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Rien à voir mais j'ai acquis antidote récemment et juste pour le fun j'ai copié collé des textes d'auteurs publiés et parfois connus. Je fais ça pour voir si les romans publiés ne contiennent pas d'erreurs. Or j'en vois plusieurs notamment des répétitions dans le même paragraphe, des verbes ternes, des phrases longues. Juste pour dire qu'il faut se dérider un peu. Je vois trop de jeunes auteurs qui ne jurent que par antidote et tentent d'effacer TOUTES les répétitions. or ce n'est ça qui rendra un texte meilleur ou plus lisible.

La plupart des lecteurs ne remarquent pas les erreurs que ceux qui écrivent constatent facilement. D'ailleurs, j'ai souvent remarqué qu'on repérait facilement les répétitions de mots peu utilisés, archaïques, rares. Ex dans la Nuit des temps, le mot pulvérulent m'a sauté aux yeux car :

1- Je ne le connaissais pas
2- L'auteur l'utilise toutes les 10 pages.

Alors que le mot poussière, on pourrait me le foutre toutes les 5 pages que je ne le remarquerais même pas.

Attention avec Antidote qui considère certains opposés comme des répétitions : ex sain et malsain. C'est exagéré.

Tout ça pour dire que même les livres publiés contiennent encore des erreurs (je parle d'erreurs profondes. J'ai testé une nouvelle d'Egan. Il n'y a que 9 verbes ternes mais plusieurs répétitions sur la même ligne. Et on s'en fout. Enfin moi perso. Sinon il y a aussi des virgules absentes, et des phrases très longues (dont une de 5 lignes, imbitable). Tout ça pour dire à nous tous jeunes auteurs amateurs, de ne pas trop se prendre la tête. D'ailleurs, concernant les répétitions, Vonarburg dit bien dans son guide d'écriture qu'on ne peut parfois pas y échapper et plutôt que de chercher des synonymes farfelus, vaut mieux rester simple quitte à répéter un mot.

Mais cet exercice m'a tout de même montré que même les professionnels font parfois l'inversent de ce qu'ils (dé)conseillent. Ex: des phrases longues, des dialogues longs, des répétitions, des mots rares et j'en passe. C'est un peu comme les adverbes à éviter ou les qui que etc... j'ai testé avec des textes de Damasio, Bordage et King (bon ok c'est une traduction le concernant) et j'en trouvais beaucoup (mais genre vraiment). Donc les conseils qu'on voit pulluler sur le net font parfois un peu rire. Il faut les écouter, les suivre au maximum mais ne pas s'enfermer dedans.

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Tout à fait. Je trouve le module répétitions d'Antidote fascinant à employer, et il révèle parfois des choses qu'on manque, mais s'en servir aveuglément me semble une erreur. C'est pour cela qu'à mon avis, un regard bien entraîné et un jugement esthétique réfléchi sont préférables à l'emploi d'une moulinette. Quand on début, c'est instructif, mais au-delà, rien ne vaut la réflexion personnelle, même si ça demande plus de boulot.

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J'aime beaucoup la comparaison de Davoust entre ça et les épices : tout est affaire de dosage, en effet.
J'ai bien noté les références à La Maison des feuilles et à l'anthologie En-dessous, mais tout le monde a eu l'air de tourner autour de l'éléphant dans la pièce qui était quand même Damasio avec ses jeux sur la typographie omniprésents, ses numéros de pages à rebours, etc.
Dans la série "la littérature générale aussi fait ça, et depuis longtemps", il y a les Vie et opinions de Tristram Shandy, gentilhomme, de Laurence Sterne, qui est un roman d'aventure comique du XVIIIe siècle qui joue souvent sur la mise en page.
Les discussions autour des documents insérés dans le récit m'ont beaucoup intéressé, mais me laissent l'impression d'être un sujet distinct, qui mériterait amplement un épisode à part entière :) Mais c'est vrai que certains documents insérés peuvent conduire à rompre avec la mise en page habituelle, qu'il s'agisse de cartes, de plans, ou de captures d'écran et de schémas mathématiques, comme on en trouve à foison dans Jurassic Park de Michael Crichton par exemple - et qui contribuent beaucoup à l'atmosphère réaliste et glaçante de ses "techno-thrillers".

