Avez-vous aimé les Furtifs ?

Oui
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Non
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Si je comprends bien ce que tu veux dire Littlefinger, c'est une revisite de la Zone du Dehors avec au niveau des thématiques plus d'écologie et la parenalité. Au niveau du style, un travaille poussé comme sur la Horde (voire plus d'après ce que j'ai compris).

Donc ce sera sans moi, car le dégueulis politique qu'il soit d'un bord ou d'un autre ne m'enchante guère dans un roman. Ca me donne l'impression de lire des romans manichéens à souhait. Je veux découvrir un univers et des personnages, pas que l'on me dicte des pensées

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Lisbei a écrit :Greed Gobelin, je suis totalement en désaccord avec toi sur le fait que la façon dont c'est fait "ça ne change rien". Pour moi, le problème n'est pas sur le fond, mais sur la forme.

Je n'ai pas lu (et je ne prévois pas de lire) Les Furtifs, certes, mais je me souviens que lorsque j'ai lu Parleur, d'Ayerdhal, j'avais été gênée par un aspect de "prêche", une sorte de militantisme pour des idées. Même s'il s'agit d'idées que je partage, personnellement, cela me dérange dans un roman : si un auteur veut exposer ses idées politiques (ou religieuses, ou autres), qu'il le fasse sous la forme d'un essai, d'une lettre aux journaux, etc, mais un roman n'est pas le lieu. Après, je suis d'accord que la profession ou la catégorie sociale des personnages principaux, comme la place de la femme, par exemple, ou la figure du soldat, sont des choix politiques, mais cela n'a pas à voir avec ce que j'appelle, à défaut d'un meilleur terme, le prêche.

Par exemple, pour moi Les dépossédés ou La main gauche de la nuit, de Le Guin, sont deux romans éminemment politiques, et je pense que personne ne me contredira sur ce point. Mais pour autant jamais la défense de quelques idées que ce soit ne prend le pas sur la fiction romanesque. Le Guin charge ses personnages, et ses mondes eux-mêmes, de démontrer ses idées.

Sauf si ce sont des idées fascistes, nazies, amorales ou dangereuses, je vois pas pourquoi on devrait lui faire un " procès " (entre guillemets) parce qu'il " prêche " ses idées pour reprendre ton mot. Et d'ailleurs c'est pas non plus le premier à le faire, plein d'auteurs (bizarrement, à qui on a pas fait un tel "procès ") l'ont fait aussi. Je ne vois pas non plus pourquoi la littérature ne pourrait pas être un bon support pour ça quand toute autre forme d'art en aurait le droit.

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Greed Gobelin a écrit :Je ne vois pas non plus pourquoi la littérature ne pourrait pas être un bon support pour ça quand toute autre forme d'art en aurait le droit.

Je ne crois pas que Lisbei dise cela, au contraire même. Le souci de ceux qui n'ont pas aimé - visiblement - c'est plutôt qu'ils trouvent que justement c'est mal ou du moins maladroitement exécuté ici. C'est ainsi que je le comprends.

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En effet, comme tu l'as bien compris, Gillo, ce n'est pas une question de "d'en avoir le droit". Il est évident que ce n'est pas plus "interdit" aux romanciers qu'aux sculpteurs ou peintres, par exemple. Mais je ne suis pas fan non plus des sculptures ou peintures de l'ère stalinienne, que je trouve un peu trop... démonstratives à mon goût. Cela dit, je n'essaie de convaincre personne, mais d'expliquer (apparemment très maladroitement) qu'on puisse ne pas aimer une oeuvre qui semble très politique pour des raisons non pas idéologiques, mais esthétiques.

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Littlefinger fait un juste rapprochement avec Flashback de Simmons (auquel j'ai pensé en l'évoquant, j'avais plus le titre) dans lequel l'auteur étouffe son récit par un discours idéologique pénible (qu'on soit d'accord avec ou non encore une fois, c'est surtout la manière de le faire). A l'époque beaucoup lui tombaient dessus (c'était déjà le cas avec Olympos je crois et son discours pro-israélien) à la fois par opposition au contenu politique et à son intégration dans le roman. On peut légitimement reprocher la même chose à Damasio ici, mais curieusement c'est d'emblée moins recevable.
Lisbei fait bien de proposer cette analogie avec l'art "démonstratif", on y perd d'un point de vue purement esthétique, littéraire, indépendamment de notre adhésion ou non avec le discours véhiculé.

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Terminé il y a quelques jours et j’ai beaucoup aimé !

