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La petite reine

Tome 1 du cycle : Reines & Dragons
ISBN : 978-220508049-0
Catégorie : Aucune
Auteur/Autrice : Joann Sfar

Elle est une jeune fille aimée de ses parents, des monarques éclairés et progressistes qui au lieu de dépenser leur fortune dans la guerre et les fortifications, ont tout investi dans l’art et la culture. 
Une belle démarche et un bon esprit, jusqu’à ce qu’une armée de monstres sanguinaires attaque le château et s’emploie à trucider tout le monde. Notre jeune princesse est donc réveillée en pleine nuit par des feux grégeois et un semi-orque avec un micropénis penché au-dessus de son lit qui cherche à la bouffer et pire. Heureusement, forte dans pas mal de domaines dont les arts martiaux et la capoeïra, elle parvient à s’échapper de sa chambre. Près des restes calcinés de ses parents, elle croise, par chance, le magicien du palais qui parvient à l’aider à s’enfuir du château envahi. Juste avant de mourir, il lui offrit un objet exceptionnel sorti du fin fond de son labo bordélique et poussiéreux : une “bicyclette” . Accompagnée de ce truc qui roule, sonne et éclaire dont elle ne sait rien, notre héroïne quitte le château détruit pour survivre et poursuivre sa route… 
Une route qui, bien entendu et malheureusement, pour une jeune fille seule, sera tout aussi dangereuse.

Critique

Par Gillossen, le 13/06/2024

L’annonce d’un nouvel album signé Sfar en fantasy “pure et dure”, avec ce premier Reines & Dragons, m’avait tout de suite intrigué. Ce premier opus nous plonge dans un univers à la fois familier et étrangement décalé, où la “fantaisie” et l’absurde se côtoient (un smoothie fraise ?).
Dès les premières planches, La petite reine donne le ton, avec ses conventions de l’heroïc fantasy habilement détournées et une approche frontale des épreuves subies par notre héroïne. La présence de la fameuse bicyclette, mise en avant dès la quatrième de couverture, illustre ce pas de côté. Sfar navigue avec aisance entre humour et critique des codes du genre. Ce jeu constant avec les attentes du lecteur confère à l’album une certaine dynamique en dépit de son cadre en apparence usée (Pourquoi un dragon n’aurait-il pas lui-même un animal de compagnie ?). Le talent de l’auteur pour la satire est toujours là, en se moquant gentiment des grands classiques du jeu de rôle et des récits d’héroïc fantasy (ah, les classes de personnages et leurs niveaux !), il ouvre une brèche dans un genre qui se prend encore souvent trop au sérieux. 
Cela dit, Reines et dragons utilise donc aussi l’absurde pour interroger. Les situations grotesques, les personnages hauts en couleur, tout cela forme un “joyeux bordel” où l’humour règne en maître, mais jamais tout seul. Derrière l’absurde, certaines scènes plongent dans un “gore” surprenant. Ce contraste entre la légèreté des situations comiques et la violence de certaines séquences demande de maîtriser un équilibre délicat, ce qui est le cas avec Sfar, enrobant le tout d’un second degré qui permet de digérer les moments les plus crus. Cet usage de la violence n’est pas gratuit car il sert de miroir déformant, accentuant les thèmes abordés, où souvent caricaturé, il devient dès lors un outil pour questionner la nature humaine.
En fin de compte, La petite reine se présente comme une incursion jubilatoire dans la fantasy épique, où une simple bicyclette peut changer bien des choses. Sfar, avec une voix inimitable, propose aux lecteurs un voyage entre rire et réflexion, absurde et sens profond.



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