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Les Magiciens

Titre VO: The Magicians

Tome 1 du cycle : Les Magiciens
ISBN : 978-284172511-3
Catégorie : Aucune
Auteur/Autrice : Lev Grossman

Brooklyn. Quentin, dix-sept ans, est un adolescent bril­lant mais il ronge son frein, prisonnier d’un monde désespérément ennuyeux, en attendant d’intégrer une université de prestige. Comme il regrette le temps de son enfance où les Chro­niques de Fillory l’entraînaient dans un univers magique où tromper son ennui !
Mais sa vie se transforme le jour où, à sa grande stupeur, il est admis à la faculté de Brakebills , une école extrêmement élitiste et secrète qui forme des magi­ciens. Cinq années d’un rude et dangereux apprentissage l’y attendent.
Mais le monde réel, même revu par la magie, n’apporte pas forcément le bonheur. Ce qu’il faudrait, c’est que l’univers de Fillory, celui des contes de son enfance, ne soit pas un monde imaginaire. Qui sait ?…

Critique

Par Gillossen, le 06/09/2010

Les Magiciens fait partie de ces romans, qui, avant même leur sortie, font largement parler d’eux. Aux États-Unis, le roman de Lev Grossman a dépassé les frontières du seul genre fantasy. Ici, comme ailleurs, on le compare à un Harry Potter pour adultes. Voire à un Skins version fantasy et école de magie.
Des raccourcis faciles mais de poids. De fait, comme toujours en cas de hype, de buzz, et autre ramdam, il vaut mieux que le roman derrière ce tir de barrage promotionnel se révèle solide ! Rapidement, il apparaît que les éléments “sulfureux” souvent mis en avant ne sont pas si nombreux : les personnages, heureusement, ne passent pas leur temps à boire ou à coucher à droite à gauche. Ce sont juste des jeunes gens, pas encore des adultes, un peu paumés, à l’image de Quentin, le “héros” du roman, ou en tout cas souvent mal dans leur peau, malgré l’assurance de façade affichée par certains. Cet aspect-là est traité avec justesse et une certaine amertume. Voire une certaine complaisance pour le spleen qui semble coller aux pas de “Q”.
Celui-ci se révèle vite agaçant (dès la première page ou presque !) et l’on peut comprendre les réserves d’une partie des lecteurs. Apathique, le personnage se laisse souvent conduire par les évènements, même une fois le roman véritablement lancé. Il s’apitoie sur son sort, se montre régulièrement lâche… Mais, après tout, qui ne l’est pas de temps à autre ? Si les Chroniques de Fillory évoquées dans le roman sont un reflet du Narnia de C.S. Lewis, Quentin et les autres ne sont pas de simples faire-valoir. Ils sont au contraire bien plus humains que des parangons de vertu, et la vision de l’auteur se veut donc sans concession dans cette optique.
Plus qu’une véritable quête, plus que la découverte d’un monde où la magie existe, avec ses codes et ses références souvent directes à Harry Potter (ah, la bourbasse…) et autres, Grossman nous dépeint de “grands ados” empêtrés dans leurs contradictions et cherchant désespérément quel sens donner véritablement à leur existence. Par conséquent, le roman se livre parfois à une véritable mise en abyme, serpentant entre fiction et réalité.
Tout cela ne signifie pas que l’auteur traite par-dessus la jambe son canevas magique, et plus largement la fantasy. Au contraire. Brakebills et ses rituels sont bien pensés, on passe facilement la porte de cet univers, avec ses différentes sortes de magie, leurs mécanismes, ses figures marquantes, ses secrets et ses dangers… Mais l’essentiel n’est pas là.
Évidemment, le récit ne se fait jamais ébouriffant. Quentin n’est pas le seul à se montrer, souvent, exaspérant. Certains développements, frisant le monologue intérieur nombriliste, paraissent surfaits, sinon inutiles. La vision sombre de l’auteur, qui flirte même parfois avec le sordide, pourra sans doute en déconcerter plus d’un, ou les faire battre en retraite, de guerre lasse. Malgré tout, c’est bien en effet un conte cruel que Lev Grossman nous offre ici. A nous de savoir si l’on est prêt à sauter le pas. “Tôt ou tard, la magie mène toujours au mal”, nous dit-on. Savoir s’en accommoder n’est évidemment pas simple, tout comme faire la part des choses. Et, comme les protagonistes du roman, il faut être prêt à ouvrir les yeux sur certaines réalités que l’on aurait préféré ignorer.
Difficile pour autant de parler de coup de cœur avec un tel roman. Souvent froide, méthodique, voire implacable, la chronique de Lev Grossman avance sans espoir de retour, et c’est donc d’un œil technique qu’on lui reconnaît tel ou tel mérite, et notamment une plume qui fait mouche plus souvent qu’à son tour, tour à tour plate ou pointue (sans parler de la qualité de la traduction de Jean-Daniel Brèque). Impossible donc de nier ses qualités, quand bien même le voudrait-on ardemment par instants.
Pour terminer sur une note factuelle, une suite, The Magician King, reprenant 5 ans après la fin de ce premier tome, est attendue pour la fin 2011 de l’autre côté de l’Atlantique.

8.0/10

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