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Pourtant, Pullman l'a écrit pour la jeunesse ;) et c'est selon moi ce qui définit le mieux un livre jeunesse : l'intention de l'auteur.Cependant, on le rappelle, encore, un livre jeunesse n'est pas un livre VIDE, il peut être lu et savouré par des adultes.

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Considérant ma saga, Les jumelles de légende, et ma future saga sur les univers parallèles comme des roman jeunesse, je vais donner ma vision de ce qu'est, pour moi, un roman jeunesse.Les personnages peuvent être adolescents pour aider l'identification du lecteur aux héros. La complexité est absente pour ne pas rebuter un trop jeune public et certains détails sont omis pour favoriser l'identification et l'appropriation des personnages par les lecteurs ainsi que son imagination.Les sujets peuvent être matures sans pour autant verser dans l'explicite. Dans mes livres, il est question d'homosexualité, d'inceste, de racisme, d'esclavage, d'égalité des sexes, etc... et c'est fait légèrement. En fait, pour moi, un roman jeunesse c'est un roman adulte mais en moins complexe et moins explicite. On peut parler de sexe dans un roman jeunesse tant que le passage n'est pas comme si on décrivait un film porno. Si c'est fait sobrement et implicitement et avec plein de retenue, c'est bon.

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Je trouve dommage d'évincer la complexité : à 13 ans déjà, on comprend beaucoup plus de choses que les adultes ne le pensent. Même si en relisant La croisée des Mondes ou Robin Hobb à 20 ans j'ai mieux compris certaines implications, beaucoup de sous-entendus étaient bien passés et les intrigues étaient comprises. L'un est jeunesse et possède une seconde lecture, l'autre est de la fantasy adulte, lisibles aux mêmes âges.

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Je suis d'accord avec Nariel. D'ailleurs en étant ado, je lisais quasiment que de la fantasy adulte car je trouvais les romans proposés à la jeunesse beaucoup trop simplets. Certes, je ne connais pas tous les romans de fantasy jeunesse mais ça m'a assez rebuté à l'époque.Si c'est bien écrit, la complexité n'est absolument pas un problème pour des adolescents.

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Pou certains adolescents, oui, la complexité ne gêne pas.Mais pour pas mal d'entre eux, mon cas inclus quand j'en étais encore un, il faut faire des romans simples pour leur redonner le goût de la lecture que certains ont perdu en bouffant des livres par contrainte à l'école, ce qui les a détourné de la lecture et a donc eu l'effet inverse de celui recherché.Et d'ailleurs, même pour des adultes actifs en grand manque de temps, comme moi accessoirement, les livres peu complexes sont parfaitement adaptés.Enlever la complexité d'un livre, ce n'est pas fait parce qu'ils ne comprennent pas mais pour ne pas en rebuter une bonne partie.C'est d'ailleurs comme ça que harry potter est devenu une grande saga bien connue. On commence doucement et ceux qui ont grandi avec la série n'ont alors plus peur du changement d'atmosphère depuis le 4ième volume (commencé avec le 3 en y ajoutant un meurtre de sang froid, celui de
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).Ce n'est pas pour rien qu'harry potter a gagné sa popularité via les livres alors que le seigneur des anneaux a lui, bien explosé en devenant bien plus connu grâce aux films. Qu'est-ce qui les différencie? La complexité, entre autres.Quand mon beau frère me parle de games of throne, je lui dit que c'est bien trop complexe pour moi. Je préfère du simple et c'est pourquoi j'ai fini les harry potter en anglais et français, les narnia en français ou le hobbit en français alors que j'ai eu du mal à finir la communauté de l'anneau et que je n'ai pas encore pu continuer le seigneur des anneaux, donc, en version papier.Et puis, l'apparente simplicité peut cacher de la complexité et faire réfléchir aussi. Tout ça pour dire que le roman jeunesse est souvent simple pour avoir une base large de lecteurs, de ceux qui peuvent avaler le seigneur des anneaux en une semaine à ceux qu'un petit narnia rebute. De toute façons, avec des thèmes qui parlent ou plaisent aux adolescents, tout arrive à passer, même le complexe. Sans avoir lu, je citerais games of throne, twilight, hunger games, etc... et la preuve c'est que le seigneur des anneaux en film a fait venir à la lecture des jeunes qui voulaient avoir l'histoire à la source.Le manque de complexité dans les romans jeunesse est donc une manœuvre marketing pour ratisser large, du gosse de 8 ans au jeune adulte de 18/20 ans. L'un lisant cela comme un petit livre, l'autre trouvant cela bien trop facile, la transition se faisant, comme tu l'as dit, vers 13 ans. De manière générale, faire un bouquin facile à lire fait de votre cœur de cible une frange large de la population, mettre de la complexité limite vos ventes à ceux que ça intéresse de se taper des bouquins de 600 pages, et croyez en mon expérience d'auteur qui vend déjà quelques livres, j'ai dû rassurer les gens sur le fait que mon premier tome de 450 pages était de loin le plus gros.En fait, on parle de roman jeunesse quand ce n'est pas complexe mais des jeunes peuvent vouloir des romans complexes et des adultes peuvent lire des romans dit jeunesse.De base, un roman jeunesse est fait simplement et augmente en complexité au fil des tomes, avec ses lecteurs. Voir harry potter, par exemple.De base, un roman jeunesse est donc peu complexe pour toucher un très jeune public et le fidéliser, là encore comme pour harry potter.

