Le panégyrique de
Littlefinger sur
Rising Stars dans la section Science-Fiction m’a rappelé au bon souvenir de
Midnight Nation.Un comic sans superhéros écrit par Michaël Joe Straczynski : une histoire de fantasy urbaine qui pourrait constituer un chaînon manquant entre le
Neverwhere et l'
American Gods de Neil Gaiman (les 2 compères se connaissent bien !)
"David Grey est un inspecteur de la police de Los Angeles. Il enquête sur un meurtre d’un jeune noir dans un quartier populaire, certainement un règlement de comptes entre dealers de drogue pour son chef. Sur la piste d’un certain Arlan Jaeker, Grey découvre des êtres monstrueux (les Marcheurs / Walkers) et leur chef qui lui vole son âme. À son réveil, David découvre que les gens sont translucides, ne le voient, ni ne l’entendent. Une jeune femme lui explique qu’il est passé dans l’entre-deux-mondes (place in between), qu’il a un an pour reprendre son âme en parcourant à pied les 5000 km qui le séparent de New York, ou il deviendra un Marcheur/Walker… à moins qu’elle ne le tue avant !
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(l’appellation de Marcheurs provient qu’il s’agit de tous ceux qui précédemment échoué à récupéré leur âme !)
Cette série bénéficie d’une unité graphique appréciable puisque que Gary Frank en signe tous les dessins.Son travail est d’une constance remarquable avec moult ombres, détails et personnages bien expressifs.Il s'agit d'un roadmovie qui mêle action et réflexion en s'inscrivant entre
Preacher,
Y le Dernier Homme et
Walking Dead :
- avec une dimension psychologique : les prises de bec entre les 2 protagonistes sont nombreusescar plus on avance et plus Laurel doute en revivant avec David ses multiples échecs antérieurscar plus on avance et plus David désespère d’échapper à sa lente et sombre transfigurationLeurs angoisses se répondent : pour tenir le coup David se défoule sur Laurel qui craint de s’attacher par peur de souffrir à nouveau…- avec une dimension religieuse et métaphysique :De Lazare à Lucifer, la notion de libre arbitre est fondamentale dans un monde oublié de Dieu- avec une dimension sociale : Chaque étape du voyage est un combat contre les Marcheurs certes, mais d’abord et surtout et une rencontre avec les laissés pour compte de l’ultralibéralisme qui nous racontent leurs tristes déchéances.A l’image d’
Invasion Los Angeles de John Carpenter, on nous montre un certain visage de l'Amérique moderne qui rend les gens en difficulté transparents aux yeux des gens normaux.Ces quasi-limbes dans lesquels déambulent les personnages sont ainsi engendrés par l'égoïsme et l'indifférence.Oubliés de tous, les paumés doivent lutter pour s'en sortir ou sombrer dans la violence subie ou infligée… :(D'un autre côté avec 1 mec paumé, 1 mentor tordu, 1 univers parallèle, on retrouve l’esprit des séries
Life on Mars et
Ashes to Ashes ! ;)Un récit sombre et sans concession, mais avec une lueur d’espoir et d’humanité.(Lu avec la BO du film V
idocq (Bruno Coulais) : immersion dans l’urban fantasy garantie.)Nous nous élevons tous ensemble, nous tombons tous ensemble ; rejeter l’autre, c’est se rejetter soi-même : alors pour se sauver il faut parfois savoir se sacrifier. Tel est le message humaniste de cette série courte mais intense (12 numéros seulement).