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Je me permets d'ouvrir cette discussion parce que je viens de finir ce court roman. Un court roman édité par Mnémos dans la collection "Naos" des Indés de l'Imaginaire. Surveillant bien souvent les futures publications des Indés, ce roman m'avait intrigué dès le départ. Déjà par son titre. Un titre un peu plus long que d'habitude, très peu évocateur, assez ouvert. La quatrième de couverture également me laissait songeur, voir même un peu rêveur :
Éda et Théo avaient tout pour être heureux. Des gamins comme les autres, qui jouaient à se faire peur en se racontant des histoires au pied du grand châtaignier. Un jour pourtant, Éda disparaît sans laisser de traces. Et tout le monde oublia l’arbre, Éda et ses rêves étranges. Tous, sauf Théo... Commence alors pour lui l’expérience du doute, l’adolescence puis l’âge adulte.Mais de l’autre côté des mondes, prisonnière de la cellule 222 du Centre de tests génétiques de l’Empire, Éda vit encore et lutte, chaque matin, pour un fol espoir : retrouver Théo et lui confier sa dernière histoire, celle de sa survie…
Et le mot rêveur décrit parfaitement bien cette lecture. J'ai rêvé. J'ai voyagé. J'ai plané. J'ai virevolté. Le roman ne paie pas de mine de prime abord. C'est un premier roman, perfectible sur plusieurs points mais Salomé Vienne a su me transporter dans son imaginaire. Déjà rien que par les premiers chapitres. J'en retiens deux de sa première partie. Le sixième et le septième. Ils ont su éveiller mon intérêt, me dire "Allez, rien que pour ça, je vais le lire jusqu'au bout !". Tout simplement parce que l'auteure a su poser les mots sur ce que lire évoque pour moi. On peut se dire qu'il s'agit de chapitres un peu particuliers, qui ne semblaient pas avoir grand-chose avec l'histoire de son roman mais il n'en est rien. Le roman est construit d'une façon assez particulière, voir même déconcertante. Les chapitres s'entremêlent, les protagonistes changent d'un chapitre à l'autre, parfois des histoires que l'on pense totalement hors de propos apparaissent puis refont place à nos deux héros. Des lettres d'une si belles écritures se glissent également, nous en apprenant un peu plus sur un pan de l'intrigue. C'est un joli méli-mélo que Salomé Vienne a construit. Et la magie opère au fil des pages parce que tout à un sens. Les Mondes divers, les lettres, les contes... Cela forme un tout à l'imaginaire fou. Cette jeune femme a un don. Une création qui mériterait d'être approfondie tellement son univers semble profond et crédible. Un mélange de sociétés utopistes, dystopiques dans lesquelles les protagonistes avancent tant bien que mal et nous avec. C'est une histoire qui est bien plus profonde qu'elle n'y paraît. Mélangeant des thèmes variés que ce soit l'amitié, la complicité, la lutte des classes, du questionnement sur la place de l'être humain. On voit Théo, et surtout Eda, évoluer, se battre, se chercher, se rapprocher envers et contre tous dans une composition opprimante pour une frange de la population, ou l'écriture est banni par peur des mots, ou les femmes sont chassées,les enfants particuliers n'ont pas leurs places et dans laquelle les Hommes se déchirent pour des minerais. La pensée unique y est de mise, la différence intolérable. C'est un plaisir à découvrir cet univers. Ce livre, c'est une véritable déclaration à l'écriture, aux rêves, à l'imaginaire. En refermant le livre, j'ai eu la sensation que Salomé Vienne avait retranscrit l'ensemble de mes sentiments de lecture. Que ces mots déclarent son amour pour l'imaginaire. Qui n'a jamais rêvé d'écrire un Monde et de s'y transporter la nuit venue ? Le rêve, c'est la plus belle des façons de voyager bien que ce ne soit qu’éphémèrement. Et c'est avec brio que l'auteure nous le raconte, vous le comprenez bien assez vite en le lisant !Vous trouverez des reproches à faire à ce roman. Il aurait mérité d'être approfondie tant l'univers semble être riche. Sa composition est peut être un peu fouillie. L'écriture de l'auteure est parfois inégale mais ô combien poétique. Mais je n'en démords pas. C'est un magnifique roman que m'a livré Salomé Vienne et je l'en remercie.