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Par curiosité, j'aimerais savoir pour combien de personne l'expression "c'est un conte" le classe automatiquement en littérature jeunesse/facile.Parce que je l'ai entendu avec comme sous-titre "on ne peut pas se fier à ce qui y est dit, c'est un conte de fées".Et je me demande à quel point nous avons oublié à quel point les contes de Perrault, Grimm et autres sont violents.Un conte n'est pas nécessairement une jolie histoire facile, même sans plonger dans la psychanalyse du texte, c'est un type de récit couvrant des thèmes aussi durs que la mort, la maladie et la peur.

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Écrivain des prophéties a écrit :Ce n'est pas pour rien qu'harry potter a gagné sa popularité via les livres alors que le seigneur des anneaux a lui, bien explosé en devenant bien plus connu grâce aux films. Qu'est-ce qui les différencie? La complexité, entre autres.Quand mon beau frère me parle de games of throne, je lui dit que c'est bien trop complexe pour moi. Je préfère du simple et c'est pourquoi j'ai fini les harry potter en anglais et français, les narnia en français ou le hobbit en français alors que j'ai eu du mal à finir la communauté de l'anneau et que je n'ai pas encore pu continuer le seigneur des anneaux, donc, en version papier.
Tout dépend si l'on parle de la complexité de l'histoire en elle-même ou de celle de l'écriture. J'ai eu beaucoup de mal à lire le Seigneur des Anneaux en tant qu'ado tout simplement parce qu'il était trop riche, trop de détails sur le monde en lui-même mais surtout je trouvais la façon de raconter ennuyeuse (pas taper Foradan, j'ai changé d'avis depuis).Je pense que si le style est fluide et qu'il n'y a pas de longueur (un prologue de cent pages sur des gens qui vivent dans des trous par exemple), n'importe quel livre peut plaire à un adolescent. Certes la taille en rebute mais ce n'est pas forcément une généralité. Il n'y a qu'a voir le succès des Twilight et la taille des romans.Après dans les romans vraiment jeunesse, je ne connais bien que les Percy Jackson, et je trouve l'histoire assez complexe quand même. L'auteur ne se contente pas de chercher les mythes les plus simples pour les appliquer à un monde fantastique et le scénario n'est pas aussi simple que ce que les adaptations cinématographiques peuvent laisser croire. J'ai pris beaucoup de plaisir à les lire en tant qu'adulte parce que l'histoire est assez fouillée et complexe pour me plaire et le style est simple à lire.Du coup c'est vrai que l'argument de la complexité, ou de l'absence de complexité me laisse perplexe dans la définition du roman jeunesse.

