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Merci Tybalt d'avoir fait les recherches, il me semblait qu'on avait abordé la chose en filigrane ! Je confirme que ça n'était pas le sujet visé en l'occurrence ; ce que tu pointes, Mirkie, n'est pas une question de timidité mais d'affirmation (c'est certes voisin, mais différent). Du coup, j'ajouterais absolument à la liste de Tybalt "Faire original" (S04e03) qui parle du lien entre l'originalité et l'authenticité.

En gros – ce que j'ai l'impression, pour ma part, de rabâcher un peu trop – il est capital de comprendre qu'on n'est jamais aussi bon que quand on est authentique. Du coup, la question ne se pose plus vraiment : tu y vas. Mais aussi, les lecteurs ne nous voient jamais dans nos textes. (Je crois qu'on l'a dit à un moment.) On a l'impression de se mettre à nu, mais c'est tellement transcendé par la fiction que c'est méconnaissable. Jamais un journaliste n'a vu juste quand il m'a dit "et alors, tel personnage, c'est un peu vous, non ?" (Sauf si tu tombes dans le Mary Sue, évidemment, mais on part du principe que non !)

Je note cependant la suggestion, j'ai l'impression que ça recoupe un peu trop pas mal de choses qu'on a déjà dites, mais c'est un sujet important. Je vais soumettre à mes camarades, et à tout le moins, on l'abordera dans un épisode Retours.

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Mirkie a écrit :Bonjour !

J'ai été un peu déçue par cet épisode... Vous n'abordez le problème de la timidité presque que sous l'angle des salons, de la promotion du livre. Aucun d'entre vous n'a donc jamais du se faire violence pour ne pas s'auto-sensurer dans l'écriture même, par "peur" de trop se livrer ? Pour montrer ses écrits à quelques premiers lecteurs / éditeurs ? :) Sans avoir peur des critiques !

Le problème de la timidité en tant que telle, dans mon expérience, c'est principalement en matière de promo qu'il se pose.

Effectivement comme il a déjà été répondu, ce sont deux sujets distincts. On peut être timide dans son rapport aux lecteurs dans les salons et n'avoir absolument aucun mal à livrer des choses très personnelles dans nos textes (c'est mon cas notamment). D'autant que comme le fait remarquer Lionel, il est assez rare qu'on vienne nous chercher sur le sujet, à la limite plus on met de choses personnelles et moins les gens s'en aperçoivent. :rolleyes:
Le sujet de la critique a effectivement été abordé ailleurs et le sera bientôt à nouveau'

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1e décembre, 506 : Le retravail des manuscrits, avec Mireille Rivalland

Je suppose que l'enregistrement a été réalisé avec la première partie et qu'il n'est plus temps de poser des questions, mais cela signifie t-il que des manuscrits pas forcément au top sont acceptés ? Qu'ils émanent d'auteurs connus ou d'autres qui soumettent leur premier roman ?

En tous les cas, j'ai hâte d'écouter cet épisode. :)

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Les deux épisodes ont été effectivement enregistrés ensemble. Je crois qu'elle a répondu dans le 501 : elle évoque un fonctionnement au coup de cœur, et le catalogue de l'Atalante montre que des premiers romans sont régulièrement acceptés.

Mais surtout, je ne suis pas sûr de comprendre exactement la question, en fait. :) Un auteur a le devoir de fournir le manuscrit le plus "au top" dont il est capable, quelle que soit sa carrière. Et s'il sent bien qu'il n'arrive pas à franchir un certain seuil, c'est probablement le signe qu'il faut faire autre chose et laisser ce projet-là reposer (on a évoqué ce cas de figure de loin en loin), et y revenir avec un œil plus aguerri, plutôt que de le soumettre dans l'espoir que, sur un malentendu, ça passe. ;)

Maintenant, comme Mireille l'explique dans le 506, il y a *aussi* un accompagnement éditorial pour hisser les manuscrits toujours plus haut, quels que soient les auteurs.

