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Lu Janua Vera que j'ai beaucoup aimé pour son mélange des genres, mes trois préférées étant Mauvaise Donne avec un Don Benvutto truculent à souhait, ce qui présage au vu de ce que j'ai lu dans les pages précédentes de très bonnes choses pour gagner la Guerre, le conte de Suzelle pour son extaodinaire cruauté, et le service des dames pour son petit côté western dégénéré et une dernière réplique grandiose :
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un seul mot : énorme !:)

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Lu aussi Janua Vera (après Gagner la guerre - voir précédemment mon avis dans ce sujet). Et j'en ressors toujours aussi frustré (si on peut dire - après Catherine Dufour, je vais finir par me demander si j'ai pas un problème avec les auteurs français).Comparativement à Gagner la guerre, je trouve que le découpage en nouvelles est bien plus efficace. C'est plus agréable à lire, plus dynamique et au niveau scénaristique, il y a beaucoup moins de temps mort. C'est évident pour moi que quelqu'un qui se pose des questions sur l'auteur a meilleur temps de commencer par là pour voir si cela va lui plaire.Cela m'a aussi permis de réaliser pourquoi finalement je n'accroche pas à l'auteur. Je pensais que cela venait d'une histoire de rythme, etc (voir mon avis sur Gagner la guerre) mais au final ce n'est pas ça. C'est l'utilisation du français faite. Je suis le premier à me réjouir de voir des auteurs avec plus de dix mots de vocabulaire dans la bouche et sachant construire des phrases plus recherchées que "sujet verbe complément". Mais à trop en rajouter, je trouve que ça ne passe pas. C'est particulièrement sensible je trouve dans les descriptions (qui sont copieuses et quasiment omniprésentes).Cela a deux conséquences. La première c'est que cela donne un coté "précieux" à l'écriture, un peu ampoulé. Ce n'est personnellement pas ce que je préfère. J'ai tendance à trouver que cela rallonge / ralentit de manière artificielle l'histoire. Cela m'a fait sortir de nombreuses fois de la lecture et j'avoue que la tentation de sauter des passages de bla-bla a parfois été forte. A la rigueur, c'est excusable et je suis sûr que cela doit plaire à certains.Deuxième conséquence que je trouve beaucoup plus grave. C'est tellement minutieux, détaillé qu'il n'y a aucun travail d'imagination à faire. Concrètement, devant Janua Vera, le travail d'imagination du lecteur est réduit à néant. Tout est propre, net, clair et précis. Par moment (souvent), j'avais presque l'impression de lire un livre d'histoire. Heureusement qu'il reste encore quelques passages "magiques", mais même ceux là sont traités de manière assez froide je trouve. On pourrait presque dire que c'est présenté comme des légendes ou des mythes.Quand je prends un livre de fantasy, j'ai envie de lire de la fantasy. J'ai envie d'imaginer des choses, j'ai envie que l'auteur me serve de base pour rêver. Et dans le cas de Jaworski, il en fait tellement qu'il ne me laisse aucune place en tant que lecteur. C'est même assez fou, puisque cela arrive même à s'opposer à mon propre imaginaire. J'ai enfin trouver la cause de mon blocage et de pourquoi je ne me suis pas éclaté avec cet auteur ;)Tout cela est assez négatif et je ne voudrais pas que l'on croie que je ne suis pas conscient des qualités de l'auteur. C'est clair qu'il a une patte à lui et on ne peut pas vraiment dire que ces livres sont nuls. Mais, personnellement, je pense qu'il ferait un meilleur auteur généraliste qu'en fantasy. En particulier, sur des livres "historiques", voir réalistes, il serait vraiment au top. En fantasy, je le trouve trop étouffant.PS : je comprends également parfaitement pourquoi ces livres sont sortis à la base aux Moutons (et je pense qu'il a bien visé sa maison d'édition).

