Notes de production

Cette cinquième année à Poudlard marque un tournant dans la vie d'Harry Potter, de ses amis et de ses camarades de classe. Tout juste sortis de l'enfance, les apprentis sorciers se voient soudain confrontés aux décisions et challenges qui sont le lot de jeunes adultes. Après la terrible épreuve que furent le retour de Lord Voldemort et la mort de son ami Cedric Diggory, Harry a été obligé d'assumer des responsabilités auxquelles il ne s'attendait pas. De tous, c'est sans doute lui qui a le plus vite mûri.

Le réalisateur David Yates, qui fait ici son entrée dans le monde d'Harry Potter, remarque : "J'ai trouvé passionnant d'aborder la saga à ce moment précis de la vie des étudiants où tout devient pour eux plus compliqué. Le film parle de rébellion juvénile, tout en jetant un regard compréhensif sur les limites et les carences des adultes. Il évoque la difficulté de vivre, le passage à l'âge adulte, la nécessité de tracer sa propre voie dans le monde. À la magie et aux plaisirs dispensés par les livres de J. K. Rowling, à toutes ces choses merveilleuses et étonnantes mises en place dans les films précédents, il ajoute des notions et des problématiques qui sont un peu plus complexes et sensiblement plus adultes."

David Heyman, producteur de tous les films Harry Potter, explique que la nature même de l'histoire le poussait à choisir Yates, réalisateur de télévision maintes fois récompensé : "David est un excellent directeur d'acteurs qui est également capable de donner une tournure divertissante à des sujets politiques. Harry Potter Et L'Ordre Du Phénix n'entre évidemment pas dans cette catégorie, mais la dimension politique du monde de la magie y joue un grand rôle. Nous avons pensé, à juste titre, que David traiterait cela avec brio. Il s'est passionnément investi dans le matériau et a parfaitement assimilé les parcours émotionnels des personnages. Il a compris que le spectacle, aussi opulent fût-il, ne suffisait pas, et que nous devions tous nous sentir proches des personnages. »

"C'était très gratifiant de voir s'instaurer une réellement complicité entre les acteurs et lui. Ces jeunes évoluent, ils sont en train de grandir, à l'instar de leurs personnages, et ont apprécié que David les traite en égaux. Voyant qu'ils connaissaient très bien leurs rôles, il n'a pas manqué de solliciter leurs idées et de les inciter à mettre encore plus d'eux-mêmes dans le film. Une attitude très stimulante pour nous tous."

Daniel Radcliffe (Harry) confirme : "J'ai adoré travailler avec David. C'est un homme charmant, qui n'élève jamais la voix, mais qui m'a mis à contribution comme nul autre à ce jour. Cela tenait autant à la nature de l'histoire qu'à son style de mise en scène. David ne s'est jamais satisfait de demi-mesures, il m'a toujours demandé d'aller plus loin, de creuser davantage le personnage.
Exactement ce dont j'avais besoin. C'est un réalisateur brillant."

"David est un sacré lascar ; on s'est vraiment bien entendus avec lui", enchaîne Rupert Grint (Ron). "Il avait une approche plus relax que nos réalisateurs précédents, mais il nous a toujours fourni d'excellentes suggestions."

Et Emma Watson (Hermione) d'ajouter : "C'était un vrai plaisir parce que David a pris en compte notre vision des personnages et la connaissance intime que nous en avons. Il a saisi les liens qui se sont noués entre Dan, Rupert et moi, qui donnent un relief supplémentaire à l'amitié d'Harry, Ron et Hermione. Il a cherché à capter la vérité de chacun de ces personnages."

