bien la pointe, littéralement) et Kingmaker, ce que j'aime à voir comme une sorte de continuité avec la destinée de sa famille.
La scène finale des adieux des Stark à Jon m'a arraché des larmes, il n'y a rien à en redire. Arya est la seule pour qui j'avais anticipé cette fin il y a de cela quelques années déjà. Je ne voyais absolument pas le personnage rester cloitrée à rôle de conseillère, sachant que toute la série nous l'a montrée dans l'action plutôt que dans la politique.
Enfin, le destin de Jon m'a fait l'effet d'une beauté tragique. Je vois ce personnage comme un héros des tragédies grecques. Durant toutes ces années il aura été ballotté par le destin, comme prisonnier depuis sa naissance de choix qu'on a toujours entrepris pour lui. Pour moi Jon c'est l'incarnation du chevalier noir. Le héros dans l'ombre, toujours animé par des résolutions qui dépassent son propre intérêt personnel et qu'on finit par haïr ou rejeter parce qu'il est le seul à pouvoir réaliser ce qui doit être fait (devenir frère juré de la Garde de Nuit, devenir l'assistant du Commandeur Mormont, trahir volontairement ses voeux pour sauver la Garde, devenir Commandeur de la Garde de Nuit, lier une alliance entre les peuples libres et la Garde, sauver Winterfell des Bolton, sauver l'humanité de la menace des White wakkers, la liste est longue). Il ne peut attirer la lumière car au fond il a toujours été un réprouvé et c'est pour cela qu'à la fin il semble aussi à sa place parmi le peuple libre qui sont les seuls à le considérer pour ce qu'il est vraiment, sans titre ou apparat. A mon sens, la destinée de Jon incarne parfaitement ce qu'est un véritable héros au sens chevaleresque du terme. Il a tout sacrifié pour protéger son prochain, jusqu'à sa véritable identité dont il ne se sera au final jamais servi. Il s'agit pour moi de l'un des personnages les mieux écrits de la saga, du début jusqu'à sa conclusion.
Pour terminer, je dois avouer que je ne comprends pas vraiment le déferlement de déception concernant la fin de la série.
J'ai souvent lu que la dernière saison était la plus incohérente. Personnellement, J'ai aussi souvent l'impression que l'incohérence est le nouveau mot à la mode pour tenter de donner de l'objectivité à sa propre subjectivité.
Pour faire simple, si on veut trouver de l'incohérence, on en trouvera PARTOUT, et l'inverse est aussi vrai. Personne n'en parle parce que c'est dans la saison 1 et aussi dans les livres, mais moi j'ai toujours trouvé incohérent le fait que Robert se déplace avec une grande partie de son ost de King's Landing à Winterfell juste pour aller chercher son futur premier ministre, sans vraiment prévenir à l'avance Eddard Stark, l'ami de 20 ans, qu'il arrive et sans lui dévoiler clairement ses intentions.
ça c'est mon avis personnel en matière d'incohérence scénaristique, mais bien entendu, c'est subjectif et ça se discute.
Comme dirait Merwin, un chef d'oeuvre pareil ne reviendra pas de sitôt, malgré le gap laissé par la série qui tentera d'être comblé. Il aura fallu la bonne rencontre entre une histoire incroyable et une adaptation tout aussi incroyable pour donner ce que nous auront été, malgré les critiques, des millions à voir à day one, donc c'est que la qualité de la série ne devait pas être si mauvaise, sinon à quoi bon ?
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All Hail Bran the Broken !