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Hum... tu m'intrigues! merci d'avoir fait le gros effort d'essayer d'expliquer ton ressenti, exercice peu aisé! :rolleyes:Il y a beaucoup d'éléments qui sont à l'opposé de mes sentiments, à partir de constatations "objectives"-comme quoi, l'imaginaire est vraiment aussi multiples que des univers parallèles! :daz:Tu n'as pas posté dans le sujet sur l'ombre du bourreau de Gene Wolfe ?est-ce que tu l'as lu? Je crois que la confrontation "Severian/Luigi B" serait intéressante à plus d'un titre ! :duel:-1) L'auteur n'est pas français!-2) C'est pas un dico qu'il faut, mais une encyclopédie! (il m'a permis de découvrir Wikipedia)-3) Même topo que Benvenuto : Severian est le narrateur, et .... il nous mène "en bateau"!!! mais, avec des zones d'ombres... cosmiques!- il faudrait que je reprenne ton post en citation pour essayer moi aussi, d'analyser mon ressenti! ;)

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Si justement, j'ai aussi lu l'Ombre du bourreau. Et mon ressenti est très différent puisque, pour le coup, j'ai vraiment l'impression d'être devant un chef d'œuvre. Et je te vois venir Nigelle ;)Au niveau vocabulaire, c'est clair que le travail de Wolfe est encore supérieur à celui de Jaworski (chapeau d'ailleurs au traducteur) mais je n'ai réalisé qu'à la fin que la quantité de termes que je ne connaissais pas étaient vrais (et pas des inventions de l'auteur). Je n'ai donc eu aucun soucis à remplir les blancs à l'aide de mon imaginaire. Par ailleurs, Wolfe n'est pas non plus extraordinairement copieux dans ces descriptions ce qui fait que je me suis pas senti aussi étouffé qu'avec Jaworski.Par ailleurs, je trouve qu'il y a aussi une grande différence entre les deux cycles. D'un coté, on a le vieux Royaume avec des récits "actifs" (cf quelques postes plus haut où j'en parle déjà un peu) et donc la surenchère de descriptions est pour moi clairement à éviter pour préserver le rythme. Tandis que sur Teur, je vois cela comme une (très) longue méditation et, à la rigueur, je trouve que se perdre dans les circonvolutions du langage aide à rentrer dans l'ambiance.Bref, je ne cherche à convaincre personne que mon point de vue est juste. C'est vraiment mon ressenti personnel. Mais je pense que je vais m'amuser lors de l'interview du monsieur à Nantes. Tiens, d'ailleurs, si vous avez des questions à lui poser, n'hésitez pas. Je ferai remonter ! :)

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J'ai passé un super moment avec Gagner la guerre...Mais tout ce qu'en dit Luigi me parle aussi : les descriptions "copieuses" et bien arrosées, et leur effet sur le récit. Pour moi, le travail d'imagination en souffre, c'est vrai. Pas tant par l'exhaustivité des descriptions que par ce réflexe descriptif (que l'on attribuera donc à Benvenuto...), qui consiste à figer les éléments du décor autour de nous...ce que je voulais dire par là, c'est qu'on n'atteint pas une précision descriptive mais une impression parfois redondante. On se surprend à vouloir un peu d'air, et si je me souviens bien, il arrive que l'auteur nous entende quand même.Comme tu dis Luigi, c'est certainement une affaire de goûts et de tolérance... je pense à ce sujet que cet étouffement vient plus directement de l'utilisation d'un tel langage, plutôt que d'une impression d'être "encerclé", descriptivement parlant. Une sorte d'agacement peut-être, pour faire plus simple ! Et dans la bouche de Benvenuto, j'ai parfois, bien que rarement, eu l'impression d'avoir affaire à une sorte de préciosité. Comme si au milieu de ses invectives, je ne parvenais plus, parfois, à l'entendre balancer de petits couplets un brin trop fleuris... Mais je me souviens plus volontiers d'avoir habité un monde, avec cette figure géniale de Benvenuto, ou encore du Podestat, et ... ce sont les deux qui me viennent le plus en tête, avec le Macromuopo, qui reste dans mon esprit.