Autre "novice" de la saga, le scénariste Michael Goldenberg se souvient : "La proposition de David Heyman m'a enthousiasmé. Travailler sur un Harry Potter est d'autant plus intéressant que les petites querelles d'ego en sont exclues : le projet nous dépasse tous. Participer à l'étonnant phénomène qu'est la saga d'Harry Potter, aider à sa transposition, a quelque chose de magique. Cela représente aussi une lourde responsabilité. David Heyman en a fait un pur plaisir, et Jo (J. K. Rowling) a été incroyablement généreuse et accommodante. David Yates a tenu quant à lui à ancrer chaque scène dans la réalité, rendant ainsi la magie encore plus envoûtante. »

"Il fallait impérativement rester fidèle à l'esprit du livre. L'intrigue repose en grande partie sur l'évolution d'Harry. Elle illustre son passage à l'âge adulte et l'émergence d'une vision plus nuancée de la réalité. Harry comprend ainsi pour la première fois que les adultes qu'il idéalisait sont plus faillibles, plus humains qu'il ne pensait. Nous souhaitions examiner ces thèmes à l'échelle du trio. Tous ces jeunes sont en effet confrontés à un monde bien plus complexe que celui qu'ils connaissaient en entrant à Poudlard."

Le parcours d'Harry commence cette fois durant l'interminable été qu'il passe chez les Dursley. L'épreuve est d'autant plus lourde qu'Harry se sent négligé par Ron et Hermione, qui, pour des raisons mystérieuses, ne lui ont pas écrit un mot de tout l'été. Une négligence non seulement vexante, mais inquiétante au vu des tumultueux et tragiques événements de l'année passée.

"Pauvre Harry!", s'apitoie le producteur David Barron. "Après tout ce qu'il a subi, le voilà confiné à Little Whinging, sans nouvelles de quiconque. Il se croit rejeté par Ron et Hermione et même par Dumbledore ce qui, s'ajoutant aux affres de l'adolescence, est vraiment dur à supporter. Nous découvrons du même coup un Harry moins équilibré, moins maître de lui-même, que dans les précédents épisodes."

C'est dans ce contexte tendu que l'insupportable Dudley choisit de provoquer Harry. Leur confrontation est rapidement écourtée par l'attaque surprise de deux Dementors, qui oblige Harry à recourir à un charme Patronus. Quelques instants plus tard, une lettre arrive au domicile des Dursley : Harry est exclu de Poudlard pour exercice illégal de la magie! La sanction ravit bien sûr les Dursley, et plonge Harry dans un profond désarroi.
Mais tout n'est pas perdu. Cette nuit-là, un groupe d'Aurors comprenant "Mad-Eye" Moody, Kingsley Shacklebolt et Nymphadora Tonks, vient chercher Harry et lui annoncer que Dumbledore va intervenir en sa faveur auprès du Ministère de la Magie.
Mais un petit détour s'impose par un lieu secret où Harry va s'apercevoir qu'il s'est passé quantité de choses durant son séjour forcé chez les Dursley. Au 12 Place Grimmauld, Harry retrouve Ron et Hermione et découvre... l'Ordre du Phénix.

David Heyman : "L'Ordre est une organisation clandestine, formée initialement par Dumbledore pour combattre les forces du mal représentées par Voldemort. Cette réunion doit avoir un caractère secret parce que Fudge, qui est à la tête du Ministère de la Magie, se sent menacé par Dumbledore et cherche à minimiser la menace Voldemort. Mais tous les membres de l'Ordre savent bien que ce dernier est en train de se faire de nouveaux adeptes et de gagner en puissance."

Harry apprend alors que ses propres parents appartenaient à l'Ordre du Phénix, qui compte actuellement parmi ses membres Molly et Arthur Weasley, Remus Lupin, Rogue et - surprise ! - Sirius Black, qui a fait don à l'Ordre de sa maison faute de pouvoir se risquer à l'extérieur.

Gary Oldman, qui joua Sirius pour la première fois dans Harry Potter Et Le Prisonnier D'Azkaban, explique : "Cet homme est encore hanté par les accusations portées à son encontre, qui lui ont valu de longues années de détention à Azkaban. À travers Harry, il revit un peu de sa jeunesse et des débuts de l'Ordre. Harry est le portrait vivant de son père, James, qui fut le meilleur ami de Sirius. Celui-ci prend donc très au sérieux son rôle de parrain, et une relation privilégiée, de plus en plus étroite, s'est nouée entre Harry et lui."

