Après une petite déception pour le tome 2, voici venue la conclusion de la première trilogie de Jacqueline Carey et de sa sublime héroïne Phèdre...
Phèdre demeure d'ailleurs évidemment le personnage central de ce troisième tome, avec la volonté de libérer son ami d'enfance, Hyacinthe. Et Carey sait, une fois encore, parfaitement exploiter son univers, finalement le gros point fort de la trilogie, en dehors de la qualité d'écriture, une fois encore au rendez-vous.
Mais ces deux éléments ne parviennent pas toujours à éviter un certain sentiment de frustration quand l'on en vient à évoquer un autre ingrédient important de la trilogie Kushiel, les relations « amoureuses » entre les différents protagonistes de cette trilogie. Sans vouloir trop en dire, certaines, et non des moindres, paraissent quelque peu forcées, voire quelque peu artificielles dans leur mise en place ou leur épanouissement.
Le lecteur pourra donc tiquer à plusieurs reprises, mais l'auteur ne s'est cependant pas contentée de projeter ses personnages quelques années en avant. Elle propose une véritable évolution à la plupart d'entre eux, une évolution sur ce point parfaitement naturelle, avec notamment le couple Phèdre/Joscelin, dont on sent qu'il n'est réellement plus le même avec les années, pour des personnages qui paraissent souvent dotés d'une véritable indépendance d'esprit, loin de n'être que de simples marionnettes à la solde de leur créateur, le tout-puissant écrivain. À côté des personnages principaux, certains semblent toutefois n'apparaître que pour se rappeler à notre bon souvenir, sans réel impact sur l'intrigue proprement dite.
Celle-ci, tout en faisant appel aux mêmes ingrédients que précédemment (les intrigues complexes, le dépaysement renouvelé via un nouveau cadre, les personnages hauts en couleur, une héroïne qui va toujours plus loin, dans tous les sens du terme...), se révèle en fin de compte nettement plus contemplative que les deux premiers tomes, malgré l'importance de ses enjeux, dont le poids n'est certes pas négligé pour autant, au contraire... et ce qui n'empêche pas le roman, notamment dans son premier tiers, d'être d'une noirceur prégnante, qui pourra sans aucun doute en déranger certain(e)s.
Mais, l'Amour, sous toutes ses formes, demeure au centre de tout lui aussi, et Phèdre sera une nouvelle fois mise à l'épreuve, peut-être comme jamais jusqu'à présent avec ce dernier tome. Un dernier tome également riche en révélations, à même de contenter les lecteurs avides d'obtenir des réponses qui leur manquent parfois depuis les premières pages du premier tome.
Une conclusion enlevée et consistante qui démontre une fois encore les talents de jongleuse de Jacqueline Carey, à défaut de ses talents de marieuse.
— Gillossen