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;) "Bref, je ne cherche à convaincre personne que mon point de vue est juste"tu as convaincu tout le monde que ton point de vue est ....
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:p et bien exprimé Je ne suis pas toujours très diplomate, mais j'espère ne pas être trop "stalinienne" :sifflote: Les récits duvieux royaumes déclenchent presque tous, un "visuel" et une immersion dans ce que j'imagine être un possible où j'existerais dans le récit- en tant que différents persos et moi-même à l'extérieur, dans et hors récit .C'est clair, n'est-il pas! :rolleyes: j'imagine que, pour des djeuns, ça doit se rapprocher des jeux de rôles.Et je ne crois pas qu'on puisse " remplir les blancs" d'un auteur, s'il n'a pas semé des graines de qualité pour son univers!...Et oui, ce n'est pas un hasard si j'ai fait référence à Severian ! :wub: il me fait le même effet ! et pour moi, les descriptions sont ultra-précises! et tout pareil : je pense qu'on a affaire à deux redoutables "manipulateurs" de lecteurs : ils ont "la parole" et ils s'en servent!

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Nigelle de Damas a écrit :Les récits du vieux royaumes déclenchent presque tous, un "visuel" et une immersion dans ce que j'imagine être un possible où j'existerais dans le récit - en tant que différents persos et moi-même à l'extérieur, dans et hors récit.
Oui, c'est clair. Et justement, c'est bien ce que je reproche à Jaworski, qu'il ne me laisse pas suffisamment de place en tant que lecteur pour m'immiscer à l'intérieur du livre. Sa prose est trop aseptisée, trop nette, trop précise pour que j'arrive à rêver à l'intérieur de son livre, pour que je m'approprie ces persos et son histoire. C'est le plus rageant dans ces bouquins, je reste (un peu trop) à l'extérieur du livre et au final je m'ennuie, je m'agace.
Nigelle de Damas a écrit :Et je ne crois pas qu'on puisse " remplir les blancs" d'un auteur, s'il n'a pas semé des graines de qualité pour son univers !
Encore faut-il qu'il sème des graines et pas une jungle ;) Pour revenir à d'autres qui manie les mots (Damasio ou Wolfe), eux me laissent plus de place pour apprécier ma lecture et sont pourtant tout aussi accomplis dans leur travail stylistique.
Nigelle de Damas a écrit :...Et oui, ce n'est pas un hasard si j'ai fait référence à Severian ! :wub: il me fait le même effet ! et pour moi, les descriptions sont ultra-précises !
Ultra précises oui, ça je m'en suis rendu compte après coup. Quand j'ai lu les livres, je l'ai déjà dit, je croyais que la plupart des mots étaient inventés. J'ai donc pu meubler à ma guise. Et même si je relisais maintenant, je suis loin d'avoir appris tous les mots (et leurs définitions) utilisés par Wolfe, donc je me ferais sans doute tout autant plaisir.
Nigelle de Damas a écrit :et tout pareil : je pense qu'on a affaire à deux redoutables "manipulateurs" de lecteurs : ils ont "la parole" et ils s'en servent!
Pour répondre à ton mail, aucun soucis à ne niveau là. J'adore que l'on me manipule dans un livre (tant que cela reste bien fait). Le "problème" (si on peut appeler ça un problème) vient vraiment de ce que je n'arrive pas suffisamment à rêver devant ces livres ;)

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Après tout ce que vous avez dit en bien sur ce livre, j'ai sauté sur l'occasion en le voyant à la médiathèque. Je le lirais dans la semaine et je vous dirais ce que j'en pense ;)

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Terminé Janua Vera. Mes deux nouvelles préférés sont "mauvaise donne" et "jour de guigne". Il y a du Balzac et du Hugo chez Jean Christophe Jaworski. Il cisèle des descriptions détaillées et riches mais sans jamais être ennuyeux. Il prend son temps. Il prend le temps de camper son univers, de présenter ses personnages, les lieux. Même si parfois l'argument est assez classique on sent quand même une plume. Ce qui différencie le génie du bon faiseur. Le ton des texte va du pseudo roman noir ("mauvaise donne") au récit mélancolique ("le conte de Suzelle), à l'intimisme ("le confident") et jusqu'à l'humour ("jour de guigne"). L'auteur sait renouveler son inspiration en restant dans le même univers.