Daniel Radcliffe : "Sirius voit en Harry Potter une réplique de James, tandis qu'Harry découvre à travers Sirius ce que fut son père. Grâce à l'Ordre du Phénix, Harry renoue ainsi avec son passé. Bien qu'il n'en fasse pas partie, il s'en sent proche du fait qu'il y compte de nombreux amis et que ses propres parents y appartenaient. Et l'Ordre va lui donner une chance d'affronter Voldemort."

Des Procédures Ministérielles

Mais avant de songer à ce combat, Harry doit d'abord réintégrer Poudlard et, pour cela, plaider sa cause au Ministère de la Magie.

"Dans le gigantesque atrium du Ministère, le visiteur aperçoit en premier lieu un portrait de Fudge digne des affiches de propagande soviétiques", explique le chef décorateur Stuart Craig. "Le Ministère représente la quintessence de la bureaucratie, même si les gens s'y déplacent et y communiquent par la voie des airs. En Angleterre, nos bâtiments officiels sont généralement de style victorien très décoratif. Le Ministère étant installé sous terre, j'ai commencé par visiter les plus anciennes stations de métro londoniennes, célèbres pour leurs carrelages rutilants. Nous avons incorporé ce détail et inventé un monde souterrain de structure tubulaire aux murs ornés de carreaux noirs polis. C'était très intéressant sur le plan visuel... et très délicat à filmer à cause des reflets."

De dimensions imposantes (60 x 40 mètres, avec un plafond à 10 mètres), l'atrium du Ministère est le plus grand décor jamais construit pour un film Harry Potter. Décoré de plus de 30000 carreaux, qu'il fallut mettre en place un par un, sa vastitude est encore amplifiée par les effets visuels.
Escorté par Mr. Weasley, Harry s'introduit dans ce lieu auguste en poussant la porte... d'une cabine téléphonique.

"Cela nous amusait de placer notre Ministère de la Magie au coeur de Londres, sous un vrai ministère", explique Stuart Craig. "D'où notre décision d'installer cette pseudo-cabine tout près du Ministère de la Défense. Nos chers fonctionnaires ne soupçonnaient certainement pas une telle cohabitation!"

David Yates : "Montrer les liens qui unissent le monde des sorciers au nôtre est toujours une bonne source de gags. En vérité, ces deux univers sont bien plus proches que nous ne le croyons."
Harry est disculpé grâce à l'intervention de Dumbledore et d'un témoin surprise. Mais, dès la fin de l'audience, son vieux mentor s'éclipse, sans un mot et sans même un regard. Cruelle déception...

Michael Gambon : "Harry voyait en Dumbledore un roc, mais voilà que le roc commence à s'effriter.
Le pouvoir de Dumbledore est sévèrement menacé, son aura ternie. Ce qui le rend somme toute plus humain et me permet d'explorer une nouvelle facette du personnage."

Encore troublé par cet inexplicable rejet, Harry regagne Poudlard, où l'attend une épreuve inédite...

Le Rose Et Le Noir

De retour à Poudlard, Harry se heurte à la méfiance de la majorité de ses condisciples, tandis que le Daily Prophet l'accuse d'avoir annoncé à tort le retour de Lord Voldemort. Incompris, solitaire et ostracisé, Harry refuse même le soutien de ses fidèles amis Ron et Hermione.

Daniel Radcliffe : "Il se complaît dans sa solitude, il joue sans doute un peu au martyr, mais ces défauts contribuent à le rendre plus humain, plus attachant. Harry est un pur, et c'est aussi quelqu'un qui doute profondément de lui-même. Un trait de caractère assez répandu pour qu'on l'admette chez lui."

David Yates : "Poudlard lui semble à son retour moins familier et accueillant que par le passé.
Harry s'y sent un outsider. Il a le choix entre persister à se considérer comme tel ou s'appuyer, une fois encore, sur les fidèles amis qui l'ont déjà tant aidé. Ce dilemme est au coeur du film. Harry Potter Et L'Ordre Du Phénix a été une expérience très intéressante pour Dan du fait qu'il lui a été beaucoup demandé en tant qu'acteur. Dan possède, entre autres qualités, un courage et une détermination sans failles. Après chaque prise, je pouvais lire dans ses yeux cette détermination inflexible à faire encore mieux à la prochaine, à donner le meilleur de lui-même."

