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De manière générale je trouve très réducteur de se focaliser sur le traitement de l'homosexualité dans les 9 noms du soleil. Cet aspect y est abordé de manière très secondaire par rapport à l'intrigue et aux thématiques principales du livre, et il ne m'a pas paru traité de manière particulièrement caricaturale. Il suffit d'ailleurs de lire d'autres livres de l'auteur pour s'apercevoir que ce sujet ne constitue pas son cheval de bataille et est traité à plusieurs reprises avec finesse.
Enfin parler même d'homosexualité pour la Grèce Antique constitue un anachronisme de la plus belle espèce. ;)

Sinon Anna je te rejoins sur l'aspect ennuyeux par moment du caractère de Xénophon dans sa quête du Bien en tant que kalos kagathos. C'est justifié par le déroulement de l'intrigue et le contexte culturel, mais par moment certaines de ses réactions/réflexions me faisaient tiquer.

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Je ne me focalise absolument pas sur l'homosexualité dans le livre de P. Cavalier. C'est un aspect parmi d'autres dans ma critique où j'ai aussi dit que j'appréciais nombre de choses dans l'ouvrage, mais Nakor m'a repris sur mes filtres idéologiques (en rapport avec ma critique de Damasio), notamment en ce qui concerne l'homosexualité, donc j'ai réagi, ce qui a mis en avant cet aspect de ma critique de façon artificielle. Je suis tout à fait d'accord que c'est un aspect mineur du livre, même s'il m'a dérangée étant donnée la période traitée. J'ai plus été gênée par le traitement des héroïnes féminines, pour tout dire. Et j'ai beaucoup apprécié les 200 premières pages du livre, je crois aussi l'avoir souligné.
Par contre je ne suis pas sûre de comprendre ta remarque clin d'oeil, tu peux préciser? L'anachronisme porte sur le choix du terme ou sur le fait lui-même, des relations entre hommes et/ou entre femmes dans la Grèce antique? Ma référence historique sur le sujet, c'est Une histoire des sexualités sous la direction de S. Steinberg aux PUF, elle te semble bonne ? Si j'emploie le terme "homoérotisme" comme le fait S.Boehringer dans son chapitre sur la Grèce antique, est-ce que cela te semble moins anachronique?
Je peux te citer par exemple ces passages :
"Le sexe du partenaire dans la relation sexuelle n'était pas (...) un critère suffisant permettant de définir ou de caractériser une relation érotique. Les hommes et les femmes antiques ne se reconnaissaient pas dans une identité hétérosexuelle ou homosexuelle. " (p.29) Ou plus loin : "il n'y avait pas d'acte sexuel qui fasse en soi l'objet d'un jugement moral définitif ou de sanction précise, comme cela a pu être le cas à certaines périodes de l'histoire dans le cas de la sodomie, parce que, dans l'Antiquité, cet acte sexuel était mis en lien avec la personne, avec son statut, et selon des critères sociaux." (p.30). Ou ce dernier passage (p.54) : "Le relation entre un homme citoyen et un futur citoyen, le pais, terme qui fait référence dans ce contexte à un adolescent, est une forme de relation qui se trouve attestée dans de nombreuses sources comme faisant l'objet d'une véritable reconnaissance, voire d'un soutien de la part de la communauté. Les poèmes érotiques mentionnant de beaux jeunes gens, objets d'attention, sont nombreux. Les images représentant les amants, habillés ou nus, dans des scènes de séduction, avec échanges de cadeaux variés, parfois assez proches de scènes de séduction entre un homme et une femme, nous sont parvenues en grand nombre (...)."

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Pour ceux que ça intéresse, le prochain roman de Philippe Cavalier, toujours de l'historique, sort en mars et s'intitule Le Parlement des instincts :

1582, grand-duché de Toscane. Ilario d’Orcia apparaît sur la scène du monde. Par la plus petite porte, et en en conservant les proportions, puisque sa taille ne dépassera jamais celle d’un enfant. Mais si son corps est nain, son intelligence est vive et son appétit de savoir impérieux.

Moinillon, peintre, ermite, médecin ou prophète, Ilario parcourt une Europe où se flétrissent les espérances d’une Renaissance désormais moribonde. De Venise à Rome et de Malte à Prague, c’est l’avènement du Baroque, un âge d'ambitions, de découvertes et d’excès. C'est le temps de Kepler, Faust et Caravage, une parenthèse sensuelle et dangereuse où tous les futurs sont possibles au point qu’un homme contrefait peut se rêver doge de la plus belle cité qui fût jamais.

Voyage gigantesque et frénétique accompli par un tout petit homme, Le Parlement des Instincts est une épopée fabuleusement généreuse et inventive, une expérience de lecture colossalement immorale, dont les férocités joyeuses exaltent le souffle du langage, la force du rire et la souveraine puissance des Arts.

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Oh, c'est intéressant :)
Ce Siècle des Chimères me tente beaucoup.

Ce qui me rappelle que j'ai toujours Les Neufs Noms du Soleil en attente, sagement dans ma bibli. Il serait peut être temps de le sortir :P
"Libre à vous d'aller lire autre chose de plus franc du collier" La Cité de soie et d'Acier, de Mike, Louise et Linda Carey

"Nous sommes faits de l'étoffe dont sont tissés les vents" La Horde du contrevent, Alain Damasio

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J'avais pas été plus emballé que ça par Les Ogres du Gange. Je m'attendais à une plongée étouffante dans l'Inde des années 30 mais j'ai pas retrouvé le sens de l'atmosphère des Neuf Noms du Soleil.

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Une bonne initiative, je vais pouvoir remplacer mes poches ! Je peux comprendre que le passage des 9 noms aux Ogres du Gange ne lui soit pas trop favorable, étant donné le temps écoulé entre les deux publications. Mais il faut vraiment lire la suite de la tétralogie, le premier n'est qu'un aperçu, j'ai largement préféré la suite, et surtout le tome 2. Vivement vendredi pour ce Parlement des instincts :D

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Le papier est un peu plus épais quand même, et la maquette bien belle, c'est appréciable. Les premières pages sont brillantes, quelle plume ! De très belles heures de lecture en perspective ;-)

Re: Critique ! [Les 9 noms du soleil - Philippe Cavalier]

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Lecture terminée et elle confirme tout le bien que je pense de l'auteur, il ne cesse de s'améliorer à chaque ouvrage, ne serait-ce que dans cette langue merveilleuse et contrastant avec le production ordinaire. Le voyage est à la fois merveilleux, drôle, très édifiant sans virer au pédant, et les réflexions éparses bienvenues (d'autant qu'elles viennent d'un narrateur aussi (na)insolite). Philippe Cavalier mêle à son récit une culture artistique et historique qui lui font gagner en consistance, assurant un dépaysement nourrissant et la sensibilité et l'intellect. Il sera certainement un peu dense pour qui est coutumier d'un roman efficace ou cherchant la seule distraction, en revanche il ne pourra que ravir les lecteurs chevronnés et goutant une langue riche. Le seul bémol, assez subjectif, tient au choix de dernier quart du livre plus déstabilisant mais encore intéressant et stimulant.