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Je l'ai lu et apprécié. Mais je n'ai pas posté ma critique ici... alors la voici :Auteur français en pleine ascension, Jean-Philippe Jaworski fait une entrée remarquée dans le monde de la littérature avec ce recueil de nouvelles fabuleux dans tous les sens du terme.Issu de l'univers du Jeux de Rôle (dans lequel il a sévi comme auteur à deux reprises), il donne ici vie à un monde confinant joyeusement à la Renaissance italienne. Le Quattrocento revisité à la sauce fantasy.Dans ce monde, chaque histoire est prétexte à une rencontre et à la découverte d'un aspect de cet univers extrêmement riche où le décors est aussi soigné que les acteurs. Nous faisons ainsi connaissance avec Leodegar le Resplendissant, Roi-Dieu de Leomance, Benvenuto Gesufal, assassin patenté, Ædan de Vaumacel, chevalier au code d'honneur irréprochable, Cecht, barbare Ouromand, et bien d'autres encore.Souvent extraordinaires, parfois tragiques, ces histoires flirtent avec l'onirique et se teintent volontiers de magie. Mais une magie finement distillée, apanage de quelques personnages tel cet Homme-Fée du Conte de Suzelle, ou Sassanos, le magicien du Podestat Leonide. Le reste n'est qu'affaire d'hommes, et d'armes.Un mot maintenant sur le style et l'écriture.Jaworski est un auteur qu'on imagine écrire au stylet, avec amour, ciselant chacune de ses phrases, pesant ses mots, testant leur musicalité, faisant de la narration de ses histoires un art et incitant le lecteur à s'immerger pleinement dans sa lecture. Chaque mot se savoure, chaque paysage est peint de main de maître, les sentiments sont justes et les actions sont toutes en 3D HD avec son Dolby Digital intégré... Bref, c'est un véritable plaisir de lecture.Pourtant, la premier nouvelle de ce recueil m'a laissé un petit goût amer. Elle introduit l'ouvrage par l'histoire du roi fondateur du Vieux Royaume sombrant lentement dans la paranoïa et la folie. Le rythme est lent et le lecteur se perd dans les détails d'un univers qu'il n'appréhende pas encore. Une déception dès l'ouverture qui n'augurait rien de bon pour la suite.Mais là, surprise. Dès la seconde nouvelle, c'est comme si l'on changeait de temps, d'univers, d'auteur peut-être même. Benvenuto est un personnage cynique, le verbe haut, l'intelligence en éveil, un maroufle à qui on ne la fait pas mais qui se prend quand même quelques coups. Et ça y est, on est parti. Le Vieux Royaume, sous la tutelle bienveillante de cet assassin sarcastique, nous ouvre ses portes et le reste du recueil s'enfile comme un album pour enfants. On y prend plaisir, on s'y sent bien et on en redemande.D'ailleurs, avec un certain plaisir, j'ai noté que Jaworski s'améliorait au fil des nouvelles. Et comble du plaisir, sans savoir si ç'a été voulu par l'auteur ou s'il s'agit du hasard de la maquette, les nouvelles alternent pour faire passer le lecteur d'une histoire plutôt sombre, voire vraiment triste, à de grands éclats de rire et une légèreté qui fait du bien. Le tout pour finir sur une note mystérieuse de bon ton vu le genre du recueil.La langue est tantôt soutenue, tantôt vulgaire, toujours adaptée à la situation et au personnage qui l'emploie. Les rencontres se font, tout s'anime sous nos yeux comme derrière un castelet. C'est un vrai coup de cœur que ce recueil de nouvelles. Coup de cœur renouvelé grâce au premier roman du même auteur, Gagner la Guerre, sorti tout récemment et reprenant comme personnage principal l'ami Don Benvenuto Gesufal dans la suite de l'aventure initiée avec la nouvelle Mauvaise Donne.Un recueil à lire d'urgence et un auteur à découvrir sans attendre !
"Il n'existe rien au-dessus du métier de bibliothécaire" Terry Pratchett