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LDavoust a écrit :Mais surtout, je ne suis pas sûr de comprendre exactement la question, en fait. :) Un auteur a le devoir de fournir le manuscrit le plus "au top" dont il est capable, quelle que soit sa carrière. Et s'il sent bien qu'il n'arrive pas à franchir un certain seuil, c'est probablement le signe qu'il faut faire autre chose et laisser ce projet-là reposer (on a évoqué ce cas de figure de loin en loin), et y revenir avec un œil plus aguerri, plutôt que de le soumettre dans l'espoir que, sur un malentendu, ça passe. ;)

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Oui, oui, je suis tout à fait d'accord avec cela. Mais...

Maintenant, comme Mireille l'explique dans le 506, il y a *aussi* un accompagnement éditorial pour hisser les manuscrits toujours plus haut, quels que soient les auteurs

C'est plutôt cela le sens de ma question. Maintenant l'auteur et l'éditeur n'ont pas forcément la même perception du seuil à atteindre. Je réécouterai la première partie avant la deuxième, comme cela tout m'apparaîtra plus clair. :)

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Un (bon) éditeur fait toujours ce travail. Aucun manuscrit, même avec de l'expérience, n'est absolument parfait du premier coup. Maintenant, ce qui arrive fréquemment, c'est que sur un auteur expérimenté, la passe scénaristique n'est plus aussi nécessaire (tu sais globalement raconter une histoire qui tient debout et la présenter de la manière qui la sert le mieux, les problèmes de structure ont théoriquement été tous attrapés et corrigés de manière judicieuse avant envoi), mais la passe stylistique / syntaxique le sera toujours chez tout le monde.

De manière générale, quand vient le moment de corriger, un auteur sérieux gagne à penser comme un éditeur et avec la même exigence. :) (c'est évidemment un processus et du coup, affiner son jugement au fur et à mesure fait autant partie du boulot que tout le reste)

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Bonjour à tous

Fidèle poditeur de l'émission, je passe le cap et me joins à votre joyeuse compagnie avec une question pour nos auteurs/chroniqueurs préférés !
Dans l'optique (je cite) de faire "La course à la perfection", quel(s) retour(s) peut-on attendre de ses bêta-lecteurs ? Faut-il simplement s'attarder sur leur ressenti, décortiquer la mécanique de l'intrigue et la cohérence de l'univers développé ?
Et question relative à cela, quelle forme cela doit-il prendre ? Je pousse le truc un peu loin, mais est-ce judicieux par exemple de fournir une "grille" d'évaluation de certains critères sur lesquels on se questionne ? (oui je suis prof, ça se voit ? ^^)

Merci pour vos réponses !

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Bonjour AleskB, et merci pour ton écoute! Pour tout cela, je te renvoie du coup sur "Choisir un bêta-lecteur" (s02e17) où je crois que nous répondons globalement + le retour des poditeurs 05 (s04e05) où nous sommes revenus sur le sujet. Mais h'hésite pas si tu as des questions complémentaires! :)

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Je rebondis sur la dernière question, tout en revenant à l'émission avec Mireille Rivalland.

Les auteurs qui bénéficient d'un tel accompagnement sont vraiment chanceux et je présume que dans les autres maisons, c'est pareil.

Alors, j'ai bien compris qu'une éditrice, un éditeur travaillent dans le but de publier un roman (ce n'est donc pas désintéressé). Le bêta-lecteur, lui, se propose de donner un coup de main (et c'est déjà beaucoup). :)

Du coup, comment qualifieriez-vous la différence d'approche de ces deux types de personnes sur le travail vos romans ?

Un bon bêta-lecteur (ou bêta-lectrice) arrive-t-il (elle) parfois à se montrer aussi pertinent(e) qu'un éditeur ?

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Kik a écrit :Je rebondis sur la dernière question, tout en revenant à l'émission avec Mireille Rivalland.

Les auteurs qui bénéficient d'un tel accompagnement sont vraiment chanceux et je présume que dans les autres maisons, c'est pareil.