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Ah oui, les pages de fractales chez Crichton !
Quitte à parler carte en début d'ouvrage (nous parlons évidemment du monument classique, les Dieux sauvages), il y a d'autres accessoires qui sont au livre ce que le menu déroulant de Star Wars est au film.

Tiens, il y a aussi le déchronologue qui ne fait rien comme tout le monde, et effectivement, ça ne passerait pas à chaque fois.

Certaines techniques gagnent à rester exceptionnelles, comme une épice rare manger du safran tous les jours ou pour un plat de fête).

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Tybalt a écrit :J'aime beaucoup la comparaison de Davoust entre ça et les épices : tout est affaire de dosage, en effet.
J'ai bien noté les références à La Maison des feuilles et à l'anthologie En-dessous, mais tout le monde a eu l'air de tourner autour de l'éléphant dans la pièce qui était quand même Damasio avec ses jeux sur la typographie omniprésents, ses numéros de pages à rebours, etc.

A titre personnel, c'est surtout que je ne l'ai pas lu. :sifflote: La limite de ce type d'échanges, c'est que chacun parle à partir de ses connaissances mais aussi de ses lacunes.

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Il se peut que j'ai un peu ( beaucoup) pensé à Damasio durant cet épisode, mais je ne voulais pas trop braquer le projecteur sur lui ;)

Au passage, le Déchronologue est un très bon exemple de construction hyper différente en effet, merci de le rappeler (et dans mon souvenir j'avais beaucoup aimé !).

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Pour rebondir sur ce qu'a dit Dakeyras, sur les répétitions : dans les conseils qu'on voit souvent passer, pour les jeunes auteurs, on conseille d'éviter à tout prix les répétitions. Mais parfois, à force de mettre des mots moins évidents pour remplacer des mots hyper simples, on crée un manque de naturel dans un texte.
Je suis d'accord avec Elisabeth Vonarburg sur ce coup, mieux vaut parfois rester simple quitte à répéter un mot.

Au fil des manuscrits, de mon côté, j'aurais plutôt tendance à faire la chasse en priorité à ce que ma bêta-lectrice appelle " les mots liserons" ( en référence à la plante grimpante facilement envahissante) : un ou deux mots particuliers que j'ai tendance à placer et replacer à foison dans un manuscrit.

Ils sont toujours différents selon les romans. Dans l'un d'eux, ça peut être "épaule", dans l'autre "serpent"... Mais très souvent ils se retrouvent à des endroits où je peux sans souci améliorer mon texte en changeant une phrase ou une formulation.

Je n'en fais pas une règle universelle, j'ai juste l'impression que ce truc marche pour moi^^

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Et globalement d'accord avec ce qu'a dit Foradan sur la baston ( De Cape et de Crocs et Soulcalibur c'est cool, au passage, dans des genres un peu différents^^).

( Je reviens sur le forum après un long tunnel de deadlines, j'en profite pour rattraper mon retard en lecture des discussions sur Procrastination !)

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Ah oui, mercenaires, carrément :huh:
C'est choquant quand même cette différence d'appellation...

Ou alors, mesdames, fondez une compagnie de mercenaires et partez conquérir les maisons d'édition :D

Par contre, pour les questions d'ambition, de déception d'être pas lu, etc. je pense qu'il ne faut pas hésiter à consulter des psychologues, si on n'arrive pas à gérer et qu'on veut vraiment faire de l'écriture son gagne-pain principal :)

Les notions d'ego, ambition, ne sont pas forcément des concepts négatifs. Il s'agit de trouver le bon dosage, après-tout.

