Avez-vous aimé les Furtifs ?

Oui
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Non
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62
Arckhangelos a écrit :Au niveau du style, un travaille poussé comme sur la Horde (voire plus d'après ce que j'ai compris).

Pour moi, c'est là que le bât blesse. Le style. Au-delà du thème politique intégré au chausse-pied, au-delà des prises de position de l'auteur avec lesquelles on peut évidemment être d'accord un peu-beaucoup-pas du tout.

Pour situer, je voue un culte à la Horde, qui est vraiment un bouquin de coeur pour moi. Je l'ai toujours trouvé assez littéraire, avec un style assez exigeant, mais qui ne tombait jamais dans le sur-écrit. Il arrivait parfois qu'il frise la ligne rouge, mais ça restait juste dans la bonne limite. Et quel souffle épique, bigre ! Tous les personnages n'étaient pas choyés de la même façon, certes, mais ils sont si nombreux que cela pouvait se comprendre.

Enfin bref. Là, je démarre les Furtifs, et je me dis au bout de 50 pages que Damasio a besoin d'un éditeur maniant le fouet... On n'est plus dans le littéraire, on est dans le boursouflé. Et loooong, avec ça. Damasio se regarde écrire, on dirait. On n'est plus dans la recherche du bon mot, du néologisme qui fait mouche, on tombe dans une caricature de Damasio, dans le jargon infâme et omniprésent qui étouffe absolument tout.
Pour moi, c'est un crève-coeur, mais j'arrête là pour le moment.

Même les furtifs n'auront pas réussi à me faire rester.

juriss a écrit :Chose assez rare chez moi : le livre m'est tombé des mains un peu après la moitié.
Amateur de la Horde, je n'ai pas retrouvé de trace de la magie du livre précédent.
Le style est parfois brillant et parfois ridicule, mention spéciale à Tony dont le franglais était déjà dépassé il y a 5 ans. On voit que l'auteur a son âge.
Pourtant les premiers chapitres étaient prometteurs.
Mais la critique unidimensionnelle de la société m'a fait penser à un étudiant qui vient de voir la lumière en lisant son premier texte de Marx.
Les poncifs s'accumulent : les pauvres et les intellectuels militants sont intelligents et bien élevés et les nantis sont des imbéciles heureux ou des pervers manipulateurs. Un tour dans le quartier de mon enfance ferait le plus grand bien à ce bel esprit qu'est Damasio.
Mais je m'égare.
Je ne peux que m'en prendre à moi-même. Je pensais m'évader en lisant, et je suis resté cloué au sol, à lire la page facebook d'un intellectuel de gauche de 50 ans accro aux citations de Deleuze mixé à du sous-Dantec. La déception me rend amer.
J'espère en tout cas que la suite du bouquin s'améliore, mais ce sera sans moi.

C'est joliment bien tourné, ça :respect:

63
Je partage..

Très déçu par les Furtifs. Pourtant il y a quelques pages sublimes, et je reste admiratif du travail de forcené que cela a du être de vouloir chercher le jeu de mot ou le néologisme presque à chaque phrase d'un pavé de 700 pages, mais en terme de plaisir de lecture, baromètre principal à mes yeux pour juger une oeuvre, c'est très en-dessous de la Horde.

Je l'ai lu en entier et j'avoue que le sentiment qui prédominait une fois la dernière page terminée était plutôt le soulagement d'en avoir fini. Malgré ses nombreux défauts, je recommanderais malgré tout sa lecture pour les amateurs de SF et/ou Damasio en tant qu'expérience littéraire, pour son ambition, son travail sur les mots et quelques passages magnifiques qui surnagent au milieu de longueurs.