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J'ai lu Janua Vera et Gagner la guerre, et deux lectures des plus plaisantes.J'avais découvert Jaworski dans Rois et Capitaine, anthologie du festival des Imaginales, et j'avais trouvé sa plume intéressante déjà.Commençons par Janua Vera, il parcourt dans ce recueil un spectre très large : on passe par de l'épique, de l'intrigue, de la mélancolie, de l'humour.... Je n'ai plus les nouvelles en tête, ni le livre sous la main, mais dans les dernières nouvelles, il y a quelques bijoux littéraires. C'est un régal, et la manière dont il finit son recueil m'a laissé dans le brouillard, mais avec plaisir. :)Pour Gagner la guerre, c'est déjà plus classique ce qui n'enlève rien à sa qualité. J'ai adoré d'un bout à l'autre Don Benvenutto, et les intrigues de cette société. Un moment dans le livre, on parle de peintres qui dessinent à leur manière ce qu'ils voient. Jaworski peint une fresque avec la qualité des grands maîtres de la renaissance.
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Je peux comprendre Luigi quand il dit que le travail d'imagination du lecteur est "maché". Personnellement, j'ai développé son univers, en imaginant autour des personnages rencontrés, des lieux etc... Quand on regarde, il n'y a pas tant de personnages que ça, ni de lieux parcourus, et c'est là où j'ai cherché à construire plus, il y a toujours des "vides" à construire. De même que les intrigues ne laissent pas beaucoup de marges, les personnages en laissent plus. Mais c'est vrai que ce livre nous cadre beaucoup, et on s'approche d'un livre historique.Je trouve ça d'autant plus vrai dans Janua Vera pour la première moitié. Ensuite les autres nouvelles, nous emmène vers des sentiments plus complexes, ou là encore, j'ai eu toute liberté de sortir du livre, pour partir dans l'évasion.

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Fini Gagner la Guerre et énorme coup de coeur; personnellement un de mes Top de l'année 2010.Benvutto est un personnage vraiment savoureux, ignoble et attachant à la fois, sa volonté de survivre "arrache" littéralement certaines scènes.Maîtrise quasi parfaite de l'auteur sur son matériau, des scènes assez époustouflantes :
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Les personnages secondaires sont très réussis, le langage employé est très drôle, tout cela fait de Gagner la Guerre un excellent roman. Une suite ne serait d'ailleurs pas pour me déplaire; je me demande bien quelles pourraient être les relations entre
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Sinon, pour revenir sur ce que disait Luigi :
Luigi Brosse a écrit :Et justement, c'est bien ce que je reproche à Jaworski, qu'il ne me laisse pas suffisamment de place en tant que lecteur pour m'immiscer à l'intérieur du livre. Sa prose est trop aseptisée, trop nette, trop précise pour que j'arrive à rêver à l'intérieur de son livre, pour que je m'approprie ces persos et son histoire.
Je suis assez d'accord sur l'écriture de Jaworski, mais j'y vois plutôt une qualité : de par sa sécheresse, sa précision, l'auteur découpe "au scalpel" son histoire, mettant magnifiquement en valeur (si on peut dire) le sordide des situations et de la plupart des personnages.Gagner la Guerre ne m'a pas non plus fait rêver stricto sensu, mais je dirais plutôt qu'il m'a fait exulter, tellement l'écriture de Jaworski "claque".:)

