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Utopiales 2007 : les entretiens

Par Linaka, le jeudi 29 novembre 2007 à 23:55:54

L'afficheDernier type de contenu récolté pour vous lors de cette édition 2007 du salon des Utopiales après les photos ou les compte-rendus, il s'agit là des entretiens exclusifs menés par nos soins avec certains des nombreux auteurs présents sur place.
En ce dimance de 11 novembre, de quoi être doublement férié, nous poursuivons donc notre opération nouveautés avec une première interview en ligne dès maintenant et à découvrir ci-dessous, avec Erik Lhomme, auteur du Livre des Etoiles.
Bonne lecture à toutes et tous !

Mise à jour du 12 novembre :

Deuxième entretien en ligne.

Mise à jour du 13 novembre :

Troisième entretien en ligne.

Mise à jour du 29 novembre :

Quatrième entretien en ligne.

Notre entretien avec Erik Lhomme

Quand avez-vous commencé à écrire ? Qui ou qu'est-ce qui vous y a poussé ?

Pour remonter à la genèse, c'est une rédaction faite en classe de sixième qui est à l'origine de mon écriture, parce que j'ai découvert que j'aimais raconter des histoires. J'aimais m'emparer d'éléments que le prof nous donnait, j'aimais en faire quelque chose, bouger mon imagination autour de ça. Je pense que ce qui a bien aidé aussi la chose, que je l'ai voulu ou pas, c'est que j'ai eu la meilleure note de la classe. Je crois que c'était important car j'ai senti qu'il y avait un écho extérieur à mon ressenti intérieur. Et après, c'est un âge où j'étais « normal » (je n'étais pas un cancre, je n'étais pas un élève brillant, j'étais normal, en sport c'était pareil, dans la vie c'était pareil, en fait). Moi ça me dérangeait d'être normal, j'aurai voulu être exceptionnel. Cette première rédaction et toutes les autres qui ont suivi et ont confirmé la chose m'ont fait dire que c'était peut être ça mon super pouvoir en fait, mon côté exceptionnel, c'est écrire, c'est raconter des histoires. Je me suis dit que j'aimerais bien qu'il y ait au moins ça, puisque je ne suis pas celui qui court le plus vite, je ne suis pas celui qui impressionne le plus les filles, etc.

Qu'est-ce qui vous a amené vers la littérature de l'imaginaire ? Pourquoi vous attire t-elle ?

Tout simplement, c'est ce que j'ai toujours lu. A l'époque où l'on pouvait commencer à lire, il n'y avait pas du tout le choix qu'il y a aujourd'hui en jeunesse, donc je pense que j'ai des lectures assez communes avec les gens de ma génération : ça a été le Club des Cinq, certains titres de la bibliothèque verte - alors davantage Langelot agent secret que Alice, mais je lisais un petit peu tout ce qui me tombait sous la main. Quelques souvenirs aussi de la collection rouge et or; j'ai toujours été très intéressé aussi par la mythologie, par les récits mythologiques, les contes et légendes, les choses comme ça et c'est peut-être ça aussi qui plus tard m'a orienté vers l'histoire dans mes études. Cette fascination pour ce qui remonte loin. Et puis ensuite, très rapidement, je me suis mis à lire des livres adultes, Jules Verne, Dumas, Gautier, ces classiques d'aventure. Pour expliquer l'imaginaire, toujours la fiction, toujours quelque chose qui m'emmenait très très loin de ce que je considérais comme une vie pas très très intéressante par rapport à tout ce que vivaient mes héros. Donc il n'y a pas de hasard, ce sont des affinités qui remontent à loin avec l'imaginaire.

Quand et avec quel livre avez-vous découvert la fantasy ?