65
Impressionnant, quand même, ce livre. Non, vraiment. Personnellement, je le trouve même plus abouti que La Horde du contrevent, que j'avais déjà beaucoup apprécié.
Je regrette d'avoir attendu si longtemps pour le lire, peu engagée par les critique de ce site et celle de Littlefinger en particulier. Evidemment, c'est un livre clivant, tant sur la forme que sur le fond, et comme je pense qu'une critique en dit presqu'autant sur le lecteur que sur le livre, je le précise tout de suite : je lis très peu de SF, je suis acquise à l'essentiel des thèses soutenues par A. Damasio, j'enseigne la philosophie depuis un certain nombre d'années, y compris lors d'ateliers où j'ai développé des thèmes similaires à ceux développés dans Les Furtifs. Pour autant, il me semble que ce livre est assez riche pour nourrir le débat et inviter à la réflexion, quelles que soient nos opinions.
Pour les points négatifs : il est sûr que toute la partie critique du libéralisme n'est pas ce qu'A. Damasio fait le plus finement. À ce titre, j'ai trouvé les cinquante dernières pages peut-être superflues, d'autant qu'elles s'insèrent dans un genre de "happy end" presqu'exclusivement politique.
Pour le reste, vraiment, le travail de l'auteur, ce qu'il fait des références philosophiques sous-jacentes (Deleuze mais pas seulement), la force de ses personnages, de l'intrigue, la profondeur du propos, l'exigence du travail formel, parfois d'une beauté sidérante, font selon moi des Furtifs un grand livre, tous genres confondus. L'histoire de ce couple de quarantenaires déchirés par la perte de leur fille m'a bouleversée, en particulier tout ce que l'auteur nous dit de ce que signifie être un père, renversant au passage nombre de clichés. J'ai adoré le personnage de Sahar, une femme qui ne tombe ni dans le registre de la guerrière virile, ni de la faible femme, et finalement, c'est son compagnon qui est bien plus "maternant" qu'elle. Le travail sur le langage des furtifs est magnifique,
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, l'aspect d'anticipation à la Black Mirror très réussi, et en matière de perspectives visionnaires, décrire ainsi notre asservissement aux petits écrans colorés qui prolongent nos mains (
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, imaginer que le profit préempte entièrement le bien public, cela me semble assez crédible.
C'est un livre vivant, engagé, qui offre un travail esthétique remarquable, loin des scénarios efficaces et "fluides" qu'on nous sert si souvent. Personnellement, c'est le genre de livre qui m'enthousiasme, me donne envie de penser et d'écrire. Tout n'y est pas parfait, bien sûr, certains aspects sont agaçants, mais quand même, quel niveau par rapport à nombre de parutions françaises, je trouve. Comment expliquer sinon, du reste, qu'un livre aussi clivant soit autant lu, y compris (surtout?) par des non-lecteurs de SF, et soit récompensé par autant de prix? Il y a forcément "quelque chose". Après, je n'apprécie pas particulièrement (c'est un euphémisme) le "personnage" Damasio, et je dois même dire que j'ai acheté le livre pour me faire mon idée, convaincue que j'allais le refermer au bout de cinquante pages. C'est tout l'inverse qui s'est produit, j'ai été emportée dès le début, par des voix extrêmement puissantes et vivantes.
À mon avis, il faut risquer le voyage. Il se peut que vous n'en ressortiez pas indemnes.

68
Je n'ai pas lu ce livre, refroidi par ma lecture de horde (oui je sais, je suis un des rare sur ce site à ne pas aimer ce bouquin).
Je vois au niveau des commentaires qu'il a l'air assez clivant. D'après ce que j'ai compris, il est assez politique, donc quoi de plus normal. N'est-il pas logique que les personnes qui ne partagent pas les idées politiques de Damasio ne s'y retrouve pas dans cette histoire.

Je suis curieux, est-il possible d'adosser un sondage à cette page? avez-vous aimé les furtifs? oui/non

69
Ekimus a écrit :N'est-il pas logique que les personnes qui ne partagent pas les idées politiques de Damasio ne s'y retrouve pas dans cette histoire.

Non.
Je partage pas mal de point de vue sur la place de la technologie et l'emprise du pouvoir sur la société mais c'est rendu tellement lourd, indigeste et peu subtil par Damasio que c'est une réaction inverse qui s'est produit. Je ne suis pas le seul avec ce paradoxe d'ailleurs.

73
J'ai lu la Zone du dehors il y a quelque temps et j'ai l'impression que "Les furtifs" fait un peu "redite". Quelqu'un aurait-il lu les deux?

En tous les cas j'avais bien apprécié le premier pour ma part.

74
Folio SF a écrit :
Aslan a écrit :En principe en poche en février chez Folio SF !

En effet. Mais... faut que ce foutu virus nous fiche un peu la paix.

"Offices sous réserve". ;) :(

75
Temin-olt > Les Furtifs est clairement un truc entre la Horde et la Zone, un objet qui regroupe assez clairement les obsessions de l'auteur. Se passant dans un futur proche, il reprend effectivement quelques idées de la Zone mais aussi de son recueil de nouvelles Aucun souvenir assez solide.
Ca m'a donné une impression de melting-pot de vieilles idées, parfois certes pertinentes mais qui sentent un peu le réchauffé.

Et contrairement à la Zone et la Horde, l'écriture se lâche complètement (faute de quelqu'un pour le cadrer un peu ?), personnellement, j'aime beaucoup l'auteur mais là j'ai fait une indigestion tant cela devient gratuit et pénible à lire...Du tripotage de nombril, si je puis dire.

76
EdenA a écrit :Ca m'a donné une impression de melting-pot de vieilles idées, parfois certes pertinentes mais qui sentent un peu le réchauffé.

C'est un peu l'impression que j'avais...

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Pour ceux qui n'ont pas apprécié ce dernier Damasio (comme moi), qui ne sont pas rebutés par un style exigeant et de longues réflexions, je vous recommande L'empire et l'absence de Léo Strintz, qui croise certaines thématiques des Furtifs, plus radical et audacieux encore, et parvient bien à concrétiser son questionnement philosophique.

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Par contre et c'est tout à fait personnel, je ne suis pas vraiment fan des nouveaux visuels, les titres sont difficilement lisibles je trouve. Et au moindre courant d'air, la couverture des livres exposés rebique rapidement. :(

80
Tzeentch a écrit :Par contre et c'est tout à fait personnel, je ne suis pas vraiment fan des nouveaux visuels, les titres sont difficilement lisibles je trouve.

Tout à fait d'accord, j'ai mis un moment avant de comprendre de quoi il s'agissait.
Si l'enfer est ici alors autant s'en faire, si l'enfer est ici alors autant s'en faire, s'en faire un paradis. --- Shaka Ponk