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Je pense surtout qu'il y a une erreur de débats, la traduction ça se rapproche de l'artisanat avec la notion justement subjective d'art, d'interprétation , de transmission d'un fond lié à un contexte global plutôt qu'à une forme pure.

Le sujet semblant t'intéresser il y a de nombreux traducteurs et traductrice sur ce forum avec qui tu pourrais échanger sur la réalité du métier.

La littérature c'est de l'humain, ça fait appel aux émotions, impressions , sensations.... Il y a des esprits , des idées, des principes, valeurs et autres derrière les phrases , les mots sont un peu les ombres des sentiments des auteurs. Il me semble que la notion de traduction c'est de retranscrire quelque chose de plus profond que la seule équivalence dans une autre langue.

Par ailleurs le fait de diminuer le coût de la traduction en l'industrialisant et en la déshumanisant , c'est un peu l'idée de l'agroalimentaire avec les produire à moindre coût mais pour quel qualité de résultats et quelle répercussions sur ceux qui consomme ?

Enfin on parle de lecture et donc de rapport à l'art ,pas de produit de première nécessité, un livre ça peut coûter 2 euros en occasion ou e-book
et 25 euros pour un grand format récent, par rapport à un jeux vidéo, une tablette, des vêtements/baskets de marque, smartphone, et tant d'autres choses aussi courantes que non nécessaires .; on ne peut pas vraiment dire que le livre soit un produit de luxe. Après chacun fait ses choix et est libre de dépenser son budget là où il le veut.

J'ai l'impression que l'idée ne part pas d'une mauvaise intention mais à force de raccourcis on fini par se tromper de route.

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Je me suis permis quelques recherches et pour l'instant la traduction littéraire semble n'être qu'au stade de pistes. D'ailleurs si ca intéresse quelqu'un la sorbonne semble s'intéresser à la question : https://www.fabula.org/actualites/107906/traduction-litteraire-et-intelligence-artificielle--theorie-pratique-creation.html

Par contre j'ai découvert les outils de traduction assistée par l'ordinateur (TAO) qui me semble déjà bien plus facile à mettre en place et qui laisse une part belle au travail humain. Est-ce que nos amis traducteurs qui passent sur le forum utilisent ces outils ?

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John Coltaine a écrit :Le sujet semblant t'intéresser il y a de nombreux traducteurs et traductrice sur ce forum avec qui tu pourrais échanger sur la réalité du métier.

Très sincèrement, entre les raccourcis que tu cites ou le côté "De toute façon, j'ai raison", UnafricaineaPanam ne donne pas vraiment envie de discuter (en tout cas, me concernant), car une discussion, c'est de l'échange, et je ne vois vraiment pas comment échanger avec quelqu'un à ce point persuadé d'avoir trouvé la solution miracle au prix des livres.
Je m'étais contenté d'une réponse lapidaire jusqu'à maintenant et je n'éprouve aucune envie de faire plus.

Est-ce que nos amis traducteurs qui passent sur le forum utilisent ces outils ?

Si tu parles de logiciel comme Antidote, oui, beaucoup les utilisent. :)

Et pour en revenir au prix des livres :

https://www.leparisien.fr/culture-loisirs/livres/commerce-en-ligne-les-frais-de-port-des-livres-fixes-a-3-euros-minimum-23-09-2022-4YJTQIO26ZHPBHJOCSZRCHRNKE.php

Pour « rétablir l’équité » entre les géants du commerce en ligne et les libraires indépendants, les ministères de l’Économie et de la Culture annoncent la mise en place d’un tarif minimum en cas de commande inférieure à 35 euros.

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Antidote n'est pas un logiciel de TAO, c'est une aide grammaticale et orthographique, non ? (En gros, le correcteur de Word sous amphèt.)

