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Un entretien avec Peter V. Brett

Par Altan, le samedi 18 avril 2009 à 20:03:03

Peter V. BrettPeter V. Brett a fait ses études à l’université de Buffalo, où il a obtenu une licence en Arts, Littérature Anglaise et Histoire de l’Art.
Il a fait ses débuts en Fantasy l'année dernière avec la publication en septembre 2008 de son roman The Painted Man chez Harper Voyager. Le roman est sorti à son tour aux États-Unis le mois dernier sous le titre de The Warded Man, aux éditions Del Rey. La suite de ce premier opus, The Desert Spear, sera publiée en août 2009. Peter vit à New York dans le quartier de Brooklyn, avec sa femme Dani, leur petite dernière Cassandra et leur chat diabolique, Jinx.
Le premier tome débarquera en France en octobre 2009 chez Milady.

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L'interview traduite

Peter, merci beaucoup de nous accorder cette interview. Votre premier roman The Warded Man (The Painted Man) est fortement ancré dans le genre de la Fantasy. À quel point ce genre vous intéresse-t-il ? Qu’est-ce qui vous a poussé à écrire de la Fantasy ?
Ce genre m’intéresse énormément. J’ai toujours adoré lire de la Fantasy épique, et ce depuis ma plus tendre enfance. Je n’ai lu qu’une petite poignée de livres de science-fiction et, en général, les autres genres ou la fiction traditionnelle m’ennuient. Alors, quand j’en suis venu à écrire, je ne me suis posé aucune question. Ce fut la Fantasy, et je ne pense pas que cela changera.
Avec un tel attrait pour la Fantasy, je me demande quels sont vos auteurs et vos titres préférés ?
Oh, il y en a tellement. J’ai lu des centaines de romans de Fantasy, bien que ce ne soit seulement qu’une infime partie de ce qui est publié. Je peux vous donner une liste de mes 10 livres préférés, qui n’est en aucun cas un classement :
  • 1. Bilbo le Hobbit, de JRR Tolkien
  • 2. Les Pierres elfiques de Shannara, de Terry Brooks
  • 3. Terre natale, par RA Salvatore
  • 4. Master of the Five Magics, de Lyndon Hardy
  • 5. When True Night Falls, de CS Friedman
  • 6. Le Crépuscule du Monde, de Robert Jordan
  • 7. Les Seigneurs des Runes, de David Farland
  • 8. Le Trône de fer, de George RR Martin
  • 9. Les Dragons de sa Majesté, de Naomi Novik
  • 10. La Tour des Anges, de Phillip Pullman
Vous avez prouvé que vous étiez très ambitieux en écrivant dans des conditions difficiles : sur le chemin du travail, dans le métro… Qu’est-ce qui vous aidait à tenir ? Avez-vous parfois pensé à abandonner ?
Jamais. Les écrivains, et moi-même y compris, prennent souvent comme excuse Je n’ai pas le temps d’écrire ! pour expliquer qu’ils ne produisent pas, mais c’est un mensonge. Quand des choses sont importantes dans la vie, on PREND le temps pour les faire, et elles se font. Quand elles ne le sont pas, on ne les fait pas. Écrire est important pour moi, alors je prends le temps lors de mes trajets, et tous les soirs à la maison, même si ça signifie moins de temps à consacrer aux autres choses que j’aime. Je pense que je continuerais à écrire même si plus personne n’achetait ce que j’écris. Je me sens juste… mieux avec moi-même lorsque j’écris, et parfois, je suis aussi impatient que n’importe qui de connaître la suite.
Je sais que, théoriquement, The Warded Man n’est pas votre premier roman ; vous en avez également écrit d’autres. Mais alors pourquoi ce roman est-il le premier à être publié ? Y a-t-il une chance pour vos autres travaux de se voir imprimés un jour ?
C’est vrai que j’ai écrit d’autres livres avant The Warded Man. C’est le premier à avoir été publié parce que, franchement, il était meilleur que les autres. Je crois que chacun de mes livres précédents m’a servi d’apprentissage de l’écriture, et ces travaux de jeunesse sont le reflet de beaucoup d’erreurs que j’ai depuis appris à repérer et à corriger.
Cependant, je pense en effet que mes livres précédents contiennent quelques idées, et je n’exclus pas de les reprendre pour les remanier, une fois que j’en aurai fini avec toute cette affaire de démons. En ce moment, j’ai des histoires de démons à ne savoir qu’en faire, et c’est ma principale préoccupation.
Le roman The Warded Man est en lui-même toute une histoire ; j’ai lu que de nombreux changements avaient été infligés au manuscrit initial. Déplorez-vous ces changements ? Y a-t-il un élément retiré du manuscrit que vous regrettez de ne pas avoir inclus dans le roman ? Y en a-t-il un qui réapparaîtra dans les prochains romans ?