Cet automne, Poudlard accueille une nouvelle enseignante : Dolores Umbridge, Professeur de Défense contre les Forces du Mal, interprétée par Imelda Saunton. Tout de rose vêtue, le Professeur Umbridge arbore en permanence un sourire mielleux qui ne saurait tromper sur sa vraie nature.

David Yates : "Craignant d'être évincé par Dumbledore, Fudge introduit à Poudlard cette espionne, bien décidée à mettre de l'ordre dans cette institution et à restaurer l'enseignement traditionnel. »

David Barron : "Cette femme est tout sauf un agneau. Je ne pense pas que Fudge se doutait des risques qu'il prenait en l'envoyant à Poudlard."

David Heyman : "Ce dragon entend tout régenter, tout contrôler au nom de principes quasi fascistes. Tous ceux qui ne se plient pas à ses volontés seront impitoyablement rejetés."

Non contente de s'en prendre à ses élèves, Dolores s'attaque au personnel et aux enseignants. C'est ainsi qu'elle congédie froidement le Professeur de Divination Trelawney (Emma Thompson) et le Professeur de Charmes Flitwick (Warwick Davis) pour cause d'"insuffisance".
Les professeurs les plus respectés, tel Rogue (Alan Rickman) et McGonagall (Maggie Smith), ne font pas le poids face à la Grande Inquisitrice dont la soif de pouvoir constitue même une menace pour l'honorable Aldus Dumbledore.

David Heyman : "Son but suprême est de discréditer Dumbledore pour prendre la tête de l'école au nom du Ministère. Et tout cela avec le sourire et en gazouillant comme un pinson!"

Imelda Staunton : "On connaît des tas de personnes comme ça, à qui l'on donnerait le bon dieu sans confession. En fait, Dolores croit agir pour le mieux. C'est le propre des gens les plus dangereux, qui n'ont aucune considération pour le point de vue d'autrui et qui ignorent toute forme de compromis."

David Yates : "Imelda s'est emparée goulûment de cette créature. Ses dons exceptionnels, son merveilleux humour lui ont permis de dessiner un personnage d'une rare complexité qui ne tombe jamais dans la caricature."

Imelda Staunton travailla en étroite collaboration avec la chef costumière Jany Temime au look de Dolores : "On a pris plaisir à créer une femme tout en rondeurs, toute douce, toute chaleureuse - l'exact opposé de ce qu'elle est en réalité."

Jany Temime : "À chaque apparition, Dolores affiche une nouvelle nuance de rose. La couleur s'intensifie parallèlement à sa conquête du pouvoir, devient de plus en plus criarde, jusqu'à virer au rouge cerise."

On retrouve cette palette dans le bureau d'Umbridge, envahi de dentelles, velours et bibelots rosâtres du plus bel effet.

En classe, l'ambiance est nettement moins "rose", car Dolores, très à cheval sur les traditions, dispense à ses étudiants un enseignement d'un autre temps. "Elle refuse toute idée de progrès et nous confine à la pure théorie, ce qui est absurde dans une école de magie", relève Rupert Grint.

Emma Watson : "Ses étudiants ne sont pas censés user de leurs pouvoirs, ce qui est inacceptable aux yeux d'une personne tant soit peu éclairée. Hermione se retient pour ne pas quitter la classe, elle ne supporte pas d'être prise pour une idiote, elle qui a toujours pris ses études très au sérieux. Pour la première fois, Harry, Ron et elle ne sentent plus en sécurité à Poudlard. L'école était leur havre, elle devient leur cauchemar et ils la vivent désormais comme une source de dangers."

Et le péril est d'autant plus réel que les étudiants ne sont plus préparés à se défendre contre un monde que hante une nouvelle fois Voldemort...

L'Armée de Dumbledore

Dans sa folle quête de pouvoir et dans sa lutte acharnée contre la "subversion", Umbridge multiplie les décrets pédagogiques, chaque jour plus contraignants. Mais cette charge "à la hussarde" n'aboutit qu'à renforcer l'hostilité des étudiants à son encontre. Hermione prend la tête de ce grand mouvement contestataire.