Les logiciels de TAO, ce sont les Trados/Studio/Passolo/MemoQ/Wordfast/Déjà Vu et autres joyeusetés. Dans la traduction technique, c'est tout bonnement indispensable, car sans logiciel de TAO, tu ne peux pas créer de mémoire de traduction, et sans mémoire de traduction, tu ne peux pas bénéficier de ce qu'on appelle dans le jardin les 100 % (que le client peut te demander de vérifier ou non) et des fuzzies (des phrases pas tout à fait identiques à celles d'un projet précédent, mais il peut n'y avoir que deux mots qui vont changer, auquel cas tu es forcément moins payé que si tu devais retraduire toute la phrase, etc.). Tu ne peux pas faire l'économie de ce genre d'outil en trad technique, parce que s'il s'agit simplement de mettre à jour en 2022 un mode d'emploi qui date de 2019 et auquel seules quelques modifications ont été apportées, le client préfère de loin s'entendre dire "je vous livre dans 4 jours (au lieu de 4 mois) et ça vous coûtera 1200€ (au lieu de 12 000)". Et puis ça permet aussi d'avoir au mieux des glossaires officiels, ou au pire de demander à la mémoire de quelle façon tel terme ou telle expression a été traduit(e) dans les projets précédents. Quand tu as un truc un peu marketing et que ce n'est pas du tout ton truc, ça peut être particulièrement utile.

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UnafricaineaPanam a écrit :Mouais je vois surtout bcp de conservatisme.
Les arguments à base de "ça marchera pas", "tant que je vois pas je crois pas", "c'est impossible", "c'est trop compliqué", "c'est pas près de fonctionner" ça fait quand même très réac voire anti-progrès. Surtout que c'est pas des arguments mais juste des réacs...basés sur rien d'autre que des opinions.
L'IA c'est un enjeu majeur du xxi ème siècle.
Même moi qui vit dans ma banlieue pourrie, j'ai entendu parler de la voiture autonome, des algos de reconnaissance faciale/vocale, de DLSS, de cybersécurité, de médicine prédictive.....
Il y a 500 ans on vivait encore dans des châteaux si on leur avait dit que l'homme marcherait sur la Lune, ils nous auraient pris pour de fous puis écartelés comme des hérétiques....même il y a 20 ans internet se développait à peine chez les gens c'était du grand luxe d'avoir un ordi qui pouvait se connecter à internet. Aujourd'hui, tout le monde a un smartphone avec 20 onglets différents ouverts et consulte youtube, insta, ses mails simultanément dans le RER...
Bref tout mon charabia pour dire que les avancées techno/progrès sont svt décriés/critiqués...avant d'être adoptés. Et camper sur une position réac n'a jamais rien apporté d'intéressant.

Naturellement, l'intelligence artificielle est un enjeu important qui a d'ores et déjà modifié les pratiques de traduction.

Mais, comme je le disais plus haut, il faut toujours des humains pour concevoir et entretenir les logiciels de traduction, et ces humains, il faut bien les payer. Donc, on ne peut pas dire "automatisons la traduction, ça ne coûtera plus rien" : ce n'est pas aussi simple. Quand bien même on parviendrait à l'automatiser, cela resterait une dépense. Moins grande ? Je ne sais pas. Encore une fois, la traduction littéraire est la plus difficile. L'enjeu ne serait donc pas seulement d'arriver à l'automatiser, mais de l'automatiser et de pouvoir proposer une traduction automatique à un coût assez intéressant pour que les acheteurs de livres y voient un avantage net. Je ne dis pas que c'est infaisable, mais ce n'est pas évident.

UnafricaineaPanam a écrit :Quant au métier de traductrice/traducteur de livre avec l’avènement de l'ia, bah ouais, il est voué à disparaître un jour en tous cas pour les langues très employées. Que ça soit dans 10 ans, 20 ans, 30 ans ou plus j'en sais rien.

