Notes de production

La Genèse

Edité en 1997 par DC Comics sous la forme de 4 fascicules illustrés par Charles Vess, et réédité en livre l'année suivante, le récit merveilleux de Neil Gaiman Stardust suscita les comparaisons les plus flatteuses avec des succès du genre comme Princess Bride et L'Histoire sans Fin, et devint un best-seller. Auteur visionnaire aux talents multiples (auteur de comics, mais aussi romancier, scénariste, parolier, réalisateur, etc.), Gaiman avait fabriqué là cet objet rarissime : un conte de fées contemporain, agrémenté d'un irrésistible mélange de fantastique et d'humour. « J'avais eu envie de raconter le périple d'un jeune homme parti à l'aventure pour réaliser son vœu le plus cher... et qui découvre en route qu'il s'est trompé d'objet », explique Gaiman. « Suivant cette idée jusqu'à

Plébiscité par des lecteurs de toutes générations et de toutes cultures, Stardust sembla très vite destiné à devenir un film. Paradoxalement, c'est un cinéaste/producteur indépendant connu jusqu'ici pour ses polars et films d'action déjantés (Arnaques, Crimes Et Botanique, Snatch – Tu Braques Ou Tu Raques, Layer Cake), qui s'attacherait à cette adaptation... et convaincrait l'auteur à y participer. « Stardust est une des fables les plus belles et les plus originales que je connaisse », explique Matthew Vaughn. « En tant que réalisateur, j'ai surtout envie de raconter des histoires – un art que le cinéma moderne néglige quelque peu. Stardust avait clairement tous les ingrédients d'un film. »
Inspiré par la magie de Neil Gaiman, Vaughn sollicita son accord. L'écrivain, qui s'était jusqu'alors refusé à céder les droits de Stardust, fut séduit par les idées de Vaughn et son enthousiasme. « D'emblée, je lui ai fait confiance », rapporte-t-il. Fort de ce soutien, et sur la recommandation de Gaiman, Vaughn prit alors pour scénariste la romancière Jane Goldman (Dreamland), animatrice d'une célèbre émission britannique sur le paranormal. « Nous tenions à ce que cette adaptation suive le roman au plus près, tout en possédant des qualités spécifiquement cinématographiques », dit Vaughn. « Bref qu'elle accroche le spectateur et l'entraîne dans un véritable tourbillon. »

Goldman et Vaughn employèrent à cette fin tous les ingrédients et procédés narratifs dont sont friands les amateurs de contes de fées, tout en insérant certaines observations sur la vie, également typiques du genre. « Cette histoire fantastique propose ainsi toutes sortes de réflexions sur l'identité, l'adhésion aux valeurs communautaires et les choix du cœur, qui concernent chacun de nous », indique Jane Goldman. Au final, le script de Stardust – Le Mystère De L'étoile associe étroitement le fantastique (sorcières, fantômes, pirates électriques, astre magique, etc.) à une quête initiatique... teintée d'une dose non négligeable d'humour. « La première mouture m'a emballe´ », déclare Gaiman. « C'était à la fois drôle, palpitant et très cinématographique. »
L'auteur se joignit alors à Vaughn et Goldman pour peaufiner ce scénario, chacun des partenaires s'employant à stimuler la créativité et l'imagination de l'autre. Le producteur Lorenzo Di Bonaventura, qui participa à la naissance de la série HARRY POTTER, fut enthousiasmé par le résultat : « Ce script, d'une qualité exceptionnelle, entremêle avec un rare succès des tonalités très différentes, qui vont du romantisme à la comédie et au drame. Cette histoire d'un jeune garçon qui devient adulte en vivant sa première histoire d'amour tout en se battant contre un pirate, une sorcière, un prince mégalo et diverses crapules, est ludique, bourrée de suspense et très différentes des épopées fantastiques des dernières années. Bien qu'elle se situe dans le registre de l'aventure épique, elle y introduit des touches réalistes et comiques qu'on ne trouve, par exemple, ni dans Le Monde De Narnia, ni dans la trilogie du Seigneur Des Anneaux. Par ailleurs, le film, bien que doté de moyens considérables et d'un casting de stars, bénéficie de la dynamique « cinéma indépendant » propre à Matthew Vaughn et Jane Goldman. »