Emma Watson : "Les élèves ont saisi deux choses : qu'on ne leur permet plus de se défendre efficacement, et que Voldemort est bel et bien de retour, en dépit des molles dénégations du Ministère. Ils reprennent confiance en Harry, comprenant qu'un puissant ennemi les menace. Hermione, pour la première fois de sa vie, se rebelle contre l'autorité. Elle réalise qu'il ne faut pas toujours faire ce qu'on vous dicte, et qu'on doit parfois se fier à son propre jugement."

Fort du soutien d'Hermione et Ron, Harry repart à l'action : il enseignera aux élèves de Poudlard les charmes qui leur permettront d'exorciser les Forces du Mal.

Daniel Radcliffe : "Les étudiants entrent donc dans la clandestinité pour former l'Armée de Dumbledore avec Harry pour professeur de magie."

David Heyman : "C'est un moment clé dans la vie de notre héros. Lui qui croyait avoir perdu toute crédibilité, se refait une place au sein de cette petite collectivité, dont il devient le leader. Cerise sur le gâteau, il se révèle meilleur pédagogue que certains de ses anciens profs!"

L'une de ses disciples les plus attentives (et à coup sûr la plus pittoresque) est une créature éthérée du nom de Luna Lovegood.
Dotée d'une forte personnalité et d'une remarquable indépendance d'esprit, cette nouvelle héroïne est aussi le premier rôle d'Evanna Lynch.
La jeune comédienne, lectrice avide des aventures d'Harry Potter, ressentit une affinité immédiate avec Luna. Après avoir envoyé une démo, elle se présenta à une audition libre et fut retenue par la directrice de casting Fiona Weir parmi 29 autres filles... sur un total initial de 15000 postulantes.
David Barron : "Fiona nous a envoyé le DVD des essais de ces 29 candidates sans nous indiquer sa préférée. À la 9ème, j'ai appelé Fiona pour lui dire : "Je parie que c'est elle." On ne pouvait pas s'y tromper : elle était vraiment fantastique." Et David Heyman de confirmer : "Il y avait un gouffre entre elle et ses 28 rivales : les autres pouvaient jouer Luna ; mais Evanna était Luna."
Confirmant sa totale maîtrise du personnage, Evanna Lynch fournit même à Jany Temime des indications précises sur les tenues et accessoires les plus appropriés à Luna, qui reflèteraient au mieux les goûts singuliers de cette dernière ainsi que sa parfaite indifférence au jugement d'autrui.

Autre "soldat" de l'Armée de Dumbledore, Neville Longbottom (Matthew Lewis) se distingue en ouvrant au groupe l'accès de la très mystérieuse Salle des Demandes, où ils pourront se réunir en grand secret.
Stuart Craig : "Ainsi que son nom l'indique, cette salle ne se matérialise qu'à la demande de ceux qui en ont besoin, tout en restant invisible aux autres. Dans le livre, elle est envahie de coussins et de centaines de bouquins, mais nous avons préféré un décor nu, tapissé de miroirs. Cela lui donne une apparence plus neutre et renvoie en quelque sorte ses usagers à leur propre image. De toute façon, il était toujours possible d'y faire surgir les accessoires dont auraient besoin les élèves."
Pour éviter les reflets, Craig et le directeur de la photographie Slawomir Idziak conçurent un astucieux système d'éclairage, disposé sous un plancher recouvert de noir.

Leur Premier Baiser de Cinéma

À l'approche de Noël, les "soldats" observent une trêve et regagnent le domicile familial. Une seule reste sur place : l'adorable Cho Chang (Katie Leung), qui avait attiré le regard d'Harry Potter dans La Coupe de Feu. La mort tragique de Cedric avait compliqué leur relation, mais toutes les conditions sont désormais réunies pour que naisse une idylle - leur première! C'est sous une branche de gui, opportunément fournie par La Chambre des Demandes qu'ils échangeront leur premier baiser - un moment impatiemment attendu par les millions de fans d'Harry Potter.