Alors, j'ai bien compris qu'une éditrice, un éditeur travaillent dans le but de publier un roman (ce n'est donc pas désintéressé). Le bêta-lecteur, lui, se propose de donner un coup de main (et c'est déjà beaucoup). :)

Du coup, comment qualifieriez-vous la différence d'approche de ces deux types de personnes sur le travail vos romans ?

Un bon bêta-lecteur (ou bêta-lectrice) arrive-t-il (elle) parfois à se montrer aussi pertinent(e) qu'un éditeur ?

Je dirais que la différence tient peut-être à ce que le travail avec l'éditeur ou éditrice se fait plutôt sur la longueur, avec éventuellement plusieurs aller-retours, là où le retour des bêta-lecteurs est plus ponctuel. Il y a effectivement aussi une question d'implication différente : il me semble qu'il peut y avoir une plus grande part de subjectivité dans le retour des bêta-lecteurs puisque effectivement ils n'ont pas d'implication directe dans la publication du livre. Pour le reste, comme on l'a abordé dans l'épisode signalé par Lionel, il y a différents types de relations avec les bêta-lecteurs, et différents types d'attente de notre part, mais leur avis peut effectivement être tout aussi pertinent que celui des éditeurs. Pour moi, les deux sont complémentaires.

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Pour le reste, comme on l'a abordé dans l'épisode signalé par Lionel, il y a différents types de relations avec les bêta-lecteurs, et différents types d'attente de notre part, mais leur avis peut effectivement être tout aussi pertinent que celui des éditeurs. Pour moi, les deux sont complémentaires.

Je crois que Mélanie a tout résumé avec cette conclusion. Je pense surtout qu'il faut garder un certain recul par rapport à un beta lecteur qui n'aura pas un œil professionnel sur des techniques de construction de récit par exemple, tout en gardant en tête que leurs retours instinctifs seront aussi plus spontanés, et (si on les choisit pertinemment) à l'avenant du public visé par notre texte.

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Comme on dit, "rien à ajouter" ! Encore une fois une analyse très claire de ce que doit l'auteur à son lectorat. On en revient à un autre débat qui est que le divertissement (littéraire, cinématographique, vidéoludique...) peut/doit être plus que cela et ne doit pas se priver d'être un peu instructif, même sans arriver avec des gros sabots.

Pour faire suite aux propos d'Estelle (que je salue, l'un des personnages principaux de mon histoire en cours étant justement une gladiatrice ;) ), je me demande quand même à quel point on doit "forcer sa nature" sur certaines choses, et de quelle façon on doit mesurer ça à l'aune de notre époque. Je m'explique...

Personnellement je n'ai aucun mal à utiliser des personnages féminins, et la parité est plus que respectée. En revanche je n'ai pas forcément introduit une grande mixité sociale ou ethnique dans mon univers, parce que ça ne servait pas nécessairement l'intrigue (et que se forcer à utiliser tel ou tel personnage pour éviter d'être taxé de raciste/homophobe/misogyne etc. ne me parait pas pertinent ni pour l'œuvre, ni pour faire avancer les causes susdites). Alors bien sûr on ne critiquerait pas Tolkien, CS Lewis sur ces points parce que les mentalités ont évolué depuis (ou même Gladiator pour reprendre l'exemple du rôle des femmes au cinéma), et il est nécessaire de faire évoluer nos représentations sociales par la littérature, mais jusqu'à quel point l'auteur doit-il se faire le porte-étendard de toutes les causes nobles, le débat est vaste !

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Un épisode passionnant et très riche, en particulier sur la distinction entre vraisemblance et réalisme. Je renchéris sur les propos d'Estelle à propos de la Rome antique (et autant je ne critiquerais pas Tolkien ou Lewis qui ont été éduqués à la fin du XIXe siècle et au tout début du XXe siècle, autant je trouve Gladiator très critiquable sur les divers sujets mentionnés, parce que bon, il est sorti en l'an 2000, c'était pas il y a un siècle !).

