Jolie couverture mais tellement neutre (et hors sujet) qu'elle pourrait aussi bien se rapporter à un tome de Twilight...

Acheté ce week-end

Mais moche couverture, qui ne correspond pas du tout à Tigane.

Résumé succinct évitant de lire la suite : achetez du Kay, distribuez en à vos amis, tant que le titre ne comporte le mot "tapisserie"


Cela commence à devenir une habitude. Si on oublie certaine tapisserie m'ayant longtemps dissuadé de poursuivre ma découverte de cet auteur, Guy Gavriel Kay possède décidément une plume qui a le don de m'entrainer dès les premiers paragraphes. La mélancolie, la poésie qui se détachent de ses mots, dès les premières scènes, ne laissent, quelque soit le lieu choisi, du cirque de Sarance aux confins de l'Arbonne, pas le moindre doute : c'est un bien un nouveau Kay que j'ouvre, joie des retrouvailles garantissant une lecture qui sait m'émouvoir.
Tigane... ici l'historien est en terre étrangère, loin d'Al-Rassan, et le lecteur découvre avec ravissement une galerie de personnages bien trempés. Tigane... terre riche une nouvelle fois en beaux portraits de femmes. Tigane... contrée où la magie s'avère plus présente qu'en d'autres lieux dépeints par l'auteur mais où la fantasy n'en garde pas moins sa subtilité, sans les effets pyrotechniques nuisant parfois à certaines œuvres.
Un roman marquant, touchant, non dénué de quelques retournements que je n'avais pas su appréhender 

Spoiler:

Sandre au départ et... Valentin? Valentin? Un sort tellement logique vue la personnalité de Brandin mais un sort qui m'a laissé échapper un juron à la lecture.

, un livre où l'art, encore une fois, est magnifié dans ce qu'il a de plus simple.
Un livre à lire.

Haha je le veux ! Juste pour la référence Par contre je ne suis vraiment pas un fan du Chardonnay...

In 2016, a Spanish startup created a blue wine called Gïk, which was marketed as the world's first blue wine.
The product was removed from French shelves after only three days.

J'ai fini Tigane hier et contrairement aux Lions d'Al-Rassan, je suis un peu plus mitigé.
J'ai vraiment bien aimé mais quelques points m'ont dérangé :

Spoiler:

D'abord, le fait que le livre soit écrit comme une tragédie, avec destin inéluctable et poids du devoir, alors qu'au final tout finit un peu en pétard mouillé : Catriana n'est miraculeusement pas morte, Alessan s'aperçoit qu'il l'aime, personne ne meurt chez les gentils pendant la bataille finale (à part un perso très secondaire), aucun choix tragique n'est nécessaire pour remporter la victoire, etc. Tout le monde finit d'ailleurs en couple, youpi happy end.

Vu le ton global, ce choix est franchement dommage, je trouve. Il n'y a que la concubine de Brandin qui finit mal, et encore c'est son propre choix.

L'autre point que j'ai trouvé dommage, c'est qu'il y a pas mal d'apartés au cours du livre. Certes, certains trouvent un sens nouveau plus loin et s'avèrent avoir une relative importance mais dans l'ensemble, cela casse le rythme et j'ai décroché une ou deux fois à ma grande surprise alors que je pensais adorer et le dévorer en quelques jours.
Contrairement aux Lions où seuls les 70 premières pages étaient indigestes, ici pas mal de passages ne semblent pas particulièrement utiles ou forcément intéressants

Spoiler:

(la mère d'Alessan ? le début avec le poète ? etc)

En dehors de ça, j'ai quand même bien apprécié la lecture même si je ne peux clairement pas le mettre au même niveau que les Lions, que j'ai adoré. La fin en particulier était douce amère, touchante et terriblement juste ; beaucoup plus réussie que Tigane à mon sens.

