Re: Procrastination, saison 7 !

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Sylvadoc a écrit : lun. 15 mai 2023 08:01 Nouvel épisode en ligne ! Ecrire sans ordinateur

:arrow: http://www.elbakin.net/fantasy/news/Emi ... ordinateur
Alors que je m'organise pour une petite séance de rattrapage des épisodes, je voulais revenir sur celui-ci, très intéressant, avec plein de nouvelles techniques/idées à essayer. Comme Tybalt, la technique des symboles m’intrigue ! :lol: J'avais déjà entendu parler d'écrire tout le texte en blanc et de le passer en noir une fois fait, mais si on a déjà peur de la page blanche, pas sûre que ça aide ! Donc les symboles, pourquoi pas ? :D
« Le Seigneur Ogion est un grand mage. Il te fait beaucoup d’honneur en te formant. Mais demande-toi, mon enfant, si tout ce qu’il t’a enseigné ne se résume pas finalement à écouter ton cœur. » - Tehanu, Ursula K Le Guin

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Re: Procrastination, saison 7 !

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Je me permets de poster à nouveau suite à l'écoute de plusieurs épisodes. J'ai notamment beaucoup aimé "Faire original", "L'autocensure" ou encore "Organiser ses notes d'écriture" qui ont couvert des thèmes qui me parlent beaucoup et m'intéressent. C'est surtout une vraie mine d'or pour découvrir de nouvelles façons d'écrire/de penser/de travailler et n'ayant pas encore trouver ma méthode à moi, ça me permet d'envisager de nouvelles choses pour trouver ce qui pourrait me convenir ! :)

Aussi, le dernier épisode en date était très intéressant, même si je ne me sens pas concernée par tout le côté "attentes des maisons d'éditions". En tout cas, je vous rejoins sur le fait d'écrire dans le genre que l'on aime, sincèrement, plutôt que de suivre un courant qui peut changer trop vite et de façons imprévisibles !
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Re: Procrastination, saison 7 !

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Épisode très intéressant (comme les autres !), j'avoue qu'il m'a conforté dans ma décision de ne pas me lancer vers l'édition pour le moment. Je me retrouve beaucoup dans ce que dit Mélanie Fazi, je n'ai pas une grande production d'écrits et je ne me vois pas faire cela à temps plein. En tout cas, c'est vraiment chouette d'entendre trois auteurs aux parcours différents discuter de ce thème-là, ça permet d'avoir les faits, la réalité de l'édition et de savoir si ça nous convient ou pas. Surtout en ce qui concerne les "à côté" de l'écriture même, qui ne sont pas clairement pas ma tasse de thé (promotion, salon, défendre son roman aux éditeurs, etc.) Donc merci ! :)
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Je confirme : une excellente émission que j’ai réécoutée. Moi non plus, je n’envisage pas de faire une carrière longue avec quelqu’un qui me rappellerait continuellement que je dois lui sortir un livre tous les ans. Ça, je n’en serais pas capable ; je ne suis pas assez productif et je ne me sens à l’aise pour travailler que sur des projets que je juge originaux.

J’ai donc noté quelques conseils qui vont dans le sens de ce que je pensais : ne travailler que ce qui fait réellement plaisir pour ne pas s’épuiser, ne pas chercher à suivre une mode qui risque d’être dépassée, ne pas croire qu’on peut vivre de sa plume, même si un titre se vend "bien", ne rien lâcher dans une économie qui ne favorise pas les auteurs…

Après, beaucoup de gens travaillent sur deux ou trois projets plus ou moins développés pouvant devenir des livres. Si ces deux ou trois-là sortent, la question d’une carrière peut se reposer alors et tout ce qui va avec : les salons, les réseaux, les interventions. Pourquoi pas ? Ça peut être cool aussi. ;)

