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Je n'avais pas eu le temps d'ouvrir un sujet sur ce film d'animation plus tôt (j'en avais seulement parlé dans le sujet général sur l'animation), mais, après l'avoir enfin vu, il est temps de rattraper ce retard ! "Ernest et Célestine", c'est l'adaptation d'une série d'albums pour la jeunesse écrits et dessinés par Gabrielle Vincent, et racontant l'amitié inattendue entre un gros ours, Ernest, et une petite souris, Célestine. Le film, produit par les Armateurs (connus notamment pour avoir produit les Kirikou), est une coproduction franco-belge. Trois réalisateurs : un Français qui fait ses premières armes en long métrage, Benjamin Renner, et deux Belges plus expérimentés, Stéphane Aubier et Vincent Patar, connus pour la série puis le film animés Panique au village (2009). Le scénario et les dialogues sont signés Daniel Pennac (romancier, mais aussi plus récemment scénariste en BD pour deux Lucky Luke).Je ne connaissais pas bien la série originale, je laisse donc les gens qui la connaissent faire la comparaison. A vue de nez, le film fait le choix d'une tonalité légèrement plus sombre que les albums, ce qui permet au film de s'adresser à un public familial plus large. En contrepartie, les vraiment-tout-petits risquent de ne pas tout comprendre, même si le film reste largement accessible aux jeunes enfants (j'ai lu quelque part "Dès 3 ans"... heu, non. Sans être parent, je dirais quand même plutôt 4-5 ans à vue de nez).L'histoire Célestine est une petite souris élevée dans un orphelinat où la surveillante effraie les enfants avec l'histoire du Grand Méchant Ours. Dans ce monde, les rongeurs vivent dans une cité souterraine tandis que les ours vivent en haut, dans la ville. Mais Célestine ne croit pas qu'un ours soit nécessairement méchant. Elle n'a pas non plus envie de devenir dentiste comme tout le monde : elle préfère dessiner. Mais dès qu'elle grandit un peu, elle est envoyée avec les autres petites souris faire la collecte des dents de lait sous les oreillers dans les maisons des ours. Hélas, elle ne réussit pas très bien à sa tâche... c'est au cours de sa mission qu'elle rencontre l'ours Ernest. Ernest, de son côté, fait l'homme-orchestre dans les rues pour essayer de gagner un peu d'argent sans se faire apercevoir par les gendarmes. Mais il n'y parvient pas et commence à mourir de faim... il a tellement faim qu'il pourrait bien manger Célestine. Mais celle-ci ne se laisse pas faire, et l'aide à trouver à manger à la place. Une amitié toute naturelle naît peu à peu entre l'ours et la souris, mais les deux amis facétieux risquent de gros ennuis auprès de leurs peuples respectifs...Mon avisJe reviens de le voir, et j'ai beaucoup aimé. D'abord parce que c'est un très beau film, au sens où les images et l'animation sont magnifiques. C'est de l'animation en 2D imitant des dessins à l'aquarelle, très fidèles aux illustrations des livres, et avec un côté volontairement "pas fini" dans les couleurs et un trait mouvant qui donnent une impression de spontanéité : on voit presque les coups de crayon... Ne nous y trompons pas, un rendu pareil a dû demander énormément de travail, mais le résultat est vraiment très beau, et chaque image du film ferait une belle illustration à part entière. L'animation des personnages est magistrale, très bien rythmée, et sert très bien l'humour ou l'émotion du film (qui alternent parfois à quelques instants d'intervalle).Même réussite sur le plan du son. Les voix sont bien choisies et fonctionnent très bien, notamment celles des deux personnages principaux (Lambert Wilson fait très bien l'ours mal léché et Pauline Brunner campe une Célestine vive et touchante, sans tomber dans des sonorités trop cliché). La musique, jamais envahissante, choisit une instrumentation rappelant un peu la musique de rue que joue Ernest et accompagne l'animation avec un bon sens du rythme.Venons-en au scénario. Comme je l'ai dit, il installe un univers étonnamment sombre par rapport à ce que l'affiche peut laisser penser. Le monde où évoluent Ernest et Célestine emprunte beaucoup de ses traits à la bonne société rigide de la fin XIXe s. et parfois du milieu du XXe, et Pennac en profite pour réaliser au passage une satire sociale qui annonce les thèmes centraux du film : l'acceptation de l'autre et la remise en question des préjugés conservateurs. Le traitement que fait Pennac de l'histoire est plus ambitieux mais aussi plus risqué qu'une simple affirmation d'un message lénifiant. Ernest et Célestine sont des hors-la-loi, et ils passent une bonne partie du film avec la police aux trousses. Pourtant, il m'a semblé que le résultat passait très bien. D'abord parce qu'on reste dans un message assez général : il n'y a pas d'allusion explicite au monde politique réel, même si les adultes n'auront aucun mal à comprendre ce que les auteurs ont en tête - et le message est social autant que politique. Ensuite et surtout, tout ça reste avant tout très drôle ! Les déboires des deux amis avec les représentants de l'ordre se placent dans la grande tradition du comique et font penser à Charlot ou à Laurel et Hardy (pas aux Guignols de l'info). Et puis, l'ensemble est bien ficelé, avec là encore un rythme bien maîtrisé : l'intrigue avance à un bon train, et ralentit tout juste ce qu'il faut de temps en temps pour ménager quelques séquences paisibles et très belles chez Ernest, lorsque les deux amis peuvent vivre tranquillement quelque temps avant de devoir de nouveau se coltiner le reste du monde.Bref, en deux mots (après avoir été bien bavard, pardon), c'est un fort beau film, qu'il serait dommage de manquer pendant qu'il est encore sur les écrans :)EDIT : J'oubliais : un extrait du film sur Youtube montrant la rencontre entre Ernest et Célestine.

