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Poésies et chansons du Seigneur des Anneaux - Livre II




Eärendil était un marin

Qui demeurait en Arvernien ;
Il construisit un bateau d'arbres abattus
A Nimbrethil pour naviguer ;
Les voiles, il les tissa de bel argent,
D'argent étaient faits les fanaux,
La proue était en forme de cygne,
Et la lumière s'étendait sur ses bannières.

De l'armure des anciens rois,
D'anneaux attachés par des chaînes il s'arma ;
Son brillant bouclier de runes était gravé
Pour détourner de lui toutes blessures et tout mal ;
Son arc était de corne de dragon,
Ses flèches taillées dans l'ébène,
D'argent était son haubergeon,
Son fourreau de calcédoine ;
Vaillante était son épée d'acier,
D'adamantite était son haut casque,
Un plumet d'aigle couronnait son cimier,
Sur sa poitrine brillait une émeraude.

Sous la lune et sous les étoiles
Il erra loin des rives nordiques,
Désorienté sur des chemins enchantés
Au-delà des jours des terres mortelles.
Du grincement de la Glace Resserrée
Où l'ombre s'étend sur les collines gelées,
Des chaleurs infernales et des déserts brûlants
Il se détourna en hâte, et vagabondant encore
Sur les eaux sans étoiles, égaré au loin,
Enfin il aboutit à la Nuit du Néant ;
Il passa sans jamais apercevoir
La rive brillante ni la lumière qu'il cherchait.
Les vents de la colère vinrent l'entraîner ;
Aveuglément, dans l'écume il s'enfuit
De l'ouest à l'est, et sans but,
Sans avant-courriers, vers son pays en hâte il revint.

Là, la volante Elwing vint à lui
Et la flamme fut dans les ténèbres allumée ;
Plus brillant que l'éclat du diamant
Était le feu sur son collier.
Sur lui, elle fixa le Silmaril
Et de la vivante lumière elle le couronna ;
Alors, intrépide, le front ardent,
Il tourna sa proue ; et dans la nuit
De l'autre Monde au-delà de la Mer,
Là, forte et libre, une tempête se leva,
Un vent puissant à Tarmenel ;
Par des chemins rarement suivis par un mortel
Il porta son navire d'un souffle mordant
Comme la puissance de la mort, en détresse
Par les mers grises et de longtemps délaissées :
De l'est à l'ouest il disparut.

Par la Nuit Éternelle il fut ramené
Sur les flots noirs et grondants
Qui couraient sur des lieues sans lumière et des rives effondrées,
Noyées dès avant le commencement des Jours,
Jusqu'à ce qu'il entendît sur des grèves de perle
Où finit le monde, la musique,
Où les vagues toujours écumantes
Roulent l'or jaune et les pâles joyaux.
Il vit s'élever la Montagne silencieuse
Où le crépuscule s'étend sur les genoux
De Valinor, et il aperçut Eldamar
Loin au-delà des mers.
Vagabond échappé à la nuit,
Au havre blanc il parvint enfin,
À la demeure elfique, la verte et belle,
Où l'air est vif, où pâles comme le verre
Sous la colline d'Ilmarin,
Brillantes dans une vallée abrupte,
Les tours aux lampes éclairées de Tirion
Se reflètent dans le Lac des Ombres.

Il abandonna là son errance,
Et ils lui apprirent des mélodies,
Et les sages lui contèrent d'anciennes merveilles,
Et des harpes d'or ils lui apportèrent.
De blanc elfique ils le vêtirent,
Et sept lumières ils envoyèrent devant lui,
Tandis que, par le Calacirian,
Vers la terre cachée et abandonnée il allait.
Il arriva aux châteaux éternels
Où brillantes tombent les années innombrables,
Et où éternellement règne le Roi Ancien,
À Ilmarin sur la montagne escarpée ;
Et des mots inconnus furent alors prononcés
Sur la race des Hommes et celle des Elfes,
Des visions d'au-delà du monde lui furent montrées,
Interdites à ceux qui y demeurent.

Un navire neuf alors ils lui construisirent
De mithril et de verre elfique,
À la brillante proue, point de rame dorée ;
Aucune voile ne portait son mât d'argent :
Le Silmaril comme lanterne
Et bannière brillant d'une vivante flamme
Pour luire par Elbereth elle-même
Fut fixée, qui vint là,
Et des ailes immortelles pour lui fabriqua ;
Elle établit pour lui un destin immortel
Pour naviguer dans les cieux sans rivages
Et venir derrière le Soleil et la lumière de la Lune.

Des hautes collines d'Everevens
Où doucement coulent les sources d'argent,
Ses ailes le portèrent, lumière errante,
Au-delà du puissant Mur de la Montagne.
Du bout du monde alors il se détourna,
Et brûla de nouveau de trouver, loin de là,
Son pays, en voyageant par les ombres,
Et flambant comme une étoile insulaire
Haut en dessus des brumes il vint,
Flamme lointaine devant la Soleil,
Merveille avant l'éveil de l'aurore
Où, grises, coulent les eaux de Norlande.

