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Léviathan
Catégorie : Aucune
Auteur/Autrice : Lionel Davoust
1984, au large des côtes canadiennes. Surpris par une redoutable tempête, le ferry Queen of Alberta fait naufrage. Parmi les rares rescapés, le petit Michael Petersen, sept ans, a vu ses parents disparaître dans la tourmente.
2011, Los Angeles. Michael, désormais adulte et père d’un petit garçon, nourrit à l’égard de cette mer qui lui a tout pris une fascination mêlée de peur. Devenu chercheur en biologie marine, il se porte volontaire, malgré l’appréhension et la culpabilité d’abandonner les siens, pour une mission dans les glaces de l’Antarctique.
Or, il est loin de se douter que cette expédition suscite l’inquiétude au sein d’une mystérieuse organisation séculaire, le Comité, dont les membres ont développé au fil du temps des pouvoirs supérieurs aux capacités humaines. Un de leurs agents, Masha, est personnellement chargé de veiller à la bonne marche d’une machination que le chercheur risquerait de mettre en péril. Ses directives sont claires : Michael ne doit jamais atteindre l’Antarctique.
Cependant, Masha refuse d’accomplir aveuglément sa mission : elle est bien déterminée à percer le secret qui entoure Michael. Car ce dernier représente pour elle plus qu’une simple cible.
D’Amérique en Antarctique, de complots en trahisons, Michael et Masha, alliés qui s’ignorent, courent le risque de jouer contre leur propre camp, tout en s’exposant à la haine de leurs adversaires.
Critique
Par Gillossen, le 05/10/2011
Avec ce premier tome d’une trilogie annoncée, le prolifique Lionel Davoust change de registre et s’attaque à un nouveau genre, puisque voilà un roman catalogué comme thriller. Oui, certes… Mais les choses sont un peu plus complexes.
Au premier abord, le roman débute effectivement comme un thriller contemporain efficace, évoquant d’ailleurs le modèle américain de ce type d’ouvrages, notamment du fait du cadre choisi ; à savoir, au départ, la Californie. Les personnages nous sont brièvement présentés, leur caractère (semble) défini en quelques lignes, les dialogues sont nombreux et souvent moteurs de l’avancée de l’intrigue… En résumé, un travail carré, solide, propre. Si l’on devait revenir sur un point, ce serait peut-être sur le décor justement, dont on ne peut s’empêcher de songer parfois qu’il sonne un peu creux (N’aurait-il pas été plus logique qu’un petit américain possède une Xbox et pas une Playstation ? Bon, simple plaisanterie). Peut-être cette impression vient-elle tout bonnement du fait que l’on ait conscience de la nationalité de l’auteur ? Après tout, Lionel Davoust ne cherche pas non plus à dépeindre la vie de Los Angeles.
Il s’attarde bien plus longuement sur le milieu universitaire (y compris dans les rivalités qui peuvent le nourrir) ou, dans la deuxième moitié du roman, sur une expédition scientifique en Antarctique. Le lecteur se sent alors réellement au contact des personnages, parfois à la merci d’une Nature aussi fascinante qu’implacable, révélatrice de leurs propres tourments, comme si l’auteur se sentait tout à coup plus inspiré, jusque dans sa plume. C’est aussi dans cette deuxième partie, principalement, que la dimension fantasy urbaine - dirons-nous - du récit apparaît. Oh, la chose reste légère. Bien sûr, il est question de “mages”, de rituels, de pouvoirs dépassant l’imagination, mais le voile n’est jamais tout à fait levé sur ses hommes et ses femmes qui se livrent une lutte acharnée dans l’ombre.
Michael Petersen semble en tout cas au centre de ce maelström, lui qui demeure traumatisé par la tragédie qui foudroya son enfance. Si l’on s’attache sans peine au personnage, si l’on a envie très tôt de savoir le pourquoi du comment, on lui préfèrera sans doute Masha, pour qui une vraie empathie se manifeste naturellement devant ses nombreux dilemmes et son parcours mystérieux (même si sa première apparition pour le coup semble tout droit sortie d’un thriller pareil à tant d’autres). Les autres personnes demeurent souvent plus en retrait, à l’exception de quelques-unes, mais le casting est dans l’ensemble bon, et, surtout, là encore, efficace (les esclandres de Sandra, l’attitude rassurante de Jean-Claude…).
Pour en revenir à la dimension fantasy du roman, il faut donc avouer qu’elle reste assez en retrait. Ne vous attendez pas à un déluge de boules de feu ! Nous sommes bien avant tout dans un thriller, mais un thriller qui ne néglige pas cette dimension imaginaire et ne la traite pas par-dessus la jambe, au contraire.
Le récit gagne quoi qu’il en soit en puissance au fil des chapitres, en tension, en densité. A ce titre, la toute fin du roman (la toute toute fin) est aussi frustrante que frappante. On ne dira pas marquante. Car on sent malgré tout trop souvent la dimension “premier tome” de l’ensemble et la première moitié du roman est parfois bien légère, ses personnages encore souvent trop proches de simples acteurs récitant leur texte.
Mais au final, le tout demeure prometteur. A suivre, c’est le cas de dire !
7.0/10
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