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Merci beaucoup pour ce bel avis tres argumenté et clair. :respect:Tu es sûr que tu ne veux pas devenir chroniqueur ? Parce que là ça vaudrait le coup d'une critique officielle sur le site et pas que sur le forum ? ;) Enfin AMHA

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C'est très gentil Witch, mais je suis déjà très occupé par ailleurs ! Et le niveau d'approfondissement vient surtout de mon enthousiasme pour le film :) Il a l'air de plutôt bien marcher au box-office, surtout dans le contexte actuel où la concurrence en animation est rude... J'espère qu'il va continuer à faire son petit bonhomme de chemin, parce qu'il le mérite !Il y a d'autres gens qui l'ont vu par ici ?

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J'ai vu ce film en juin dernier et j'ai su que ce serait un succès et il le mérite !!C'est mon film coup de cœur de Noël et je l'ai proposé au maximum d'écoles et de centres de loisir pendant les 4 semaines où mon cinéma l'a proposé à l'affiche (en plus on a réussi à l'avoir en avant-première). Tout les spectateurs sortent ravi après la projection, quel que soit leur âge ! Je n'en ait pas fait la critique pour Elbakin parce que ce n'est pas vraiment un film de Fantasy, mais un film pour enfants.Cependant, comme Tybalt, j'encourage vivement chacun à aller le voir !

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alana chantelune a écrit :Je n'en ait pas fait la critique pour Elbakin parce que ce n'est pas vraiment un film de Fantasy, mais un film pour enfants.
L'un n'exclut pas l'autre (Le Roi et l'Oiseau ou les Kirikou sont des films de fantasy pour enfants, par exemple !) :)Ernest et Célestine est un peu aux limites du genre, dans la mesure où on pourrait discuter sur l'existence de la magie, mais à mes yeux il entre tout de même bien dans la catégorie "Fantasy animalière", un peu comme Watership Down par exemple. Et il est aussi question des petites souris qui emportent les dents de lait, d'univers dominés par les dentistes qui ne dépareraient pas dans le Charlie et la Chocolaterie de Burton, et de technologies assez léonarddevinciesque dans les décors... alors pour moi, "y en a" ;)

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le plus simple pour savoir si c'est de la fantasy animalière ou pas, c'est d'aller voir.mais d'après les livres, je n'ai pas l'impression que ce soit très fantasy ou fantastique.Merci pour ta critique très détaillée, ça donne envie d'y aller. :)

