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Je me suis souvent posé la question de la rentabilité financière d'un livre, tant pour un éditeur que pour l'auteur.À partir de quand l'éditeur rentre-t-il dans ses frais ? 1000 livres vendus, 5000... ??? Qu'est-ce qu'un best-seller en fantasy ?Peut-on trouver les chiffres de ventes en France ?? Combien de livres de chaque tome du trône de fer sont-ils vendus en France ? De la roue du temps ? Combien d'exemplaires fait un Jaworski ? EtcY a-t-il des âmes bien éclairées pouvant éclaircir ma lanterne ?? ????

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Cela dépend... pour ce qui est de l'éditeur : -Traduction ou non?-Coût des droits, domaine public?-Vente des droits poches réussie ou pas?Pour l'auteur que veux-tu dire par rentabilité, vivre de sa plume?Pour les chiffres des ventes G. Dumay les publiait chez Lunes d'Encre. De ce que j'ai lu sur le blog du belial' il disait dernièrement que quand il veut publier un livre il regarde les ventes de titres comparables, souvent entre 200 et 2 000 exemplaires.Manesh, de S. Platteau, aux Moutons Electriques, était considéré comme un beau succès début 2015 avec 2 500 exemplaires vendus selon l'éditeur et clairement de ce que j'ai vu pas mal d'éditeurs de "mauvais genres" vendrait manifestement leurs parents pour faire ce genre de vente à chaque ouvrage.Des ventes comme celles du trône de fer ou du seigneur des anneaux, à plusieurs millions, sont des sequoia cachant le bosquet de bonzai.

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Oui, pour l'auteur je pensais à "vivre de son travail d'écrivain".Merci pour les réponses en tout cas. Au départ, je me demandais combien d'exemplaires de chaque tome de la roue du temps était vendu...

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Pour Jaworsky, il me semble que les Moutons avait indiqué avoir écoulé environ 10K exemplaires de gagner la guerre ce qui est une vente exceptionnelle dans le milieu^^(après à vérifier pour les chiffres, la publi des Moutons sur fb sur le sujet datant de 2016 ou 2017 ;) )

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Fab100 a écrit :Oui, pour l'auteur je pensais à "vivre de son travail d'écrivain".Merci pour les réponses en tout cas. Au départ, je me demandais combien d'exemplaires de chaque tome de la roue du temps était vendu...
Un rapide calcul peut donner une idée.Combien faut-il gagner en un an en salaire net pour "vivre de sa plume" ?Petite démonstration avec des chiffres réalistes, mais chacun est situationnel et adaptable.Comme le coût de la vie va dépendre de plein de choses, je regarde le salaire moyen d'un célibataire dans une ville moyenne en province, à 1500€ net de revenus par mois.Il choisit de devenir auteur à succès et de générer autant de revenus.Si on considère qu'un contrat avec un éditeur accorde 10% du prix de vente hors taxes du livre à son auteur, qu'un livre est mis en vente à 21.1€ (soit 20€ HT avec une TVA à 5.5%), l'auteur gagnera donc...sur chaque livre vendu...20€*10% = 2€.Pour gagner 1500€, il faut donc vendre 750 ouvrages par mois, chaque mois.Soit 9000 par an.Et obtenir le même succès l'année suivante, et la suivante...Maintenant, avec de la chance, ce livre sort en poche, avec un tarif, des conditions et un volume de ventes différents et ça s'ajoute aux ventes du grand format.Les auteurs qui vendent 10 000 livres par an tous les ans ne sont pas des centaines en France.

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Bien parlant le petit calcul ! Et encore, avec 1500 €, mieux vaut habiter le fin fond de la Creuse que le huitième arrondissement. :(

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Honnêtement, les écrivains qui vivent de leur plume, c'est très rare. Il y avait une discussion à ce sujet l'autre jour sur cocyclics, et les auteurs qui n'ont pas un travail à côté ne sont pas légions. Ceux qui le font écrivent plusieurs romans par an, souvent en jeunesse parce qu'il y a plus de demande et que y a moins de pages à écrire.Il me semble qu'un best seller, c'est 5000 exemplaires vendus (et encore, on est heureux quand on arrive ne serait-ce qu'au quart de ce chiffre). Sachant qu'un auteur touche en général 10 ou 20% du livre, ça va lui faire 3 ou quatre euros par livre environ. Ca va donc toucher dans les 15000/20000 euros pour un best seller, ce qui équivaut à 1250/1660 euros par mois. Autrement dit, pour vivre de sa plume, il faudrait écrire un best seller chaque année. Autant dire qu'on ne devient pas auteur pour leur argent :sifflote: . Ca peut faire un bon complément à la fin du mois, mais en vivre...Je suppose que c'est différent pour les éditeurs, vu qu'ils vendent différents livres; mais on entend régulièrement parler de petites maisons d'édition qui ont du mal à joindre les deux bouts.(je sens que j'ai bien plombé l'ambiance avec tous ces chiffres)

