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Merci Mathias.Depuis le début de ce fil, et à part "Machin qui vit de ses bouquins fantasy vend aussi de la confiture de crottes de nez, quand il n'écrit pas une resucée - excusez-moi - du Kama Soutra version gelée anglaise", on n'a rien sur la grande - voire l'immense - majorité des auteurs (de fantasy, tiens, disons) qui remplissent leur frigo et paient la location des murs autour avec un autre boulot.Ptêt que ce serait intéressant de l'apprendre, non ?Ou bien je me suis encore planté de sujet ?

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L'immense majorité des auteurs publiés - et pas seulement les auteurs de fantasy - ne sont pas écrivains professionnels à plein temps. C'est vrai que c'est intéressant de le rappeler. Personnellement, je ne sais pas si c'est une bonne ou une mauvaise chose.

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Personnellement ça m'a toujours sidéré parce que par leur travail, ils font vivre toute une industrie qui ne serait rien sans eux, avec plein d'emplois à temps plein et tout, et pourtant eux n'en vivent pas. c'est dingue.

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"Pleins d'emplois à temps plein", je ne suis pas un expert du monde de l'édition, mais je connais une ou deux "petites" maisons d'éditions, ça fonctionne quand même en effectif relativement réduit.

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Sujet intéressant :) Sans balancer de manière nominale pour respecter la vie privée et professionnelles des uns et des autres, parmi les écrivains francophones de SFFF je sais qu'on trouve:* Beaucoup d'écrivains qui complètent leurs activités par la traduction et/ou l'écriture de commande ou de scénarii * Quelques multiclassés auteurs/éditeurs* Des profs (de français principalement)* J'en connais au moins deux qui travaillent pour de grandes compagnies de transport* Un qui bosse pour une compagnie de production d'énergie* Quelques uns (rares) qui ne font que ça* Et pour ma part, je travaille comme biologiste dans un zoo (et un autre camarade a fait pareil dans une vie antérieure)En espérant que ce florilège présente un quelconque intérêt... ;)

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mamath1234 a écrit :"Pleins d'emplois à temps plein", je ne suis pas un expert du monde de l'édition, mais je connais une ou deux "petites" maisons d'éditions, ça fonctionne quand même en effectif relativement réduit.
Je parle aussi des imprimeurs, libraires, livreurs, marketeux, etc... C'est tout un univers qui fait vivre pas mal de gens. Pas forcément de tout petits éditeurs, mais les éditeurs ont en général des employés payés et embauchent des prestataires payés, tout ce petit monde vit des écrits des auteurs qui, eux, n'en vivent pas complètement. C'est ça qu'est bizarre.Après les "petits éditeurs", je connais pas vraiment dans la littérature générale, mais en jeunesse et BD j'en ai vu pas mal de bien scandaleux avec leurs auteurs, c'est pas tous des amoureux de l'artiste non plus. Mais je généralise pas, y'en a aussi qui font leur boulot avec passion et essaye de pas se foutre de la gueule de leurs auteurs, c'est une affaire de compromis et d’honnêteté.

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Yep, y'a aussi des éditeurs qui n'en vivent pas dans les petites maisons d'édition, mais au niveau des auteurs, c'est beaucoup plus répandu, et même dans les grandes maisons...

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Effectivement, le monde du livre est un modèle économique des plus curieux.Très peu de livres se vendent à des chiffres importants. Je crois qu'en fantasy, un "succès" correspond à 1000 ventes environ (bien sûr, ça dépend de la notoriété de l'auteur, de la maison, etc. Si Abercrombie fait 1000, c'est la cata, si un auteur inconnu d'une micro-maison fait 800 c'est super). Bref, si on compte environ 2€ de droit d'auteur par exemplaire vendu, multiplié par 1000, on arrive à 2000€. Quand pour écrire un livre, il faut au moins 6 mois d'équivalent temps plein. Ce qui fait 300€/mois, la moitié du RSA...Et ça, bien sûr, c'est quand tu as réussi à te faire publier (pas évident) et que tu en as vendu 1000 !Si tu regardes le chiffre d'affaire global, ce n'est pas énorme. Or ce livre, il faut bien le produire, l'acheminer jusqu'aux librairies dans des camions, le vendre dans des librairies, etc, et tous les maillons de la chaine ne sont pas d'accord pour faire leur job gratos ou presque (faire de la manutention de livres n'est pas vraiment une vocation).En résumé, il n'y a qu'un maillon de la chaine qui accepte de bosser pour pas grand-chose, parce qu'il a la foi et la vocation, c'est l'auteur. Lui sans qui le livre n'existe pas !Dans les petites maisons, il y a aussi des gens qui ont la foi et travaillent bénévolement ou presque, je précise. Et dans les maisons plus importantes, il ne faut pas croire non plus qu'ils roulent sur l'or.C'est sur que quand je vois les subventions accordées au cinéma, au spectacle vivant, comparé à ce qui fait dans la littérature, au pays de Proust, Stendhal et Molière, j'avoue que je ne comprends pas. Mais... c'est ainsi.

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Oui, le livre, c'est un peu comme si dans l'agriculture, tout le monde était rétribué régulièrement sauf... l'agriculteur, parce qu'on le suppose amoureux de la terre et du travail bien fait et qu'il n'a pas vraiment besoin d'en faire un vrai métier... Cela dit, je n'ai pas d'autre modèle à proposer. Et on peut aussi estimer qu'un écrivain qui n'a pas que l'écriture dans la vie va pouvoir nourrir sa plume de ses expériences diverses.

