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La Fille qui avait bu la lune
Titre VO: The Girl Who Drank the Moon
Catégorie : Jeunesse
Auteur/Autrice : Kelly Barnhill (Proposer une Biographie)
Traduction : de Prémonville, Marie
Nommé au prix Elbakin.net 2018 du meilleur roman de fantasy jeunesse traduit.
Chaque année, les habitants du Protectorat abandonnent un bébé en sacrifice à la redoutée sorcière des bois. Ils espèrent ainsi détourner sa colère de leur ville prospère. Chaque année, Xan, la sorcière des bois, se voit contrainte de sauver un bébé que les fous du Protectorat abandonnent sans qu’elle ait jamais compris pourquoi. Elle s’emploie à faire adopter ces enfants par des familles accueillantes dans les royaumes voisins. Mais cette année, le bébé en question est différent des autres : la petite a un lien étrange avec la lune et un potentiel magique sans précédent.
Contre son gré, Xan se voit obligée de la ramener chez elle et de persuader ses amis réticents d’élever cette enfant pas comme les autres. Ils la baptiseront Luna et ne tarderont pas à en devenir gâteux. Xan a trouvé comment contenir la magie qui grandit à l’intérieur de la petite, mais bientôt approche son treizième anniversaire, et ses pouvoirs vont se révéler…
Critique
Par Izareyael, le 02/02/2019
Il est des livres qui touchent profondément et qui laissent un souvenir durable… Si ce n’est pas ce que vous cherchez, n’ouvrez pas celui-ci, car sa beauté vous marquera ! Vous pensez que la littérature écrite pour la jeunesse n’est pas intéressante pour les adultes ? Fuyez également, ce livre vous montrerait à quel point vous avez tort.
Un village isolé dans la forêt, une méchante sorcière à qui on sacrifie des enfants, un conseil d’anciens pas très nets, une petite fille un peu plus magique que prévu… On voit dès le début que l’on a affaire au genre du conte de fées revisité, qui reprend avec un décalage des éléments familiers. Puis, La Fille qui avait bu la lune déjoue les attentes et les préjugés. On apprend très vite que le monstre des marais compose de la poésie, que la sorcière trouve un nouveau foyer à ces enfants abandonnés dans la forêt par des villageois irresponsables, que le dragon est une petite créature effrayée. L’intrigue possède un certain mystère, mais pas de suspense haletant, plutôt un dépliement successif de tous ses pans. Comme dans les tragédies classiques, on imagine dès le début comment l’aventure peut finir mais on ne peut s’empêcher de souhaiter avoir tort. On fait véritablement connaissance avec les personnages, on est saisi par les émotions qui se dégagent du récit, touché par les tentatives des protagonistes de réaliser leurs rêves. Leurs relations, leurs motivations, leur passé sont nuancés et présentés avec tact par l’autrice. Chacun des personnages a son histoire et son bagage qui le rendent, sinon attachant, terriblement humain – même quand il s’agit d’un dragon !
Au-delà de l’émerveillement et de la poésie que suscitent certains épisodes, c’est aussi une grande mélancolie qui sourd de ce récit initiatique. La petite Luna n’est pas la seule à grandir au fil de l’histoire ; tous les personnages évoluent d’une façon ou d’une autre – comme dans la vie réelle, ceux qui s’y refusent y seront forcés. Mais grandir, changer, quitter l’enfance ou le confort de sa situation, c’est douloureux, cela demande effort et courage. Et l’on perd fatalement quelque chose au passage. Kelly Barnhill ne ment pas à ses lecteurs comme on le voit parfois dans les mauvais romans destinés à la jeunesse. Elle ne déguise pas cet inévitable chagrin sous de douteux oripeaux, ne le nie pas non plus en prétendant que le changement n’est toujours que positif. Mais elle leur dit la force de la vie. Elle s’adresse à eux comme aux adultes qu’ils sont aussi, quelque part.
Sa langue, superbement traduite par Marie de Prémonville, est simple mais jamais simpliste, directe pour mieux nous toucher au cœur. Elle nous prend par la main et nous guide sur le chemin que trace l’autrice. Et si cette route est escarpée, parfois semée d’embûches, elle n’est pas sombre. Kelly Barnhill propose aussi une lumière pour l’éclairer. Plus que la magie, cette fameuse lumière de lune qui transforme Luna, c’est en effet une émotion puissante qui prend toute son ampleur dans ce livre pour contrer la mélancolie. Il peut sembler totalement cliché et niaiseux de parler ainsi du pouvoir de l’amour, mais, subtilement et loin de toute mièvrerie, La Fille qui avait bu la lune est aussi un roman d’amour. L’amour filial, l’amour de deux amis inséparables, l’amour que l’on éprouve spontanément envers son semblable ; comment il peut faire mal, comment il peut être incompréhensible et comment il peut aider à surmonter les douleurs de l’enfance et de la vie.
Tout cela sans jamais quitter la fiction, sans perdre de vue l’intérêt du récit ni les personnages, à hauteur d’enfant sans être le moins du monde puéril. Kelly Barnhill nous offre un grand plaisir de lecture associé à une émotion formidable et puissante. La Fille qui avait bu la lune est un roman magnifique, délicat et touchant, dont la poésie triste et douce reste longtemps en mémoire.
9.0/10
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