Les Personnages

Stardust – Le Mystère De L'étoile regorge de personnages pittoresques, « plus grands que nature », qui appelaient un cas- ting de haut vol. Le résultat dépasse toutes les espérances des producteurs. « Une telle chance est rare », dit Lorenzo Di Bonaventura. « Imaginez un film où Robert De Niro révèle une facette totalement inédite de son talent ; ou Michelle Pfeiffer fait une apparition fulgurante en méchante sorcière ; où Claire Danes nous offre un nouveau témoignage de son prodigieux talent ; où le nouveau venu Charlie Cox révèle l'étoffe d'une star ; où vous croisez Peter O'toole, Sienna Miller, Rupert Everett, Ricky Gervais... »

La première étape consista à trouver l'interprète de Tristan, ce jeune et candide paysan anglais qui voit ses rêves les plus fous se réaliser après avoir franchi les murs de son village. Les producteurs choisirent pour ce rôle un quasi inconnu : Charlie Cox, entrevu aux côtés d'Al Pacino dans The Merchant et de Sienna Miller dans Casanova.
Lorenzo Di Bonaventura : « Il nous fallait quelqu'un qui donne au départ une certaine impression de gaucherie avant de se transformer en un fringant héros. Mais, tout au long de ce parcours initiatique, Tristan devait aussi préserver sa naïveté, son innocence, sa folle détermination. » Cox passa plusieurs essais, qui permirent à Vaughn d'enrichir et préciser sa propre vision du personnage. « Ordinairement », explique l'acteur, « un comédien auditionne, décroche le rôle, puis se met à le travailler. Cette fois, nous avons profité des auditions pour développer ensemble la personnalité de Tristan. L'avantage, c'est qu'une fois choisi pour le rôle, je savais que Matthew et moi étions synchrones. « Le challenge était de rendre crédible ce jeune homme embarqué dans la plus invraisemblable des aventures.

Mais, tout au long de ce parcours initiatique, Tristan devait aussi préserver sa naïveté, son innocence, sa folle détermination. Il a fallu légèrement surjouer ses réactions pour emporter l'adhésion du spectateur, tout en restant ancré dans la réalité. Pas un mince boulot ! » Parti sur les traces d'une étoile dans l'espoir de conquérir la plus jolie fille du village (Sienna Miller), Tristan se rend au pays enchanté de Stormhold. Surprise : l'astre tombé du ciel a les traits d'une ravissante jeune femme : Yvaine ! « Leur première rencontre est orageuse », dit Cox. « Mais, après bien des disputes, Tristan et Yvaine découvrent qu'ils ont sérieusement besoin l'un de l'autre et qu'ils doivent apprendre à se faire confiance. Tristan, bien sûr, tombe amoureux de l'étoile, sans même s'en apercevoir. Il le nie, mais ne peut y échapper. C'est là que commence à s'affirmer sa personnalité. » Au fi l de leur périple aventureux, le couple va affronter bien des dangers, et notamment se heurter au redoutable pirate Capitaine Shakespeare, interprété par De Niro, et à une hideuse sorcière incarnée par une légendaire beauté hollywoodienne : Michelle Pfeiffer. À ce duo de super-méchants s'ajouteront, entre autres personnages hauts en couleur, le Roi (Peter O'toole), son fils (Rupert Everett), un receleur (Ricky Gervais, de la série « The Office »), etc.

Pour le rôle d'Yvaine, les producteurs choisirent Claire Danes : « Claire est une actrice impeccable », souligne di Bonaventura. « Il nous fallait une comédienne expérimentée, aussi à l'aise dans la magie, le sentiment et l'émotion que dans l'humour à l'emporte-pièce. » Fan de Neil Gaiman, Claire Danes avait prêté sa voix à la Princesse Mononoke dans la version américaine de ce dessin animé, scénarisée par Gaiman, et avait même préfacé son roman graphique « Death ». Claire Danes : « Les textes de Neil débordent d'imagination, d'humour et de sensibilité. « Stardust » occupe une place à part dans son œuvre. C'est une histoire haute en couleur, très riche et pleine d'humour. Je savais que ce serait un challenge de donner une réalité humaine à une étoile, mais je savais aussi que ce serait un exercice passionnant. « Au départ, Yvaine n'a rien d'une « créature céleste ». Atterrie brutalement au fond d'un cratère, elle souffre d'une cheville brisée, elle est furieuse de son sort, et voilà qu'en plus, elle se fait kidnapper par un petit crétin ! Son hostilité initiale est aussi compréhensible que son désir de repartir chez elle... et que les sentiments qu'elle va bientôt éprouver pour Tristan. »