Le problème, c’est de sortir ce fameux premier roman. Je veux bien vous croire quand vous dites que ce n’était pas évident il y a une dizaine d’années. Mais entre-temps, il y a eu le Covid et l’explosion des soumissions chez les éditeurs. Ceux de SFFF n’ont pas été épargnés. Des chiffres en deux mille vingt-trois ? Cinq cent vingt-quatre soumissions chez l’un, cinq cent cinquante chez un autre et mille quarante et un chez un troisième ! Il y a fort à parier que ce sont les mêmes textes Covid qui tournent. À tel point que quatre autres maisons importantes ont fermé leurs soumissions (l’une d’elles s’engage quand même à lire ce qu’elle a reçu — affaire à suivre, donc), tandis que pour les autres, ça a été vidage sans appel de la boîte de réception. Or, il n’y a pas tant que cela de grosses maisons et les petits éditeurs se montrent très frileux eux aussi. La nouvelle mode maintenant, ce sont des appels très ciblés comme celui d’un important éditeur qui a dû en décevoir beaucoup : telles thématiques, telle taille maxi, tel type de personnages même, etc.

Bref, c’est devenu un sacré parcours du combattant et la fameuse "rencontre auteur — éditeur" est tout autant improbable que trouver les bons chiffres à l’EuroMillions (même pour un texte sincère). Il faut malgré tout garder espoir. Et vos conseils dans un petit coin de la tête. :)

Re: Procrastination, saison 7 !

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Tous les ans, à cette époque, j'ai toujours la crainte que vous annonciez le clap de fin de procrastination. :pleure:
Eh non ! Ça repart pour un an. :D Je sais bien qu'il n'y aura sans doute pas de saison 56, on verra bien... :sifflote:

Je ne vais pas dire non plus que j'ai hâte d'être au 15 septembre, parce que l’été c'est chouette. Alors je souhaite un bon repos mérité à toute l'équipe et je vous dis merci, encore une fois.

Re: Procrastination, saison 7 !

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Kik a écrit : sam. 1 juil. 2023 18:49 Tous les ans, à cette époque, j'ai toujours la crainte que vous annonciez le clap de fin de procrastination. :pleure:
Eh non ! Ça repart pour un an. :D Je sais bien qu'il n'y aura sans doute pas de saison 56, on verra bien... :sifflote:
Non non, vous ne vous débarrasserez pas si facilement de nous ! B)
Kik a écrit : sam. 1 juil. 2023 18:49Je ne vais pas dire non plus que j'ai hâte d'être au 15 septembre, parce que l’été c'est chouette. Alors je souhaite un bon repos mérité à toute l'équipe et je vous dis merci, encore une fois.
Merci beaucoup ! Et merci de nous avoir suivi·es cette année encore !

Re: Procrastination, saison 7 !

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Je voudrais juste réagir en retard sur la s8 de Got épisode 3 la charge des dothrakis. Tout le monde a dit que charger à ce moment là n'avait aucun sens mais :

1- absolument personne ne donne l'ordre de charger. Aucun chef de guerre. Ni Daenerys (qui n'est pas présente) ni Jorah.

2- Les lames enflammées n'étaient pas prévues. Mélisandre arrive et personne ne s'attendait à la voir. Jorah est méfiant. Quand elle lui demande qu'ils lèvent tous leurs lames, ils sont dubitatifs. Et c'est de voir les flammes (et la magie) sur leurs épées, avec eux, qui les excitent et les font charger sans qu'aucun son de cor n'ait retentit.

3- Il y a évidemment aussi une question de budget dans certains choix artistiques mais le fait qu'il fasse nuit renforce la peur que ressentent les personnages face à l'inconnu (je rappelle que la majorité d'entre eux n'ont jamais vus un mort vivant, et surtout les Dothrakis). Ils n'ont peur de rien, n'ont jamais vu l'armée des morts, ils en confiance en eux et en leurs larmes, puis chargent bêtement. Voir les flammes s'estomper au loin, c'était plaisant, joli (la forme comme autant que le fond pour moi) et ce plan raconte quelque chose justement : si le peuple le plus fier et le plus fort de tous le temps se fait défoncer en deux secondes dans les ténèbres de la nuit, alors comment tiendrons les autres ? La peur et l'incompréhension se lisent dans leurs regards à tous. Cet épisode (et en particulier ce moment précis) est cauchemardesque. Je le trouve tout bonnement très réussit.