Un point qui n'a pas été abordé et qui mériterait de l'être serait : a-t-on absolument besoin de réalisme dans les genres de l'imaginaire ? Je trouve que l'exigence de réalisme a tendance à tout envahir (peut-être parce qu'elle est liée au genre du roman ?) et c'est bien dommage, en particulier dans les genres de l'imaginaire et tout particulièrement pour la fantasy qui se coupent ainsi de ses sources principales, mythes, contes et légendes où l'irrationnel et l'illogique tiennent une grande place.

AleskB a écrit :Personnellement je n'ai aucun mal à utiliser des personnages féminins, et la parité est plus que respectée. En revanche je n'ai pas forcément introduit une grande mixité sociale ou ethnique dans mon univers, parce que ça ne servait pas nécessairement l'intrigue (et que se forcer à utiliser tel ou tel personnage pour éviter d'être taxé de raciste/homophobe/misogyne etc. ne me parait pas pertinent ni pour l'œuvre, ni pour faire avancer les causes susdites). Alors bien sûr on ne critiquerait pas Tolkien, CS Lewis sur ces points parce que les mentalités ont évolué depuis (ou même Gladiator pour reprendre l'exemple du rôle des femmes au cinéma), et il est nécessaire de faire évoluer nos représentations sociales par la littérature, mais jusqu'à quel point l'auteur doit-il se faire le porte-étendard de toutes les causes nobles, le débat est vaste !

Pour en rester à la question du réalisme, ça dépend du degré de réalisme que tu recherches. Pour tout le reste, c'est toi l'auteur, tu fais comme tu sens. C'est déjà difficile de tenir pendant l'élaboration d'une histoire sur des mois ou des années, alors si tu te forces constamment et que tu n'approuves pas ce que tu fais, tu auras du mal à terminer.

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D'un point de vue de la critique, je ne pense pas que cela soit d'une pertinence de premier ordre d'évaluer selon une échelle de valeur de réalisme une œuvre dont l'intention artistique, qu'elle soit esthétique, éducatrice ou morale, n'a pas jamais eu la prétention d'imposer un dogme.

Personnellement, selon un filtre subjectif, je préfère voir ce qu'inclut une créatrice/créateur, et éventuellement le traitement, que de juger ce qui n'est pas et pourquoi cela n'y est pas.

Et d'un point de vue plus analytique, un "élément contemporain" ou plausible selon les conceptions contemporaine peut effectivement servir de point d'ancrage pour le lectorat.

Ce n'est pas forcement quelque chose de validé "scientifiquement", cela peut être des comportements humains de notre temps qui produiront de l'empathie. Des rapports entre enfants de la même famille, par exemple. Ou des histoires d'héritage pécunier, comme chez les hobbits de Tolkien.

De plus, les échelles de "valeur de réalisme" diffèrent selon les cultures et les références sociales au sein d'une même époque/société. Et puis considérer un savoir théorique historique comme l'argument d'autorité absolu, c'est pas valable pour tout le monde.

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On parle d'Historique et hop, j'apparais ;) !

Pour revenir sur ce qu'a dit AleskB :

AleskB a écrit :je me demande quand même à quel point on doit "forcer sa nature" sur certaines choses, et de quelle façon on doit mesurer ça à l'aune de notre époque.

Pour moi, il s'agit de la démarche inverse, en réalité. Quand je m'inspire d'une période historique ( ou que j'écris carrément un roman qui se passe dans une période donnée), je cherche à retrouver au maximum la réalité de cette époque, en allant au-delà des préjugés et des idées reçues que nos cultures modernes ont pu forger sur le passé.

C'est pour ça, par exemple, que dans La Voie des Oracles le maquilleur est un homme, quand dans Le Drakkar éternel, les Vikings entre eux n'appellent pas leur navire drakkar mais langskip, ou encore qu'il y a des personnages métis dans Widjigo.

Pour le coup, ça me paraît plus intéressant, en tant qu'autrice comme en tant que lectrice, quand on cherche à dépasser des clichés pour trouver derrière davantage de réalisme, et ça fait des films et des livres moins vus et revus en général.

Et vive les gladiatrices au passage :) !