Il y a une bonne part d'ignorance dans tes messages sur la réalité de la pratique de la traduction. Comme plusieurs l'ont déjà dit, traduire un texte littéraire relève en partie d'une démarche artistique. Il y a donc une multitude de choix créatifs à opérer.
Quand bien même on parviendrait à automatiser le processus, il y aura toujours des gens pour avoir envie de s'y adonner et pour, potentiellement, publier des traductions "faites main". Et il y aura toujours des gens pour s'y intéresser.
Si on observe ce qui s'est passé avec d'autres métiers qui ont été bouleversés par l'automatisation, comme l'artisanat d'art par exemple (menuiserie, sculpture, métallurgie, etc.), voici ce qui va se passer : les traductions "faites (hu)main" ne disparaîtront pas, mais elles deviendront un produit plus rare, plus cher, qui, donc, sera associé au luxe et deviendra un facteur de distinction sociale et économique.
Cela donnera un monde où les plus pauvres devront se contenter de traductions automatiques, pendant que les plus riches auront accès à des traductions faites par des humains.
Et si tu naissais dans ce monde-là, tu serais quand même frustré, en regrettant que tes enfants n'aient pas accès aux meilleures traductions.

Donc, la solution de ton problème n'est pas dans l'automatisation, elle est dans l'abolition du capitalisme :P

UnafricaineaPanam a écrit :Et faut arrêter avec les "c'est pas bon pour l'économie". Des métiers disparaissent mais d'autres se créent. ça toujours été le cas depuis toujours...

C'est vrai. Mais il faut préparer ce genre de changement, pour éviter que des gens se retrouvent au chômage brutalement. Sinon, les traducteurs automatiques seront la cible des luddites des siècles futurs.

UnafricaineaPanam a écrit :J'avoue que j'aimerais bien pouvoir acheter plus de bouquins à mes gamins mais j'ai honte de leur acheter des seconde mains donc je me limite aux anniv et fêtes. Quant aux ebooks c'est aussi compliqué pour mes gamins pour l'instant je trouve.
Donc voilà tout mon blabla pour dire que je trouve les livres trop chers, en particulier les livres traduits. Et c'est dommage car ça incite les jeunes défavorisés à se tourner vers des solutions moins coûteuses(youtube, Netflix...) mais beaucoup moins riches intellectuellement. Faut pas croire moi quand je prête mes bouquins, svt ils reviennent me voir pour me demander la suite ou un autre bouquin. Et je leur demande pourquoi ils vont pas en acheter ? Ils me répondent svt que c'est trop cher pour eux à 20 euros le livre...

C'est un problème que je partage et que je comprends tout à fait. Cela m'arrive aussi régulièrement d'être arrêté par le prix d'un livre. Parfois, j'attends la parution en poche, mais comme la réédition d'un livre en poche est conditionnée par son succès en grand format, cette réédition ne se fait pas toujours.

Pour trouver des livres moins cher, il n'y a aucune honte à acheter d'occasion ou à regarder dans les boîtes à livres (qui contiennent parfois de merveilleuses surprises). Au vu de la crise écologique actuelle, le recyclage, c'est bien, mais la réutilisation d'objets déjà existants, c'est mieux. C'est la pub et les injonctions consuméristes surannées qui nous incitent à acheter toujours du neuf. Il faut changer nos pratiques. Pour avoir commencé à le faire, on s'y fait vite.

Je t'invite aussi à aller voir du côté des médiathèques et bibliothèques, qui proposent énormément de ressources gratuites que les gens méconnaissent trop souvent (ou boudent sans raison). Le prix des BD et la place qu'elles prenaient chez nous étaient une préoccupation pour moi, mais depuis qu'on a commencé à en emprunter dans les médiathèques, on découvre beaucoup de choses sans dépenser un sou et sans perte de place à la maison. Et cela nous aide à "faire le tri", avec plus de recul, pour n'acheter que ce qui nous aura marqués durablement.