Daniel Radcliffe : "La nervosité de Katie renforçait ma propre nervosité. Pas seulement à cause de ce baiser, mais parce que Cho et Harry ont une relation assez compliquée. Mais, après deux ou trois prises, nous avons trouvé nos marques et tout a été très cool."

Katie Leung : "J'anticipais ce premier baiser de cinéma, mais David Yates a été impeccable. Il nous a désinhibés en nous donnant des indications très précises, et Daniel m'a grandement facilité la tâche. J'ai eu du plaisir à tourner cette scène, et si vous voulez tout savoir, Daniel embrasse très bien!"

David Heyman : "Nous sommes nombreux à suivre Daniel depuis ses débuts, à l'âge de dix ans. Nous l'avons vu grandir, nous nous sommes attachés à lui, avec le désir de le protéger au mieux. C'était donc étrange et même légèrement embarrassant d'assister à cette "première", mais tout s'est déroulé à merveille. Je suis sûr que les spectateurs apprécieront ce tendre et beau moment. Un de mes grands plaisirs sur Harry Potter aura été d'assister à la maturation de ces gosses, à l'épanouissement de leurs talents. Ce sont de merveilleux jeunes gens débordant de gentillesse, de curiosité, de sensibilité et d'intelligence. La qualité de leur interprétation montre à quel point ils ont évolué sur le plan personnel et professionnel."

Des Créatures de Toutes Tailles

Après les fêtes, Dolores, plus déterminée que jamais à "purger" l'école de ses éléments subversifs, engage comme espion l'ennemi juré d'Harry, Drago Malefoy (Tom Felton). Sachant qu'il s'expose à être banni, Rubeus Hagrid demande à Harry, Ron et Hermione de veiller sur son demi-frère Gawp, un brave géant de 5 mètres de haut.
Pour donner corps à celui-ci, la production commença par faire appel aux talents de l'acteur Tony Maudsley. S'imprégnant totalement du rôle, celui-ci sut trouver une justification précise au moindres de ses gestes et mouvements - enregistrés en "motion capture" - et donner un coeur et une âme à cette créature légèrement... distraite.
Le tendre Gawp tombe instantanément sous le charme d'Hermione, qui n'en est pas peu émue.

Emma Watson : "Elle le trouve touchant et se réjouit d'être la seule à pouvoir le contrôler. Bien que Gawp soit surtout un prodige d'effets visuels, on a réussi durant le tournage à me le rendre réel. Son regard de chien battu m'a fait craquer. Je n'ai pu me retenir de l'aimer."

Hagrid dissimule Gawp dans la Forêt Interdite, qui abrite aussi les Centaures. L'équipe effets visuels, supervisée par Tim Burke, collabora avec le concepteur des effets créatures et maquillages spéciaux Nick Dudman à la réalisation de ces nobles créatures, aperçues pour la première fois dans Harry Potter à L'école Des Sorciers.
"Les Centaures n'étaient alors qu'un simple hybride d'homme et de cheval, mais ils ont bien changé depuis", expliquent Burke et Heyman. "Ce sont maintenant des êtres à part entière, des créatures de la forêt, fières, puissantes et bien décidées à défendre leur territoire.
Et Dolores Umbridge est leur ennemie jurée car elle les considère comme des métisses."

Nouvelles venues dans la saga, les Thestrals sont de gentilles créatures ailées qui évoquent à la fois le cheval et le dragon. Elles n'apparaissent qu'à ceux qui ont assisté de près à un décès. Harry les aperçut à la mort de Cedric, et Luna après la disparition de sa mère. Elle voit en elles des amies, et c'est bien ainsi qu'elles se conduiront en menant l'Armée de Dumbledore sur le champ de bataille où l'attend sa première grande épreuve...

Prêts pour la Bataille

Bien qu'il ait retrouvé confiance en lui-même en devenant le leader des anti-Umridge, Harry Potter continue d'être hanté par d'affreux cauchemars. En réalité - et c'est bien le plus inquiétant -, ces visions résultent des tentatives de Voldemort pour habiter son esprit et y semer la déroute. Voyant cela, Dumbledore demande au professeur Rogue d'enseigner à Harry l'art de l'Occlumancie, qui lui permettra de bloquer les sournoises intrusions de Voldemort. La parade se révèle inefficace : Voldemort est bien trop doué pour la manipulation mentale.