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Mangesonge a écrit :Oui, le livre, c'est un peu comme si dans l'agriculture, tout le monde était rétribué régulièrement sauf... l'agriculteur, parce qu'on le suppose amoureux de la terre et du travail bien fait et qu'il n'a pas vraiment besoin d'en faire un vrai métier...
C'est exactement ça !

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Mangesonge a écrit :Oui, le livre, c'est un peu comme si dans l'agriculture, tout le monde était rétribué régulièrement sauf... l'agriculteur, parce qu'on le suppose amoureux de la terre et du travail bien fait et qu'il n'a pas vraiment besoin d'en faire un vrai métier... Cela dit, je n'ai pas d'autre modèle à proposer. Et on peut aussi estimer qu'un écrivain qui n'a pas que l'écriture dans la vie va pouvoir nourrir sa plume de ses expériences diverses.
Pour le coup t'a quand même un paquet d'agriculteurs qui galèrent à avoir un revenu décent même en intégrant les aides.

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Et on peut aussi estimer qu'un écrivain qui n'a pas que l'écriture dans la vie va pouvoir nourrir sa plume de ses expériences diverses.
Certes. L'Instinct du Troll de JC Dunyach est par exemple inspiré de son travail, la nouvelle de Lionel Davoust dans le recueil Trolls et Licornes est inspirée de son expérience en institution zoologique, etc. Mais si l'expérience entre bien en ligne de compte pour l'inspiration, le travail n'est pas un passage obligé : un écrivain qui n'a jamais travaillé dans un autre secteur que les métiers du livre pourra très bien tirer de l'originalité de fond ou de forme dans ses différentes passions, activités, voyages, etc. En plus ça me fait un peu tiquer, comme s'il était normal que l'écrivain doive accepter de partager son temps avec d'autres activités professionnelles parce que de toute façon, ça lui fera de l'expérience et il en écrira d'autant mieux. Je ne pense pas qu'il soit forcément négatif pour la qualité de l'écriture de travailler à côté dans un domaine proche ou lointain du monde du livre: au contraire, on peut effectivement y gagner certaines expériences nourrissant l'inspiration, et/ou assouvir d'autres besoins importants (ne serait-ce que sociaux, écrivain c'est solitaire, bosser avec des collègues avec qui discuter/échanger/débattre ne l'est pas). Mais je pense que ce devrait être un choix éclairé, pas une obligation "parce que sinon t'as rien à bouffer huhu".

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Ce n'est pas à proprement parler une obligation, il s'agit juste d'un choix où les deux possibilités sont insatisfaisantes: l'auteur peut soit partager son temps entre écriture et travail alimentaire, soit vivre une existence de dénuement, sans famille ni grand luxe, mais en toute liberté - une vie de compromis ou une vie monacale. Ça semble terrible quand je le décris comme ça mais jusqu'à un certain point, c'est le choix qui s'offre à chacun de nous, en tout cas dans toutes sortes de milieux professionnels différents.

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Maintenant, comme je le disais, il n'y a pas d'injustice, on vend peu, on touche peu, c'est "normal".Le hic, pour moi, c'est que les autorités culturelles font l'autruche, parce que des bouquins sortent. Sauf qui si tous les auteurs qui ne mangent pas de leurs écrits s'arrêtaient, il n'y aurait plus beaucoup de nouveautés sur les rayons.Disons qu'il y aurait une moins injuste répartition à faire entre les différents arts...

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Oui, c'est sûr. Mais je ne suis pas certain d'être emballé non plus par l'idée d'une littérature financée par l'Etat. Je ne sais pas, aucune des options ne me semble idéale.

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Eh bien désolé Ethan, à la base, le sujet concerne bien le fait que Machin joue dans un groupe de rock ou que Truc fait de sa propre bière à ses heures perdues. :) Evidemment, ça n'empêche pas de parler d'autre chose ! :)

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* Beaucoup d'écrivains qui complètent leurs activités par la traduction et/ou l'écriture de commande ou de scénarii * Quelques multiclassés auteurs/éditeurs* Des profs (de français principalement)* J'en connais au moins deux qui travaillent pour de grandes compagnies de transport* Un qui bosse pour une compagnie de production d'énergie* Quelques uns (rares) qui ne font que ça* Et pour ma part, je travaille comme biologiste dans un zoo (et un autre camarade a fait pareil dans une vie antérieure)
Pour ma part, pour compléter : je suis responsable qualité d'une association d'aide aux handicapés (et aussi auteur de jeux de rôle, mais ça rentre dans la case auteur).

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Mangesonge a écrit :Oui, c'est sûr. Mais je ne suis pas certain d'être emballé non plus par l'idée d'une littérature financée par l'Etat. Je ne sais pas, aucune des options ne me semble idéale.
Bah quand on voit les subventions que reçoivent les professionnels du spectacle, on peut trouver la situation assez injuste pour les auteurs... Pourquoi ces professions sont "professionnalisées" tandis que l'auteur est laissé à son "amateur éclairé qui a la vocation" ?

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Gillossen a écrit :Eh bien désolé Ethan, à la base, le sujet concerne bien le fait que Machin joue dans un groupe de rock ou que Truc fait de sa propre bière à ses heures perdues. :) Evidemment, ça n'empêche pas de parler d'autre chose ! :)
Aucun problème :-)Je souhaitais juste élargir le sujet. Et apparemment, ça marche.Mais c'est à vous qui dirigez le site de voir s'il faut dissocier les deux aspects du sujet.

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ça me rappelle une discussion lors d'un salon avec un auteur, qui se trouvait être prof de SVT comme moi... On a un peu parlé de son bouquin puis c'est parti en vrille sur une vraie discussion de prof :lol:En tout cas, c'est tout à fait vrai que ce n'est pas une situation normale de devoir à ce point avoir un job "alimentaire" lorsque l'on est écrivain !