N’ayant jamais lu la Horde (pas taper ...) je ne connais pas spécialement l’univers de Damasio. C’est après en avoir entendu parler pendant 3 jours aux Ima que j’ai fini par craquer et bien m’en a pris !

Je suis passée totalement à côté du message politique du livre. Oui, le système est dénoncé, le capitalisme aussi mais cela ne m’a ni dérangé, ni interpelé. Pour moi ce livre est l’histoire d’un couple dont l’enfant a disparu. Chacun essaye de faire son deuil, d’avancer, de se reconstruire. Et comme dans la « vraie vie » c’est difficile et douloureux. En filigrane se pose la question de comment y arriver et surtout est-ce possible d’y arriver à deux ou est-ce qu’après un tel drame, le couple ne peut que se dissoudre. Et surtout, c’est un livre qui parle de l’amour infini d’un parent vers son enfant

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Les personnages sont attachants, tous à leur façon. Ils ont chacun une voix, très différentes les uns des autres.

J’ai également beaucoup aimé le traitement
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Au final c’est un ouvrage engagé, plein d’émotion, de rage, de douleur et d’espoir

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Bonjour !

Vous auriez pu aussi nous exposer votre avis directement sur le forum. :)
Les règles du forum font qu'il n'est pas vraiment recommandé de s'inscrire pour poster un premier message s'apparentant à de la "pub", que ce soit pour un blog ou n'importe quelle autre plateforme d'ailleurs.

Un sujet de présentation par exemple : /viewtopic.php?t=910

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Ah pardon ce n'était pas mon intention, mais une réaction enthousiaste à votre site.
Vous pouvez supprimer mon précédent post si vous voulez, je copie ici ma critique:

Critique toute personnelle (garantie zéro spoiler inside).

J’ai attaqué ce roman la fleur au fusil et les convictions en bandoulière, laissant avec joie les réticences teintées de mauvaise foi que j’avais pu avoir à la lecture de la Horde du contrevent, à peine commencé, jamais fini.
Cette fois j’ai été séduit par des critiques enthousiastes, emporté par la voix de Damasio lors d’interviews brillantes, héraut de visions politiques et philosophiques que je partage, une voix plus fragile que dans mon souvenir, mûrie de doutes et d’introspection qui me touchent.
Ce livre est plus qu’un livre, bien qu’il propose déjà d’un simple point de vue littéraire une innovation formelle impressionnante qui pourrait se suffire à elle-même.
Mais Damasio va plus loin comme il en a l’habitude, prolongeant et enrichissant son œuvre en musique, en podcasts bruitistes, en feuilletons radiophoniques. Singularité, plan de com’ bien aiguisé, peu importe s’ils font bon ménage.
Le premier chapitre offre une entrée en matière sur les chapeaux de roue, pas le temps de souffler, joie et émerveillement du lecteur largué sans parachute dans le présent d’un futur délicieusement déstabilisant, action tempo 160 bpm (ou Battements Par Mots?), l’idée matrice se ramifie jusque dans la langue, dans l’objet-livre lui-même, dans la phrase, le mot, consonnes et voyelles sifflent éructent et rayonnent au delà du sens unique – la promesse d’un récit puissant est là, ce n’est qu’un début – je salive.
Cette promesse à mon sens seule la science-fiction peut la tenir, gestalt littéraire total où forme et fond se subliment en un troisième œil visionnaire.
Puis plus rien, ou presque. Ou alors une répétition des mêmes schémas, d’une pensée qui se fige dans ses certitudes, qui n’arrive pas à s’oublier ou à se dépasser, dans une intrigue, dans des personnages.
Une langue qui s’écoute et se regarde, admirative, en circuit fermé, enchaine les jeux de mots chocs qui s’avalent comme un collier de bonbons boostés aux édulcorants (un comble pour un écrivain qui défend une vision du monde écolo!) sans aucune longueur en bouche – sans aucune autre dimension que le plaisir immédiat, sans rebond, sans élasticité.
Pourquoi pas?
Mais alors quel étrange et indigeste mariage que celui d’une intrigue simpliste avec des tartines de pensées philosophiques et politiques! Toute autre dimension est écrasée sous ce rouleau compresseur idéologique- la dimension romanesque par exemple.

C’est peut être meme ça le principal problème de ce roman, le plaisir facile, comme une discussion entre militants complices qui ne cherchent qu’une approbation réciproque à coup de grandes et belles idées humanistes, précisément difficilement critiquables, et qui restent dans le confort d’un entre soi rassurant. On manque d’air les fenêtres fermées.
Ce qui dans le cas d’un essai, d’un pamphlet, ou d’une interview comme sais si bien le faire Damasio peut se justifier – livrer ses idées sans masque, sans distance, les bazooker sur l’ennemi – ne fonctionne pas dans un roman où l’idéologie sans retenue devient un boulet qui enchaine toute action, tout personnage, assujetti à un seul objectif, convaincre les convaincus – objectif du coup peu vain.

