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Poésies et chansons du Seigneur des Anneaux - Livre V
Le Dit de Malbeth le Voyant
Sur la terre s'étend une longue ombre,Des ailes de ténèbres atteignant l'ouest.
La tour tremble ; le destin approche
Des tombeaux des rois. Les morts s'éveillent ;
Car l'heure est venue pour les parjures :
A la pierre d' Erech ils se tiendront de nouveau
Et ils entendront un cor retentir dans les montagnes.
De qui sera-ce le cor ? Qui les appellera
Du gris crépuscule, les gens oubliés ?
L'héritier de celui à qui ils prétèrent le serment.
Du Nord, il viendra, la nécessité l'amènera :
Il franchira la Porte des Chemins des Morts.
Lamentation pour Théoden
Du sombre Dunharrow dans le matin terneAvec thane et capitaine partit le fils de Thengel :
A Edoras il vint, aux anciennes salles
Des gardiens de la Marche, de brume recouvertes ;
Les bois dorés étaient enveloppés de ténèbres.
Il dit adieu à son peuple libre,
A son foyer, à son haut siège, et aux lieux consacrés
Où longtemps il avait festoyé avant que la lumière ne s'évanouit.
Le roi partit en chevauchée, la peur derrière lui,
Le destin devant. Sa féauté il observa ;
Les serments prononcés, tous il les accomplit.
Théoden partit en chevauchée. Cinq nuits et cinq jours
Vers l'est et toujours plus loin chevauchèrent les Eorlingas,
Par le Folde, la Fenmarche et la forêt de Firien,
Six milles lances à Sunlending,
A Mundburg la puissante sous le Mindolluin,
Cité des rois de la mer dans le royaume du Sud
Assiégée des ennemis, par le feu encerclée.
Le destin les menait. Les ténèbres les prirent,
Cheval et cavalier ; le battement des sabots au loin
Dans le silence se perdit : voilà ce que disent les chansons.
Debout, debout, Cavaliers de Théoden !
Des évènements terribles s'annoncent : feux et massacres !La lance sera secouée, le bouclier volera en éclats,
Une journée de l'épée, une journée rouge, avant que le soleil ne se lève !
Au galop maintenant, au galop ! A Gondor !
Ne pleurez pas trop ! Puissant était celui qui est tombé,
digne fut sa fin. Quand son tertre sera élevé,Les femmes pleureront. La guerre nous appelle à présent.
L'épitaphe pour Nivacrin
Fidèle serviteur et pourtant de son maître le funeste destin,Fils de Piedléger, le rapide Nivacrin.
La Chanson d'Éomer
Sorti du doute, sorti des ténèbres au lever du jour,Je vins chantant au soleil et tirant le glaive.
Vers la fin de l' espoir, je chevaucherai, et vers le déchirement du coeur :
Place maintenant à la colère, place à la ruine et à un rouge crépuscule !
Nous avons entendu chanter les cors dans les collines,
Les épées brillant dans le royaume du Sud.Les destriers partirent d'une belle foulée vers la Pierre-lande
Comme le vent dans le matin. La guerre était allumée.
Là tomba Théoden, puissant Thengling,
Qui à ses salles dorées et ses verts pâturages
Dans les champs du Nord jamais ne revint,
Haut seigneur de l'armée, Harding et Guthláf,
Dúnhere et Déorwine, le preux Grimbold,
Herefara, et Herubrand, Horn et Fastred ;
Combattirent et tombèrent là en pays lointain :
Aux tertres de Mundburg sous un tertre ils gisent
Avec leurs compagnons de ligue, les seigneurs de Gondor.
Ni Hirluin le Beau aux collines près de la mer,
Ni Forlong le Vieux aux vallées fleuries,
Jamais, à Arnach, à son propre pays,
Ne revinrent en triomphe ; ni les grands archers,
Derufin et Duilin, à leurs sombres eaux
Des lacs de Morthond à l'ombre des montagnes.
La mort au matin et au crépuscule
Prit les seigneurs et les humbles. Depuis longtemps à présent ils dorment
Sous l'herbe à Gondor près du Grand Fleuve.
Gris maintenant comme les larmes, argent scintillant,
Rouge, alors il roulait ses eaux rugissantes :
L'écume teinte de sang flamboyait dans le soir ;
Rouge tombe la rosée dans Rammas Echor.
Lorsque arrive le souffle noir,
Que croît l'ombre de la mortEt que toute la lumière passe,
Viens Athelas ! Viens Athelas !
Vie pour le mourant
Dans la main du roi contenue.
La Chanson du Lebennin
D'argent coulent les rivières de Celos à EruiDans les champs verts de Lebennin !
Haute y pousse l'herbe. Au vent de la Mer
Se balancent les blancs lis ;
Et du mallos et de l' alfirin sont secouées les clochettes d'or
Dans les champs verts de Lebennin,
Au vent de la Mer !
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