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Janua Vera lu !Tout d'abord, je tiens à préciser que je ne suis pas un grand amateur de nouvelles. Je préfère de loin lire un bon roman, voire des cycles, et même de longs cycles.Cependant les critiques favorables lues ici ou là, m'ont poussé à me pencher d'un peu plus près sur ce livre.Tout a pourtant mal commencé. :huh:Janua Vera, nouvelle éponyme m'a laissé de glace. C'est de la fantasy classique, mais rien de transcendant pour moi. Aie ! Attention quand je dit "rien de transcendant", je parle du fond de l'histoire, car pour ce qui est de la forme, le Sieur Jaworski est plutôt doué et son écriture est plus que plaisante.D'autres sauront sûrement mieux que moi décrire le style de l'auteur. Je laisse volontiers la main sur ce sujet.Je disais donc que la première nouvelle ne m'avait pas emballé plus que ça et que ça commençait plutôt mal.Mais arrive Mauvaise Donne dont tout le monde est unanime pour dire que c'est l'une des meilleures nouvelles.Et là je dis oui !!! C'est LA perle de Janua Vera. :amoureux:Le personnage principal Don Benvenuto n'y est d'ailleurs pas étranger tant son parcours est passionnant. C'est aussi l'histoire la plus longue du livre (un quart) et comme on dit, plus c'est long...Vient ensuite Le Service des Dames. Et là je dis encore banco ! C'est mon deuxième coup de coeur. Le chevalier AEdan m'a autant enthousiasmé que Don Benvenuto (dans un tout autre registre certes) et l'histoire des deux clans ennemis m'a conquis.Parfois drôle, parfois triste j'ai également beaucoup aimé l'histoire du guerrier Cecht dans Une Offrande Très Précieuse. Une histoire touchante qui a encore une fois fait mouche.Comme quoi derrière la carapace et les gros muscles...Vient Le Conte de Suzelle que j'ai moins apprécié. C'est l'histoire de sa vie. Point. Le fameux rendez-vous manqué vient pimenté la fin de l'histoire mais n'a pas suffi à remonter mon intérêt. Pas exaltant.Jour de Guigne a un ton plus léger, plus comique et la fin à l'ambiance à la Jack l'éventreur n'était pas pour déplaire. J'ai souri par moment mais ce n'est pas non plus ma tasse de thé.Tout de même bien sympathique.Un Amour Dévorant tire plus sur le fantastique. Les fans de ce genre de littérature y trouveront aisément leur compte.Enfin Le Confident. Seulement 20 pages, mais trop longues pour moi. Passées les premières pages qui expliquent la situation du narrateur, j'ai trouvé le reste sans saveur.Question de goût très probablement...Mauvaise Donne est donc la grande gagnante et il me tarde maintenant de lire Gagner la Guerre puisque apparemment les éloges du roman sont aussi nombreuses que celles recueillies pour la nouvelle.Janua Vera: 7,5 / 10

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Prequelle est le dernier texte en date de Jean-Philippe Jaworski, publié dans le recueil Utopiales 09 des éditions ActuSF.Voici le passage de la critique le concernant, suivi du lien de la critique complète :
Pour clore, ce recueil, c'est cette fois le grand gagnant des Imaginales qui nous sert de guide, Jean-Philippe Jaworski. C'est la Préquelle d'un grand chef de guerre que choisit de nous raconter le français dans un texte médiaval-fantasy comme il en a le secret. Zanticos désire bâtir un monde meilleur, un monde unifié où la Cimmérie serait unie. Pour se faire, il a besoin d'un symbole, d'une épée magique ou sacrée que seul un forgeron d'exception, Babaï, peut lui confectionner. Mais personne ne peut impunément manipuler les forces magiques pour sa propre soif de pouvoir. Laissant une impression d'inachevée volontaire ,Préquelle est le meilleur texte du recueil avec celui de Pierre Bordage. Comme à son habitude, Jaworski déploit une langue raffinée et travaillée au service d'une intrigue à consonance fantasy (qui ne se passe d'ailleurs pas dans le Vieux Royaume mais dans notre monde). Avec un sous texte intelligent, un sens de la mise en scène sans faille et doté d'une chute aussi délicieuse que frustrante, Utopiales 09 se conclut en apothéose.
Critique Complète.