Je ne défends absolument pas l’idée qu’un écrivain ne peut être politique, au contraire (Orwell? Ballard? Wolf? Dick?), mais un roman c’est d’abord une histoire, qui à mon sens véhicule une vision du monde d’autant plus forte qu’elle se laisse désirer, entrevoir, qu’elle laisse au lecteur une marge de manœuvre, un pouvoir, une liberté, le jeu et le plaisir de la deviner, de la trouver, comme une chasse au trésor entre les lignes, derrière les lignes – de front.
D’autant plus forte et pertinente qu’elle accepte de subir la confrontation, la contradiction, la mise à l’épreuve/en perspective avec son contraire, avec une certaine altérité – ici réduite à un système désincarné très très méchant, bouh.

Ce roman me rappelle une période dans la science fiction que je n’ai pas connue, trop jeune, mais un peu lu, celle des années 70 en France, ou l’idéologie de gauche (je n’ai pas dis gauchiste, pour les méchants cités plus haut j’en suis un moi aussi, et fier de l’être) prenait le pas dans certains romans sur la qualité littéraire, l’intrigue, les personnages, le véhicule en somme, jusqu’à être contre-productifs et à prêter le flanc aux critiques faciles du bord opposé, un comble!

Sans doute avons-nous besoin de ces idées ici et maintenant, et je les partage, avons-nous besoin de cette énergie vitale de Résistance dont Damasio sait si bien se faire le médium dans ses discours.
Mais sous cette forme paradoxalement obsolète d’un roman engagé au point de se perdre, au lieu de la plage promise, je n’ai trouvé qu’un pavé.

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Je ne comprends pas très bien le raffut autour de ce roman qui est pourtant du Damasio pur jus, un mélange (pas toujours très bien dosé) entre la Zone et la Horde. Ce serait un manifeste politique déguisé ? Et alors ? Tout roman dystopique est un manifeste politique déguisé. À ce compte-là, on peut aussi reprocher à Orwell d'avoir écrit 1984. Ce qui dérange à mon avis ici c'est que, contrairement à la Zone du dehors qui se situe dans un avenir relativement éloigné et même pas sur terre, c'est que, même si elles sont projetées dans le futur, les thématiques abordées sont très actuelles.

Le roman manquerait de nuance ? Encore une fois c'est un roman dystopique (même si pour vous l'univers décrit n'est pas dystopique, c'en est un aux yeux de l'auteur), pourquoi devrait-il être nuancé ? À partir du moment où, pour Damasio, le système libéral actuel est aussi monstrueux qu'il le décrit dans les Furtifs (ou la Zone), il ne peut que écrire un roman sans nuance.

Ce roman peut ne pas être pour vous pour des raisons de convictions mais j'ai énormément de mal à entendre les critiques sur la pertinence de l'écrire. À partir du moment où l'auteur est très clair avec sa démarche, je n'ai aucun problème là dessus.

Ceci étant dit, le roman en lui-même est loin d'être parfait même si je l'ai préféré à la Horde (mais pas à la Zone). Je ne suis pas certain qu'elle rende le propos de l'auteur sur les dérives de notre système démocratique et libéral plus audible, mais la partie sur les Furtifs est distrayante et, sauf dans les tous derniers % du livre où certains passages sont tout simplement illisibles, le style de Damasio (dont je ne suis pas fan) s'est avéré plus agaçant que vraiment dérangeant. Là où j'ai un peu plus de mal c'est sur son World Building puisque le monde décrit a plus l'air d'être une uchronie rétrofuturiste qu'un vrai roman d'anticipation sur le plan sociétal. Y a pas un seul noir ou un seul arabe dans son roman (on évoque de temps à autre le drame des migrants mais ils sont où ? et les descendants d'immigrés ?). On ne voit pas non plus les conséquences du réchauffement climatique qu'il évoque pourtant là aussi dans le roman. Alors, certes, ce n'est pas son propos mais ça me semble très paresseux.

Pour le reste, son message philosophique (je ne parle pas du politique) est nettement mieux passé que dans la Horde grâce au fait que, contrairement aux Vents, les Furtifs soient véritablement vivants même si j'ai tiqué sur certains passages (l'évolution n'existe pas, c'est les Furtifs qui font tout notamment). C'est juste dommage que le roman soit complètement parti en sucette à partir des 80% et que l'auteur n'ait aucune idée de comment s'exprime vraiment un jeune. Pour fréquenter au quotidien des gens qui parlent en argot, personne ne parle comme ses personnages...

