La Justice de Kushiel

Tome 2 du cycle : Imriel
ISBN : 978-235294462-1
Catégorie : Aucune
Auteur/Autrice : Jacqueline Carey

Héritier d’une lignée mortellement dangereuse, le prince Imriel est troisième dans l’ordre de succession au trône de Terre d’Ange. Pion majeur sur l’échiquier politique, il n’a guère le choix de son destin. Lorsqu’il sacrifie l’amour au devoir, les dieux eux-mêmes ne peuvent rien pour le protéger des conséquences de ses actes. En Alba, de sombres puissances œuvrent pour utiliser ses propres passions contre lui.
L’aventure l’entraînera encore plus loin qu’il ne l’avait rêvé, jusqu’à un pays déchiré par la guerre où, d’une foi ancienne, une nouvelle est en train d’éclore.
Lorsque tout sera fini, la justice divine de Kushiel se fera sentir sur la Terre comme au ciel…

Critique

Par Gillossen, le 11/04/2011

Solide et s’ouvrant sur de nouveaux horizons, le premier tome de cette nouvelle trilogie n’avait toutefois plus l’attrait de la nouveauté pour nous emporter sans retour possible dans un tourbillon de sensations, la faute aussi à un personnage principal qui fatalement pâlissait quelque peu de la comparaison avec la sublime et attachante Phèdre.
D’aucuns avaient même pointé du doigt le caractère même d’Imriel, certes peu épargné par le destin, mais souvent prompt à se lamenter sur son sort, pour faire court. Dans cette suite, cet aspect-là des choses n’a pas totalement disparu, loin de là, mais Jacqueline Carey le fait passer avec bien plus de doigté que précédemment.
Il faut dire que le pauvre Imriel doit une fois de plus faire face à de cruels coups du sort (et c’est là un misérable euphémisme). Mais il décide bientôt de se battre contre l’adversité, et d’assumer son propre destin à bras-le-corps, enfin. Difficile de rentrer davantage dans le détail sans vous gâcher nombre de rebondissements.
Et encore, “rebondissements” est sans doute un terme bien trivial dans pareil cas. Au-delà de l’intrigue principale proprement dite, où les questions de vengeance et de justice sont plus prégnantes que jamais (en particulier dans le dernier tiers du roman), ce sont bien entendu les relations amoureuses qui occupent le devant de la scène. Imriel / Sidonie bien sûr, et les affres d’un amour “interdit” ou du moins inavouable, mais aussi Imriel / Dorelei, personnage bien plus intéressant qu’il n’y paraît de prime abord. Carey ne dépeint pas seulement l’affrontement entre passion et raison ; elle se montre bien plus subtile que cela, et l’on appréciera d’ailleurs que ses personnages gagnent en profondeur psychologique. A ce titre, le passage mettant Imriel face à lui-même au cœur de l’hiver constitue une véritable réussite.
Mais qui dit amour, dit aussi sexe, et cet élément n’est, une fois encore, pas négligé par l’auteur, au contraire. Vecteur et catalyseur des tourments intérieurs d’Imriel en tête, le sexe et sa représentation à travers tout un éventail de scènes ne tombent jamais dans le graveleux ou la guimauve, malgré la pureté revendiquée de certains sentiments. Le contraire eut été surprenant de la part de Carey, mais après tout, on aurait pu imaginer que ce ressort commence à céder. C’est tout l’inverse. Certains passages sont tout simplement poignants, littéralement.
Mais au-delà d’histoires de couples qui pourraient être si banales entre d’autres mains, l’auteur ne néglige pas pour autant ses personnages secondaires, qui pour beaucoup gagnent en épaisseur, dans un camp comme dans l’autre. Et malgré quelques longueurs inhérentes au style de l’auteur, les 700 pages (et même un peu plus !) de ce tome se dévorent, une fois happé en quelques chapitres à peine.
A la fois âpre et doux, troublant et lumineux, La Justice de Kushiel ne se contente pas de nous faire découvrir un peu plus encore un univers à nul autre pareil. Jacqueline Carey renoue avec le meilleur de sa saga et son héros est désormais prêt à affronter de nouveaux défis.

8.0/10

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