Par-dessus la Terre du Milieu il passa
Et il entendit enfin les pleurs de douleur
Des femmes et des vierges elfiques
Dans les Temps Anciens, au temps jadis.
Mais sur lui régnait un destin puissant,
Jusqu'à la disparition de la Lune : passer, étoile en orbite,
Sans plus jamais demeurer
Sur nos rivages où sont les mortels ;
À jamais héraut en une mission sans repos,
Portant au loin sa brillante lumière,
Flammifer de l'Ouistrenesse.

A Elbereth Gilthoniel

silivren penna miriel
O menel aglar elenath !
Na-chaered palan-diriel
O galadhremmin ennorath,
Fanuilos, le linnathon
nef aear, si nef aearon !

Enigme de Boromir

Cherche l'épée qui fut brisée :
A Imladris elle se trouve ;
Des conseils seront pris
Plus forts que les charmes de Morgul.
Un signe sera montré
Que le Destin est proche,
Car le fléau d'Isildur se réveillera,
Et le Semi-Homme se dressera

L'énigme de Grands-Pas

Tout ce qui est or ne brille pas,
Tous ceux qui errent ne sont pas perdus ;
Le vieux qui est fort ne se dessèche pas,
Le gel n'atteint pas les racines profondes;
Des cendres, un feu sera réveillé,
Une lumière des ombres surgira ;
Renouvelée sera la lame brisée :
Le sans-couronne de nouveau sera roi.

Lorsque l'hiver commence à mordre

Et que les pierres craquent dans la nuit glaciale,
Lorsque les étangs sont noirs et les arbres dénudés,
Il est mauvais dans les Terres Sauvages de voyager.

La Chanson de Bilbon

A tout ce que j'ai vu,
Aux fleurs des prés et aux papillons,
Assis près du feu, je pense
Aux étés passés ;

Aux feuilles jaunes et aux filandres
Des automnes qui furent
Avec la brume matinale, le soleil argenté
Et le vent dans ma chevelure.

Assis près du feu, je pense
A ce que sera le monde
Quand viendra l'hiver sans printemps
Que je ne verrai jamais.

Car il y a tant de choses encore
Que je n'ai jamais vues :
Dans chaque bois à chaque printemps,
Il y a un vert différent.

Assis près du feu, je pense
Aux gens d'il y a longtemps
Et aux gens qui verront un monde
Que je ne connaitrai jamais.

Mais tout le temps que je suis à penser
Aux temps qui furent jadis,
Je guette les pas qui reviendront
Et les voix à la porte.

Chanson de Durin

Le monde était jeune et les montagnes vertes.
Aucune tache encore sur la Lune ne se voyait,
Aucun mot n'était apposé sur les rivières ou les pierres,
Quand Durin s'éveilla et marcha solitaire.
Il nomma les collines et les combres sans nom,
Il but l'eau des puits jusqu'alors non goûtée;
Il se baissa et regarda dans le Lac du Miroir
Et vit apparaître une couronne d'étoiles,
Comme des joyaux sur un fil d'argent,
Au-dessus de l'ombre de sa tête.

Le monde était beau, les montagnes altières
Aux Jours Anciens d'avant la chute
De puissants rois en Nargothrond
Et en Gondolin, qui maintenant
Au-delà des Mers Occidentales ont disparu ;
Le monde était beau en l'Ere de Durin.

Roi il était sur un trône ciselé
Dans des salles de pierre aux milles piliers,
Aux voûtes d'or et au sol d'argent,
Avec, sur la porte, les runes de la puissance.
La lumière du soleil, des étoiles et de la lune
En d'étincelantes lampes dans le cristal taillées,
Jamais obscurcie par les nuages ou les ombres de la nuit,
Brillait toujours là, belle et éclatante.

Là, le marteau sur l'enclume frappait,
Là, le ciseau clivait, et le graveur écrivait ;
Là, était forgée la lame et fixée la garde ;
L'excavateur creusait, le maçon bâtissait.
Là, étaient accumulés le béryl, la perle et la pâle opale,
Et le métal forgé comme les écailles du poisson,
Le bouclier et le corselet, la hache et l'épée,
Et les lances brillantes.

Inlassables étaient alors les gens de Durin ;
Sous les montagnes la musique s'éveillait ;
Les harpistes jouaient de la harpe; les ménestrels chantaient,
Et aux portes les trompettes sonnaient.

Le monde est gris, les montagnes sont vieilles;
Le feu de la forge est d'un froid de cendre;
Nulle harpe n'est pincée, nul marteau ne frappe :
Les ténèbres règnent dans les salles de Durin ;
L'ombre s'étend sur son tombeau
En la Moria, à Khazad-Dûm.
Mais encore les étoiles noyées apparaissent
Dans le sombre Lac du Miroir privé de vent;
Là gît sa couronne dans l'eau profonde,
Jusqu'à ce que Durin du sommeil se réveille

Chanson de la Nimrodel

Il était jadis une vierge elfique,
Etoile brillant de jour :
Son blanc manteau était d'or bordé,
Ses chaussures gris d'argent.

