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Witch Hunter - 1

Tome 1 du cycle : Witch Hunter
ISBN : 978-226624984-3
Catégorie : Aucune
Auteur/Autrice : Boecker Virginia

Elizabeth Grey, seize ans, est une redoutable chasseuse de sorciers. Mais un jour, elle-même est arrêtée pour sorcellerie ! En prison, elle reçoit la visite de Nicholas Perevil, qu’elle traque depuis toujours. Il lui propose un étrange marché : si elle parvient à déjouer la malédiction qui pèse sur lui, elle sera libérée. 
Au fil de ses macabres découvertes, tout ce qu’Elizabeth tenait pour évident est remis en question : le bien et le mal, les amis et les ennemis, l’amour et la haine… la vie et la mort !

Critique

Par Erkekjetter, le 20/12/2017

Nous sommes dans le royaume d’Anglia, très largement inspiré de l’Angleterre médiévale. Ici, la magie est interdite et condamnée, ceux qui sont soupçonnés de s’y adonner sont traqués. La peste a ravagé le pays quelques années auparavant, éliminant au passage le souverain alors au pouvoir et une bonne partie de la famille royale. Et la maladie est attribuée à l’ancien conseiller du monarque, le magicien Nicholas Perevil. C’est Malcolm, seul rescapé de sang royal, qui est désormais au pouvoir. Autant dire que depuis, la magie et ses praticiens n’ont pas exactement la cote.
Les premières pages s’ouvrent sur une scène d’exécution. Elizabeth se tient dans la foule, avec son collègue et ami Caleb. Puis ils s’élancent dans les rues pour aller faire leur travail : procéder à l’arrestation d’un groupe de nécromanciens. En tant que Chasseurs bien dressés, ils obéissent sans sourciller aux ordres de leur supérieur, l’ombrageux Blackwell, lui-même au service du roi Malcolm. Et ils nous offrent là un démarrage pour le moins dynamique, car les voilà opposés à cinq nécromanciens, qu’Elizabeth s’engage à neutraliser seule (et non, le troisième ne va pas vous surprendre). Alors même qu’elle accumule les bavures et les erreurs depuis quelques semaines, heureusement couverte par Caleb. Bien entendu, son intervention ne se passe pas sans complications, cette fois encore. Elle ira noyer sa déception dans les pintes servies à la taverne, au point d’en sortir passablement ivre, mais escortée par deux aimables messieurs. De retour au château, un garde vient la chercher et la conduit dans le bureau de Blackwell, dont elle ne sortira que pour rejoindre la prison, accusée de sorcellerie. Pour une poignée de plantes tombées de sa poche.
Voilà comment débute cette histoire. Elizabeth poireaute désormais dans une geôle, espérant que Caleb vienne la sortir de là. Caleb pour lequel elle nourrit un certain béguin, aussi appelé « merveilleux cliché de la fille amoureuse de son meilleur ami et condamnée à souffrir parce que ce n’est pas réciproque », prévisible dès les premières lignes du roman, littéralement. Manque de chance, le dit Caleb ne viendra pas à la rescousse, quelle surprise. A la place, c’est un vieil homme en robe rouge qui se présente pour la délivrer : Nicholas Perevil en personne. Et quelque part, on trouve déjà un travers présent tout au long de ce premier tome : l’héroïne semble toujours dépendre d’un homme, qu’elle soit sous sa protection ou à sa merci.
L’intrigue en elle-même n’est pas particulièrement bien ficelée et souffre de nombreuses maladresses et facilités. Elizabeth, notamment, reste cramponnée à ses convictions (la magie c’est le mal) quoi qu’il arrive, alors qu’elle-même a été condamnée à mort pour des broutilles magiques de type plantes abortives et qu’elle devrait donc se rendre compte par elle-même que ces mesure sont disproportionnées. Mais non, elle garde ses œillères taille XXL et elle continue de croire dur comme fer que c’est bien Perevil qui a causé la peste alors que tout porte à croire le contraire. Alors qu’on devrait le percevoir comme un supérieur dur et implacable, Blackwell