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Faith a écrit :
Écrivain des prophéties a écrit :Ce n'est pas pour rien qu'harry potter a gagné sa popularité via les livres alors que le seigneur des anneaux a lui, bien explosé en devenant bien plus connu grâce aux films. Qu'est-ce qui les différencie? La complexité, entre autres.Quand mon beau frère me parle de games of throne, je lui dit que c'est bien trop complexe pour moi. Je préfère du simple et c'est pourquoi j'ai fini les harry potter en anglais et français, les narnia en français ou le hobbit en français alors que j'ai eu du mal à finir la communauté de l'anneau et que je n'ai pas encore pu continuer le seigneur des anneaux, donc, en version papier.
Tout dépend si l'on parle de la complexité de l'histoire en elle-même ou de celle de l'écriture. J'ai eu beaucoup de mal à lire le Seigneur des Anneaux en tant qu'ado tout simplement parce qu'il était trop riche, trop de détails sur le monde en lui-même mais surtout je trouvais la façon de raconter ennuyeuse (pas taper Foradan, j'ai changé d'avis depuis).Je pense que si le style est fluide et qu'il n'y a pas de longueur (un prologue de cent pages sur des gens qui vivent dans des trous par exemple), n'importe quel livre peut plaire à un adolescent. Certes la taille en rebute mais ce n'est pas forcément une généralité. Il n'y a qu'a voir le succès des Twilight et la taille des romans.Après dans les romans vraiment jeunesse, je ne connais bien que les Percy Jackson, et je trouve l'histoire assez complexe quand même. L'auteur ne se contente pas de chercher les mythes les plus simples pour les appliquer à un monde fantastique et le scénario n'est pas aussi simple que ce que les adaptations cinématographiques peuvent laisser croire. J'ai pris beaucoup de plaisir à les lire en tant qu'adulte parce que l'histoire est assez fouillée et complexe pour me plaire et le style est simple à lire.Du coup c'est vrai que l'argument de la complexité, ou de l'absence de complexité me laisse perplexe dans la définition du roman jeunesse.
Disons que, commercialement, un roman jeunesse c'est un roman "calibré" pour la jeunesse, c'est à dire simple et édulcoré. La définition du roman jeunesse en tant qu'oeuvre écrite dépend bien souvent des gens et de, comme disait quelqu'un ici, ce que les gens qualifient comme "approprié pour la jeunesse". Et cette définition est différente encore si on la demande à une personne appartenant à la cible desdits romans.ForadanAu hasard, depuis 1930 environ et les oeuvres de disney qui les adapte tous les uns après les autres ?

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Oui, enfin, les versions Disney... elles passent sous silence comment les demi-soeurs de Cendrille se coupent les talons pour rentrer dans la chaussure, ou que la belle-mère finit dans un tonneau bardé de clous et balancée dans une pente. Ou la belle-mère de blanche-neige je crois qui est condamnée à danser à mort dans des souliers chauffés à blanc.Sexy.

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Oui, justement, disney les rend enfantin.Le prince de raiponce se fait percer les yeux par des ronces et erre pendant des années dans la forêt en mangeant des racines.La belle aux bois dormants est réveillée quand un enfant, accouché durant son sommeil et issu d'un viol, lui enlève l'épine qu'elle a dans le doigt.C'est à cause de disney que les anciens contes sont devenus enfantins. C'est ce que demandait Fodaran.

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Non.Je demandais pour combien de personne un conte de fées était forcément enfantin, parce que si Disney a son influence, j'ai aussi vu des versions "adaptées" des livres, celles avec des images et des couleurs.Conte, c'est le mode narratif.de fées, ça implique le monde merveilleux, faërie, des créatures inhabituelles.Tout cela peut être dramatique et complexe, voire avec beaucoup d'intertextes et de suggestions : quand j'ai appris la signification de certaines "chansons enfantines", j'ai rougi. Hop, un extrait .La littérature de jeunesse ou vendue comme telle peut aussi voir un sous texte beaucoup plus corsé.

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Je crois que je vais finir par fuir la section jeunesse moi, après la chèvre de M Seguin, c'est les chansons qui ne sont pas ce qu'elles semblent être. :blink:Je sais pas si je dois te remercier Foradan, mais euh... c'est intéressant. Ça me conforte dans l'idée enfance ne rime avec innocence que la la sonorité.

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Pour moi un roman jeunesse c'est un récit adapté à l'âge mental, ou théorique, des enfants et les amener à comprendre certaines choses, certaines questions...

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L'autre jour, j'ai pris conscience que bien souvent, dans de nombreuses librairies, il existe un rayon "fantasy" distinct et séparé du rayon "littérature jeunesse", bien qu'on trouve dans ce second rayon un très grand nombre de romans qui s'inscrivent tout à fait dans le genre de la littérature fantastique. En deux mots, dans la situation actuelle, on a un rayon Game of Thrones et un rayon Harry Potter.Je m'interroge. Est-ce que cette division se justifie? Qu'est-ce, au fond, que la littérature jeunesse? Est-ce une littérature plus simple? Une littérature inférieure? Moins violente? Moins intense? N'existe-t-il pas de nombreux romans qui pourraient très bien figurer dans les deux rayons? Je souhaiterais avoir l'avis des nombreux spécialistes qui fréquentent ce forum.

