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par Merwin Tonnel
Modérateur
Je viens juste de finir The Ten Thousand et c'est effectivement du tout bon, même si un peu moins que les Monarchies Divines (ceci dit, comparer une pentalogie et un one-shot, c'est peut-être pas très malin). La deuxième moitié du roman, quand les Dix Mille sont dans la merde jusqu'au cou, est particulièrement efficace et entraînante.The Ten Thousand est donc une réécriture fantasy de l'Anabase de Xénophon et si au début je n'étais pas sûr de l'intérêt d'un tel projet, l'univers développé par Kearney se révèle très fouillé et plutôt original (assez pour que je garde un œil sur d'hypothétiques autres livres dans le monde de Kuf) et l'histoire arrive à se détacher (un peu) du matériau de base.Kearney a un style toujours aussi fluide, sans temps mort, sombre et réaliste sans trop verser dans le gritty. Pour le coup, il laisse un peu de côté les personnages pour s'intéresser surtout à la guerre (sans pour autant que le roman soit un livre d'action décérébré) avec, comme pour les Monarchies Divines, des scènes de batailles bien épiques et très bien décrites. C'est d'ailleurs impressionnant comme il est aussi à l'aise avec les canons de la Renaissance qu'avec les lances de l'Antiquité.Seul petit bémol, qui n'en est pas réellement un : j'aimerais bien que Kearney s'assume comme un vrai auteur de fantasy sombre et adulte. Il sombre parfois trop souvent dans des facilités scénaristiques. J'avais déjà un peu été déçu dans les Monarchies Divines de la compression des multiples intrigues du premier tome en un seul et unique affrontement manichéen. Dans The Ten Thousand, il se laisse aller à une première partie introductive un peu longue, où il utilise des personnages "porte d'entrée" pour faciliter la découverte. J'aurais bien aimé être projeté dans cet univers violent comme j'ai pu l'être dans La Compagnie Noire ou Le Livre Malazéen des Glorieux Défunts, à prendre mes marques du mieux que je peux.Mais bon, toute la deuxième partie rattrape largement ces errances et la fin du roman est à la fois belle et cruelle. Et ceux qui ont aimé Corfe devront sûrement apprécier Rictus, qui en est peut-être même un peu trop proche.J'espère que la sortie de la VF en février ramènera pas mal de lecteurs parce que le livre vaut vraiment le coup.