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Que passe l'hiver

ISBN : 978-291854158-5
Catégorie : Aucune
Auteur/Autrice : David Bry

11 avril 2019 :
Le roman est désormais disponible en poche chez l’éditeur Pocket

Stig vient d’avoir vingt ans, l’âge de porter une épée et de se rendre — enfin ! — sur le Wegg, l’étrange montagne où réside son souverain, le roi de la Clairière. Mais son premier solstice d’hiver ne se déroule pas comme il l’avait imaginé. À peine le jeune seigneur est-il arrivé que la mort répond aux augures néfastes et que les fils enchevêtrés du destin tissent un avenir que personne, ni homme ni dieu, semble pouvoir prédire. Menacé sans qu’il en comprenne la raison, Stig aura fort à faire pour découvrir ce qui se trame dans l’ombre des festivités, protéger ceux qu’il aime… et même survivre.

Critique

Par Erkekjetter, le 19/03/2018

Un fil du destin se brise, un autre se renforce.
La Clairière est un lieu singulier. A l’Est, le clan des Feyren, à l’Ouest, celui des Dewe. Le clan des Oren peuple le Nord, et les Lugen, le Sud. Chacun est détenteur d’un pouvoir spécifique, don du dieu Urian. Au centre de la Clairière se dresse le Wegg, imposante montagne où se rejoignent chaque année les chefs des quatre clans et leur suite, pour le solstice d’hiver. Durant plusieurs jours, ils festoient ensemble avant de renouveler leur serment au roi de la Clairière, un Ordrain, sorte de demi-dieu à la silhouette humaine et aux attributs animaux. Fils d’Urian et d’une magicienne humaine, Cudwich, l’actuel souverain, arbore ainsi de longs bois de cerf sur le front.
C’est la toute première fois que Stig, fils cadet d’Oswald Feyren, participe à cet important rassemblement dont il a rêvé mille fois et qu’il attendait avec impatience. Cette année, enfin, il peut accompagner son frère, son père et leur suite. Mais avant de partir, la devineresse du clan énonce un avertissement : les augures ne sont pas bons, pas bons du tout. De nombreuses ombres planent, de sombres menaces, que nul ne parvient à identifier réellement. Il se pourrait bien que ce solstice ne se déroule pas comme d’habitude. Et Anasie, la prophétesse, ne cesse de les mettre en garde sur le chemin qui doit les conduire au Wegg. Il semblerait bien que des évènements tragiques se préparent, mais lesquels ?La quatrième de couverture annonce : « À la croisée de l’ode initiatique et du huis-clos, Que passe l’hiver raconte le destin d’un jeune homme au pied bot et d’un roi aux longs bois de cerf, pris dans le maelström d’un monde qui se meurt, peut-être… » Et force est de constater que c’est en effet ce que l’on trouve dans ce nouveau roman de David Bry. 
Narré au présent, le récit baigne dans une certaine poésie, qui participe à installer une ambiance à la fois feutrée et teintée d’inquiétude. Le lecteur se tient aux côtés de Stig, partage ses réflexions et ses appréhensions, tente avec lui de démêler les fils du destin qui se tissent et se défont pendant ces quelques jours. Stig, qui n’a rien du héros parfait. Son pied bot le limite dans sa vitesse de déplacement, la précision de son pas, l’équilibre même de son allure. Danser ou combattre à l’épée ne sont point si faciles, dans ces conditions. Mais Stig sait observer, être attentif. Et plus encore, Stig est sensible et réceptif à tous les mystères de la Clairière, aux récits légendaires des bardes qui narrent l’origine de ce monde. Stig sait écouter, et regarder. Peut-être un peu plus que les autres.
Si l’ambiance fait beaucoup pour plonger le lecteur dans cet univers, le héros que David Bry nous propose ici participe aussi à l’immersion. On partage ses craintes, ses espoirs et il n’est guère difficile de se sentir proche ou touché par le jeune homme au pied bot, débordant d’humanité. Son attitude, ses relations familiales et amicales, ses ressentis, sa façon de trouver sa place dans le monde, sa sensibilité, tout cela converge pour lui donner une saveur toute particulière et contribue à le rendre attachant. On sait aussi que ce solstice constitue une étape dans la vie du jeune homme, qu’il le marquera à jamais, le changera en profondeur, et pas forcément de la façon dont il aurait pu l’espérer. Stig va quitter définitivement les rivages de l’enfance et d’une relative insouciance, mais à quel prix ?
Sur le plateau du Wegg, les participants aux festivités sont isolés. Autour d’eux, c’est une nature sauvage qui règne, avec ses charmes et ses dangers. Mais c’est au cœur de la salle commune des clans que le malheur va frapper et que les rouages du destin vont s’enclencher. Et quand la mort s’invite au rassemblement du solstice, Stig est parmi les rares à ne pas croire à un bête accident. Commence alors une sorte d’enquête, pour ces quelques-uns qui ne croient pas à la version officielle : compte tenu de la situation, les potentiels coupables ne sont pas si nombreux et la marge de manœuvre est plus que ténue. Les tensions se nouent, un sentiment d’urgence peu à peu s’impose. Un fil du destin se brise, un autre se renforce.
David Bry signe avec Que passe l’hiver un roman prenant, à l’ambiance forte, qui évoque une sorte de haut Moyen Âge nordique. Ici, les mythes et les dieux président au destin des hommes et la magie imprègne encore le monde, mais l’auteur prend soin de ne pas noyer le lecteur dans la description de son univers : les informations sont distillées au fur et à mesure, ni trop rares ni trop nombreuses, permettant progressivement de se faire une meilleure idée de la Clairière et de ceux qui la peuplent, tout en laissant le temps de se familiariser avec les personnages principaux du roman. Les vers qui introduisent chaque chapitre renforcent l’impression de récit légendaire, déroulant peu à peu une litanie qui accompagne l’histoire et accentue ce quelque chose de mystique qui imprègne le texte tout entier.
C’est aussi un huis-clos, où plusieurs volontés s’affrontent, où héros et lecteur tentent de percer à jour les motivations des uns et des autres. Le drame se déploie, à l’échelle d’une famille, d’un clan, d’un monde. La tension grimpe au fur et à mesure que les pages se tournent, et on se laisse emporter, comme un flocon de neige dans la tourmente.
A noter : les 3 albums de Wardruna forment une bande-son idéale pour accompagner cette lecture !

7.5/10

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