Mais sachez en tout cas que vos podcasts aident énormément ! Que ce soit pour ce qui est de la confiance en soi, mais aussi de la conscience de certains obstacles auxquels certaines ou certains peuvent être confrontés (notamment grâce à vos retours d'expérience, ou encore les coups d'gueule, justement).
En ça, un grand merci ^^

Reste juste à luter contre la procrastination :sifflote:

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Merci pour ce podcast extrêmement réconfortant. J'approuve absolument tout ce que dit Estelle Faye sur les femmes et l'ambition : se positionner dans un milieu à dominante masculine avec de l'ambition intellectuelle, l'assumer, prendre la parole, argumenter, défendre son point de vue, viser les premières places, est perçu dans l'inconscient collectif comme une posture virile. Et donc, quand on est une femme, il faut l'imposer, parfois contre des préjugés tenaces. Et c'est vrai que les femmes s'autocensurent beaucoup plus que les hommes, pour placer leurs manuscrits, et même, dans l'acte créateur lui-même, viser des formes ambitieuses, des thèmes comme la science, la politique, la métaphysique, etc.. Le syndrome de la bonne élève, c'est terrible. Vouloir bien faire, bien planifier, avec un beau cahier, des belles couleurs, guetter l'approbation, etc... C'est très féminin, j'ai l'impression. Je dis cela sans jugement, et pour avoir grandement pratiqué avant de tout envoyer promener.
Une autre idée qui m'est venue en écoutant le podcast : l'ambition, c'est l'ego, mais c'est aussi se trouver soi-même, se centrer sur soi, sa force intérieure, et pour faire écho ainsi que Lionel Davoust à la morale stoïcienne, se concentrer sur ce qui dépend de moi et ne nourrir ni attente ni regret de ce contre quoi ma volonté ne peut rien. Mais pour cela, ne faut-il pas une maturité, avoir un peu vécu ? Les travers que vous décrivez, la frustration, etc. qui ferait renoncer à l'écriture, c'est peut-être plus vrai à vingt ans qu'à quarante, quand on a compris que la réalité était par essence frustrante. Il faut aussi se connaître un peu soi-même, mesurer ce qu'on est prêt à sacrifier à l'écriture. J'ajouterais enfin (mais là encore c'est très subjectif) que les réseaux sociaux n'aident pas nécessairement les jeunes aspirants auteurs à trouver cette sérénité, cette force intérieure où se forge une voix, une indépendance d'esprit qui font l'armature d'une œuvre. Balloté d'opinion en opinion, de jugement en jugement, rarement bienveillants, comment s'affirmer soi-même ? Les conseils techniques d'écriture sont importants quand on débute, mais à un moment, il faut être seul face à la page blanche, sans distraction, ni autre voix que la sienne et celle de ses personnages. La bêta-lecture, ensuite, avec des gens de confiance, est essentielle, mais dans un second temps seulement.
Et quand c'est trop dur, qu'il y a eu trop de refus, d'échecs, il y a Procrastination...
Alors merci encore à vous pour ce podcast. Il soutient nombre d'écrivains silencieux, qui vous écoutent régulièrement.

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Oui, merci beaucoup Anna. C'est très agréable aussi (pour moi) de savoir que l'émission peut avoir un vrai impact positif sur ceux et celles qui viennent à notre suite.

Et pour te répondre sur la morale stoïcienne : complètement. Je tiens ce discours à 40+ ans, je n'avais certainement pas la maturité correspondante à 20 (et vous allez voir ce que je dirai à 150 !). Mais c'est d'autant plus pour cela que je le tiens : j'espère que quelque part, il y a des gens de 20 ans qui peuvent recevoir ça, et que ça puisse peut-être recentrer leur énergie par-delà leurs éventuels doutes et peines. Et je suis évidemment entièrement d'accord avec toi sur les réseaux. Castaneda (OUI, JE SAIS) prêchait pour l'effacement de l'histoire personnelle, ce qui n'est pas le truc le plus idiot qu'il ait dit, et les réseaux font exactement l'inverse en nous enferrant dans nos egos et les projections des autres, ce qui est une tragédie pour un esprit en construction (ou même plus âgé).