À l'occasion d'un de ces terrifiants cauchemars, Harry voit Sirius se faire attaquer dans l'enceinte du Ministère, derrière une porte qu'il avait lui-même remarquée lors de son audition. Conscient qu'il s'agit probablement d'un piège pour l'attirer sur place, Harry ne peut se dérober à ses obligations : Sirius est le seul survivant de sa famille.
En dépit de ses protestations, Ron, Hermione et trois braves "soldats" : Neville, Luna et Ginny Weasley, se joignent à lui.
Les six jeunes sorciers pénètrent dans l'immense Hall des prophéties du Département des Mystères, où ils découvrent 15 000 globes numérotés, étiquetés, contenant autant de prédictions stockées au fil des ans. Soudain, Neville fait une découverte stupéfiante : l'un des globes porte le nom de... Harry Potter.
Harry s'en empare impulsivement, et soudain le groupe voit fondre sur lui une troupe de Mangemorts dirigée par l'infâme Lucius. Le traître s'est enfin démasqué, tout devient clair...

Parmi les alliés de Lucius se trouve la cousine sadique de Sirius : Bellatrix Lestrange, évadée récemment d'Azkaban. Émule de Voldmort, celle-ci avait infligé aux parents de Neville des tortures si abominables qu'ils en perdirent la raison. Le jeune Neville, guère courageux jusqu'alors, sera face à elle d'une bravoure exemplaire.

Helena Bonham Carter, dont c'est la première participation à la saga, prit un immense plaisir à jouer la maléfique Bellatrix : "Elle a visiblement un "petit" grain! J'explique sa cruauté sans bornes par un amour secret pour Voldemort, sentiment assez puissant pour qu'elle aille à sa place en prison. Libre après 14 ans de détention, elle se montre plus fanatique que jamais."

Les six jeunes sorciers se défendent avec vaillance, usant des incantations rituelles fraîchement apprises. Mais ils ne font guère le poids face aux Mangemorts. Alors que tout semble perdu, l'Ordre du Phénix fait irruption sous la conduite de Sirius Black. Et la bataille reprend de plus belle...

David Yates fit appel au chorégraphe Paul Harris pour régler ce majestueux affrontement.

"David voulait un nouveau style de combat et de maniement des baguettes magiques rappelant l'escrime - des mouvements amples avec assez de distance entre les adversaires pour lancer sortilèges et formules magiques", explique Harris, qui s'attacha aussi à diversifier les techniques de chaque acteur en fonction de son personnage : "Jason Isaacs (Lucius), par exemple, a un style très pur, très formel, alors que celui de Gary Oldman (Sirius) est plus instinctif, plus proche du combat de rue."

La bataille se conclut par l'affrontement épique d'Albus Dumbledore et Lord Voldemort, où tous les éléments naturels - la terre, l'eau, le feu - auront leur rôle à jouer.

"La rencontre de ces deux grands sorciers est le couronnement des cinq premiers chapitres du cycle", explique Yates. "Nous nous devions d'en faire le plus spectaculaire affrontement possible du bien et du mal, et d'y attribuer une place centrale à Harry." "Car c'est l'âme d'Harry Potter qui est le véritable enjeu de cette lute", complète David Heyman. "À cet instant précis, Harry le solitaire prend conscience de l'immense et irremplaçable cadeau que lui ont fait tous ceux qui ont compté dans sa vie."

"Harry réalise que Voldemort, aussi puissant et influent soit-il, n'aura jamais ce qu'il possède : la loyauté sincère et inconditionnelle de ses amis", suggère Radcliffe.

Et Heyman d'ajouter : "Et Harry a aussi reçu de sa mère et de ses amis une chose que Voldemort n'a jamais connue : l'amour."

"Harry Potter Et L'Ordre Du Phénix traite de thèmes denses et complexes ; le plus important est à mes yeux celui du pouvoir de l'amitié et de la loyauté", conclut Yates.

Dossier réalisé par Elbakin.net