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Etonnant, j'ai pour preque toutes les nouvelles de Janua Vera un avis opposé à celui de Flykillerman ! "Janua Vera" m'a de suite mis dans le bain. Un style pareil allié à mon genre préféré c'est à faire des holas toute seule dans sa chambre ! Certes, l'histoire est classique, certes un lecteur un peu baroudeur n'aura pas de mal à en deviner la fin mais Jaworski nous file d'entrée une claque dont je ne me suis pas relevée."Mauvaise Donne" est le gros morceau et pourtant, arrivé à la fin, je me suis sentie frsutrée d'en avoir eu aussi peu (Benvenuto :amoureux:). Du coup Gagner la guerre est direct dans mon prochain caddie livres !"Le service des dames" est la nouvelle à laquelle j'ai le moins accrochée. Après le génie de Benvenuto j'ai trouvé Aedan formidablement stupide.
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"Une offrande très précisieuse" est un petit bijou, rugueux comme son héros, mais rempli d'une grande humanité."Le conte de Suzelle"... Un coup de coeur ENORME ! C'est si simple, si dénué de tout ce qui fait la fantasy épique à la mode. Ca a le goût doux-amer des contes de fées, leur cruauté et leur beauté. Je n'ai pas de mots pour dire à quel point cette nouvelle m'a touché (et fait verser des litres de larmes, il faut ce qu'il faut). Du niveau de THomas le Rimeur, c'est dire à quel point je la place haut."Jour de guigne" : passer après "Le conte de Suzelle" n'était pas une sinécure et pourtant cette nouvelle a réussi le miracle de me faire hurler de rire. Maïtre Calame n'a rien à envier aux héros de Pratchett !"Un amour dévorant" fait partie des petites déceptions : j'ai beaucoup aimé l'ambiance fantômatique et étrange mais la fin m'a l'aissé dubitative.Et enfin "Le confident", qui vient clôre en beauté un recueil vraiment exceptionnel.
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Jaworski fait désormais partie de mes auteus fétiches ! :)

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Au fait, je croyais que quelqu'un avait déjà donné l'information, donc :Janua Vera sera réédité dans le format Bibliothèque Voltaïque avec un "sommaire complété de trois nouvelles supplémentaires (dont une inédite), de six annexes (dont une longue chronologie)... et, en ouverture, d'un "Avertissement au Lecteur" par Don Benvenuto Gesufal"
http://www.scifi-universe.com/upload/medias/Janua%20Vera%202.jpg
C'est pour le 17 Mars 2010 et devrait achever les derniers récalcitrants à découvrir le meilleur auteur de fantasy en France à l'heure actuelle.

