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Vivants
Titre VO: Warm Bodies
Catégorie : Aucune
Auteur/Autrice : Isaac Marion
R à une vie compliquée. Il n’a pas de nom, pas de souvenir ni de pouls. Mais il rêve.
R est un zombie et il est un peu différent.
Dans les ruines d’une ville à l’abandon, R rencontre une fille. Elle s’appelle Julie et elle est aux antipodes de ce qu’il connaît. Elle est vivante, palpitante. C’est un jaillissement de couleurs dans un camaïeu de gris. Sans vraiment savoir pourquoi, R choisit de ne pas la tuer. Et c’est le début d’une étrange relation, à la fois tendre et dangereuse.
Jamais cela n’était arrivé. R bafoue les règles des Vivants et des Morts et défie la logique, mais il ne peut plus se contenter d’une existence vouée à la mort.
Il veut respirer à nouveau, il veut vivre, et Julie va l’aider. Mais leur monde ne se laissera pas transformer sans combattre.
Critique
Par Asavar, le 19/11/2011
Le zombie a toujours connu des hauts et des bas. Lancé dans les années 30 et rendu célèbre par George Romero, la passion zombie a de temps à autre décliné sans jamais se tarir.
Et depuis quelques années, il est à nouveau en phase ascendante et nous le retrouvons partout, que ce soit en bande dessinée (Walking Dead, Sept survivants), au cinéma (Shaun of the Dead, Zombies), en romans (Zombie World) ou même dans les jeux vidéo (Dead Island).
Mais leur point commun est souvent l’évolution de l’état d’esprit des protagonistes pour survivre face à un phénomène qu’ils ne comprennent et ne maîtrisent pas. Et pour Vivants, Isaac Marion garde ce fait en tête.
La principale originalité de son roman est de placer l’évolution de l’état d’esprit de l’autre coté, à savoir, des zombies. Nous suivons donc R, un zombie parmi tant d’autres qui, entre deux chasses aux cerveaux se contente de rester la majorité du temps immobile jusqu’à ce que la faim revienne. Un zombie qui pense beaucoup mais n’arrive pas à formuler ses pensées autrement qu’en mots monosyllabiques ou en grognements lugubres. Ce point de vue original donne un début assez humoristique et on se retrouve à suivre R sans remarquer les pages qui défilent. Celui-ci nous explique comment se déroule la vie quotidienne des zombies et leurs tentatives de recréer une société n’est pas sans rappeler Land of the Dead de Romero. Dès le début du roman, nous pouvons sentir que quelque chose se prépare et que les zombies ne sont pas tout à fait les mêmes que d’habitude.
Cela s’explique par plusieurs points : la différenciation des zombies en deux catégories, les Charnus et les Osseux, représentation de l’évolution du virus sur un corps au fur et à mesure qu’il se décompose et le fait que des enfants zombies rient. De quoi déjà nous intriguer. Mais c’est bien sûr l’arrivée du personnage de Julie qui change tout.
En effet, R et ses potes zombies tombent sur un groupe de survivants lors d’une de leurs chasses. S’ensuit l’éternelle scène que tout le monde attend, à savoir une joyeuse mêlée où les zombies dévorent les humains et où ces derniers vendent chèrement leurs peaux à coup de balles dans la tête.
C’est là que le changement s’opère chez R. Après avoir dévoré le cerveau du meneur, une foule de souvenirs venant du propriétaire dudit cerveau assaillent notre héros. Et parmi ces derniers se trouve Julie, une fille faisant partie du groupe de survivants. Au lieu de la dévorer, il la recouvre de sang pour lui sauver la vie et décide de la ramener chez lui. Le fait qu’une vivante soit dans un territoire ou les morts marchent et sont affamés va provoquer des scènes assez drôles et les pages défileront sans jamais que le sourire ne nous quitte vraiment.
Isaac Marion a réussi un défi de haut vol. Faire une histoire de zombies en gardant certains codes et en en modifiant certains autres pour faire évoluer son personnage. L’histoire entre Julie et R est bien ficelée et l’évolution d’états d’esprit des deux personnages principaux suit son chemin sans que cela ne provoque de fausses notes, même si sans réelle surprise.
Mais les deux héros ne sont pas les seuls dignes d’intérêt dans ce roman, les personnages secondaires à la personnalité forte ajoutent de la profondeur à l’histoire et on ne peut s’empêcher de rire dès que M, pote zombie de R légèrement obsédé, entre en scène.
Le seul bémol qui vient ternir le tableau est sans aucun doute la fin qui se conclut en seulement quelques pages et se révèle légèrement bâclée. Une fin aux relents de happy end provoquant une fracture avec l’état d’esprit dans lequel nous a plongé le roman durant toute sa continuité. Étant donné le déroulement de l’histoire, on s’attendait à mieux et la conclusion un peu hâtive ne peut nous empêcher de penser à ces films d’actions qui voient le héros appuyer sur le gros bouton rouge et gagner la partie du même coup.
Le fait de rester sur notre faim empêche de façon certaine le roman d’Isaac Marion d’être un excellent livre. Il se contente dès lors de sa nature de roman original.
7.0/10
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