4- Les dothrakis ont toujours été décrits comme fiers, trop fiers et ne sont pas réputés fins stratèges.

5- Pour ceux qui critiquent le stratégie de la bataille : je ne vois pas ce qu'ils auraient pu faire de mieux. Un siège total aurait foiré, Winterfell étant trop petit et cloisonné, les morts seraient entrés facilement dedans. Là, ils sont quasi tous dehors pour justement les retenir aux maximum à l'extérieur des murs. Sans cette bataille extérieure, les morts seraient entrés dès le départ et ça aurait été foutu pour tout le monde. Le but était justement de retarder leur entrée au maximum puis d'attirer le roi de la nuit. La stratégie n'est ni bonne ni mauvaise: elle est juste la seule possible pour le but qu'ils s'étaient donnés.

Re: Procrastination, saison 7 !

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Kik a écrit : lun. 19 juin 2023 17:04Le problème, c’est de sortir ce fameux premier roman. Je veux bien vous croire quand vous dites que ce n’était pas évident il y a une dizaine d’années. Mais entre-temps, il y a eu le Covid et l’explosion des soumissions chez les éditeurs. Ceux de SFFF n’ont pas été épargnés. Des chiffres en deux mille vingt-trois ? Cinq cent vingt-quatre soumissions chez l’un, cinq cent cinquante chez un autre et mille quarante et un chez un troisième ! Il y a fort à parier que ce sont les mêmes textes Covid qui tournent. À tel point que quatre autres maisons importantes ont fermé leurs soumissions (l’une d’elles s’engage quand même à lire ce qu’elle a reçu — affaire à suivre, donc), tandis que pour les autres, ça a été vidage sans appel de la boîte de réception. Or, il n’y a pas tant que cela de grosses maisons et les petits éditeurs se montrent très frileux eux aussi. La nouvelle mode maintenant, ce sont des appels très ciblés comme celui d’un important éditeur qui a dû en décevoir beaucoup : telles thématiques, telle taille maxi, tel type de personnages même, etc.

Bref, c’est devenu un sacré parcours du combattant et la fameuse "rencontre auteur — éditeur" est tout autant improbable que trouver les bons chiffres à l’EuroMillions (même pour un texte sincère). Il faut malgré tout garder espoir. Et vos conseils dans un petit coin de la tête. :)
Je te rejoins entièrement là-dessus. Depuis un an, ma veille éditoriale en matière d'imaginaire n'est pas loin d'être catastrophique. Nombre d'éditeurs de l'imaginaire importants ont fermé leurs appels. Certains ne les rouvrent que pour des durées très limitées (un mois, en général), et c'est la galère pour guetter la réouverture et ne pas la manquer. D'autres les rouvrent en les limitant à certains genres, ce que je peux comprendre (Mnémos veut de la SF par exemple). Mais quand ActuSF sort un appel à manuscrits qui est à la fois hyper limité dans le temps (un mois) et archi spécifique en termes de thèmes et de personnages attendus, je ne comprends pas du tout comment un auteur ou une autrice qui ne soit pas déjà professionnalisée peut avoir déjà un manuscrit sous le coude qui coche toutes ces cases, ou comment on est censés avoir humainement le temps de préparer un manuscrit qui réponde à l'appel. Autant dire clairement qu'ils ne prennent pas de soumissions spontanées et qu'ils veulent se contenter de bosser avec des auteurs et autrices pro déjà installés dont les noms font plus vendre : ça peut paraître timoré, mais, vu le contexte, je pourrais le comprendre, personne n'a envie de faire faillite (et cet éditeur a lancé assez de nouvelles plumes pour ne pas avoir à rougir).