La fantasy je pense que j'ai découvert ça assez tôt, grâce notamment aux contes et légendes du nord, et celtes, parce que ce sont des univers qui préfigurent la fantasy. Tolkien était un universitaire qui enseignait l'anglais ancien, etc, qui était un grand connaisseur de tout ce qui était mythes celtes et nordiques. Il a récupéré beaucoup de choses mais c'est normal, c'est la transmission, je me suis amusé à faire pareil dans le Livre des Etoiles. J'ai créé un alphabet magique, qui sert à faire la magie, que j'ai intitulé les Graphèmes, et j'ai repris les runes et leur nom. Après on mélange ces choses-là avec son propre imaginaire, ce que l'on met derrière cette magie, mais j'ai toujours aimé puiser dans un fond qui me semblait être une sorte de tonneau des Danaïdes qui n'a pas de fond, - c'est extraordinaire - pour pouvoir étayer tous ces univers à venir. Donc la fantasy, je suis tombé dedans avec tous ces contes et légendes, ces mythologies, toutes ces choses là et par la suite, avec la découverte de quelques classiques comme justement Tolkien. Je ne l'ai pas découvert enfant, je pense que ça ne m'aurait pas plus. C'est un livre qui a une certaine maturité, il est plutôt pour les adolescents.

Pouvez-vous m'en dire plus sur vos habitudes de travail ? Combien d'heures par jour passez-vous à écrire, où travaillez-vous, avez-vous des rituels ?

Je n'écris pas énormément, par rapport à pas mal de mes amis auteurs. Je serais plutôt dans une dynamique contemplative en fait. Je passe beaucoup de temps à rêvasser, à imaginer ce qui pourrait être, avant de me décider à en faire quelque chose. Je mûris beaucoup et parmi tout ce à quoi je réfléchis et ce à quoi je rêve, il y a une petite partie qui s'incarne dans mes livres. Je commence par écrire sans écrire, toute cette phase est très importante, et mes habitudes de travail sont des habitudes héritées un peu de la période universitaire, je dirais un peu du travail au dernier moment, du travail dans l'urgence. Je travaille dans l'urgence, c'est à dire que je promets à mon éditeur un manuscrit pour une date précise que je choisis moi, et à partir de là, quand je sens que cette date approche trop dangereusement, je me mets frénétiquement au travail. Voilà pour mes habitudes de travail qui ne sont pas du tout raisonnées.

Vous définiriez-vous comme un écrivain scriptural ou structural ? C'est à dire écrivez-vous en vous laissant guider par l'intrigue ou avez-vous besoin de définir une structure et un plan chapîtré précis avant de commencer ?

Alors je suis le prototype même de l'écrivain qui ne peut pas écrire sans structure extrêmement précise au départ. Et pourquoi ? Parce que justement, je sais que je peux aller n'importe où. Et j'ai besoin de ce fil d'Ariane permanent, même si à la fin du livre, systématiquement, je n'ai gardé que la moitié de ma structure de base mais ça peut partir dans tellement de sens et tellement de choses que j'ai vraiment besoin de ce garde-fou, surtout quand on part sur des sagas en plusieurs tomes. Je pense qu'on peut être structuré dans sa tête, moi ce n'est pas mon cas. Donc je crois que je le suis sur le papier avant de partir, je trace mon itinéraire ...

Quelles seraient selon vous les qualités essentielles pour un écrivain ? De la détermination, de l'auto-discipline, une facilité à accepter les critiques ... ?

Oui pour l'auto-discipline. Je pense que même si je travaille dans l'urgence, quand je me mets à travailler, il y a une forme d'auto-discipline. Je pense qu'il faut être déterminé. Il faut même être plus que cela, il faut avoir un certain orgueil, en fait. A savoir, tant qu'on n'a pas été publié, se dire que ça vaut le coup de continuer, croire en soi ... et on finit par s'en rendre compte. Ca, je crois que c'est important. Pour ce qui est des critiques, bien sûr qu'on les accepte, mais jamais, en aucun cas, pendant les phases de création. Pour moi, les critiques, je les accepte, je suis même demandeur à partir du moment où je rends ma copie à mon éditeur, que je fais lire à un proche avant de l'envoyer, etc, là oui, je suis en demande de critiques et à partir de ces critiques, je suis tout à fait capable de faire la part, de me dire « Oui, effectivement, c'est bien vu, je pense que ... », ou bien « Non, là je pense que ... ». Je tiens à mon truc et si on ne l'a pas compris, par contre là peut-être que je vais faire en sorte que cela passe mieux parce que c'est cela que je voulais faire. Je suis tout à fait capable de modifier si je juge que c'est justifié. Je pense que c'est beaucoup lié à la complicité et à la confiance qu'un auteur peut avoir avec son éditeur, moi je fais beaucoup confiance aux gens qui me suivent chez mon éditeur, et je sais que ce ne sont pas mes ennemis, on joue dans la même équipe. Donc notre but commun, c'est d'arriver au meilleur texte possible; moi, parce que je veux vraiment être content de ce que j'ai écrit, et eux, parce qu'ils veulent publier quelque chose de qualité qui se vendra, évidemment. Donc oui, j'accepte tout à fait, même si je réserve mon droit de dire si je suis d'accord ou pas avec ces critiques, mais uniquement dans la phase post-création.