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Bonjour,Quelques remarques :- Normalement le terme best-seller répond à une définition précise c'est un livre qui rentre sur la liste des meilleurs ventes. Ces listes sont de plusieurs ordres, limitées la plupart du temps au 50 premiers titres, et souvent on sépare la fiction de la non-fiction, et les livres-livres des BDs sinon, il n'y aurait quasiment que des BDs sur la liste.Donc en imaginaire ces dernières années, je ne vois que George R.R. Martin (les intégrale J'ai Lu), Stephen King, Bernard Werber et Maxime Chattam à avoir atteint le statut de best-seller. Plus d'autres en jeunesse genre Le Labyrinthe, Hunger games & co. Ce sont plutôt des ventes à 50 000 / 100 000 qu'à 5000. Dans le lot il y a des titres à 300 000.Après on peut considérer que 2500ex est une bonne vente, 5000 est une bonne vente, etc. Ça dépend de ce que l'éditeur attend, de l'argent qu'il a investi et de ses points morts (avec ou sans frais de structure ; marge brute / marge nette). Chez Albin Michel en dessous de 6000 ex vendus, l'éditeur ne gagne pas un euro. Certains auteurs peuvent vivre avec 1500 euros par mois, d'autres 2000, etc. Et puis de quoi parle-ton du brut, du net ? Les auteurs payent des charges, l'AGESSA (retraite, sécu, veuvage - un peu moins de 10%) et la retraite complémentaire obligatoire (8%, financé pour moitié par le prêt en bibliothèque.)Les revenus des auteurs sont possiblement nombreux, il y a les droits d'auteur évidemment (et tout le monde n'a pas dix pour cent sur le papier ; sept, huit sont plus proches de la vérité), il y a les interventions (écoles, salons, etc). Et puis il y a tout ce qu'on peut faire en parallèle : scénario de BD, scénario de cinéma, scénario pour la télé, pièces radiophoniques.Il est plus facile de vivre de sa plume en étant multimédia qu'en se concentrant sur la prose seule.Depuis quelques années, on observe un effondrement de la mid-list, c'est à dire que les ventes se polarisent beaucoup, succès d'un côté, ventes minables ou décevantes de l'autre. Pas grand chose au milieu. 10 000 en grand format c'est très bien pour de l'imaginaire, mais ça rapporte peu ou prou 10 000 euros nets. Il faut ajouter la cession poche, disons 5000 de plus, d'éventuelles traductions, d'éventuelles cessions (adaptation BD, audiovisuelle), etc, pour que ça devienne une "base" sérieuse.GD

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Merci beaucoup pour toutes ces réponses, c'est très intéressant. Les maisons d'édition publient-elles les chiffres de vente ? Ou bien est-ce un peu le "trésor de guerre" qu'on garde en secret ?Combien fait un tome de la roue du temps de Bragelonne par exemple ? 500, 5000, un peu plus...

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Les chiffres de ventes sont des données confidentielles, elles sont donc protégées par les clauses de confidentialité du contrat de travail. Parfois (avec l'accord préalable des puissances supérieures) un éditeur accepte de publier ses meilleurs chiffres, ou ne contredit pas ce qui a pu être glané via GFK. Maintenant GFK c'est pas totalement fiable, j'ai pu le vérifier maintes fois, et GFK ne prend pas en compte les ventes numériques, or nous avons dépassé le stade où elles étaient complètement négligeables, et comme elles sont source de "marge", elles peuvent sortir un livre de l'équilibre pour le rendre bénéficiaire, ou de l'échec pour le ramener à l'équilibre.En ce qui concerne les chiffres, tout le monde ment, il y en a juste certains qui mentent plus que d'autres ;-)