Quand on travaille des mois dans son coin pour peaufiner un manuscrit, puis qu'on se retrouve devant ce paysage de désolation au moment de le soumettre, c'est assez alarmant. Bref, pour en revenir au podcast, ce serait intéressant d'interroger des éditeurs sur cette situation. (Et leur demander leurs idées sur les possibles perspectives d'amélioration à court ou moyen terme ?)

En tout cas, encore bravo pour cette saison passionnante, et bonnes vacances en attendant de vous retrouver pour la prochaine saison :)

EDIT : et encore plus important dans le contexte que je décris : quand on est tou*e seul-e devant son clavier dans son coin, ça fait toujours beaucoup de bien de vous écouter :)

Re: Procrastination, saison 7 !

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Gillossen a écrit : ven. 4 août 2023 12:27
tandis que pour les autres, ça a été vidage sans appel de la boîte de réception.
C'est avéré ça ou c'est une supposition ? Car je trouverais le procédé... :o

C’est avéré et totalement assumé par Bragelonne. Ils ont fermé leurs soumissions en fin d’année dernière et, quelques mois plus tard, je les ai relancés en demandant ce qu’il advenait des manuscrits soumis avant la fermeture. Bruno Lambert m’a répondu qu’aucun ne serait étudié et que cela ne signifiait pas qu’ils étaient refusés. Bragelonne rouvrira ponctuellement ses soumissions à la manière de ce qu’a fait ActuSF, c’est-à-dire des appels à textes ciblés. Si mon manuscrit peut s’inscrire dans un de ces appels à textes (ce qui m’étonnerait), alors je pourrai le soumettre une deuxième fois.

Pour Leha, on peut plutôt parler de malentendu. Pendant longtemps leur page de soumissions semblait active, ce qui fait que les gens continuaient à leur envoyer des projets. En fait, ce n’était pas le cas. Ils se sont donné un mal de chien à répondre à tout le monde que, oui, les soumissions étaient bien fermées ! Avant de modifier une bonne fois pour toute leur page.

Quant aux Moutons Électriques, c’est plus une supposition. Mais il suffit d’aller voir leur page dédiée aux soumissions sous l’intitulé « Manuscrits, etc. ». Le etc. veut tout dire... Et encore, il s’agit d’une version édulcorée de ce que l’on pouvait lire il y a six mois ! Or, ils avaient ouvert leurs soumissions pendant deux mois à peu près début 2022, période où j’ai réussi à me faufiler. J’ai profité d’un salon au printemps 2023 pour aller les relancer en live. Ils m’ont dit que les soumissions étaient fermées. Je leur ai redonné mes coordonnées, le titre du roman avec la date d’envoi (valide pour le coup). Je suis toujours sans nouvelles d’eux quatre mois plus tard. Et là, j’ai de fortes raisons de penser que tout est parti à la poubelle. Je ne les imagine pas me demander de renvoyer un manuscrit qui n’existe plus. Ils sont censés avoir un minimum d’organisation… :rolleyes:

Quant à l’éditeur qui s’engage à lire ce qu’il a reçu avant la fermeture des soumissions et à répondre à tout le monde, il s’agit de Critic. On verra bien s’il tient ses promesses. Sinon, je demande la plus grande fermeté de la part de l’équipe de Procrastination. :lol:
Tybalt a écrit :

Certains ne les rouvrent que pour des durées très limitées (un mois, en général), et c'est la galère pour guetter la réouverture et ne pas la manquer.

Un des moyens de ne pas manquer la réouverture des soumissions, c’est de s’inscrire à la newsletter des éditeurs. (Attention ! Tous ne la proposent pas.) C’est comme ça que j’ai su un peu en avance qu’ActuSF allait rouvrir et rechercherait, entre autres, un roman de fantasy adulte. J’y ai vu une belle opportunité jusqu’à ce que le verdict tombe : pas plus de 600 000 sec et rien de négociable. Je ne m’étendrai pas là-dessus, car ça déborderait du sujet, mais du coup, rideau !

