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Le Prince de la brume

Titre VO: El Príncipe de la Niebla

ISBN : 978-226621304-2
Catégorie : Jeunesse
Auteur/Autrice : Carlos Ruiz Zafón

1943. Pour fuir la guerre, la famille Carver s’installe dans un village perdu sur la côte.
Mais, à peine franchie la porte de la maison, des événements étranges se produisent… Avec leur nouvel ami Roland, Alicia et Max Carver vont peu à peu percer les secrets de la vieille demeure et apprendre l’existence d’un certain Caïn, surnommé le Prince de la brume. Un personnage diabolique revenu s’acquitter d’une dette très ancienne… Voilà les trois enfants lancés à la découverte d’épaves mystérieuses, de statuettes enchantées, de gamins ensorcelés…
Une aventure extraordinaire qui changera leur vie à jamais…

Critique

Par Gillossen, le 05/12/2011

Enfin publié en France, le premier roman de Carlos Ruiz Zafón était précédé d’une réputation flatteuse.
Une réputation amplement méritée à la lecture de l’ouvrage. Un ouvrage qui n’a d’ailleurs rien d’un premier roman en apparence, tant ses fondations comme son exécution s’avèrent solides, propres, efficaces. Mais il ne faudrait pas s’imaginer avoir affaire à un artisan besogneux, aussi sérieux et respectable soit-il.
Zafón utilise pourtant à première vue des ingrédients tout ce qu’il y a de plus classique : une histoire de maison hantée, un étrange cimetière, le passé trouble des précédents occupants de la demeure, un personnage faustien… Oui, vous avez sans doute déjà lu cela quelque part. L’un dans l’autre, l’originalité ne semble pas de mise. Mais la petite musique de l’auteur est dépourvue de la moindre fausse note. Il nous livre une partition étincelante, haletante, qui vous emporte de la première à la dernière page. Mais là encore, n’allez pas vous mettre en tête que nous sommes en présence d’un “simple” maître du suspense sachant habilement jongler avec les différentes étapes d’un scénario implacable.
Il y a chez Zafón une humanité palpable, des instants de vie, des sourires, des larmes, qui touchent le lecteur en plein cœur. Si au départ on suit la petite famille Carver découvrant sa nouvelle demeure avec une touche de mystère, si on sourit des plaisanteries du père, de la candeur de la petite Irina, ou bien sûr si l’on se place dans les pas du jeune et dégourdi Max, bien vite l’histoire prend un tour nettement plus sombre. Mais jusqu’au bout, l’auteur n’oublie pas que son intrigue se noue avant tout autour de ses personnages, chacun d’entre eux s’avérant dessiné avec soin et immédiatement attachant. Avec une distribution resserrée, quelques pages, voire quelques paragraphes, et le talent de Zafón, suffisent à donner vie à de véritables être humains, avec leurs peurs, leurs doutes, leurs regrets, évoquant au passage les tranches de vie que peut nous réserver un Graham Joyce entre deux phases de l’intrigue principale.
Et au-dessus d’eux, plane la figure menaçante de Caïn, fascinant, terrifiant. Un méchant, qui, comme d’autres éléments du roman, pourrait avoir l’air diablement classique pris indépendamment, si ce n’était la maîtrise presque magique de Zafón, qui nous happe littéralement dans les filets de son histoire et les maléfices de cette entité comme sortie de nos pires cauchemars. Là encore, l’auteur signe une réussite totale, que l’on retrouve aussi bien lorsque celui-ci évoque avec pertinence le temps qui passe ou illustre avec délicatesse la naissance d’une relation amoureuse adolescente. Et tout cela sans jamais perdre de vue son histoire ! Une histoire bouclée en deux cents pages à peine, sans un mot de trop.
Le Prince de la brume a cette qualité, cette patine qui fait les contes, nous procure cette envie de frémir au coin du feu. Zafón ne joue pas avec les codes, mais use d’un classicisme élégant avec bonheur. Une lecture d’un soir, mais quel plaisir.

8.0/10

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