Il est toujours sympathique de retrouver Téméraire et Will Laurence, voilà qui serait difficile à nier ! Et c'est encore le cas pour cette cinquième aventure, la première à avoir droit au grand format aux États-Unis.
Il faut dire que l'on était d'autant plus pressé de retrouver notre duo que leur situation à la fin du roman précédent ne présageait rien de bon. Et pourtant, on ne peut pas dire que le roman démarre pied au plancher. S'il est amusant de retrouver Téméraire en train de devoir défendre sa tanière, de subir le « harcèlement sexuel » de l'une de ses camarades, de parlementer avec les autres dragons, prendre du galon - littéralement ! - avec toujours cette candeur et cette répartie qui font craquer - et oui, votre serviteur n'a pas peur de le dire ! - il faut bien admettre que tout cela se suit d'un œil quelque peu désintéressé. Le cas de Laurence n'est pas plus prenant, malgré là encore quelques bonnes répliques.
Tout s'emballe véritablement avec, attention, révélation guère étonnante concernant l'intrigue, leurs retrouvailles ! Une séquence par ailleurs plutôt émouvante. L'évolution psychologique d'un Téméraire de plus en plus sensible à l'ardeur des combats et voulant défendre la cause des dragons avant même la patrie menacée par Napoléon apporte un plus, et évite la redondance. De même que de voir un tome se dérouler enfin en profondeur sur le territoire anglais. Après tout, il était temps !
Côté batailles, les choses s'accélèrent aussi par la suite, et on peut dire que cette partie est toujours aussi bien réussie, et bénéficie là encore de l'importance accrue des résolutions en cours de ce confit anglo-français, qui pourraient bien avoir des répercussions mondiales par ailleurs. Voir des dragons et de l'artillerie se faire face possède toujours son petit effet, tout comme quand Laurence croise Talleyrand, entre autres.
Néanmoins, le roman se lit très vite, et avouons que malgré quelques surprises plus ou moins importantes mais toujours bien mises en scène, il y a de quoi rester quelque peu sur notre faim.
Le plaisir est toujours là, c'est une certitude, mais espérons que la série rebondisse dans le bon sens ! Il n'y a sans doute pas matière à l'étirer au-delà de dix volumes.
— Gillossen