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Le Roi des fauves
Catégorie : Jeunesse
Auteur/Autrice : Aurélie Wellenstein
Accusés de meurtre, Ivar, Kaya et Oswald sont injustement condamnés à un sort pire que la mort. Enfermés dans un royaume en ruines, coupés du monde, il leur reste sept jours d’humanité. Sept jours pendant lesquels le parasite qu’on leur a inoculé va grandir en eux, déformant leur corps et leur esprit pour les changer en monstres, en berserkirs, ces hommes-bêtes enragés destinés seulement à tuer ou être tués.
Commence alors une course contre le temps, effrénée, angoissante, où les amis d’hier devront rester forts et soudés, pour lutter contre les autres… et surtout contre la bête qui grandit en eux. Existe-t-il une issue ? Existe-t-il un salut quand son pire ennemi n’est autre que soi-même ?
Critique
Par Saffron, le 12/05/2015
Le mythe du berserkir (ou berserk, selon les cas) ne date pas d’hier. Les sagas nordiques et germaniques sont remplies de ces « guerriers fauves » entrés dans une fureur sacrée et capables des plus grands exploits sur les champs de bataille. D’ailleurs, si l’on en croit les spécialistes, leur existence ne serait pas seulement une licence artistique, mais un fait avéré. Autant dire que la légende est riche et qu’Aurélie Wellenstein avait de la matière sur laquelle baser son roman.
Poussés par la famine qui frappe leur village, Ivar, Oswald et Kaya se risquent à braconner dans les bois appartenant à leur seigneur. Ce qui n’a jamais été une bonne idée dans le monde féodal réel ne l’est pas davantage en fantasy : surpris par ledit seigneur, il les laisse tous les deux pour morts, avant d’être arrêtés, jugés et condamnés à se changer en berserkirs. Si les ennuis ne font que commencer pour les adolescents, le lecteur, de son côté, ne se fait pas d’illusion longtemps : dès les premières pages, on comprend que l’histoire est vouée à mal se terminer, et les personnages, à souffrir.
Bien que le roman nous fasse visiter des lieux différents (du village ravagé par la famine à la forteresse où a lieu le procès), il s’en dégage une impression de huis-clos, comme si le royaume maudit d’Hadarfell, où les condamnés sont enfermés en attendant que leur transformation soit effective, occultait tout le reste. L’ambiance est rude, sans concession, et les relations entre les personnages s’étiolent très vite à partir du moment où l’animal commence à prendre le dessus. Pour ajouter au malaise, le style de l’auteure reste détaché, presque clinique, tout au long du roman, même lors des descriptions les plus gores. Les phrases sont courtes, les paragraphes aussi, le lyrisme absent – et cette écriture sert particulièrement bien l’atmosphère oppressante et glacée d’Hadarfell, ainsi que les tourments intérieurs d’Ivar.
Car c’est au fond tout l’enjeu de ce roman : le combat pour conserver son humanité. Les berserkirs d’Aurélie Wellenstein ne sont pas des guerriers rendus invincibles par la rage et l’adrénaline, mais des humains lambda à qui l’on fait ingérer un parasite, le lehrling, pour les transformer. C’est le point de départ d’une réflexion sur ce qui fait l’homme et le monstre, sur la justice et la vengeance. Accepter sa condition peut, selon les personnes, produire des résultats très différents… Certes, le sujet n’est pas révolutionnaire, mais il est bien traité et amène à se poser des questions.
Le Roi des Fauves n’est pas à recommander aux amateurs d’une fantasy où les héros surmontent systématiquement l’adversité. Ne vous laissez d’ailleurs pas rebuter par l’étiquette « jeunes adultes » proposée par l’éditeur : les thèmes abordés et la rudesse du récit, peu courants dans les romans destinés à cette catégorie de lecteurs, en font une lecture pour toutes les tranches d’âge. Et si cet argument ne suffit pas à vous convaincre, la superbe couverture signée Aurélien Police devrait s’en charger !
7.0/10
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Bibliographie
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