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Tiens, c'est vrai que j'ai lu Janua Vera il y a un petit moment sans donner mon avis...Il rejoint généralement le tien, Almaarea :"Janua Vera" : la belle entrée en matière... C'est une plongée directe dans le style et l'univers de l'auteur, et même si en effet l'histoire comme la fin sont plutôt classiques et sans surprise ça se laisse déguster avec plaisir !"Le service des dames" : j'ai bien aimé, certes Aedan est un niais mais c'est aussi ce qui fait l'intérêt du récit, le preux chevalier qui se fait avoir j'avoue que je ne m'y attendais pas vu comme ça commençait !"Une offrande très précieuse" : "humanité", oui, c'est un mot approprié pour ce que j'ai retenu de cette lecture aussi, très étrange tout au long du récit..."Le conte de Suzelle" : euh, voyez ci-dessus le commentaire d'Almaarea, je n'aurais pas mieux dit (sauf pour les larmes, parce que hein ! :p) Et le souvenir de Thomas le Rimeur a effectivement plané sur cette lecture. Magnifique et cruel, très simple et très touchant... Une nouvelle preuve qu'il n'y a absolument pas besoin d'en faire des tonnes pour réussir quelque chose de marquant."Jour de guigne" : Bon, là, c'est le contraire, comme il y en a des tonnes, je n'ai que moyennement accroché, souri quelquefois tout au plus. Cette nouvelle m'a un peu donné l'impression de lire un fan de Pratchett qui essaye d'imiter le maître... et se rate. Mais bon apparemment ça ne vient que de moi, vu les échos que j'en ai eu."Le confident" : j'ai trouvé que c'était bien long et bien ennuyeux au tout début, ne voyant pas trop où il voulait en venir, mais je me suis vite laissé prendre par l'écriture ; les dernières lignes sont formidables."Un amour dévorant", c'est bien celle qui est en plus dans l'édition poche ? Je n'en ai aucun souvenir mais j'ai lu le recueil en grand format, donc j'espère que c'est normal :)Enfin, "Mauvaise donne" que j'ai gardée pour la fin : après en avoir entendu tant et plus sur Don Benvenuto Gesufal, j'avais dû me faire un tas d'idées et du coup c'est finalement cette nouvelle qui m'a le moins marquée (je ne me souviens pas de grand-chose à part que c'était assez sympa mais long, ce qui est pour le moins succint !)... Il faudrait que je la relise tranquillement, par exemple avant de me lancer dans Gagner la guerre, histoire de me remettre dans le bain.Sinon, pour revenir sur la critique de Luigi, j'ai aussi trouvé le style de Jaworski luxuriant, exubérant, parfois jusqu'à être étouffant, lourd. Mais d'un autre côté c'est pour cela que j'ai beaucoup aimé ces nouvelles : elles ont une identité, une marque bien à elles, et "Janua Vera" ne serait pas ce qu'elle est sans cette musicalité et cette surabondance de détails, d'objets, de couleurs... Une fois que j'ai intégré ce point, je n'ai plus guère prêté attention qu'aux sonorités et aux rythmes de la prose : quand Jaworski écrit que dans la salle se pressaient "échansons, chevaliers, sénéchaux, écuyers" (exemple inventé, en vrai c'était quand même beaucoup mieux :)), ça me semble assez flagrant que les fonctions de ces personnages importent beaucoup moins que leur prononciation et leur nombre de syllabes. Ou alors c'est juste une déformation professionnelle :rolleyes:.Ce qui ne veut pas dire que le sens et l'histoire n'ont aucune importance, bien sûr. Mais je comprends Luigi quand il explique avoir trouvé que l'auteur ne laissait pas assez de place au lecteur dans l'écriture : tout est tellement pesé, réfléchi (ou le semble, en tout cas :p) qu'on se demande ce qu'il nous reste à faire, parce que regarder passer et applaudir on s'en lasse si je puis dire, quel que soit le talent de l'auteur... Du coup le format du recueil de nouvelles, à lire à petites doses et pas forcément tout d'un trait, me convenait parfaitement, et je ne sais pas si dans Gagner la guerre ça passera toujours vu mes impressions mitigées sur "Mauvaise donne".Et merci pour l'info Tisse Ombre, le 17 mars c'est parfait, ça me laisse juste le temps de le trouver avant de rencontrer l'auteur :)Edit : en me relisant j'ai l'impression que tout cela sonne plutôt négatif, alors qu'en vrai j'ai passé d'excellents moments de lecture... sauf pour "Le Conte de Suzelle", parce que c'est trop cruel à la fin ! :O :)

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Janua Vera sera réédité dans le format Bibliothèque Voltaïque avec un "sommaire complété de trois nouvelles supplémentaires (dont une inédite), de six annexes (dont une longue chronologie)... et, en ouverture, d'un "Avertissement au Lecteur" par Don Benvenuto Gesufal"
Je vais entrer en négociation approfondie avec mon porte-monnaie parce que là, même si j'ai déjà la version poche, c'est trop tentant !Et ravie de voir que je ne suis pas la seule à avoir succombé au charme du Conte de Suzelle ! Allez, avoue Iza, t'as bien versé une petite larmichette ;)