Une étoile était posée sur son front,
Une lumière sur ses cheveux,
Comme le soleil sur les rameaux d'or
En Lórien la belle.

Ses cheveux étaient longs et ses bras blancs ;
Belle et libre était-elle ;
Et dans le vent elle allait aussi légère
Que la feuille de Tilleul.

Au bord des cascades de la Nimrodel,
Près de l'eau claire et fraiche,
Sa voix tombait comme une chute d'argent
Dans la mare brillante.

Où maintenant elle erre, nul ne le sait,
A la lumière du soleil ou dans l'ombre;
Car perdue fut jadis Nimrodel
Et dans les montagnes isolées.

La nef elfique dans le havre gris
Sous le vent de la montagne
Bien des jours l'attendit
Au bord de la mer rugissante.

Un vent nocturne dans les terres du Nord
Se leva, et haut il cria,
Et mena le navire des rives elfiques
Au travers des flots mouvants.

Quand vint la terne aurore, la terre était perdue,
Les montagnes plongeaient grises
Au-delà des vagues gonflées qui lançaient
Leurs panaches d'écume aveuglante.

Amroth vit la rive évanescente
A présent basse derrière la houle,
Et il maudit le perfide navire qui l'emportait
Loin de Nimrodel.

Jadis il était un Roi-Elfe,
Un seigneur de l'arbre et des vallons,
Quand d'or étaient les rameaux printaniers
Dans Lothlórien la Belle.

Du mât à la mer, on le vit s'élancer
Comme la flèche de la corde,
Et plonger dans l'eau profonde
Comme la mouette en vol.

Le vent était dans ses cheveux flottants,
Sur lui brillait l'écume ;
De loin, ils le virent fort et beau
S'en aller, glissant tel un cygne.

Mais de l'Ouest n'est venu aucun message
Et sur la Rive Citérieure
Nulle nouvelle n'ont plus jamais entendu
Les Elfes d'Amroth

Lamentation de Frodo pour Gandalf

Quand le soir dans la Comté était gris,
Ses pas sur la colline résonnèrent ;
Avec l'autre il s'en alla
Pour un long voyage sans dire mot.

De la terre Sauvage à la rive occidentale,
Par antres de dragons et porte cachée,
Du désert nordique à la colline méridionale
Et par les sombres bois, il erra à son gré.
Par antres de dragons et porte cachée,

Avec le nain et le Hobbit, les Elfes et les Hommes.
Avec les Mortels et les Immortels,
Avec l'oiseau sur la branche et la bête dans sa tanière,
En leur propre langue secrète il parla.

Une mortelle épée, une main guérisseuse,
Un dos courbé sous son fardeau ;
Une voix de trompette, un brandon ardent,
Un pèlerin las sur la route.

Seigneur de sagesse sur son trône il siégeait,
Vif à la colère, rapide au rire ;
Vieillard au chapeau bossué
Qui s'appuyait sur son bâton épineux.

Il se tenait seul sur le pont
Défiant le Feu et l'Ombre ensemble ;
Son bâton sur la pierre fut brisé,
A khazad-Dûm périt sa sagesse.

Les plus belles fusées jamais vues,
En étoiles bleues et vertes, elles éclairaient,
Où, après le tonnerre, des averses d'or
Tombaient comme une pluie de fleurs

J'ai chanté les feuilles, les feuilles d'or, et là poussaient des feuilles d'or ;

J'ai chanté le vent, un vent vint là, qui dans les branches souffla.
Au-delà du Soleil, au-delà de la Lune, l'écume était sur la Mer,
Et près de la grève d'Ilmarin poussait un Arbre d'or.
Sous les étoiles du Soir-éternel en Eldamar il brillait,
En Eldalmar près des murs de l'Elfique Tirion.
Là, longtemps, les feuilles d'or ont poussé au long des années heureuses
Tandis qu'ici, au-delà des Mers Séparatrices, coulent maintenant les larmes elfiques.
O Lórien ! L'Hiver s'avance, le Jour nu et sans feuille ;
Les feuilles tombent dans la rivière, la Rivière s'écoule.
O Lórien ! Trop longtemps suis-je restée sur ce Rivage
Et en une couronne évanescente ai-je tressé l'elanor d'or ;
Mais si je devais maintenant chanter les navires, quel navire viendrait à moi ;
Quel navire me porterait jamais au-delà d'une si vaste Mer ?

Ai! Laurië lantar lassi súrinen,

Yéni únótimë ve rámar aldaron !
Yéni ve lintë yuldar avánier
mi oromardi lissë-miruvóreva
Andúnë pella, Vardo tellumar
nu luini yassen tintilar i eleni
ómaryo airetári-lírinen.

Sí man i yulma nin enquantuva ?

An sí Tintallë Varda Oiolossëo
ve fanyar máryat Elentári ortanë
ar ilyë tier undulávë lumbulë
ar sindanóriello caita mornië
i falmalinnar imbë met, ar hísië
untúpa Calaciryo míri oialë.
Sí vanwa ná, Rómello vanwa, Valimar !

Namárië ! Nai hiruvalyë Valimar !
Nay elyë hiruva ! Namárië !


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