Quel est le dernier livre que vous avez lu ?

Eh bien c'est hier soir, c'est le dernier tome d'une saga de dark fantasy érotique écrite par un auteur français qui s'appelle Michel Robert, paru chez Mnémos, qui est la saga de L'Ange du Chaos. Les Utopiales, c'est l'occasion de faire des rencontres aussi avec des auteurs qu'on ne connaît pas forcément personnellement. Donc j'ai fait la connaissance de Michel Robert, j'ai passé un petit moment à discuter avec lui. C'est le genre typique de série qui peut être très vite classée en bas de gamme de la fantasy, etc. Moi, je conçois beaucoup d'admiration pour les gens qui sont capables d'écrire des choses comme ça, pleines de vie, d'enthousiasme, bien construites. Il y a beaucoup d'a-priori pas très justifiés, parce qu'après, les goûts et les couleurs ne se discutent pas. Moi, j'ai acheté ce dernier tome hier soir, je l'ai lu hier soir.

Pensez-vous que tout le côté commercial de la fantasy (les couvertures voyantes, les films à gros budget ...) soit responsable du mépris qu'ont certains pour le genre ? Ou est-ce dû à sa nature irréelle et imaginaire ?

Je pense que les gens qui méprisent les choses, ce sont eux qui ont un problème. On ne va pas non plus mettre des couvertures blanches à tous les livres de fantasy. Moi je pense qu'il y a des folklores qui sont inhérents à chaque chose; pourquoi les profs de fac viennent faire cours en veston cravate, ça ne viendrait à l'idée de personne de mépriser ces enseignants parce qu'ils viennent comme ça, alors que nous on préfèrerait qu'ils viennent en chemise ouverte. Je pense que chaque univers a son folklore, et que la fantasy porte bien son nom, ça réclame un minimum de fantaisie, de capacité à se plonger dans l'irréel, dans le second degré, dans la mise en abîme, moi je trouve qu'il y a tout ça dans ces univers.

La fantasy a-t-elle sa place à l'université ? Est-ce qu'elle pourrait et devrait être étudiée ? A votre avis, pourquoi le genre n'est-il pas considéré comme suffisamment sérieux pour faire partie du programme ?

Elle pourrait être étudiée, si elle devrait, je n'en sais rien, mais il y a de la matière. Par contre je ne sais pas si ça serait souhaitable, car j'ai toujours tendance à croire que quelque chose dont s'emparent les institutions devient plus sage, moins porteur de choses un peu hors normes. Je me suis rendu compte que le premier tome du Livre des Etoiles était en extraits dans des manuels scolaires en sixième, et ça m'a fait tout bizarre. Je me suis dit voilà, je me retrouve dans un cadre qui, quand j'étais en sixième, m'embêtait. Expliquer pourquoi Maître Qadehar dit ça à son élève ... En fait je n'ai pas d'avis, j'ai surtout du ressenti. Si ça peut aider des enfants à se sentir mieux avec la littérature, avec les textes, à faire sauter des verrous, s'ils se sentent plus proche d'un livre de fantasy écrit par un auteur vivant que d'un extrait de Zola, tant mieux. Le but est qu'ils acquièrent un certain nombre de techniques, mécanismes de français ou d'intérêt pour la lecture.

Quel est le rôle de la littérature de l'imaginaire dans la société ? Est-ce une sorte de besoin ? Je pense aux mythes, aux contes populaires, au folklore ...