La page Facebook des éditeurs permet aussi, en quelques clics, de surveiller leurs dernières actualités sans avoir besoin de se connecter.
Tybalt a écrit :Mais quand ActuSF sort un appel à manuscrits qui est à la fois hyper limité dans le temps (un mois) et archi spécifique en termes de thèmes et de personnages attendus, je ne comprends pas du tout comment un auteur ou une autrice qui ne soit pas déjà professionnalisée peut avoir déjà un manuscrit sous le coude qui coche toutes ces cases, ou comment on est censés avoir humainement le temps de préparer un manuscrit qui réponde à l'appel.
Pour suivre de loin ou de près quelques forums d’écriture, il y a des personnes que rien ne rebute et qui relèvent le défi d’écrire un roman en un mois ! N’est-ce pas le principe-même du Nano ? J’espère au moins qu’ils ou elles ont une idée de départ… :( Il y a également des gens qui recyclent auprès du même éditeur un projet déjà refusé en changeant le titre, le prologue et quelques passages par-ci par-là. Je ne reviens pas sur les ouvrages COVID qui tournent en boucle…

Ça explique en partie le grand nombre de soumissions et par ricochet les précautions que prennent les éditeurs.

C’est vrai, on en arrive à des situations ubuesques, voire inquiétantes. Pour l’instant, ça ne concerne que l’édition Young Adult (ou jeunesse) : J’ai vu un appel à textes qui demandait aux postulant(e)s de présenter leur projet via une vidéo de format Tik Tok. Qu’est-ce que ça veut dire ? Sinon que ce n’est plus le texte seul qui est évalué, mais l’ensemble auteur/autrice + texte. En bref, si cet ensemble n’est pas bankable (look, élocution, idées bien dans la norme, maîtrise du média), il n’y a qu’à passer son chemin. La discrimination se fera davantage sur l’image de l’auteur ou de l’autrice que sur la valeur littéraire du roman. Mais ça restera de la discrimination. À la discrétion de l’éditeur selon le reflet qu’il souhaite renvoyer de lui à un instant T…

Et pour qui ne maîtrise pas ces réseaux sociaux ou désire s’abstenir d’y paraître ? :rouge:

Ceci dit, bonne chance à toi pour tes soumissions.

C’est vrai que chaque épisode de Procrastination s’apparente au petit rayon de soleil qui réchauffe le cœur quand on se demande ce qu’on peut bien faire de plus. Les épisodes sur les coulisses de l’édition sont plutôt rares, mais à chaque fois éclairants.

Mais bon, c’est vraiment une chance de profiter de telles expertises sur bien des sujets liés à l’écriture. ;)

Re: Procrastination, saison 7 !

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C'est à dire que ma phrase n'est qu'un résumé de la réponse qui est plus nuancée. Bruno Lambert m'a l'air de quelqu'un de tout à fait sympathique (ça confirme ce que j'ai lu sur lui). :)

Le problème, c'est qu'il y a eu des changements (direction, orientations). Normal qu'il y ait une période de transition. Quant aux soumissions "ciblées", le procédé ne me choque pas, vu que je pense qu'il va se généraliser. C'est normal qu'ils fassent table rase de tout ce qu'ils avaient reçu s'ils veulent procéder autrement. Il devait y avoir un sacré paquet de manuscrits en attente. :blink:

Maintenant, lui, son rôle est de sélectionner des manuscrits et s'il n'a pas le feu vert pour ça, ça ne servirait à rien qu'il lise tout ce qui finalement ne sera pas retenu. J'espère qu'on lui a confié d'autres tâches, car ça va faire bientôt un an que les soumissions sont fermées chez Bragelonne.

C'est cela le plus inquiétant ; ça commence à faire long.

Re: Procrastination, saison 7 !

