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Critique de la première saison de Jujutsu Kaisen (24 épisodes)


Un angle intéressant quand on veut s’exprimer à propos d’une œuvre issue d’une prépublication dans un magazine Japonais à gros tirage, n’est jamais celui du discours sur les « codes » (discours atteint de plus de feignantise et de banalité que les codes en eux-mêmes) ou la promotion de l’éditeur Français (qui vend toujours le « truc qui déconstruit les bidules »). Non, ce qui est marrant c’est de repérer ce que la créatrice a fait pour retenir l’attention de son lectorat cible, sachant qu’il y a une réelle concurrence à côté. Et le lecteur sera, ou pas, séduit par les symptômes de ce désir respectable de plaire.

Jujutsu Kaisen lui, semble développer le "syndrome du déménagement".

Lors d’un déménagement, disons un appartement situé au troisième étage, il y a plein de gens qui viennent « participer ». Alors, vous allez avoir le mec qui glande à côté du camion sous prétexte de garder les objets, les trois génies qui se lancent dans un débat d’ingénieur de la Nasa pour savoir comme faire passer une table à travers la porte d’entrée, le pénible qui fait une Masterclass pour expliquer comment déplacer un colis de 1,2 kg sans subir une blessure irréversible au dos, les anciens amis qui se racontent leur vie en déplaçant des cartons sur 2 mètres à l’intérieur de l’appartement, etc… Et pendant que cette sympathique bande de glandeurs se mettent en scène, on a le mec qui a descendu le frigo gigantesque sans défoncer la pompe à fréon. Et aussi son pote qui s’est occupé de la machine à laver de 90kg sans répandre de la flotte partout. En 5 minutes. Et un casting de manga comme Jujutsu Kaisen c’est un peu comme ce genre de déménagement : il y a deux-trois personnages qui sont au cœur de l’intrigue et qui délivrent le quota de moment galvanisant. Le reste génèrent une sorte d’écosystème de personnage qui donnent du corps à l’univers de la série, une sorte de décor composé de figures secondaires qui pourront, pour certains, avoir leur petit moment de gloire.

Ce qui n’est pas un mal parce que l’auteur a clairement décidé d’en avoir rien à foutre de maintenir une cohérence dans les concepts d’organisation d’exorcistes, de niveau de puissance ou du système de magie. Elle a poussé le vice, l’astuce je dirais, d’instaurer comme principe d’augmenter l’efficacité d’un sort si on explique son fonctionnement à voix haute à l’adversaire (et au public). Disons que si une enquête bibliographique devrait être faîte sur les influences de la créatrice, on se dirigerait vers Hirohiko Araki (Jojo’s adventure). Un personnage est clairement un hommage à Diamond is unbreakable. Araki qui a vendu des millions de manga pendant des décennies en s’affranchissant totalement, ce qui est une limite débattable avec des gens de bonne volonté, de tout bon sens de continuité ou de "construction d’univers" si cher aux référents anglo-saxons. Gege Akutami (la dame qui a écrit Jujutsu Kaisen) part pas aussi loin dans le grotesque flamboyant mais on sent qu’elle aime bien faire dans l’outrance pour accroître l’attention sur ces « acteurs », leur propension à assumer leur égoïsme. Même si, contexte jeunesse oblige, les principaux personnages ne sont pas vraiment déviants. Faire des grimaces parce qu’on est sûr de soi est un choix esthétique respectable mais rien de plus. Il n’y a pas vraiment de surprise lors des affrontements vu le niveau de puissance/potentiel accordé aux personnages. Ce n'est pas forcement un souci. Grâce à des efforts de mise en scène, le dynamisme des échanges, le tout enrobé d’une belle gestion de la couleur, ce qui est remarquable dans un contexte urbain comme Jujutsu Kaisen, on suit les pérégrinations des protagonistes sans déplaisir.

Bien sûr, le manga étant un sériel, on a droit à quelques sous-entendu d’agenda personnel, mais clairement il y a zéro ambition de lutte de faction complexe. Ce qui domine, c'est l'affrontement des égos. En revanche, la série arrive bien à présenter et maintenir ses antagonistes principaux sans pour autant trop épuiser le concept de second couteau (le frigo !) juste là pour valoriser son charismatique opposant (le mec qui l’a descendu !). Pour l’instant, il n’a pas vraiment de monter en puissance et de sentiment d’urgence, mais cela peut être exploité par la suite.Etant donné que la série peut se voir dans des conditions respectables et gratuites sur Crunchyroll, cela vaut le coup de se laisser tenter, l’ambiance et les personnages faisant le tout. Surtout si vous êtes clients de Fantasy urbaines à la Japonais et que vous voulez suivre les tendances actuelles.
Modifié en dernier par Benedick le jeu. 10 août 2023 10:04, modifié 4 fois.

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Propos très intéressant, Benedick. J'ajouterais que Jujutsu Kaisen ressemble beaucoup à Bleach : un héros lycéen (âgé pour un shonen) qui obtient ses pouvoirs en violation des règles établies par une organisation qui combat des esprits devenus dangereux pour les vivants et qui doit apprendre à maîtriser son "ennemi interieur" pour y parvenir.

Chez moi, on a regardé les premiers épisodes sur Crunchyroll et c'était plutôt prenant. J'ai lâché à partir du moment où l'histoire amorce sa phase entraînement / compétition typique du genre Shonen, pas parce que c'était mal fichu mais parce que c'était justement un peu trop ancré dans des codes que j'ai déjà trop souvent lus ou vus.

