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Merwin Tonnel a écrit :D'accord avec Zakath, qui m'a devancé sur le coup. Si on enlève le côté verbeux et le rythme très lent, voire indolent, ce n'est plus du tout le même bouquin et il perd en charme à mes yeux. Ceci dit, je comprends que ça puisse déplaire : j'ai recommandé à ma sœur, pensant que ça passerait bien, mais niet, elle s'est ennuyée.
D'accord avec vous sur le fait que ce livre doit rester sur un ton lent pour traduire son ambiance. Mais lent ne veut pas forcément dire ennuyeux pour moi, et c'est ce que j'ai ressenti.Si je compare avec Sean Russell et son livre Sous les collines voutées, on retrouve cette même lenteur pour une ambiance très similaire : cette vieille Angleterre imprégnée de magie. J'ai adoré, j'ai encore les sensations de ce livre dans la peau.C'est lent, mais l'écriture m'a apporté tellement de sensations, de ressentis au fil de l'histoire, il fait passer énormément de choses que j'étais transporté dans cette Angleterre et c'était génial. Si vous avez aimer Jonathan Strange & Mr Norrell, essayez le cycle de Sean Russell, ça devrait vous convenir :)Ici rien, des longueurs point. J'étais spectateur extérieur, et c'est chiant.Des expériences de lecture différentes :)

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J'ai adoré ce livre. J'ai aimé le style narratif proche du 19e (ce qui m'a fait penser à l'excellent Sans parler du chien de Connie Willis en SF) et la création d'un monde parallèle avec toutes ces notes de bas de page (je suis une fan des notes de bas de page :lol:).Je ne suis pas arrivée à décider si je préférais Strange ou Norrell... Mais c'est un autre intérêt du livre que d'éviter le manichéisme.

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Un début de réponse pour le rendu :
After centuries of absence, magic has returned to England, but not all are using it for good...Take on the role of an aspiring magician and start your journey down the path to greatness. Collect rare books, flit between social engagements, and impress your peers with feats of magic. Be careful to strike a balance between your studies and your status, for the gentleman with the thistle-down hair has plans of his own, and it will take all of your strength to stop him.In Jonathan Strange & Mr Norrell: A Board Game of English Magic, players take on the role of four principle characters from the novel — Jonathan Strange, Mr. Norrell, Miss Redruth, or John Segundus — and travel around England and Europe, attending social engagements and performing feats of magic in the hope of becoming the most celebrated magician of the age.On their travels they encounter a host of familiar characters, from the jovial Mr. Honeyfoot and beautiful Lady Pole to the extraordinary Stephan Black and the enthusiastic Lord Portishead. All the while, they must build up their magical abilities as the gentleman with the thistle-down hair is weaving his magic in the background and must be stopped for any player to have a chance of claiming victory.

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L'éditeur sera Osprey games, pour ce que ça vaut les trois jeux que j'ai d'eux sont très réussis dans leur partie graphique.Les deux auteurs ont cosigné Battle of the five armies, sorti il y a quatre ans (pas joué).

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Décidément... J'espérais vraiment que ce Jonathan Strange et Mr Norrell sauverait mon début d'année en Fantasy après tant de déceptions mais je dois hélas l'ajouter à cette liste.

En fait, je ne comprends pas l'intérêt qu'on peut trouver à ce bouquin. D'accord, Susanna Clarke écrit très bien et JS&MN est un tour de force dans sa conception et son exécution. Mais se donner autant de mal pour un tel résultat, ça me dépasse.

De l'intérêt de lire/écrire Jonathan Strange & Mr Norrell


L'intérêt principal du livre est, selon moi, la description de la société anglaise de l'époque. Ce livre dégage une réelle atmosphère et, même si je ne suis pas spécialiste, le travail de reconstitution de la société de l'époque jusque dans le style d'écriture force l'admiration. Clarke est apparemment comparée à Austen que je n'ai jamais lue mais je fais confiance aux spécialistes là dessus. Perso, le bouquin m'a évoqué Balzac ou Tolstoï dans sa volonté de croquer une époque et ses rapports entre les différents groupes sociaux. Sauf que, à moins d'avoir lu la totalité de la production anglaise dont s'inspire Clarke, quel intérêt y a-t-il a lire une imitatrice écrivant 150-200 ans après les Austen, Brontë, Doyle & Cie ? Même avec la plus extrême rigueur dans son étude, elle ne pourra jamais égalé la connaissance de la période qu'avaient les gens qui y ont vécu.

Et là je parlais de l'intérêt pour le lecteur mais se pose aussi la question de l'intérêt d'écrire ce livre comme un livre de fantasy plutôt que comme un roman historique. Si le but est de réaliser une reconstitution à ce point fidèle de la société anglaise du début du XIXe siècle, pourquoi y inclure de la magie (le goût de l'ésotérisme c'est plutôt fin XIX/début XXe non ?) et ne pas tout simplement écrire un roman historique ?

La magie

D'autant que, en parlant de magie, j'ai trouvé qu'elle se greffait très mal à notre monde, manquait totalement de cohérence et n'apportait rien à l'Histoire (avec un grand H). L'autrice n'ayant pas voulu dévier de l'Histoire réelle (notamment au niveau du déroulement des guerres napoléoniennes) l'action de Norrell et Strange est forcément anecdotique. Et Clarke a beau se cacher derrière le fait que les lords anglais manquent d'imagination ou qu'un gentleman ne peut pas faire certaines choses, ça ne suffit pas à masquer le fait que, pendant les 2/3 du bouquin, la magie pratiquée par Norrell et Strange est un gadget pratiquement inutile.

