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Les Hobbits n'ont t-ils pas de gènes ? Ce serait une info...
la mère de ce hobbit - c'est-à-dire Bilbo Baggins - était la fameuse Belladone Took, l'une des troisremarquables filles du Vieux Took, chef des hobbits qui habitaient de l'autre côté de l'Eau, à savoir la petiterivière coulant au pied de la Colline. On disait souvent (dans les autres familles) qu'au temps jadis l'un desancêtres Took avait dû épouser une fée. C'était absurde, bien sûr, mais il y avait tout de même chez eux sansnul doute quelque chose qui n'était pas entièrement hobbital et de temps à autre des membres du clan Took seprenaient à avoir des aventures. Ils disparaissaient, et la famille n'en soufflait mot; mais il n'en restait pasmoins que les Took n'étaient pas aussi respectables que les Baggins, bien qu'ils fussent incontestablement plusriches.Ce n'est pas que Belladone Took ait eu des aventures après être devenue Mme Bungo Baggins. Bungo, lepère de Bilbo, construisit pour elle (en partie avec son argent) le plus luxueux des trous de hobbit qui se pûtvoir sous la Colline, sur la Colline ou de l'autre côté de l'Eau, et ils demeurèrent là jusqu'à la fin de leurs jours.Mais si Bilbo, fils unique de Belladone, ressemblait en tout point par les traits et le comportement à uneseconde édition de son solide et tranquille père, il devait avoir pris au côté Took une certaine bizarrerie danssa manière d'être, quelque chose qui ne demandait qu'une occasion pour se révéler. Cette occasion ne seprésenta jamais que Bilbo ne fût devenu tout àfait adulte ; il avait alors environ vingt-cinq ans
[...]Bilbo :
« Bonjour ! dit-il enfin. Nous ne voulons pas d'aventures par ici, je vous remercie ! Vous pourriez essayer audelàde la Colline ou de l'autre côté de l'Eau. »
[...]
« Mon Dieu ! poursuivit-il. Pas le Gandalf qui fut responsable de ce que tant de garçons et de filles bientranquilles aient pris le large pour de folles aventures ? Cela allait de grimper aux arbres à faire visite auxelfes - ou às'embarquer sur des navires pour d'autres rivages ! Dieu me bénisse, la vie était tout à fait inter...je veux dire qu'à un moment vous avez bien perturbé les choses par ici.
Gandalf :
- Si ! Par deux fois maintenant. Mon pardon, je vous l'accorde. En fait, j'irai jusqu'à vous lancer dans cette aventure. Ce sera très amusant pour moi et très bon pour vous - sans compter le profit, très probablement, si vous réussissez.- Je regrette ! je ne veux pas d'aventures, merci. Pas aujourd'hui. Bonjour ! mais venez Prendre le thé - quand vous voudrez ! Pourquoi pas demain ? Venez demain. Au revoir ! »
le hobbit sentit remuer en lui l'amour des belles choses faites par le travailmanuel, l'adresse et la magie, un amour féroce et jaloux, le désir empreint au coeur des nains. Alors, quelquechose de tookien s'éveilla en lui, il souhaita aller voir les grandes montagnes, entendre les pins et les cascades,explorer les cavernes et porter une épée au lieu d'une canne. Il regarda par la fenêtre. Les étoiles luisaient au dessusdes arbres dans un ciel noir. Il pensa aux joyaux des nains, scintillant dans des cavernes obscures.Soudain, dans la forêt, au-delà de l'Eau s'éleva une flamme - sans doute quelqu'un allumait-il un feu de bois - etil vit en imagination des dragons pilleurs s'installer sur sa tranquille Colline pour la mettre toute à feu. Ilfrissonna ; et très vite il redevint M. Baggins de Bag-End Sous La Colline.
Thorïn entama son discours:« Gandalf, nains et monsieur Baggins ! Nous voici réunis dans la maison de notre ami et compagnon conspirateur,ce très excellent et audacieux hobbit puisse le poil de ses pieds ne jamais tomber ! Louange ason vin et à sa bière !... »Il s'arrêta pour reprendre souffle et attendre une remarque polie de la part du hobbit, mais lescompliments n'avaient pas le moindre effet sur le pauvre Bilbo Baggins, qui agitait les lèvres en protestationcontre l'appellation d'audacieux et, pis encore, de compagnon-conspirateur
« Quel garçon émotif ! dit Gandalf, tandis qu'ils reprenaient place. Il a parfois de curieuses crises, maisc'est un des meilleurs, oui, un des meilleurs aussi féroce qu'un dragon affamé. »Si vous avez jamais vu un dragon affamé, vous concevrez que ce n'était là qu'exagération poétique,appliquée à n'importe quel hobbit, fût-ce même l'arrière-grand-oncle du Vieux Took, Bullroarer3, lequel était siénorme (pour un hobbit) qu'il pouvait monter un cheval. Il avait chargé les rangs des gobelins du mont Gram àla bataille des Champs Verts et fait sauter la tête de leur roi Golfimbul d'un coup de gourdin, laquelle têteavait volé cent mètres en l'air pour retomber dans un terrier de lapin ; et c'est ainsi que fut gagnée la bataille,tout en même temps que fut inventé le jeu de golf.Cependant, le descendant paisible de Bullroarer se remettait dans le salon.
Certainement que la plupart des nains seraient d'accord avec nos avis négatifs :
(c'était Gloïnqui parlait) : « Hum ! (ou quelque ébrouement de ce genre). Croyez-vous qu'il fera l'affaire ? Gandalf a beaudire que ce hobbit est féroce, c'est possible, mais un seul cri tel que celui-là poussé dans un momentd'excitation suffirait à réveiller le dragon et toute sa famille et nous faire tous tuer. M'est avis qu'il étaitdavantage de peur que d'excitation ! En fait, n'eût été le signe sur la porte, j'aurais été certain que nous avionsfait erreur sur la maison. Dès le premier coup d'oeil sur le petit bonhomme qui s'agitait tout haletant sur lepaillasson, j'ai éprouvé des doutes. Il a plutôt l'air d'un épicier que d un cambrioleur ! »
Mais qui mieux que Bilbon pour se connaitre mieux que lui-même, qui mieux que Bilbo pour oser en rabattre aux plus sceptiques d'entre-nous et d'entre les nains ? :
« Excusez-moi d'avoir surpris vos derniers mots, dit-il. Je ne prétends pas comprendre de quoi vous parliez,ni votre allusion à des cambrioleurs ; mais je ne crois pas me tromper en pensant (c'était ce qu'il appelait leprendre de haut) que vous me jugez incapable. Il n'y a aucun signe à ma porte - elle a été peinte la semainedernière -, et je suis bien certain que vous vous êtes trompés de maison. Dès que j'ai vu vos drôles de têtes surle seuil, j'ai eu quelques doutes. Mais faites comme si c'était la bonne. Dites-moi ce que vous voulez, et jetâcherai de l'accomplir, dussé-je marcher d'ici à l'est de l'Est et combattre les sauvages verts dans le DernierDésert. Un de mes arrière-arrière-grands-oncles, Bullroarer Took, autrefois...
Et Gandalf de conclure :
« Bon, dit Gandalf. Assez de discussion. J'ai choisi M. Baggins, et cela devrait vous suffire, à tous tant quevous êtes. Si je dis que c'est un cambrioleur, c'est un cambrioleur, ou il le sera le moment venu. Il y a beaucoupplus en lui que vous ne le soupçonnez, et passablement plus qu'il ne le soupçonne lui-même. Vous meremercierez tous (peut-être) un jour. Et maintenant, Bilbo, allez chercher la lampe, que l'on fasse un peu delumière sur tout cela. »
Un magnifique premier chapitre, qui pose bien les choses, plein d'humour et de poésie...Un régal pour l'esprit et tout en finesse...