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Kik a écrit : lun. 7 août 2023 23:03Quant aux soumissions "ciblées", le procédé ne me choque pas, vu que je pense qu'il va se généraliser.
Tout dépend évidemment des conditions des différents appels, mais cela m'inquiéterait. Un éditeur doit aussi pouvoir se laisser surprendre par des manuscrits qu'il n'attendait pas et qui expriment la créativité des auteurs d'un pays. Il existe nombre de témoignages d'éditeurs surpris (en bien) par les thèmes ou les procédés adoptés par des manuscrits qui entraient dans leur ligne éditoriale mais qu'ils n'auraient pas pu attendre ou imaginer eux-mêmes.

Si tous les éditeurs commençaient à ne plus ouvrir d'appels à manuscrits que sur des thèmes très cadrés ("cette année on ne prend que des romans d'anticipation", "cette année on ne veut que de l'imaginaire asiatique avec des personnages principaux correspondant à tel profil"), un pan croissant de l'imaginaire spontané exprimé par les manuscrits se trouverait invisibilisé (et, non, l'auto-édition n'est pas la solution : elle n'a que très rarement la même couverture médiatique et un public aussi massif que les manuscrits qui passent par les circuits classiques). On vivrait dans un paysage d'anthologies thématiques plutôt que de collections ouvertes aux surprises et aux coups de cœur inattendus. Et les auteurs seraient réduits de plus en plus au rôle de tâcherons occupés à répondre à des commandes. Ça a toujours été une partie de l'activité des artistes professionnels, mais jamais toute leur activité.

Les éditeurs sont très sympathiques, mais leurs choix en termes de collection ont un pouvoir d'influence énorme sur les catégories, les genres et les grands thèmes de la littérature. Comme je n'aime pas les déséquilibres de pouvoir, je tends déjà à penser qu'ils ont trop de pouvoir. On me dira qu'ils ont les mains liés par les chiffres de vente, censés refléter les goûts du public. Certes. Mais une collection ou un type d'œuvre qui n'est plus porté par les éditeurs, le public ne peut plus du tout l'acheter non plus, or il peut très bien se trouver une nouvelle plume quelque part qui voudra écrire ce type d'œuvre quand même, et qui réussira à faire quelque chose d'intéressant de nouveau. Et un paysage littéraire sain doit toujours aussi garder ouverte la possibilité de créer des œuvres qui sortent de ce cadre. Or plus les éditeurs allongent la liste des contraintes pour leurs appels à manuscrits, plus cette possibilité se réduit. Pour prendre un exemple, dans les années 2000, deux des premiers textes de fantasy que j'ai publiés dans une revue et dans un fanzine prenaient respectivement la forme d'une pièce de théâtre et d'un poème en vers . Actuellement, les appels à textes (qui autorisent l'envoi de poèmes se comptent sur les doigts d'une seule main, une main du capitaine Crochet, celle avec le crochet. (Et encore, il faudrait que je vérifie parce que je ne suis même pas certain qu'il reste un seul appel de ce type ouvert. Et je pense à un fanzine, pas à un éditeur...). Tout ça pour un genre qui a pourtant été refondé par Tolkien avec deux romans tellement bardés de poèmes en vers qu'on pourrait les appeler des prosimètres plutôt que de la prose. Alors oui, tous les genres littéraires évoluent, mais je ne peux pas m'empêcher de voir là une restriction et un appauvrissement des possibilités laissées aux auteurs qui veulent être publiés. Donc non, je n'ai aucune envie que tout le monde s'y mette, en tout cas pas avec des appels aussi restrictifs que ce que j'ai pu voir chez ActuSF.

Je reste tout de même prudemment optimiste, d'une part parce que le paysage éditorial de l'imaginaire en France reste très varié et que les éditeurs ne se comportent quand même pas tous pareil, et d'autre part parce que les milieux de l'imaginaire sont assez féconds en initiatives créatives pour qu'on puisse espérer voir émerger régulièrement de nouveaux éditeurs — même, voire surtout, de petites structures — plus disposées à prendre le risque de publier des textes expérimentaux.