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Je suis d'accord avec Fabien Lyraud. Mais bon c'est mon point de vue de lecteur. Car les écrivains (ici, dans les podcasts ou ailleurs) disent au final la même chose que Fabrice Colin.

Et, de mon point de vue lecteur, j'ai du mal à savoir si c'est juste la politique actuelle de l'industrie (en France ou à l'étranger), ou bien si c'est une "règle universelle" de tout temps.

Et à la limite, à monde et système de magie original, mais histoire ou personnages pauvres, n'y a-t-il pas possibilité de travailler justement avec l'éditeur pour trouver un moyen d'exploiter la "faiblesse" de l'aspirant auteur ?
Ou même faire des rapprochements, comme c'est le cas en BD, mangas et cie (parfois on rapproche un scénariste d'un dessinateur, voir même on peut rajouter une troisième personne pour les dialogues)

Dans le cinéma ou le monde de la bd/comic/manga, il y a de la place pour les oeuvres juste "belles" visuellement, et il y a aussi de la place pour les dessins aux graphismes "moche" ou particulier, mais à l'histoire puissante, ou aux personnages vraiment complexes et profonds. N'est-il pas possible d'avoir un équivalent en fantasy ?

En tout cas, même si j'apprécie les scénarios originaux, ou les histoires portées par les personnages, je trouve dommage de fermer les portes à ceux qui n'ont pas le talent dans ces domaines, mais qui pourtant sont des génies en world et magic building.

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Fabien Lyraud a écrit :En 2009 j'ai assisté à une table ronde où intervenait Fabrice Colin. Ce dernier avait fait partie un court moment du comité de lecture Bragelonne. Il racontait recevoir des romans qui possédait des univers très originaux mais des intrigues classiques. Et de conclure, tout ça pour ça. Comme si univers original devait correspondre à intrigue originale. Comme si l'on ne pouvait pas faire un roman de high fantasy dans un univers très éloigné des codes du medfan classique.
Je pense au contraire que ça peut être intéressant. Ne pas oublier qu'en fantasy à monde secondaire, le monde est le premier personnage et donne la coloration au récit.
Je pense qu'on peut partir sur les mêmes archétypes que la BCF mais les rendre tellement méconnaissables que ça donnera une œuvre intéressante.
J'attends l'auteur qui mêlera les influences de Dumas et de Vance pour faire une vraie fantasy made in France qui sorte un peu de l'ordinaire.

Une question sans ironie : que ne l'écris-tu toi-même ? Trop souvent je lis des propos d'éditeurs qui "attendent" tel ou tel type d'histoire. Au point que je me demande s'ils ont toujours envie de lire les manuscrits qu'ils reçoivent, tant ils paraissent vouloir façonner le paysage littéraire selon leurs désirs, à l'image des Moutons électriques qui ne reçoit plus de textes et semble fonctionner au moins en partie par commandes (avec des résultats, disons, variables).
Dans une certaine mesure, c'est indispensable pour un éditeur d'avoir sa propre approche de la littérature, c'est même ce qui fonde sa ligne éditoriale, mais il ne faut pas non plus se fermer à ce que les auteurs écrivent... sinon, il faut se faire auteur soi-même. Ou trouver quelqu'un à qui passer une commande, comme les Moutons.

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Le truc, c'est que le monde original peut façonner l'histoire classique au point de la rendre méconnaissable. Si les originalités du monde utilisé impliquent de changer certains codes, parviennent à guider la narration dans une direction inédite, etc. : alors même une intrigue assez bateau pourra acquérir le cachet nécessaire.

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Romain d'Huissier a écrit :Le truc, c'est que le monde original peut façonner l'histoire classique au point de la rendre méconnaissable. Si les originalités du monde utilisé impliquent de changer certains codes, parviennent à guider la narration dans une direction inédite, etc. : alors même une intrigue assez bateau pourra acquérir le cachet nécessaire.

Entièrement d'accord avec ça. C'est pour ça que la recherche de l'intrigue original, la destruction de tous les clichés. On en arrive au point où refuser les clichés devient un cliché. Un comble quelque part..
Ne pas oublier que l'univers du récit est en fantasy le premier personnage.

Une question sans ironie : que ne l'écris-tu toi-même ?

J'ai un manuscrit de fantasy qui se balade chez les éditeurs. Et curieusement il est dans l'optique décrite ici.