Les Costumes

Les créations de la brillante chef costumière Sammy Sheldon (V Pour Vendetta, Le Guide Voyageur Galactique) aidèrent les acteurs à se transporter dans un monde aux frontières du fantastique. Premier objectif : marquer clairement la différence entre le monde assoupi du petit village de Wall et celui, trépidant, fantaisiste et extraverti, du royaume de Stormhold. « Wall dégage une ambiance rurale, quiète à souhait, tandis que Stormhold est bigarré, exotique, et bien sûr plein de magie. » Sammy Sheldon prit un plaisir particulier à habiller les trois sorcières qui guettent l'arrivée sur Terre d'Yvaine pour atteindre à l'immortalité. Écoutant les conseils de Vaughn, la costumière prit le contre-pied des représentations habituelles : « Au lieu d'affubler ces créatures maléfiques de grandes robes noires à capuchon, nous leur avons donné un look exotique plus ou moins inspiré de la Renaissance. Chacune des trois sorcières arbore une couleur distincte : vert émeraude, rouge, pourpre, qui l'apparente à un rutilant bijou. »

Lamia (Michelle Pfeiffer) tient son nom d'une figure mythologique, mi-femme, mi-serpent. « Sa parenté avec le serpent est marquée par l'association de vert, d'or et de noir », indique Sammy Sheldon. « Ce costume, pesant et majestueux, souligne sa puissance. » Yvaine, à l'inverse, est une créature éthérée venue d'un autre monde. « N'étant pas une personne ordinaire, elle ne peut s'habiller de façon classique. Après bien des essais, nous avons choisi un vêtement aux reflets métalliques : une très belle soie de chez Valentino, qui donne à la démarche de Claire un côté aérien. »

Les pirates « à haute tension » qui composent l'équipage du Capitaine Shakespeare sont équipés de souliers et gants isolants, sans lesquels ils risqueraient à tout moment de s'électrocuter. L'exubérant Shakespeare s'habille à la mode des vaillants sabreurs d'antan, mais adopte un style très différent après avoir regagné ses quartiers. Les tenues des princes de Stormhold sont tout aussi originales : « Matthew a suggéré un style cowboy à la manière des films de Sergio Leone, ce qui nous a orientés vers un look à la fois viril et sexy. » Tristan, modeste paysan anglais, se transformera en héros au fil de ses aventures, une méta- morphose reflétée par une garde-robe de plus en plus masculine et élégante.

Les Décors

Pour créer les décors de Stardust – Le MystÈre De L'Étoile, les producteurs ne pouvaient trouver meilleure source d'inspiration que les dessins de Charles Vess qui accompagnaient le roman graphique de Neil Gaiman. Le film ne pouvait matérialiser ces créations gracieuses et imaginatives, mais l'équipe déco s'appliqua à en capter l'esprit. Vess fut ébloui par le résultat : « C'est une expérience remarquable de voir vos dessins prendre vie et acquérir une nouvelle dimension.
Ces brillants artisans ont introduit quantité d'éléments inédits auxquels j'aurais dû penser ! »

Pour marquer la différence entre Wall et Storm- hold, Vaughn adopta deux styles opposés : « Les séquences du village sont traitées de façon tout à fait classique, et celles du royaume dans un style beaucoup plus moderne et dynamique. » Vaughn insista pour utiliser des décors naturels dégageant par eux-mêmes une ambiance magique : l'Islande sauvage et l'île écossaise de Skye, qu'on dirait sortie d'un conte fantastique. Gavin Bocquet, chef décorateur de la deuxième trilogie , apporta une contribution majeure au film, en dosant savamment réalisme et fantaisie débridée : « Wall a un aspect victorien prononcé, un côté « boîte de chocolats ». C'est l'environnement paisible, confortable et moelleux qu'a connu Tristan avant sa grande aventure. Matthew a voulu que ce décor soit aussi anglais que possible. Nous avons utilisé deux charmants villages médiévaux : Bilbury, dans la région des lacs du Cotswold, et Castle Combe, site classé qui n'a presque pas changé depuis le douzième siècle. Le mur a été édifi é dans la propriété boisée et vallonnée d'Ashridge Park, où ont été tournés certains épisodes des Harry potter. « À l'inverse, Stormhold est le triomphe de la fantaisie. Tristan n'aurait rien pu imaginer de tel dans ses rêves les plus fous. Son marché bigarré où l'on retrouve des éléments nord-africains, chinois et indiens, constitue à lui seul un monde parallèle. L'antre des sorcières, encore plus extrême, évoque une cathédrale souterraine qui se serait détériorée à mesure que ses habitantes perdaient de leur pouvoir. La façade, comme celle du Palais royal, est taillée dans une roche volcanique noire qui fait de l'ensemble un croisement plus que bizarre entre Versailles et Edgar Allan Poe ! ».

Dossier réalisé par Elbakin.net