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K. a écrit :Pour les chiffres des ventes G. Dumay les publiait chez Lunes d'Encre. De ce que j'ai lu sur le blog du belial' il disait dernièrement que quand il veut publier un livre il regarde les ventes de titres comparables, souvent entre 200 et 2 000 exemplaires.
C'est exactement ça. Je reviens de la foire de Londres (London Book Fair), j'y ai repéré deux trucs qui m'intéressent (je vais être volontiers vague, désolé). Une trilogie de Grimdark "différente" et un space opera d'aventure débridé.Je vais identifier dans les deux cas une liste de titres du même genre et je vais demander au service dédié chez Albin Michel de me sortir les ventes GFK grand format et poche de ma liste.Puis je vais essayer de discerner un public là-dedans, entre 300 et 2000, entre 2000 et 3000, entre 5000 et 10 000, etc.Si je suis dans une configuration connue "ce genre de bouquins se vend toujours à XXXX exemplaires minimum et peut atteindre 10 000, 20 000, 30 000, etc" je peux rentrer ces données dans mes CEP (comptes d'exploitation prévisionnels) et regarder combien je perds si j'en vends XXXX, combien je gagne si j'en vends 6000, etc. Si dans tous les gars de figure je suis rouge (je perds), ben je ne peux raisonnablement pas faire d'offre. Après je peux raconter n'importe quoi et dire que ce genre de bouquin se vend toujours au moins à 5000 ex, mais le but de l'exercice c'est quand même d'avoir une vision réaliste du marché à l'instant t et de mesurer les risques qu'on prend. Quand j'achète Blackfish City qui est "entre guillemets" un roman exigeant/pointu, à la Fille automate de Bacigalupi (et certainement pas un feelgood book), je peux prendre ce risque parce que c'est un "livre à prix", parce que le potentiel audiovisuel est monstrueux, parce que la traduction est de taille raisonnable et parce que je ne l'ai pas payé très cher. Si ça avait été un livre deux fois plus long, c'est sûr que ça n'est plus jouable.

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bonjour, Informations très intéressantes! Mais lisant presque exclusivement sur liseuse depuis trois ans, j'aimerai savoir si les ventes en numérique sont comptabilisées dans ces chiffres ou s'il s'agit seulement des ventes papier. En tous les cas , quel est le ratio num/papier et en quoi cela diffère pour l'auteur?à+;)

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patcho a écrit :Mais lisant presque exclusivement sur liseuse depuis trois ans, j'aimerai savoir si les ventes en numérique sont comptabilisées dans ces chiffres ou s'il s'agit seulement des ventes papier. En tous les cas , quel est le ratio num/papier et en quoi cela diffère pour l'auteur?
Aujourd'hui, le logiciel que j'utilise pour faire mes CEP ne prend pas en compte le numérique.On peut le rajouter dans le calcul à la main, sur la base moyenne de 4%, ou sur un objectif à court terme de 10%.Les ventes numériques varient énormément d'un titre à l'autre, comme leur rémunération pour les auteurs (de 6% à 30% du prix HT selon les cas ; j'ai même entendu parler de contrats à 50%, mais ça doit être dans des cas de vente directe).

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Quand je lis tout ca je prie pour que les editions Leha aient les reins solides, car la publication du cycle d'Erikson me parait encore plus risqué maintenant :(

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Air1 a écrit :Quand je lis tout ca je prie pour que les editions Leha aient les reins solides, car la publication du cycle d'Erikson me parait encore plus risqué maintenant :(
C'est pour cela que si cela fonctionne je leur tirerai mon chapeau.

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Gilles Dumay a écrit :Les revenus des auteurs sont possiblement nombreux, il y a les droits d'auteur évidemment (et tout le monde n'a pas dix pour cent sur le papier ; sept, huit sont plus proches de la vérité), il y a les interventions (écoles, salons, etc). Et puis il y a tout ce qu'on peut faire en parallèle : scénario de BD, scénario de cinéma, scénario pour la télé, pièces radiophoniques.Il est plus facile de vivre de sa plume en étant multimédia qu'en se concentrant sur la prose seule.
Je plussoie, on focalise beaucoup sur la question des ventes mais pour pas mal d'écrivains elles sont loin d'être la seule source de revenus, j'en connais quelques-uns par exemple qui comptent beaucoup sur les rencontres scolaires et/ou en bibliothèque pour vivre. Les rencontres scolaires sont un bon moyen de compenser le peu de revenus sur les ventes. En schématisant à peine, il m'est arrivé d'être invitée à rencontrer des élèves pendant quatre jours d'affilée (douze classes en tout), ça m'a rapporté un peu plus que je n'aurais gagné en vendant mille exemplaires du livre que je venais de sortir à ce moment-là. Dans le même ordre d'idées, dans mon expérience et celle de quelques collègues, une pièce radiophonique rapporte nettement plus qu'un livre pour une somme de travail nettement moindre. Je peux me tromper mais il me semble que les écrivains qui vivent de leur plume le font rarement avec les seules ventes de leurs livres.

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K. a écrit :-Traduction ou non?-Coût des droits, domaine public?-Vente des droits poches réussie ou pas?
Effectivement, ce n'est pas le même ordre d'idées pour une traduction ou un livre écrit directement en français, ne serait-ce que parce que les sommes engagées ne sont pas les mêmes. Un traducteur touche beaucoup plus qu'un écrivain. Donc une traduction nécessitera plus de ventes pour être rentabilisée.