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Par contre, je vois pas trop pourquoi avoir honte d'acheter de la deuxième mains aux enfants, personne j'en achete pour moi, pour ma femme, et des tonnes pour mes enfants, que ca soit en vide grenier ou sur les sites spécialisés. Par moment avec des qualités proches du neuf et par moment avec des livres partiellement abimés. Mes enfants m'ont jamais rien dit la dessus et préfèrent surement avoir du volume que du neuf (mes filles lisent beaucoup)

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Étant donné ce que j'investis en pourcentage de mes revenus dans les livres à l'heure actuelle (~25% de mes (faibles) revenus mensuels), je dois être une exception mais, quand bien même j'achète beaucoup de nouveautés qui me plaisent, j'achète également beaucoup d'occasion, notamment pour dénicher de vieilles éditions introuvables depuis de longues années (coucou les éditions de Tolkien :sifflote:).

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Comme Aherin ! Tous les vendredi je passe à Emmaus et je prends plein de livres à ma fille. Il m’arrive d’en trouver pour moi et idem ma compagne. 1€ / 2€ et il y a de tout niveau qualité. Personne ne se plaint et la petite et contente d’avoir régulièrement de la nouveauté dans la bibliothèque. Et en plus, c’est pour une bonne cause ;)

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Saffron a écrit :Antidote n'est pas un logiciel de TAO, c'est une aide grammaticale et orthographique, non ? (En gros, le correcteur de Word sous amphèt.)

Ah oui, pardon, je me suis mélangé les pinceaux. :)

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Je ne sais pas si c'est le bon endroit mais avec le mois de l'imaginaire pas mal d'e-book sont à prix réduit dont Vorrh, Le chien du forgeron,Widjigo...et côté SF Dans la toile du temps, Expiration , Latium... Ça permet de faire le plein à prix réduit.

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Des avis de personnes concernées (éditeurs, auteurs, chaîne du livre en général) sur la décision du conseil d'état sur la retranscription dans le droit français d'une directive européenne afin de permettre aux auteurs de percevoir une rémunération "appropriée"?

Je comprendrais que cela puisse entrainer une hausse du prix moyen du livre.

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Bergelmir a écrit :Étant donné ce que j'investis en pourcentage de mes revenus dans les livres à l'heure actuelle (~25% de mes (faibles) revenus mensuels), je dois être une exception mais, quand bien même j'achète beaucoup de nouveautés qui me plaisent, j'achète également beaucoup d'occasion, notamment pour dénicher de vieilles éditions introuvables depuis de longues années (coucou les éditions de Tolkien :sifflote:).

25% ? 25% ?!
En partant du smic, ça fait déjà 330€ par mois ! Tu dois avoir la bibliothèque bien remplie !

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Je suis loin de gagner le SMIC donc ça tourne plutôt autour d'une moyenne de 200 € par mois ;)
Sur l'année, je pense que ça fait 50% de livres neufs qui viennent de paraître et 50% de Tolkien related (nouveaux ouvrages et anciennes éditions confondus) mais les mois fluctuent quand même pas mal.

Bien remplie, c'est sûr !
Mais j'ai surtout l'impression de combler une dizaine d'année de fac où je ne lisais plus beaucoup et n'achetais que très peu de livres (tout les sous passaient dans les bars à l'époque XD). Du coup, j'ai l'impression que mes listes de tout ce que j'ai à lire/acheter ne descendent pas vraiment et je pense malgré tout que les gros lecteurs historiques d'Elbakin, plus réguliers, on des bibliothèques d'Imaginaire bien plus fournie.
Concernant Tolkien, c'est un peu différent... Je dois approcher (ou dépasser ?) des 500 ouvrages de/sur Tolkien en comptant les VF et les VO donc oui, ça déborde un peu de partout.

Bref, pour en revenir au sujet, j'imagine que l'investissement personnel dépend pour plus de ma façon de vivre que de l'importance de mes revenus.
Dans mon cas, je vis très simplement dans un coin perdu de montagne avec mon potager et mes poules, je fais le choix de consommer très peu dans les domaines que je juge triviaux (énergie, vêtements, abonnements, etc etc) et je peux donc me permettre d'acheter plus de livres, puisque j'estime cela primordial.
En somme, c'est un choix très personnel :)