Joe Hill a commencé avec Le Costume du Mort, un premier roman tout simplement excellent.
Ensuite, Joe Hill s’est tourné vers la forme courte et nous a pondu le non moins qualitatif recueil Fantômes.
Enfin, Joe Hill est aussi le scénariste du comics multiprimé Locke & Key.
Vous l’aurez compris : Joe Hill est un touche-à-tout de génie.
Alors, on a le choix : soit on peut le prendre en grippe, soit on ouvre l'une de ses œuvres et l'on découvre l’une des voix les plus singulières de la littérature américaine.
Cornes est donc son deuxième roman.
C’est l’histoire d’un type qui se réveille un jour avec des cornes.
Même s’il en a pas mal abusé la veille, ça n’a pas l’air d’être la faute de l’alcool. Pas cette fois en tout cas.
Ce n’est pas non plus sa petite amie qui l’a fait cocu ; celle-ci est morte dans d’affreuses circonstances un an auparavant.
Depuis, Ignatius s’en veut. Parce que d’une certaine manière, il n’est pas innocent. Alors, il boit. Pour oublier.
Pire, autour de lui, tout le monde le croit coupable. Même sa famille. Surtout sa famille. Ig est seul, terriblement seul depuis que Merrin n’est plus là. Ig n’a plus rien, alors, oui, Ig boit pour oublier, pisse sur des tombes, couche avec une femme qu’il n’aime pas en pensant à celle qu’il aime, et injure dieu autant qu’il le peut.
Et puis arrivent ces saletés de cornes que son entourage semble à peine remarquer ; mieux, tout le monde se met à lui raconter ses plus noirs secrets, ses désirs inavoués, ses souvenirs les plus malsains. L’occasion pour Ignatius d’enquêter et de découvrir l’assassin de la femme qu’il a aimée plus que tout. Car quand dieu vous a tourné le dos, il ne reste que le diable…
Comme Sean Stewart dans Dead Kennedy par exemple, le fantastique et la fantasy sont ici un prétexte. À une chronique sociale, à un roman noir. Dans le cas présent, l'auteur sonde les âmes, les explore, les révèle. Pêle-mêle, Cornes parle de conneries d’adolescent, de parents absents, d’amour, de noirs secrets, de solitude, et de toutes ces choses dont on a déjà causé cent fois, mais dont Joe Hill réussit à tirer une histoire intéressante, touchante, profonde, intelligente, et ce, jusqu’à la toute dernière page.
Ah, oui, Joe Hill est le fiston de Stephen King. Mais, vous savez quoi, on s’en fout. Dans quelques années, Stephen King sera le père de Joe Hill.
Entre roman noir et roman fantastique, Joe Hill nous raconte une histoire diablement touchante.
Une future référence du genre.
— Zedd