L'une des premières constatations que l'on peut établir à la lecture du Bestiaire du crépuscule, c'est que gardien de parc n'est pas un métier aisé et encore moins de tout repos !
Entre les visiteurs incorrigibles, les imprévus du quotidien et la véhémence de sa hiérarchie, le sieur Providence a fort à faire. Alors, si en prime, il doit également composer avec l'univers de Lovecraft qu n'hésite pas à s'inviter dans le moindre interstice de réel... C'est un album très atypique auquel nous convie Daria Schmitt (et qui signe là son premier ouvrage depuis 2017), en charge du scénario comme des dessins. L'histoire proprement dite prend son temps, n'hésite pas à brouiller nos repères, à multiplier les détours... Et tout cela au gré des joutes verbales souvent amusantes - l'humour n'étant pas forcément l'une des caractéristiques que l'on imaginait avant de se lancer - entre Providence et le chat Maldoror, sa patronne, trois étranges vieilles dames, les enfants du coin se plaignant qu'on ne les laisse jamais s'amuser... Etc, etc !
Le tout nous conduit à une conclusion somme toute logique, à l'image d'ailleurs de ce que l'on pourrait imaginer retrouver chez Lovecraft, hommage oblige. Si la lecture demeure plaisante de bout en bout, et comment ne pas mentionner le trait si spécial adopté pour cet album, le soin apporté à chaque case, on peut aussi s'interroger sur la nature même de ce que l'on vient de lire, à l'image de L'Etrange Maison dans la brume, cette nouvelle de Lovecraft justement que l'on retrouve intégrée dans le récit. A l'image du personnage principal de celle-ci, Providence semble avoir trouvé sa place.
Et les éditions Dupuis multiplient décidément les projets qui attirent l'attention.
— Gillossen