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Moitiés d'âme

Tome 1 du cycle : Chroniques des Cinq Trônes
ISBN : 978-235488711-7
Catégorie : Jeunesse
Auteur/Autrice : Anthelme Hauchecorne (Proposer une Biographie)

La mägerie n’obéit qu’à un seul principe : elle ne peut s’exercer qu’à deux. Liutgarde le sait. 
Elle a pourtant fui Ortaire, l’époux qui lui avait été imposé, renonçant ainsi à son pouvoir. Exilée au nord des terres, elle serait morte sans l’aide des caravaniers et de Rollon, un mäge à l’esprit torturé. Épris l’un de l’autre, Liutgarde et Rollon se déplacent en roulottes avec leur communauté dans l’hostile forêt de la Sylverëe, ancien royaume des Faëes de l’Hiver. Mais l’équilibre de cette vie en cavale va complètement basculer, les obligeant à régler les dettes de leurs vies antérieures. 
Car dans ce monde tout se sait et tout se paie un jour. Leur pouvoir et leur amour suffiront-ils à les protéger ?

Critique

Par erkekjetter, le 10/10/2019

Du titre au résumé, ce premier tome des Chroniques des Cinq Trônes s’annonce comme le récit d’une histoire d’amour, avec de la magie dedans – enfin, de la mägerie. Et qui dit histoire d’amour sous-entend facilement mièvrerie, un terme qui ne saurait s’appliquer au roman d’Anthelme Hauchecorne – à moins d’avoir une définition très personnelle et très déformée de la mièvrerie. Car s’il est bien question de sentiments ici, bien que cela soit au demeurant central dans l’intrigue proposée, l’auteur nous dépeint des relations complexes et nuancées, impliquant des protagonistes aux personnalités contrastées, au point que l’on ne sait parfois plus très bien à qui l’on destine notre loyauté de lecteur embarqué à leurs côtés. Et cela ne concerne pas seulement le couple formé par Liutgarde et Rollon.
Hauchecorne ne se pose pas en marchand de rêves, il offre au contraire une vision réaliste des liens qui peuvent se tisser entre deux êtres. Relations d’amour, oui, mais aussi relations toxiques, dépendance mutuelle, confiance réciproque, petites et grandes trahisons, nous sommes loin d’un traitement simpliste des rapports amoureux, amicaux et même antagonistes. Car même ceux qui s’opposent aux héros ne sont pas monolithiques et l’on se surprend à s’attacher à eux, parce que telle faille, telle blessure, tel passé aura su nous toucher. Il y a parfois du beau sous la laideur, et des nécroses sous le fard. Quant aux membres de la caravane, chacun détient sa part d’ombre et ses secrets, enfouis avec soin ou masqués avec adresse, chacun a sa substance propre et une teinte toute personnelle. Leur compagnie compose ainsi comme un nuancier aux couleurs très humaines, que la crasse n’a pas épargné. Difficile alors pour le lecteur de ne pas s’attacher.
À travers l’histoire de Rollon et Liutgarde, l’auteur nous dévoile aussi quelques pans du passé de ce monde, des guerres qui ont modelé leur époque. Et là encore, il fait preuve de subtilité, rappelant que ce sont les vainqueurs qui livrent leur version des faits et que la voix des vaincus dessine une autre réalité. Que la vérité, de fait, se trouve sans doute quelque part entre les deux : nul ne se voit drapé d’une incontestable légitimité. De la mägerie non plus, il ne dresse pas un tableau enchanteur, loin de là : il est question d’abus de pouvoir et d’impunité, notamment. Quant aux Faëes, dont les sonorités langagières paraîtront familières aux germanophones, on sent rapidement qu’il sera difficile de les cerner dès ce premier contact, qu’il faudra être patient pour démêler les mystères tissés autour d’elles. Que les révélations à venir changeront probablement l’idée qu’on se fait de ces créatures aussi terrifiantes que fascinantes. De quoi attendre avec curiosité et un brin d’impatience que la suite nous soit livrée (précisons d’ailleurs que chaque tome est pensé pour pouvoir être lu indépendamment).
En plus d’être un bel objet, avec ruban marque-page et tranche de gouttière illustrée, ce premier volume se révèle donc une entrée en matière réussie et une lecture plus que plaisante, dont l’arrière-goût un peu amer souligne finalement toute la justesse et l’humanité de ceux qui hantent ses pages.

8.0/10

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