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En tant que vendeuse au rayon spé jeunesse de ma librairie, je vais tenter d'apporter un début de réponse.- La littérature jeunesse, déjà, contient moins de scènes graphiques de sexe ou de violence. Il peut y en avoir, mais on passera plus rapidement dessus, ce sera moins détaillé. Les ouvrages jeunesse sont également soumis à la loi du 16 juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse :Les publications visées à l'article 1er ne doivent comporter aucune illustration, aucun récit, aucune chronique, aucune rubrique, aucune insertion présentant sous un jour favorable le banditisme, le mensonge, le vol, la paresse, la lâcheté, la haine, la débauche ou tous actes qualifiés crimes ou délits ou de nature à démoraliser l'enfance ou la jeunesse, ou à inspirer ou entretenir des préjugés ethniques ou sexistes.Elles ne doivent comporter aucune publicité ou annonce pour des publications de nature à démoraliser l'enfance ou la jeunesse.En gros, il faut que l'ouvrage comporte une certaine morale - même si pas toujours évidente à trouver...- Il y a d'un côté un clivage entre les rayons adultes et jeunesse pour ne pas choquer les enfants, mais parfois ça me frustre : j'aimerai tant conseiller certaines séries classées en litté adulte et qui pourraient tout à fait convenir à mes petits lecteurs !... Et de l'autre côté, j'ai des adultes qui viennent dans mon rayon pour s'acheter leur série qui ne se trouve pas chez les adultes, comme Les Chevaliers d'Emeraude, Hunger Games... Et puis, par le hasard des répartitions entre rayons, je me retrouve avec, entre autre, Aeternia de Katz dans mon rayon - et tant mieux, j'adore, mais je ne peux clairement pas le conseiller à des bouts de choux, et je suis sûre qu'il se vendrait mieux chez les adultes.- Certaines séries bénéficient d'une "double édition" : une couverture pour le rayon jeunesse, et une autre pour le rayon adulte ; je pense notamment aux Ellana de Bottero, L'étrange vie de Nobody Owens de Neil Gaiman... Parfois, c'est juste le logo de la collection qui change (plutôt du côté bit lit si ma mémoire encore au stade du réveil ne me fait pas défaut). Ce sont bien évidemment les éditeurs qui décident que ces ouvrages pourraient plaire aux deux publics concernés, et donc générer plus de ventes.Parce que parfois, le rayon jeunesse peut avoir un effet rebutant :"Oh non, on va pas là, c'est pour les gamins !" (souvent entendu de la part d'ado ou jeunes adultes)Par contre, c'est assez étonnant le nombre de fois où les clients pensent que Le Trône de Fer va se trouver en jeunesse. Pourquoi ? Parce qu'il y a de la magie (et si peu, en plus !), donc ce serait fatalement "pour les enfants" ??- C'est au libraire de savoir diriger son clients en fonction de leurs goûts. J'ai envoyé bon nombre de mes petits lecteurs chercher leur bonheur du côté de la fantasy adulte avec quelques titres de séries, parce que je sentais que dans mon rayon, je ne pouvais plus rien leur proposer.(Désolée pour le pavé)
Memento mori

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Je ne savais pas qu'il y avait une loi sur les lectures jeunesses, tu m'apprends quelque chose !Je dirais que jeunesse ou non, les livres abordent les mêmes thèmes mais de façon différente justement pour ne pas effrayer ou heurter les enfants. On parle de mort, de divorce, de malheurs quelques qu'ils soient aussi dans les livres jeunesses, c'est la présentation qui est différente.Après, de mon point vue, c'est comme tout dans notre société : tout est classés dans des catégories. mais on peut toujours lire des livres jeunesses ! D'ailleurs j'ai m'a préférence pour ces livres-là en fantasy. Tout comme je peux conseiller des livres un peu plus dur à ma cousine de 10 ans parce que je sais qu'elle ne craint pas la violence étant habitué à regarder des films horribles depuis toute petite, en ayant toujours à l'esprit que tout cela n'est que de l'imaginaire !Je pense que finalement, très peu de choses diffèrent entre les deux catégories et qu'il faut juste oublier "jeunesse=enfant" et "fantasy adulte=violence" Il y a de tous et c'est pour cela qu'il faut avoir de bons conseillers, n'est-ce pas Kaellis ?! ;)
« Le Seigneur Ogion est un grand mage. Il te fait beaucoup d’honneur en te formant. Mais demande-toi, mon enfant, si tout ce qu’il t’a enseigné ne se résume pas finalement à écouter ton cœur. » - Tehanu, Ursula K Le Guin

Booknode : Aventurine20

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Merci beaucoup pour l'explication Kaellis ! Je comprends mieux pourquoi on retrouve, entre autres, "À la croisée des mondes" en littérature jeunesse.

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Mais de rien ! Regardez dans vos romans jeunesse : la loi est indiquée dans les premières pages - généralement après la page de titre ^^Et effectivement Aventurine, on s'efforce d'être toujours de bon conseil (en lisant notamment des choses qui ne sont pas notre tasse de thé de prime abord) - mais nous sommes humains, et il arrive qu'on se plante aussi totalement :p
Memento mori