A la réflexion, je me dis que, quelque part, Tigane est l'opposé des Lions : dans ce dernier, les personnages sont "aux commandes" de leur destin, malgré quelques (mauvaises) surprises par ci par là :-D.

Tigane serait davantage un roman sur l'hybris et ses conséquences

Spoiler:

(surtout dans le cas de Brandin, bien sûr, mais pas que

), sur la folie de croire que l'on peut façonner son propre destin. Il me semble qu'à chaque fois qu'un personnage s'imagine qu'il sait ce qu'il va faire de sa vie, celle-ci bifurque de façon plus ou moins drastique, plus ou moins rapide.

Spoiler:

Pense à Devin et à sa carrière de chanteur qui tourne court juste après un succès énorme, pense au duc "mort" Sandre d'Astibar, et à ses plans, pense à Dianora tombant amoureuse de Brandin... Et la fin ! "Trois hommes voient une risalka"... alors que l'auteur a pris soin de nous exposer les projets de chacun !

Spoiler:

De mon côté, j'ai ressenti la toute fin avec la risalka comme un clin d'oeil, une anecdote. Oui, quelqu'un va mourir mais on ne sait pas quand ni qui, et ça n'intéresse pas vraiment l'auteur qui conclut quand même sur un sacré happy end. Tout le monde est heureux, tout le monde finit en couple. Et pour le futur mort, on devine assez aisément que Sandre est probablement concerné, lui qui est déjà allé au-delà de l'espérance de vie qu'il espérait. Donc ça n'a rien non plus d'une tragédie eut égard à son âge.

Egalement, ok, Alessan n'a peut-être pas trop envie de gouverner mais pour quelqu'un qui a passé 20 ans de sa vie à ourdir un complot contre deux monstrueux magiciens, il s'en tire comme une fleur. En couple, tous ses amis en vie, heureux. Et on a vu pire comme poste, surtout pour quelqu'un qui a l'habitude de tutoyer les puissants.

Valentin également est anecdotique. Peu évoqué, peu présent dans le récit. Oui, sa fin est intéressante mais vu qu'on a très peu pu s'attacher au personnage, sa mort n'a rien de fondamentalement grave, surtout vu son âge encore une fois. Et surtout vu que tout le monde le considérait comme mort. Un bon coup de théâtre que j'ai apprécié, mais un détail.

Du coup, non, je ne trouve pas que les vies au global soient tragiques (hormis Dianora), ou plutôt le final ne leur rend aucunement justice. Si au moins certains personnages étaient morts, cela aurait clairement laissé un goût plus amer à la victoire des héros. Et donné plus de poids aux choix qu'ils auraient dû faire / fait. Mais non, aucun dilemme cornélien (la base de la tragédie, pourtant - hormis Dianora encore une fois), peu de danger pour nos héros au final, tout passe comme une lettre à la poste. J'ai trouvé ça décevant et peu crédible. Ce n'est pas une tragédie bien que l'auteur s'évertue pendant tout le récit a appuyer fortement cet état de fait.

Le seul élément tragique donc, reste la relation Brandin et Dianora, que j'ai trouvé réussie. Mais malgré cela, j'ai trouvé Dianora bien trop passive et sa fin plutôt inutile, bien que logique. Ce point également aurait pu être plus réussi (tuer Valentin et s'apercevoir de qui elle vient de tuer, par exemple ? Il y avait sûrement mieux que la faire rester passive jusqu'au bout puis partir se noyer au fond de la mer).

Ca reste un bon livre que j'ai apprécié avec quelques scènes fortes (la fin de la première partie dans la cabane, énorme - l'assassinat commis par Catriana à la fin), mais j'ai trouvé que les points cités ci-dessus étaient décevants après - à mon goût - le quasi sans faute des Lions. Mais je vais continuer sur ma lancée avec les Kay et tester les autres publiés chez l'Atalante.

Je suis d'accord, Vlerius particulièrement mais Brandin aussi font de l'ombre aux personnages principaux (Dianora exclue ! )