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Alors moi j'adoré du début à la fin cette saison 1 signée Mappa !
Des bastons très bien gérées, une animation très belle, pas mal de rythme, AUCUN fan-service, des personnages bien affirmés, un peu d'humour vaseux et par dessus le tout, une irrévérence qui fait plaisir et qui montre qu'il y a encore quelque auteurs japonais "mainstream" qui savent se moquer des codes du shonen !
Vraiment que du bon. voilà TRES longtemps que je n'avais pas été aussi contente d'atteindre la fin de la semaine pour regarder mon épisode hebdomadaire !
Et puis...Gojo-sensei...:respect:

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Alors, j'ai récemment vu toute la première saison de l'anime.
C'est pas mal, mais après visionnage, je trouve la série un peu surcotée. J'ai été "à fond" plusieurs fois lors de certains affrontements, mais si l'on met de côté la petite dimension horrifique, j'ai eu l'impression de revoir un anime/manga des années 2005, pas un truc très moderne.
Cela dit, pas besoin de réinventer l'eau chaude pour cartonner, évidemment.

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Carton au box-office US ce week-end et 1er des sorties ciné mercredi dernier en France pour sa sortie (on parle du film/préquelle sur grand écran) :o

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Gillossen a écrit :Alors, j'ai récemment vu toute la première saison de l'anime.
C'est pas mal, mais après visionnage, je trouve la série un peu surcotée. J'ai été "à fond" plusieurs fois lors de certains affrontements, mais si l'on met de côté la petite dimension horrifique, j'ai eu l'impression de revoir un anime/manga des années 2005, pas un truc très moderne.
Cela dit, pas besoin de réinventer l'eau chaude pour cartonner, évidemment.

Je suis un peu d'accord sur le côté surcoté. J'en entendais tellement parler que je m'attendais à quelque chose de plus spécial! Mais bon, ça marche bien quand même!

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Le film est bien. Je n'irais pas à dire très bien, mais j'ai bien aimé et passé un bon moment même sans avoir vu la série. A priori, si vous aimez la série, le film devrait vous plaire.
Depuis que j'ai vu le film, je tente la série. En effet, c'est pas mal et efficace, mais rien d'extraordinaire. J'ai même trouvé l'arc avec le frankenstein et le jeune fan de ciné peu intéressant. La meilleure scène de l'arc est le repas avec la mère, le reste n'est qu'une suite de combats qui ne m'ont pas plus intéressés que ça.
Il manque un peu de liant entres les personnages et certains ne servent à rien (je trouve que Demon Slayers fait un meilleur travail à ce niveau). C'est dommage, c'est bien réalisé et ça reste une bonne série mais pas autant qu'on me l'a vanté. Mais le panda est top.

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Sur la dernière marche du podium, "Jujutsu Kaisen 0", prequel du célèbre manga, réalise une excellente première semaine avec la meilleure moyenne de spectateurs par écran (880). Distribué sur seulement 395 copies, il a pu compter sur 347.583 fans

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AllMight a écrit :un manga extraordinaire !!

Il ne faut peut-être pas trop s'emballer ;)
Personnellement je le trouve brouillon et inégal. Les scènes de combats sont sympa mais la multiplication des persos et des intrigues / enjeux souvent très peu clairs, ainsi que des pouvoirs généralement mal expliqués ou inutilement complexes le rendent difficile à suivre d'un tome à l'autre.

On sent clairement une énorme vibe Hunter X Hunter, mais sans le niveau scénaristique pour rendre cette complexité limpide à suivre, façon Togashi (bémol sur le dernier arc HxH cela dit).

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J'ai lu le premier tome tout récemment et pour l'instant je trouve ça pas mal du tout. Bon on retrouve un peu tous les clichés des Shonen mais c'est plutôt bon, notamment dans la qualité du dessin (on est bien au dessus des premiers tomes de Naruto par exemple).
Je vais m'atteler à lire la suite en espérant ne pas être déçu !
Il va me sembler compliqué d'atteindre le niveau du génial Demon Slayer (les 23 tomes dévorés en un rien de temps) mais je croise les doigts ????

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Il n'y a aucun désordre culturel à ce qu'une personne dans la cible, en train de développer sa passion des mangas, donne une place de choix à Jujutsu Kaisen.

L'existence d'une adaptation animé partielle est l'engrais idéal de cette affection. Sachant que l'anime surexploite la force de la source et efface sa bricole narrative de petit malin.

Cependant....

Je ne sais pas où les gens sont allés chercher la réputation extraordinaire de Jujutsu Kaisen...

Enfin, si, je sais. C'est une figure de style...

C'est juste que, personnellement, en entendant l'argumentaire du directeur éditorial en pleine promotion des premiers tomes, j'ai compris à quelle bête j'avais affaire.

(Quitte à écouter une action de promotion, autant aller à la source. :lol: )

Ki-oon fait autant de promotion pour une œuvre à fort potentiel que pour une médiocrité opportuniste rentable. C'est un bon éditeur !

Bon, ma passion irrationnelle pour les mangas, et la fantasy urbaine, font que j'achète quasi tout ce qui passe en premier tome... Alors...

Au final, Jujutsu Kaisen, j'en reste à ce que je le préfère en anime et que j'attends pas nécessairement la suite.