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ôthric a écrit :Tout en lui pousse au contraire à l'aventure, y compris ses gènes, sitôt fait quand Gandalf le fait franchir le pas par quelques réflexions bien placées, ensuite sa nature réelle se réveille et il fonce.
Tu m'as mal lu.Sa part de Touc est tentée par l'aventure, mais il est autant Bessac. Puisque tu aimes les citations, voici une tirée de "l'expédition d'Erebor", Gandalf explique à Pippin comment il a choisi Bilbo pour accompagner les nains.
je me suis dit :"Il me faut une bouffée de Touc" (mais pas trop, Maître Peregrin), " et une base solide, d'un genre plus flegmatique, un Bessac peut-être. Et voilà mon Bilbo tout désigné."
Et sur son départ à l'aventure, le chapitre 2
Jusqu'à la fin de ses jours, Bilbo ne comprit jamais comment il s'était retrouvé dehors, nu-tête, sans sa canne ni son argent, ni rien de tout ce qu'il avait l'habitude d'emporter quand il sortait, son second petit déjeuner à moitié terminé et sa vaisselle loin d'être lavée.
Si la police de la Comté enquête, ça aura tous les aspects d'un enlèvement. Il est d'ailleurs porté disparu de manière officielle.un peu plus loin
Comme j'aimerais être dans mon trou douillet, tout près du feu, à attendre que la bouilloire chante ! "Ce ne serait pas la dernière fois qu'il y songerait !
Chapitre 3
Il songea de nouveau à son fauteuil confortable devant la cheminée, dans le plus agréable salon de son trou de hobbit, et au chant de la bouilloire. Ce ne serait pas la dernière fois !
Chapitre 4
Qu'est-ce qui m'a pris de quitter mon trou de hobbit ?
Et ça continue jusqu'au chapitre 18
Son côté Touc était très las, et le Bessac en lui reprenait chaque jour des forces. "Je ne souhaite plus que retrouver mon propre fauteuil !"
Voilà pour la dualité, ses tendances Touc et Bessac font des va et vient dans son humeur.