Je pense que ça relève d'un besoin, est-ce que ça le transcrit, je ne sais pas, mais ça participe d'un besoin effectivement, moi je le vois surtout en jeunesse. C'est vrai que la jeunesse, c'est quand même le moment de sa vie privilégié pour rêver et imaginer, malheureusement les personnes oublient qu'elles ont été ces enfants rêveurs et prêts à partir sur n'importe quoi. Je pense que ça participe du besoin de pouvoir imaginer, voir le monde autrement que comme il est, de se le réapproprier à sa façon.

Pensez-vous que la fantasy peut être, puisque c'est un des thèmes forts des Utopiales cette année, une forme d'engagement pour la protection de l'environnement ?

Oui alors, moi je suis extrêmement dubitatif quant aux livres à thèmes et aux messages engagés. Je reviens toujours à ma série de fantasy, Le Livre des Etoiles; ce n'est pas un livre engagé mais c'est un livre qui aborde au sein de son écriture, de façon symbolique, parabolique, certaines thématiques, notamment écologiques. Tout l'apprentissage de la magie que fait le héros Guillemot auprès de maître Qadehar; eh bien maître Qadehar ne cesse de lui répéter que quand on apprend la magie, on manipule des forces qui nous dépassent, qu'il faut savoir être humble et prudent. Je pense que ça va au-delà de la magie quand il explique qu'un petit acte peut avoir une répercussion beaucoup plus grande sur tout le reste, ainsi de suite, je n'aborde pas l'écologie, évidemment, mais j'aborde une façon d'être qui peut se retrouver dans l'écologie.

Les auteurs de SF écrivent aussi de la fantasy mais le contraire est rarement vrai. La fantasy est-elle la fille de la SF ? Ou sont-elles apparentées mais de genre distinct ? Certains considérent la fantasy comme un sous-genre de la SF. Etes-vous d'accord ?

Moi je pense qu'elles sont apparentées parce que ces deux genres appartiennent tous les deux à la grande famille de la littérature de l'imaginaire, qui n'est pas une création mimétique de la réalité mais qui recrée la réalité. Soit à partir d'éléments que l'on puise plutôt dans le passé - c'est le cas de la fantasy, on utilise énormémement de choses qui viennent de très profond, ou de la science-fiction qui utilise des thèmes du plus loin en quelque sorte, mais également des thèmes intemporels. Je pense tout simplement à Star Wars, où l'on retrouve le mythe de l'ordre de chevalerie, beaucoup de grandes thématiques qui viennent aussi de loin. Je dirais simplement que ce qui les distingue, et c'est un avis tout à fait personnel, c'est une histoire d'époque. Je pense que la SF a eu le vent en poupe à une certaine époque qui n'est plus aujourd'hui; j'aurais tendance à penser que la grande époque de la SF, c'est les années 70/80 et la fantasy est arrivée plus tardivement, même si elle existait déjà, mais l'engouement aujourd'hui de la fantasy supplante celui de la SF; je précise, je parle toujours au niveau du jeune public, que je connais bien. Alors ça correspond peut être aux circonstances, également, dans les années, mettons 50/60/70, on avait une appréhension par rapport au futur qui se traduisait par énormémement d'anticipation, de prospectives, etc, et aujourd'hui la fantasy est une autre façon de répondre à notre époque, je dirais moins optimiste presque. Dans la démarche de la SF il y a « on avertit, on propose », la fantasy non, elle exploite cette autre chose, on laisse tomber et on va vers ailleurs, en fait.

Est-ce que les races de Tolkien (Elfes, Nains, Orques ...) sont encore d'actualité ? Si on utilise les clichés de la fantasy, est-on obligé, comme l'a fait Terry Pratchett, de les parodier pour rester original ?