Lorsque mes éditeurs britanniques et américains m’ont fait part de leurs suggestions et commentaires, j’ai toujours gardé le contrôle sur la conception de mon manuscrit, comme c’est le cas pour la plupart des auteurs. Par exemple, mon éditeur américain m’a demandé si je pouvais retravailler mon texte pour que mon manuscrit final soit 10% plus court que l’original, mais toutes les décisions concernant ce qu’il fallait couper me revenaient.
J’ai sincèrement l’impression que le livre est meilleur avec les coupes, même si certaines scènes supprimées étaient, selon moi, plutôt bonnes. Il y a eu des sacrifices aux dieux du rythme et de l’intrigue, et ça vaut le coup. Je posterai beaucoup de ces scènes abandonnées sur mon site Internet, comme ça les lecteurs pourront toujours venir les découvrir, et quelques unes se sont finalement retrouvées dans le second volume, The Desert Spear.
En parlant de changements, suivez-vous un plan précis, établi depuis le début, ou bien faites-vous évoluer l’histoire au fil de l’écriture ?
Je crois que toutes les histoires évoluent pendant qu’elles sont écrites. C’est en quelque sorte inévitable. Je suis un planificateur méticuleux, rédigeant les grandes lignes avec beaucoup de détails avant de commencer à écrire, mais même ainsi, j’ai souvent des idées ou des intuitions pendant que je rédige, et l’histoire peut alors prendre une direction inattendue. C’est l’une des raisons pour laquelle écrire est une activité si prenante.
Ces derniers temps, de nombreux romans de Fantasy tentent d’apporter des éléments originaux et innovants, et je crois que votre roman est de ceux-là. Pensez-vous que la littérature Fantasy puisse se perfectionner ? Et croyez-vous que ces nouveautés pourraient amener un nouveau public vers le genre de la Fantasy ?
Je pense que la littérature peut toujours se perfectionner. Cela ne veut pas dire que les classiques de la Fantasy comme Le Seigneur des anneaux ou le Morte d’Arthur seront détrônés, mais comme nos cultures changent et évoluent, nos médias doivent aussi le faire, sous toutes leurs formes, afin de rester actuels et d’éviter la stagnation. De nos jours, il y a beaucoup d’écrivains qui adorent repousser les limites de la Fantasy. Je suis heureux d’être considéré comme l’un d’entre eux, et j’aimerais avoir plus de temps pour lire tout ce qui est publié. J’ai le sentiment qu’avant aujourd’hui, il n’y avait jamais eu autant d’inspirations et d’idées nouvelles en Fantasy. C’est le moment idéal pour s’impliquer dans cette activité lorsqu’on a un projet créatif.
L’univers Fantasy que vous avez créé semble dangereux et y vivre parait difficile. Comment avez-vous eu l’idée de créer ce monde ? Qu’est-ce qui vous a inspiré ?
J’ai toujours voulu écrire un livre sur les démons. Mais je pense qu’un grand nombre des émotions faisant partie de ce livre ont été inspirées par ce que nous, les new-yorkais, avons ressenti pendant et après les évènements du 11 septembre. À l’époque, je travaillais dans un bureau situé en haut d’un immeuble de Manhattan, et j’ai pu observer avec horreur les Twin Towers en proie aux flammes ainsi que la panique dans les rues de New York. Même longtemps après ces évènements, on pouvait ressentir la peur chez les new-yorkais, et c’était devenu un sentiment d’angoisse constant pour beaucoup d’entre eux. Je voulais écrire sur ce sujet, et j’ai utilisé des démons comme métaphore. Mais je voulais également parler de la force intérieure de ces mêmes personnes, celle qui leur a fait oublier leurs différences et se rassembler, alors même qu’elles ne se connaissaient pas du tout, afin de porter secours aux blessés.
À part l’utilisation des démons comme métaphore pour représenter la réalité, avez-vous introduit d’autres problèmes de notre monde dans votre roman ?
Je pense que lorsque, dans un roman, les personnages sont confrontés aux mêmes problèmes que ceux des lecteurs, cela rend l’histoire plus convaincante et c’est ce que j’essaie de faire autant que possible. La religion, la sexualité, le courage, l’ethnocentrisme, la perte d’êtres chers et quantité d’autres sujets sont abordés à travers les différents personnages au cours de leurs aventures. J’espère que certains de ces thèmes parleront aux lecteurs et reflèteront ce qu’ils ont vécu dans leur propre vie.