Quant au fait que la magie existe dans notre monde... Si les fées sont si puissantes, pourquoi ne gouvernent-elles pas notre monde (elle a bon dos la fainéantise) ? Pourquoi la magie a-t-elle disparue ? Pourquoi, alors qu'à aucun moment on ne nous dit qu'il faut un "pouvoir" pour la pratiquer, n'est-elle pas abondamment utilisée ? Visiblement, il faut juste des "connaissances", choses que tout le monde peut acquérir, même sans savoir lire. Childermass lance des sorts en imitant ce qu'il a vu Norrell faire... Pourquoi est-ce qu'aucun de ces magiciens non-praticiens n'a-t-il pas tenté une seule fois de lancer un sort ? Pourquoi n'y a-t-il pas de magiciens hors d'Angleterre (à cette époque ou dans le passé d'ailleurs) ? Pourquoi prétend-t-on pendant une bonne partie du récit que Strange et Norrell ne sont pas capables de réaliser tel ou tel sort censé être trop difficile alors que Strange téléporte carrément une ville sur un autre continent ? ...

Si l'autrice avait écrit JS&MN avec un autre parti-pris (sous forme de conte plutôt que de roman social par exemple) ces soucis de cohérences n'auraient pas posé problème mais, là, Clarke se sabote elle-même.

Les notes de bas de page

Comme beaucoup, j'ai été dérangé par les notes en bas de page mais pas forcément pour la même raison. Dans l'absolu, avoir une grosse partie d'une page mangée par des notes ne me dérange pas outre mesure. J'ai l'habitude de lire des livres d'histoire et comprend la démarche de l'autrice. Ce qui m'a dérangé c'est que, habituellement, une note de bas de page dans un roman sert à donner un complément d'information "réel" au lecteur, pas des informations sur l'univers. Or là on mélange allègrement les deux. N'étant absolument pas spécialiste du sujet, j'ignorais totalement si l"histoire de la magie relatée par Clarke se basait sur le folkore médiéval anglais ou s'il s'agissait de pures inventions de l'autrice. Peut-être avait-elle lu un jour un conte évoquant un John Uskglass et décidé de broder autour. Ce n'est visiblement pas le cas de la plupart des magiciens et histoires citées dans les notes en bas de page qui sont 100% fictifs mais ce n'était pas le cas de toutes. Parfois, ces notes servaient à donner un complément d'information sur un événement/personnage réel. Le fait de ne jamais savoir et de sentir le besoin, à chaque note (et il y a en a plus de 300 si je me souviens bien) de vérifier sur Internet s'il s'agissait d'une invention de l'autrice ou pas m'a rendu complètement dingue. J'ai arrêté de les lire vers la moitié du bouquin car ça commençait carrément à me mettre de mauvaise humeur.

Les notes de bas de page ne servent pas à ça, d'autant que Jonathan Strange & Mr Norrell n'a pas la prétention d'être un "livre réel" écrit par un personnage de l'univers fictif de Clarke. Il a été écrit par Clarke ce qui enlève tout intérêt "scientifique" à ces notes. Ou alors quelque chose m'a échappé.

Une troisième partie qui sauve le livre

Devant la qualité de l'écriture, j'aurais pu faire l'impasse sur les défauts cités ci-dessus si ce livre n'était pas aussi lent. Il n'y a pratiquement rien à sauver (en terme d'action) dans la première partie, la deuxième (avec les guerres napoléoniennes) était un peu plus dynamique mais trop exaspérante (voir mon avis sur la magie) et seule la troisième et dernière partie m'a un peu réconcilié avec JS&MN puisqu'elle abandonne toute prétention à suivre la grande Histoire pour enfin dérouler sa propre intrigue. Pas trop tôt...

Je n'ai guère éprouvé d'empathie pour les personnages (à part peut-être Stephen et Childermass) ce qui n'a pas aidé à supporter les passages "calmes". Il aura fallu la folie de Strange pour que je m'intéresse enfin à ses agissements et qu'il sorte papy Norrell de sa torpeur.

Conclusion

Quelle étrange expérience que ce Jonathan Strange & Mr Norrell. D'un côté j'en veux un peu à Clarke de ne pas avoir su condenser ce récit beaucoup trop lent mais, d'un autre, aller plus vite aurait probablement privé le livre de son principal intérêt (même s'il ne m'a pas touché) : la reconstitution fidèle de la société anglaise du début du XXe siècle. Susanna Clarke ne manque pas de talent et je comprends pourquoi ce livre a autant d'adeptes mais trop de ses aspects ont eu le don de m'énerver pour que j'en garde un souvenir positif malgré une troisième partie un peu meilleure.

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J'y ai pensé mais je ne tiens pas spécialement à me replonger dans cet univers pour le moment. Peut-être l'an prochain quand je lirai le reste de la production de Clarke.

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Et le jeu semble être sorti en anglais. J'avais pas vu que c'était Ian O'Toole à l'illustration/graphisme. C'est un des grands noms de la conception graphique du moment sur les jeux de société, il bosse notamment pas mal avec Vital Lacerda.