se présente avec toutes les caractéristiques du grand méchant de dessin animé dès sa première apparition, et même lorsqu’il est simplement évoqué. L’auteure lui donne l’aspect caricatural du méchant tellement sombre et machiavélique que personne n’a rien remarqué de ses manigances, alors que le lecteur saisit très vite qu’il n’est pas le « super gentil » qu’on essaie de lui vendre. Et quand Elizabeth raconte son entraînement… non seulement il apparaît comme un monstre sans scrupules, mais il est également évident que ce fameux Blackwell pratique la magie qu’il a pourtant tout fait pour interdire. Qu’importe, les Chasseurs sous sa responsabilité ne se posent aucune question et acceptent tout de sa part, malgré ce qu’ils ont vu et subi : ils se contentent de faire leur travail, sans réfléchir.
Nous avons également droit à un joli florilège d’approximations assez risibles sur le moment : un personnage qui « se casse discrètement les deux pouces » pour sortir ses mains de menottes, un autre qui « saute du lit » une nuit après s’être mangé un coup d’épée dans le ventre (32 points de suture, hein, il ne s’agit pas d’une égratignure)… et ma petite préférée, une lame qualifiée de gigantesque car elle mesure « près d’un mètre », soit une taille certes impressionnante pour un couteau à huître mais tout à fait envisageable pour une épée (pour vous faire une idée, sachez qu’une épée à une main du Haut Moyen Age possède classiquement une lame avoisinant les 70-80 cm, et qu’on a retrouvé des lames mesurant entre 58 cm et 100 cm, une épée bâtarde sera dotée d’une lame de 85 à 110 cm, une rapière autour des 100 cm). Il est également question de « fracasser  son épée » sur quelqu’un ou quelque chose, curieuse expression (imputable, peut-être, à la traduction) pour parler d’abattre son arme. Résultat, les lecteurs taquins imagineront notre héroïne tenter de briser son arme en tapant quelqu’un…
Elizabeth, pourtant considérée comme « la meilleure Chasseuse », semble à mi-chemin entre la prétentieuse trop sûre d’elle et la gourde impulsive aux capacités de réflexion discutables. Nous sommes loin, en tout cas, de l’héroïne vive et débrouillarde : Caleb ne voit en elle qu’une enfant, elle est manipulée par Blackwell, au même titre que ses collègues chasseurs, et s’offre sans envie aux appétits du roi, parce qu’on ne refuse pas les avances très insistantes de son souverain (bonjour le message…). De plus, le scénario est prévisible et les événements semblent s’enchaîner de façon très artificielle : les péripéties apparaissent comme des passages obligés, des étapes qui permettent de déclencher la suite, comme si l’auteure avait construit son récit à partir d’une liste de check-points en remplissant les vides ensuite.
Tout n’est pourtant pas à jeter. Malgré les maladresses, on a bien une poignée de personnages sympathiques, notamment dans le petit groupe constitué autour de Nicholas Perevil, comme le pirate et son fils ou encore la caractérielle Fifer et son petit ami fantôme. La trame de l’histoire elle-même aurait pu donner lieu à quelque chose de plus abouti, de plus prenant, mais il aurait fallu affiner l’ensemble pour que le récit gagne en saveur et en profondeur. Et travailler plus avant le caractère et la psychologie des protagonistes pour les rendre plus consistants et atténuer cette impression que l’héroïne n’est qu’un objet qui passe de main en main et que chacun dirige ou utilise à sa guise (ordres au choix : va tuer, couche-toi là, va chercher ou va détruire)…
Ce premier tome se révèle finalement à l’image de sa couverture. L’un comme l’autre, ils font illusion de loin, mais apparaissent pour ce qu’ils sont dès que l’on se rapproche : un collage pas très réussi de divers éléments mal assortis. Une lecture décevante, qui n’incite pas à se pencher sur sa suite.

4.0/10

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