Pour le coup, pour dynamiter les codes, je reste absolument convaincue que si, c'est mieux de les connaître.
De toute façon, nous grandissons environnés des tropes de notre culture, et si nous ne les interrogeons pas, nous sommes quasi certainement condamnés à les répéter de manière inconsciente.
A la sortie de mon école (de scénario), je me suis retrouvée plusieurs fois à travailler avec d'apprentis réalisateurs qui voulaient faire du cinéma de genre (et révolutionner à eux seuls le cinéma de genre), et qui surtout ne voulaient pas connaître ce qui s'était déjà fait, qui refusaient d'étudier les codes et les grandes œuvres de SF, fantastique... Ils espéraient ainsi être d'évidence hyper originaux. Résultat ( j'en parle dans un épisode passé de Procrastination
) : ils mettaient beaucoup d'énergie à réinventer (mal) des trucs déjà vus cent fois.
Bref, oui, pour vraiment inventer hors des codes, mieux on les connaît, mieux c'est. Dans les exemples cités par Dakeyras, je vais rester sur ce que je connais le mieux, le côté ciné. Terrence Malik ne surgit pas d'un coup au milieu du nulle part, il a un gros parcours universitaire, il travaille entre autre sur le scénario de l'Inspecteur Harry (difficile de faire plus classique)... Et même avec une vision de formaliste, il brasse dans tous ces films les grands thèmes fondateurs de la mythologie américaine (ça se voit dans le fond comme dans la forme : le rapport aux paysages et à la nature, le côté choral de certaines œuvres...).
Par contre, clairement, il fait partie de ces réalisateurs qui construisent leurs films au montage ( comme certains auteurs découvrent leurs livres avant tout en corrections, en partant d'un premier jet qui s'élance dans pleins de directions). C'est une méthode qui n'est ni la plus simple sans doute, ni la plus répandue, mais c'est une méthode quand même
.
Après, on n'est bien sûr pas obligé d'apprendre à écrire, ni même de réfléchir sur l'écriture, pour écrire et trouver ça cool ( la seule règle, c'est qu'il n'y a pas de règle
). Par contre, si on veut aller ailleurs, défricher peut-être quelques contrées nouvelles, pour moi, oui, il faut savoir d'où on vient.
Enfin, pour revenir au livre de Lionel, c'est avant tout un super bouquin technique, une des meilleures boîtes à outils pour construire des histoires. Si vous vous interrogez sur le fonctionnement interne d'un récit, ou de ceux que vous voulez écrire, je le recommande chaudement.
Si, également, vous voulez mieux maîtriser vos outils d'écrivain qui pouvoir rêver plus loin, emmener plus loin vos histoires, vos enjeux et vos personnages, pareil, je recommande aussi !
Et bonus, il est très agréable à lire, et jamais péremptoire.
Si vous vous interrogez davantage sur l'aspect organique de l'écriture, sur les rapports entre l'écriture et la vie, " Nous qui n'existons pas " de Mélanie Fazi peut être un très bon complément de lecture
.