Alors que 2020 se termine à peine, quel serait votre premier bilan, à chaud ?
Si je devais illustrer cette année par une seule image, je choisirais sans hésiter celle des montagnes russe. Inquiétude et soulagement, déceptions et véritables belles surprises. Nous nous sommes adaptés comme nous avons pu au contexte en reportant certains titres par exemple ou en renforçant nos actions dématérialisées et au final la maison d’édition s’en tire extrêmement bien avec de beaux succès, des sélections et des prix (dont celui d’Elbakin pour notre magnifique ''Thornhill'' !). C’était une année plus légère que d’habitude concernant nos publications en litté de l’imaginaire, seulement deux titres, mais ils ont vraiment tiré leur épingle du jeu. ''Phalaina'' d’Alice Brière-Haquet a été sélectionné pour le Prix Imaginales des collégiens 2021 et le troisième tome du ''Royaume de Pierre d’Angle'', notre saga fantasy qui ne cesse de conquérir le cœur de nouveaux lecteurs, a confirmé l’engouement que la série suscite. Cette année confirme aussi le sentiment que notre collection ''épik'' se fait doucement mais sûrement une place dans le paysage de l’imaginaire. Plus de presse, plus de sélections, plus de prix et surtout plus de manuscrits reçus donc des perspectives sur le long terme et l’assurance qu’elle a de beaux jours devant elle !
Avec la covid19, avez-vous senti un emballement au niveau du numérique par exemple ?
Je ne parlerais pas d’emballement mais on a constaté une légère hausse. L’emballement, on l’a plutôt constaté lors des réouvertures des librairies et sans leur travail colossal ma réponse précédente aurait été très différente !
Quelle place pour la fantasy dans votre programme 2021 ?
Cette année, deux romans sur quatre. D’abord le dernier tome du ''Royaume de Pierre d’Angle'' qui sortira à la fin du mois. C’est une page qui se tourne, des années de boulot, un travail de titan pour défendre la série et l’impression d’avoir accompli quelque chose, enfin, plutôt le beau sentiment d’avoir été au service d’une magnifique histoire et d’une autrice au talent rare. Les adieux aux personnages n’ont pas été faciles… mais j’ai le cœur léger car je sais que Pascale Quiviger travaille sur un nouveau roman qui ne sera pas étranger à l’univers de Pierre d’Angle.
Puis une très belle surprise, ''La Sourcière'' d’Élise Fontenaille, une autrice chevronnée mais qui ne s’était jamais frottée au genre et comme d’habitude Élise m’a embarqué loin, très loin, dès les premiers mots : « Une nuit de lune rousse, au pays des volcans assoupis. » Un récit habité presque uniquement par des héroïnes où la sororité et la magie ont la part belle.
Enfin, quel sera votre plus grand défi pour cette nouvelle année ?
Pour notre collection épik, il s’agira de défendre et promouvoir avec force les deux romans fantasy dont je vous parlais mais aussi évidemment les autres. La belle dystopie d’Alice de Poncheville, ''La route de Ness'' parution en mai, qui est incroyable, avec de véritables moments de grâce portés par son écriture (à elle seule, elle vaut le détour), et qui fait un écho puissant et dérangeant avec notre société actuelle. Et ensuite, ''Azul'' d’Antonio Da Silva (dont le premier roman ''Sortie 32.b'' a été dans la sélection du prix Utopiales Jeunesse) qui raconte l’histoire d’un jeune ado capable de pénétrer et modifier les tableaux des grands maîtres mais ce pouvoir va faire de lui la cible d’une traque impitoyable (à paraître en septembre). Haletant ! Et pour terminer, l’autre grand défi sera d’accompagner et travailler avec les auteurs de 2022, un programme qui commence déjà à se dessiner et qui promet d’être un grand cru !
''Propos recueillis et mis en forme par Emmanuel Chastellière''