Oui, je suis peut-être un contre-exemple parce que je n'aime pas trop Terry Pratchett, en fait. Je sais qu'il a une bonne cote. Mais j'emploierais plutôt le terme « codes de genres », c'est vrai que chaque genre a ses codes et la fantasy a les siens, c'est à dire que si on ne met pas quelques guerriers, des barbares, des magiciens, des races soit horrifiques soit anciennes etc, on échappe un petit peu au genre. Mais c'est vrai que c'est plus difficile de faire de la fantasy originale que de la SF originale, parce que les codes sont beaucoup plus contraignants pour la fantasy qu'en SF. Je pense qu'on n'est pas obligé de les parodier ou d'en jouer pour faire quelque chose d'original, je pense que pour faire quelque chose d'original en fantasy, il faut justement jouer à mélanger les codes des différents genres. Je pense aux Guerriers du Silence de Pierre Bordage; comment est-ce qu'on classe ça: est-ce de la SF, de la fantasy, est ce que c'est du fantastique? C'est assez étrange et c'est un mélange de genres tel que je l'aime. D'ailleurs, après le Livre des Etoiles, j'ai écrit un diptyque, une courte saga en deux tomes, de SF mais j'ai choisi le sous-genre du space opera, qui est le sous-genre qui se rapproche le plus de la fantasy en fait.

Vous écrivez principalement pour la jeunesse. Cela nécessite-t-il de votre part un effort stylistique, afin de vous mettre au niveau d'un lecteur de 10 ans? Comment savez-vous quelles notions aborder?

Alors, je ne me pose pas vraiment ces questions, moi je pense que le style et l'écriture qu'on emploie est aussi riche que si l'on écrivait pour des adultes, simplement il y a beaucoup plus d'exigences de style: il faut arriver à avoir un style riche et accessible. Et ça ce n'est pas toujours facile ! Je participais à un débat ce matin, et Denis rappelait cette phrase de Christian Grenier, un auteur jeunesse qui est là depuis très longtemps et qui disait quelque chose comme: « La littérature adulte dit des choses simples de façon compliquée, tandis que la littérature jeunesse dit des choses compliquées de façon simple ». C'est un petit peu tout l'enjeu de la littérature jeunesse : c'est arriver à mettre à la portée de jeunes lecteurs des choses qui peuvent être très complexes finalement.

J'ai trouvé que Pullman, A la Croisée des Mondes, était un peu complexe pour des lecteurs de 10 ans. Pensez-vous que des concepts difficiles comme le rapport à la religion, la perte de l'innocence, etc, peuvent être compris par des lecteurs si jeunes ?

Je pense que la question ne se pose pas vraiment comme ça, parce qu'il y a toujours en littérature jeunesse un « A partir de ». C'est à dire qu'on peut lire un livre, par exemple à partir de 10 ans. Cela ne veut pas dire que le lecteur de 10 ans va comprendre tout ce qu'il y a dans le livre, ça veut dire qu'il pourra le lire et aimer ce livre. Cela ne voudra pas dire qu'il a tout compris. C'est exactement comme les films qui plaisent à la fois aux enfants et à leurs parents. Ma dernière série qui s'appelle Phénomène, c'est du fantastique, que je dédie à des lecteurs grands ados, à partir de 14/15 ans. J'ai des jeunes lecteurs qui ont lu le Livre des Etoiles à 10 ans et qui, à 11 ans, (personne ne peut empêcher qui que ce soit d'acheter des livres), donc achètent Phénomène et me disent: « On a beaucoup aimé, etc », mais mes lecteurs de 11 ans n'auront pas lu dans ma série tout ce que j'ai voulu dire. Ils peuvent très bien atteindre des niveaux de compréhension plus complexes plus tard. Mes personnages ont tous 15 ans dans cette série-là, ils sont travaillés par des souffrances qu'on ressent quand on a 15 ans, mais qu'on ne ressent pas quand on a 11 ans. Pour les comprendre il faut soit avoir soi-même 14/15 ans, être en plein dedans, soit l'avoir été. Mais même si on peut imaginer, tant qu'on n'a pas ressenti ... Donc c'est pour cela que c'est « à partir de », et puis ensuite, il y a toujours différents niveaux de lecture en littérature dès qu'elle est un petit peu sérieuse et complexe.

Propos recueillis et mis en forme par Annaïg Houesnard

  1. Notre entretien avec Erik Lhomme
  2. Notre entretien avec Elisabeth Vonarburg
  3. Notre entretien avec Xavier Mauméjean
  4. Notre entretien avec Greg Keyes
  5. Notre entretien avec Greg Keyes (anglais)

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