La Complainte de Foranza

ISBN : 979-109727005-6
Catégorie : Aucune
Auteur/Autrice : Doke Sara

Dans Foranza, cité éclairée par la tolérance et l’art des peintres, vouée au culte des fées, un meurtrier s’attaque sauvagement aux femmes, assassinées dans des conditions atroces au sein même des ateliers d’artistes.

Critique

Par Aerendhyl, le 04/11/2021

La Complainte de Foranza est un roman hybride, mélange de fantasy, de steampunk, de polar. Une offre alléchante sur le papier, notamment grâce au cadre qui semble se proposer au lecteur et la prise de position de l’autrice.
Pour autant, avouons-le directement, ce roman n’est pas une franche réussite. Il s’appuie toutefois sur des points positifs que nous allons évoquer dans un premier lieu. L’ambiance nous rappelle l’Italie de la Renaissance, une Florence à la fleur de l’âge dans laquelle les arts ont la part belle. Peinture, sculpture, création de machines farfelues ne sont pas sans rappeler le génie de Léonard de Vinci ou d Michel-Ange pour notre plus grand plaisir.La place de la féminité et de la femme est également à souligner. Sara Doke défend son point de vue en faisant de ses personnages féminins un point fort de son roman. On se prend à s’attacher à Aphrodisia, à Lupa, à Callista et surtout à Chiara… Voilà des personnages forts et se démarquant grandement dans ce roman. Sans s’imposer aux restes des personnages et au détriment de l’intrigue – bien au contraire elles viennent ici relever le peu d’intérêt – on prend un plaisir à les retrouver et à suivre leurs avancées dans ce petit bourbier narratif. L’expression de leurs sentiments, de leurs inquiétudes mais aussi de leurs forces est rondement menée par l’autrice qui aurait pu s’y appuyer encore plus pour donner de l’intérêt à son intrigue.
Mais à la lecture, on se retrouve perdu, en se demandant si nous sommes face à un roman ou à un recueil de nouvelles suivant un fil conducteur. De perturbant, on en arrive presque à se contenter de lire sans prendre de plaisir. La multiplicité des intrigues rend l’immersion particulièrement délicate, surtout que plusieurs fils n’ont – finalement – pas grand intérêt au fil de base et ne donnent la sensation que d’exister pour remplir le roman. D’autant plus que les rares fils conducteurs qui éveillent notre intérêt se retrouvent édulcorés, pas assez développés rendant une fois encore l’immersion compliquée.
L’intrigue en elle-même se révèle mal ficelée. Après quelques chapitres, on se rend rapidement compte que Sara Doke nous propose un cercle vicieux et perpétuel. Le cheminement est plus ou moins le même pour chaque arc narratif, se répétant inlassablement sans forcément apporter un plus au déroulé de l’intrigue. De surprise, il n’y en a point. L’intrigue est plate, sans réelle saveur et se contente de se dérouler.
La mise en avant du rôle et de l’importance de la femme est une excellente idée, et surtout d’actualité ! Là n’est pas le reproche que l’on peut faire à Sara Doke qui nous place face à nos responsabilités dans une société imaginée mais se transposant parfaitement dans notre société actuelle. Le reproche se fait plutôt dans l’abondance, la répétitivité et le côté très caricatural de son propos.On se permet de tiquer lorsque nous avons la sensation que le propos se transforme en « Les hommes sont méchants, ne comprennent pas les femmes et veulent les rabaisser constamment ». Quand bien même certains personnages viennent contrebalancer cette caricature, cela ne fait que la renforcer – notamment par l’arc narratif concernant le mercenaire Martin : un homme dévoué à la cause des femmes et faisant forte opposition aux hommes en reprenant le même idéal « les hommes sont tous méchants… »…
La Complainte de Foranza ne s’en sort pas. Ce roman s’embourbe dans la facilité, dans la platitude de son déroulé et n’offre même pas en conclusion un ultime rebondissement qui viendrait rebattre les cartes. Mal mené mais plutôt bien écrit, il s’enfonce dans un côté caricatural au détriment d’un propos des plus intéressants.