La Couronne du Chaos

Tome 2 du cycle : La Porte des Éons
ISBN : 978-226509451-2
Catégorie : Aucune
Auteur/Autrice : Sam Sykes

Par souci de transparence, nous vous signalons que ce livre a été traduit par Gillossen, contributeur du site.

Rien ne va plus pour Lenk et ses camarades.
Les aventuriers se sont échoués sur une île étrange, peuplée de créatures qui ne le sont pas moins. Impossible de repartir vers la civilisation. Plus grave encore, le Codex de l’Outremonde, l’artefact légendaire qu’ils étaient censés retrouver, a disparu. Et leurs ennemis se multiplient : des démons, des créatures venues du néant, de mystérieux hommes-lézards et même… des serpents de mer. Sans oublier la reine Kraken, qui hante les abysses et attend qu’on la libère de sa prison millénaire.
Et dire que Lenk n’avait exigé que mille pièces d’or pour accomplir cette mission…

Critique

Par Dup, le 24/06/2012

C’est du lourd que nous proposent l’éditeur et l’auteur avec ce tome 2 : l’objet lui-même (quasiment 1 kg la bête, 950 grammes exactement), tout comme son contenu (619 pages bien, bien remplies). Mais quel plaisir de retrouver cette équipe de bras cassés, pardon, d’aventuriers, abandonnés quelques mois plus tôt !
Premier point positif, l’auteur nous offre en guise de prologue un résumé des enjeux du premier volume, sous la plume de Lenk, le personnage clé de cette saga ! Un résumé qui permet de rappeler les forces en présence et présentant brièvement chacun des protagonistes de l’histoire. C’est un sacré plus, car ils sont nombreux, complexes et différents.
On retrouve ce petit monde sur un radeau, tentant de rallier le point de rendez-vous où un bateau doit venir les chercher. Ils ont récupéré le fameux Codex, tout semble donc aller pour le mieux… Seulement voilà, leur modeste embarcation va souffrir de leurs sautes d’humeur et de leurs conséquences…  Voilà bien vite tout le monde à la mer et oublié, ce radeau de fortune ! Ils vont s’échouer sur l’ïle de Teji, chacun persuadé qu’il est le seul survivant.
Chacun des premiers chapitres se voit ainsi consacré à un seul membre de cette étrange bande, approfondissant tour à tour leur personnalité pendant un bon tiers du livre. Lenk, qui doit composer avec une voix qu’il est le seul à entendre et qui n’est que rarement de son avis. Kataria, toujours obsédée par son devoir en tant que Shicte, en contradiction avec son attitude. Un Shicte se doit de tuer les humains, éradiquer cette maladie qui se développe sur terre. Or cela va faire plus d’un an qu’elle suit Lenk et les autres. Elle a honte de reconnaître qu’elle a noué des liens d’amitié avec certains, et sans doute un lien plus fort encore, plus complexe avec Lenk. Lien qu’elle se refuse à nommer… Serait-ce les symptômes de la maladie ? Est-elle contaminée ? Denaos, la fripouille au grand cœur, préférant se cacher derrière l’ironie et d’autres masques. Préférant l’ivresse pour ne pas se souvenir, mais se souvenir de quoi ?
Dreadaeleon, l’adolescent magicien qui aimerait tant être plus que cela aux yeux des autres et surtout de ceux d’Asper. Difficile quand on a des problèmes de miction incontrôlable… Asper, la prêtresse guérisseuse, qui doute de plus en plus de sa foi, de l’importance même de celle-ci. Une remise en question qui permet d’aborder des sujets bien profonds.
Gariath, qui sait depuis peu qu’il est le dernier des Rhegas, et qui aimerait trouver la paix dans la mort, retrouver les siens, mais celle-ci se refuse obstinément à lui.
C’est une tempête permanente sous ces six crânes… sauf quand de l’action se présente. Et elle va très vite surgir grâce à l’imagination débordante de l’auteur. Sur cette île sinistre, ils vont être “accueillis” par le peuple des Owaukus, de drôles de lézards aux mœurs particulières et qui semblent ne pas avoir la même approche que les aventuriers quant à l’intérêt de porter des vêtements… On pourrait croire à une accalmie, mais les Infernels découverts à la fin du premier tome ne tardent pas à ressurgir.
Le fameux Codex de l’Outremonde, le livre des Abysses, est au cœur de l’intrigue, chacun le recherchant pour des raisons bien différentes, mais celui-ci a à nouveau disparu, cette quête laissant libre cours aux affrontements divers mis en scène par l’auteur, car les luttes qui opposent les uns et les autres ne sont pas qu’intérieures. Tout comme le premier tome, suivre la plume de Sam Sykes est un réel délice. Son écriture déborde d’ailleurs d’une poésie parfois macabre.
Toutefois, ce tome 2 recèle sans doute un peu moins d’action pure que son prédécesseur, l’auteur ayant fait le choix de creuser beaucoup plus chacun de ses “héros” et nous ne nous en plaindrons pas. D’autant que d’autres personnages secondaires interviennent et gagneront probablement encore en importance dans la conclusion de cette trilogie. On pense notamment à l’énigmatique magicien Bralston. C’est un Bibliothécaire (un très grand magicien) qui obéit aux ordres d’un Lecteur (encore plus grand). Un clin d’oeil bien sympathique ! Mais outre le clin d’oeil, l’auteur développe nettement plus dans ce tome son approche de la magie. Celle-ci n’appartient qu’à une élite, qui se doit d’être agnostique. C’est ce qu’on leur rabâche depuis leur entrée au Venarium, et dans ce domaine, le doute même est proscrit. Lorsque Sheraptus use et abuse de la magie pour le compte d’une divinité, il est taxé d’hérétique et pourchassé afin d’être anéanti. Tout usage de la magie se paie cher et Dreadaeleon en sait quelque chose, lui qui sent que son déclin est entamé. Mais l’auteur laisse comme souvent entrevoir un espoir, une porte entrebâillée.
La Couronne du Chaos illustre une fantasy débordante d’imagination et c’est tant mieux car, l’un dans l’autre, l’histoire principale n’a pas énormément évolué. L’intrigue reste identique, même si elle s’étoffe avec son lot de nouvelles donnes, le tout créant un ensemble foisonnant, fourmillant dans tous les sens pour notre plus grand plaisir. Et voilà qui permet également à l’auteur de semer de nombreux points d’interrogation, qui ne peuvent qu’encourager le lecteur à vouloir connaître la suite.

7.5/10

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