J’ai remarqué que dans votre livre, la société krasienne ressemble beaucoup à la société arabe. La culture arabe est-elle la source de la culture krasienne ? Comment les différentes cultures de notre monde ont-elles influencé et inspiré votre histoire ?
Un bon nombre de cultures ont inspiré les Krasiens, mais il est vrai que l’influence arabe reste la plus forte. Ils sont également inspirés des Spartiates de la Grèce Antique, des philosophies guerrières de Sun Tzu, des arts martiaux coréens et d’autres pays, etc. Je voulais en faire une société dont l’unique but des habitants était de mener une guerre qu’ils n’avaient presque aucune chance de gagner. Je trouve qu’il y a une beauté tragique dans cette philosophie.
La plupart des autres lieux du premier livre ont un côté plus occidental, ce qui fait du royaume de Thesa un mélange d’environnement pseudo-médiéval (qui caractérise la plupart des livres de Fantasy) et de vieux Far West américain.
Comme je l’ai fait remarquer dans d’autres interviews, il n’y a pas de message politique particulier évoqué à travers le conflit entre les deux cultures. Je m’efforce de raconter l’histoire du point de vue des deux sociétés et de créer un monde complexe qui pose des questions morales sur les actes de leurs dirigeants, tout comme dans notre monde.
Les aperçus que j’ai pu avoir du monde Fantasy que vous avez créé, aussi bien géographiques, historiques ou religieux, m’ont donné envie d’en savoir plus. Ces aspects seront-ils développés davantage dans les prochains livres de votre série ?
J’espère. J’ai déjà en tête des lieux qui ne sont pas sur la carte incluse dans le livre (à peu près de la taille du Texas), mais il risque de se passer un moment avant que je trouve une bonne raison d’y développer l’intrigue.
Quand je pense à votre prochain roman, The Desert Spear, j’avoue que je suis impatient de voir deux conflits en particulier, ceux dont le lecteur a pu avoir un aperçu dans The Warded Man. Je veux bien sûr parler de la découverte que fait Arlen à propos du Core, et de la fin du livre. Le prochain roman sera-t-il axé sur ces éléments ? Pouvez-vous nous révéler quelque chose sur le contenu de The Desert Spear ?
Je ne dirai rien à propos du Core. Ce sujet sera traité par la suite mais je ne veux pas trop en dire. The Desert Spear racontera surtout la vie de Jardir, le leader krasien, et sa campagne au nord, ainsi que celle de Renna Tanner, la fille qui vient de Tibbet’s Brook et qu’Arlen était supposé épouser par le biais d’un mariage arrangé. Bien sûr, on verra aussi Arlen, Leesha, Rojer et beaucoup de tabassage de démons !
J’ai beaucoup aimé votre roman. Ça me fait une nouvelle série à suivre. Puis-je vous demander si votre série sera une trilogie ou comportera-t-elle davantage d’épisodes ?
Pour l’instant j’ai signé un contrat pour trois tomes, mais dans mon esprit ça n’a jamais été une trilogie. J’ai toujours voulu que la série se déroule en cinq tomes. J’ai déjà une fin bien précise en tête, mais j’aimerais tout de même prendre le temps de développer les personnages et leur univers avant d’y arriver. Et après… Qui sait ce que nous réserve le futur ? J’ai d’autres projets sur lesquels je souhaiterais travailler mais, si le public s’y intéresse, je pourrais bien écrire une autre histoire de démons. En revanche ce sera sans doute avec des personnages complètement nouveaux. Si cela devait arriver, j’ai déjà quelques notes et idées en tête…
Mis à part la fin de votre série, avez-vous des idées pour d’autres livres ou d’autres projets ?
Oui, comme je viens de le dire, j’ai l’espoir de revenir sur le travail que j’ai fait précédemment, qui ne concerne pas les démons. J’ai déjà écrit deux livres et demi d’une série entièrement nouvelle, et j’ai suffisamment de notes pour écrire deux livres de plus. Il y a aussi d’autres idées que j’aimerais développer quand j’en aurai le temps. J’ai 35 ans, ce qui est encore assez jeune, et j’espère donc avoir encore de longues années d’écriture devant moi. Même si écrire peut se révéler très difficile et stressant parfois, c’est la chose que je préfère par-dessus tout.
Merci beaucoup d’avoir pris le temps de répondre à nos questions, ce fut un plaisir.
Merci à vous. J’ai été très content d’y répondre.

Traduction de Deedlit

L'interview originelle sur DarkWolf's Fantasy Reviews


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