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ses tendances Touc et Bessac font des va et vient dans son humeur.
Tout à fait c'est pourquoi j'ai contrebalancé avec des citations qui le mettait intimidé par toute sorte d'aventure. Mais disons que pour moi la dualité est un fait de la psychologie des profondeurs, on peut retrouver (un peu) le même genre de "dualité" dans le succulent personnage d'Hamlet, un personnage si dense qu'il a servi à de nombreuses analyses psychanalytiques (genre comment et pourquoi Hamlet hésite t-il à passer à l'acte ??). Je ne pense pas qu'il faille psychanalyser un personnage tel que Bilbon, qui est loin de la densité d'un personnage aussi complexe que le Hamlet de Shakespeare, mais je pense que l'on a apporté assez d’éléments pour comprendre la sainte hésitation du hobbit à s'engager dans une aventure qui sort de son cadre ordinaire/"naturel", en tout cas ce cadre dont il est imprégné de par sa Comté traditionnelle, avant qu'un magicien et quelques nains ne viennent le bousculer un peu...

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En l'occurrence, il y a déjà eu pas mal d'études psychanalytiques sur le Hobbit : voir notamment l'article de Thomas Honegger « Plus de lumière que d’ombre ? Approches jungiennes de Tolkien et de l’image archétypale de l’Ombre », dont la VO est disponible sur Tolkiendil :http://www.tolkiendil.com/essais/tolkie ... s_honeggerOn peut aussi noter que le Hobbit est parfaitement adapté à l'analyse proppienne des contes de fées, comme en témoigne l'article de Didier Willis, « Les Archétype du conte merveilleux chez Tolkien ». Or les contes de fées ont des liens très nets avec la psychologie des profondeurs : le livre de Marie-Louise von Franz, l'Interprétation des contes de fées constitue une excellente introduction à ce sujet.