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Favrielle a écrit :mais d'après les livres, je n'ai pas l'impression que ce soit très fantasy ou fantastique.
Je n'ai pas (encore) lu les livres, mais l'univers du film s'en détache nettement. Il est un peu plus sombre, et, d'après ce que j'ai pu voir des livres, plus fantastique/fantasy, justement. Ça reste subtil, mais la cité souterraine des rongeurs et tout ce qui tourne autour de la récolte des dents, par exemple, n'ont pas l'air d'être dans les livres originaux. On n'est pas dans les gros sabots des clichés du genre, mais ça donne au film une touche plus fantastique. Idem pour certains détails ou péripéties :
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Cela dit, ça se discute. L'élément principal reste le fait qu'il y a des ours et des souris anthropomorphes qui parlent, s'habillent et vivent en gros comme des humains. C'est un critère d'inclusion dans la fantasy animalière selon la plupart des bouquins de critique sur la fantasy que j'ai lus, même si ça pose problème à quelques-uns aux Etats-Unis. John Clute distingue - la "fable animalière", purement satirique ou métaphorique- les "animaux parlants" qui servent de compagnons à des humains dans un monde d'humainset la "fantasy animalière" où les animaux sont intelligents, peuvent se parler entre eux mais pas aux humains, et "sont décrits en termes qui amplifient à la fois leur nature animale et les caractéristiques naturelles des espèces auxquelles ils appartiennent" (André-François Ruaud parlant de Clute dans le Panorama illustré de la fantasy et du merveilleux, c'est p. 176 pour être précis).C'est une branche de la fantasy qui peut poser problème, mais ça me paraît relever du merveilleux sur le même plan que la magie. Surtout quand on en vient (comme dans Ernest et Célestine) à bâtir un univers entier sur ce principe, avec ses technologies, du mobilier, etc. (les fameux sièges à base de dés à coudre et autres trucs du même genre qu'on voit régulièrement dans ce genre d'univers, mais on a aussi des choses plus élaborées).Il faudrait voir les livres, mais j'ai l'impression que le dessin animé tire plus l'univers vers la fantasy animalière au sens fort que les livres, qui ont l'air de moins jouer sur l'aspect "création d'un univers hybride animal-humain" (les ours et les souris parlent et vivent comme des humains mais il n'y a pas de technologie étrange, pas d'histoire de dents à récolter, pas de technologies fantastiques, etc.).Je ne sais pas si je suis très clair, désolé :huh:

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Les albums racontent principalement l'histoire d'un ours anthropomorphe qui a adopté une petite fille souris. Les thématiques tournent plus autour des préoccupations "classiques" des enfants (Célestine fait une bêtise, Célestine veut faire un pique-nique, Célestine veut connaître l'histoire de son adoption, Ernest tombe malade, etc.) et en les lisant je n'ai jamais eu l'impression de lire de la fantasy. En cela le film va beaucoup plus loin.

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Je ne peux comparer avec les livres mais le film est un vrai petit bijou... Ma fille de 3 ans a adoré et j'ai passé un très bon moment... Ce film est très doux, poétique...

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Vu avec la sortie du film sur galette.Ayant lu les livres (il y a fort longtemps), c'est intéressant de voir comment le film s'en inspire et en même temps s'en éloigne. Les dessins / traits du film reprennent très nettement les livres et c'est tant mieux, mais le film ajoute une certaine profondeur (bienvenue) au scénario assez simpliste des livres. Je pense que les livres ne sont pas de la fantasy, comme cela a pu être mentionné. Par contre, c'est plus discutable pour le film pour les raisons invoquées, entre autre par Tybalt. Cela reste néanmoins très ligth, et j'hésiterais plutôt à classer cela comme une fable (rapport aux animaux et à la morale). Néanmoins, ce n'est pas très important.L'important c'est que le film n'a quasiment que des qualités : du dessin, à la musique en passant par les voix des personnages et au ton mêlant burlesque, satire et tendres émotions. Un très très bon moment pour n'importe quelle classe d'âge.Vivement conseillé !

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Un nouveau film d'animation mettant en scène Ernest et Célestine est annoncé pour le 14 décembre 2022 ! Il s'intitulera Ernest et Célestine : Le Voyage en Charabie. Il sera réalisé par Julien Chheng et Jean-Christophe Roger, qui ont déjà réalisé la série d'animation qui prolongeait le premier film. (Source : Télérama)

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https://medias.unifrance.org/medias/137/227/254857/format_page/media.jpg


Ernest et Célestine : le voyage en Charabie sort mercredi en huit, le 14 décembre !

Zou, la bande-annonce.

Ernest et Célestine retournent au pays d’Ernest, la Charabie, pour faire réparer son précieux violon cassé. Ils découvrent alors que la musique est bannie dans tout le pays depuis plusieurs années. Pour nos deux héros, il est impensable de vivre sans musique !

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J'ai vu la bande annonce au ciné avec mes enfants et j'ai trouvé ça plutôt pas mal.
J'ai déjà vu des courts métrage qui étaient très plaisant et ce film a l'air encore mieux.