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[justify]Pour ma part, je ne vais pas être tendre avec Les furtifs. L'insistance du politique fut rédhibitoire pour moi. J'aurai pu passer outre simplement parce que cet aspect du texte ne me parle pas, pas de problème. En revanche, à partir du moment où l'auteur formule une promesse de réflexion philosophique autour d'un personnage animé d'une mystique, je me mets à jubiler. Et là, c'est le soufflet qui se dégonfle avant d'être savouré, la philosophie ne se réduit qu'à de l'évocation, du survol. Le discours tenu fait passer le personnage de Varech au mieux pour un charlatan et l'auteur pour un maladroit. J'avais déjà eu ce sentiment d'injustice avec l'outrecuidance de Weber et son encyclopédie du savoir relatif et absolu (je ne me souviens plus du nom de l'auteur fictif...).
Je relirai avec beaucoup de plaisir La Horde du contrevent, par contre, je sais pertinemment que même une relecture n'offrira pas une seconde chance à ce roman. Je regrette vraiment de tenir un propos aussi ferme avec un auteur que j'apprécie pourtant. Je me dis que l'étendue de son talent doit pouvoir lui permettre de proposer d'autres textes qui me feront revenir sur cette impression amère. Restons optimiste malgré cette déconvenue.[/justify]

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Je vais ajouter de l'huile sur le feu, mais comme beaucoup ici, je n'ai pas spécialement apprécié les Furtifs.

Pourtant, si j’avais du donner un avis sur ses premiers chapitres, il aurait été en haut du panier tant j’ai aimé les personnages de Lorca et Sahar et leur relation, leurs problèmes (leurs passages sont extrêmement touchants), puis ces furtifs insaisissables dont on ne sait pas réellement s’ils existent. Puis la suite du récit se noie dans des hectolitres d’exercices littéraires en tous genres, faisant oublier le récit en lui-même, sans parler de la manière de s'exprimer de la moitié des narrateurs, en mélange de franglais, espagnol, argot et verlan, ce qui a finit par me gonfler copieusement.
Puis il y a tout le militantisme politique qui prend une ampleur insoupçonnée au début et devient le cœur même de l’histoire, ce qui m’a complètement sorti du récit. Cette aversion pour le réalisme et la politique dans les livres est un avis tout personnel, j’en conviens, mais rien ne semble fait dans Les Furtifs pour amener le lecteur à s’y intéresser s’il ne s’y retrouve pas dès le départ.

C'est dommage, mais je crois que je vais attendre une éventuelle suite de la Horde avant de redonner sa chance à Damasio.

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Chose assez rare chez moi : le livre m'est tombé des mains un peu après la moitié.
Amateur de la Horde, je n'ai pas retrouvé de trace de la magie du livre précédent.
Le style est parfois brillant et parfois ridicule, mention spéciale à Tony dont le franglais était déjà dépassé il y a 5 ans. On voit que l'auteur a son âge.
Pourtant les premiers chapitres étaient prometteurs.
Mais la critique unidimensionnelle de la société m'a fait penser à un étudiant qui vient de voir la lumière en lisant son premier texte de Marx.
Les poncifs s'accumulent : les pauvres et les intellectuels militants sont intelligents et bien élevés et les nantis sont des imbéciles heureux ou des pervers manipulateurs. Un tour dans le quartier de mon enfance ferait le plus grand bien à ce bel esprit qu'est Damasio.
Mais je m'égare.
Je ne peux que m'en prendre à moi-même. Je pensais m'évader en lisant, et je suis resté cloué au sol, à lire la page facebook d'un intellectuel de gauche de 50 ans accro aux citations de Deleuze mixé à du sous-Dantec. La déception me rend amer.
J'espère en tout cas que la suite du bouquin s'améliore, mais ce sera sans moi.

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Vu les lauréats, on comprend la sensibilité du jury.

Des critiques à la 1984 pour 3 des 4 nommés.

Je vois que les trames anxiogènes pessimistes ont un avenir radieux en France.

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La sf optimiste n'a jamais été trop ou très présente si ? Ou mon goût pour le post-apo et les dystopies biaise ma perception ?
Si l'enfer est ici alors autant s'en faire, si l'enfer est ici alors autant s'en faire, s'en faire un paradis. --- Shaka Ponk

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Tout l'univers autour de la Culture de Iain M. Banks n'est-il pas justement de la sf optimiste ? Ils trainent sur ma liseuse, mais il me semble que c'est le cas.