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Effectivement, ça change ! Mais ça fait un peu trop "dessin-animé" à mon goût ^^
« Le Seigneur Ogion est un grand mage. Il te fait beaucoup d’honneur en te formant. Mais demande-toi, mon enfant, si tout ce qu’il t’a enseigné ne se résume pas finalement à écouter ton cœur. » - Tehanu, Ursula K Le Guin

Booknode : Aventurine20

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Selon la maison Sotheby's il s'agit d'un poème en langue elfique, bien que d'autres penchent plutôt pour du vieil anglais.
Si je peux me permettre, ce n'est pas que certains penchent pour du vieil-anglais, il s'agit vraiment de vieil-anglais. Sotheby's s'est juste planté et ça a été reprit par tous les journalistes sans qu'aucun ne vérifie (pour changer). D'ailleurs l'image est lisible pour peu que l'on connaisse suffisamment la graphie particulière de la langue (et celle de Tolkien). Quand à la traduction, elle s'arrête après "the homeland of the Elves", c'est-à-dire au milieu de la 3è ligne, 2è mot (Ylfe), et se poursuit par une variation qui parle d'eorclanstanas, le mot qui a donné le terme Arkenstone du Hobbit (et qui a parfois aussi désigné les Silmarils).

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Merci pour l'info, la news est modifiée !Déjà que j'ai de la peine avec l'anglais lorsqu'il est écrit en Arial 12, je n'avais aucune chance avec cette calligraphie et du vieil anglais :sifflote:

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C'est ce qui se parlait entre les 5° et 11° siècles, entre les envahisseurs saxons/vikins/autres et 1066, et là, on est passé au moyen anglais jusqu'au 16° siècle et l'anglais moderne, celui de Shakespeare.

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Ah c'est plus clair du coup, la lange a beaucoup changée entre temps ? Vous n'avez pas des exemples ? Par exemple quand Sir Malory écrit son texte (voir légendes arthuriennes) c'est en moyen anglais si j'ai bien suivi...

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Ca a énormément changé : des mots qui étaient proches des langues germaniques ont été remplacé par les mots des envahisseurs parlant le français de l'époque (avec l'accent normand).Un extrait d'un texte connu pour se rendre compte qu'on part loin loin de Bilbo qui est le sujet de ce fuseau (en spoiler la version moderne)Fæder ūre, ðu ðe eart on heofenum,sīe ðin nama ġehālgod.Tōbecume ðīn rīċe.Ġeweorðe ðīn willa on eorðanswā-swā on heofenum.Ūrne ġedæġhwāmlican hlāf sele ūs tōdæġ.And forġyf ūs ūre gyltas,swā-swā wē forġiefað ūrum gyltendum.And ne ġelǣd ðū ūs on costnunge,ac ālīes ūs of yfele.Sóþlice.
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Tolkien était un vrai spécialiste de l'histoire de l'anglais et connaissait ce qui avait précédé l'anglais moderne, jusqu'au saxon, norrois et autres langues qui ne sont plus parlées en Angleterre depuis 1000 ans. Donc c'est un jeu pour lui d'écrire en vieil anglais comme d'autres (n'est-ce pas Monsieur Jaworski) écriraient avec des "lettres gauloises".

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Transmission de pensée avec Foradan, je crossipostais le même exemple du notre père qu'on trouve sur Glaemscrafu. Je propose ici la version anglaise moderne approximative, où on voit les correspondances v-a/anglais moderne :Fæder úre, þú þe eart on heofonum,Father our, you that are in heavenNotre Père qui es aux cieux, sí þín nama gehálgod.be thine [=your] name hallowedque ton Nom soit sanctifié, Tó-becume þín ríce;To become thine reign,que ton règne vienne, geweorðe þín willathine will come to beque ta volonté soit faite on eorðan swá swá on heofonum.on earth as in heavensur la terre comme au ciel. Úrne dæghwámlican hláf syle ús tó-dæg;To us daily a loaf give us to-dayDonne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour. Forgyf ús úre gyltas,Forgive us our guiltPardonne-nous nos offenses, swá swá wé forgyfað úrum gyltendum ;as we forgive [to those who guilt us ??]comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés. And ne gelǽd þú ús on costnunge,And not lead you us in temptationEt ne nous soumets pas à la tentation, ac álýs ús of yfele.but liberate us of evil.mais délivre-nous du mal.Sóðlice.SoothlyAmen.