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Mordred

ISBN : 978-235408159-1
Catégorie : Aucune
Auteur/Autrice : Justine Niogret

La légende veut que Mordred, fruit des amours incestueuses d’Arthur et de sa sœur Morgause, soit un traître, un fou, un assassin. Mais ce que l’on appelle trahison ne serait-il pas un sacrifice ?
Alité après une terrible blessure reçue lors d’une joute, Mordred rêve nuit après nuit pour échapper à la douleur. Il rêve de la douceur de son enfance enfuie, du fracas de ses premiers combats, de sa solitude au sein des chevaliers. Et de ses nombreuses heures passées auprès d’Arthur, du difficile apprentissage de son métier des armes et de l’amour filial. Jusqu’à ce que le guérisseur parvienne à le soigner de ses maux, et qu’il puisse enfin accomplir son destin.

Critique

Par Gillossen, le 21/08/2013

L’un des fers de lance de la rentrée des Indés de l’Imaginaire incarne le retour de Justine Niogret à la fantasy après un détour par la science-fiction avec Gueule de Truie, voilà quelques mois.
Et il ne faut pas longtemps pour se rendre compte que l’auteur n’a pas changé son fusil d’épaule, nous livrant un roman aussi court que dense, porté par une écriture travaillée qui nous plonge dans les tréfonds de l’âme de son personnage principal.
Et ici, après Chien, Justine Niogret s’attaque à une figure de la légende arthurienne souvent malmenée et placée entre ombre et lumière, Mordred, le fils d’Arthur et de sa sœur Morgause. Un personnage évidemment souvent utilisé en fantasy, car l’univers arthurien demeure l’un des viviers les plus riches que l’on puisse retrouver en fantasy, avec plus ou moins de bonheur tant les tentatives sont nombreuses.
Dans le présent roman, Justine Niogret se livre à un portrait intimiste et fouillé de sa version du personnage, bien loin des clichés. Un exercice difficile, car nécessitant que le portrait en question s’avère suffisamment intrigant ou attachant pour retenir l’attention du lecteur jusqu’au bout. De fait, tous les autres protagonistes du récit donnent l’impression d’évoluer à la lumière d’une bougie, se mouvant dans les ombres, en retrait, y compris un Arthur fatigué et bien plus humain que l’on ne pourrait le croire.
Ce n’est pas un défaut. L’atmosphère du roman s’y prête tout à fait, avec un personnage principal lui-même tourmenté et partagé entre souvenirs et destin. Ce Mordred-ci n’est pas un monstre de charisme et il ne faut pas prendre le terme épopée cité en quatrième de couverture au pied de la lettre : ne vous attendez donc pas à un récit épique au rythme échevelé.
Mais, vous l’aurez compris, c’est aussi l’une des forces du nouvel ouvrage de Justine Niogret : nous plonger dans la tête d’un (jeune) homme qui connaît le poids des regrets mais sait se tourner vers l’avenir, quand bien même celui-ci s’annonce-t-il sombre. L’auteur multiplie les non-dits, les sous-entendus, les silences, qui n’en prennent que plus de force au fur et à mesure que l’on avance dans cette histoire. Et c’est là bien sûr que la plume de l’auteur fait merveille pour explorer les égarements des uns et des autres, au détour d’une phrase ou d’un soupir. Et comme avec toute plongée dans la psyché d’un personnage marqué, il est possible de passer à côté, de rester hermétique à cette histoire. Niogret n’a de toute évidence pas souhaité faciliter la tâche à ses lecteurs. Ses images se montrent souvent aussi belles que pesantes, lourdes de sens. De même, l’univers celtique reste en retrait, comme pour mieux souligner l’isolement et le caractère inéluctable de ce qui attend Mordred. Quelques termes de vocabulaire nous replacent dans un certain contexte, mais, à l’image du récit, il vaut mieux se préparer à quelque chose de relativement aride, mais non pas chiche.
Notons tout de même un prologue autour de Renart et d’Ysengrin bien plus enlevé si l’on peut dire, mais lui aussi indéniablement placé sous le sceau du sort, révélateur et hautement symbolique. Une symbolique que d’aucuns trouveront peut-être trop soulignée là encore, mais qui s’accorde bien avec la vision d’ensemble du roman.
Voilà ce que nous réserve ce Mordred : nous n’avons pas affaire à une quête initiatique semblable à tant d’autres, nous n’avons pas affaire à un personnage flamboyant, à un héros maudit. Mais cette figure n’en demeure pas moins fascinante.
Et si vous parvenez à vous laisser emporter par cette lente marée douce-amère, vous découvrirez un roman à la hauteur des précédents ouvrages de son auteur et qui mérite incontestablement que l’on s’y attarde, rentrée ou pas !

7.5/10

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