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Le Livre du long soleil

Titre VO: The Book of the Long Sun

ISBN : 978-235408296-3
Catégorie : Aucune
Auteur/Autrice : Gene Wolfe

Dans ce cycle à la fois subtil et truculent, Gene Wolfe nous emporte avec sa maestria coutumière sur le Méande, un monde à l’horizon concave et au soleil identique, semble-t-il, à une immense ligne lumineuse qui traverse les cieux.
Voici un univers tout à la fois empreint de fantasy et abritant d’étranges reliques mécaniques, où les habitants ont oublié l’usage de la technologie et n’ont plus que les prières et les sacrifices comme seuls espoirs. Mais un jeune prêtre, attachant et naïf, est peut-être l’élu qui pourrait sauver les siens… Il entreprend alors un voyage sans fin, inconscient des immenses périls, des remises en question et des rencontres renversantes qui l’attendent.

Critique

Par Gillossen, le 01/05/2015

On le sait depuis longtemps maintenant, Gene Wolfe n’incarne pas forcément l’écrivain le plus facile à aborder, de par son style ou même ses thématiques les plus courantes, comme le rappelait encore il y a quelques jours à peine un article du prestigieux New Yorker (sur lequel nous espérons revenir bientôt d’ailleurs).
En fantasy, on connaît ainsi Wolfe pour L’Ombre du bourreau ou Soldat des brumes, deux ouvrages complexes et parfois même exigeants. Mais Le Livre du long soleil, présenté ici par Mnémos sous la forme d’une intégrale à la traduction révisée (Je précise n’avoir pas lu les version précédentes et n’être donc en position de les comparer), est l’occasion de se frotter une fois de plus à cet immense écrivain, sous un jour toutefois clairement science-fantasy. Quoi de plus logique ? Et dire qu’à travers les romans du second soleil qui partagent ce même univers, tout partit d’une novella de 40 000 mots au tout début des années 80 !
On retrouve évidemment, une dizaine d’années plus loin dans la bibliographie de Wolfe, ce qui fait tout le sel de l’auteur, et ce dès les premières pages. Pour ne pas dire la quintessence de son approche de l’écriture : si sa prose n’est pas à proprement parler hermétique, elle demande de réels efforts de la part du lecteur, mais absolument pas du fait de maladresses ou de lourdeurs. A dire vrai, Wolfe est sans doute l’un de ces trop rares auteurs dont la relecture des œuvres s’avère profitable et bien plus riche que la première.
On n’ira pas jusqu’à dire plus agréable, mais une fois imprégné de sa science du verbe, tout est plus facile. Et avec 4 volumes réunis en un dans le cas présent, il y a fort à faire pour ledit lecteur, qui peut justement prendre tout son temps pour savourer chaque page (On frise tout de même les 900 au compteur ! A noter la présence d’un lexique court mais utile). D’autant que même en se glissant dans les pas d’Organsin (souvent écho du personnage de Sévérian dans L’Ombre du bourreau par certains aspects), la variété se révèle au rendez-vous de ses aventures. Parfois cocasses, parfois beaucoup plus sombres, elles nous permettent en tout cas de découvrir un monde fascinant, où explose une fois encore la créativité de l’auteur. Créatures étranges, intrigues ô combien dangereuses, cités de légende, dieux et cultes divers dont l’importance ne se dément pas… Mais également beaucoup d’éléments relevant plus traditionnellement de la Science-Fiction, c’est une évidence. Il suffit simplement de songer au concept du Méande en tant que tel pour comprendre que l’on se tient aux frontières d’un tout autre monde. Mais, après tout, entre science et magie…
Quoi qu’il en soit, ce n’est pas une raison pour bouder son plaisir, bien au contraire. Après tout, les univers atypiques et les personnages qui les peuplent, en l’étant tout autant, ne sont pas si courants, en fantasy, SF, ou n’importe où ailleurs. Et quand au-delà de cet aspect foisonnant et décalé, on a affaire à un propos on ne peut plus pertinent (quand bien même vous faudrait-il quelques pages pour vous habituer à sa petite musique), que demander de plus ?
Une édition soignée ? C’est justement le cas ici, avec un très bel objet, qui pèse son poids. A l’image de l’œuvre concernée ! Vous nous pardonnerez, je l’espère, cette image loin de la subtilité du propos de Gene Wolfe…

8.5/10

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