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Johannes Cabal, le Nécromancien

Titre VO: Johannes Cabal, the Necromancer

ISBN : 978-236270053-8
Catégorie : Aucune
Auteur/Autrice : Jonathan L. Howard

Johannes Cabal, scientifique brillant et snob notoire, est habité corps et âme par une lubie : réanimer les morts. enfin, pour ce qui est de son âme, ça reste à voir… car il l’a vendue un peu trop vite, il y a des années, afin d’apprendre les mystères de la nécromancie. Aujourd’hui tourmenté par un noir secret, il voyage jusqu’aux fosses embrasées de l’enfer pour la récupérer. Satan, qui s’ennuie à mourir, lui propose alors un petit défi : Johannes a un an pour convaincre cent personnes de lui vendre son âme, sans quoi il sera à jamais damné. Pour rendre les choses un peu plus intéressantes, Satan lui met dans les pattes un « cirque itinérant », une diabolique machine de duplicité, de séduction et de corruption, pour assister cette entreprise maléfique. Johannes a autant de morale que l’anthrax, mais ses tours inavouables lui suffiront-ils pour battre le diable à son propre jeu ?

Critique

Par Gillossen, le 02/09/2011

Tout d’abord, un mot sur l’objet lui-même : même si les prix d’Eclipse s’approchent dangereusement des tarifs du grand format pour ce qui reste du semi-poche, ce Johannes Cabal est particulièrement attrayant : le soin apporté à la réalisation du livre proprement dit, l’utilisation d’effets de gaufrage, le traditionnel marque-page… Que l’on soit convaincu ou pas par l’illustration de couverture elle-même (reprise de l’édition Doubleday), le bouquin (le terme ne se veut en aucun cas péjoratif, mais affectif) se révèle en tout cas une vraie réussite esthétique.
Anecdote amusante (ou pas…), cela faisait plus d’un an que le roman, dans son édition anglaise, était rangé dans mes étagères sans avoir pris le temps de l’ouvrir. Et c’est donc finalement en VF que je l’ai découvert, regrettant au final presque immédiatement de ne pas m’être donné la peine de me pencher dessus plus tôt.
Jonathan L. Howard, l’auteur, a notamment œuvré sur Les Chevaliers de Baphomet, série de jeux vidéo point’n click bien connue, en tant que co-scénariste des trois premiers épisodes, et cela se sent quelque peu. On retrouve ainsi un humour piquant (dans les dialogues surtout) et distancié, qui entretient de fait un certain recul entre le lecteur et les personnages de cette histoire. Du moins, initialement.
Rapidement toutefois, l’humour du roman nous évoque volontiers Le Livre des vérités ultimes de Robert Rankin, de par une nonchalance caractérisée et un goût marqué pour l’ironie voire l’absurde. Il faut donc savoir apprécier un parti pris particulier, bien que moins gras que chez Rankin. Et si l’humour demeure un ingrédient majeur du roman - dans ses situations (la vision de l’enfer…) ou ses dialogues, sans oublier quelques réflexions bien senties sur la nature même du Bien et du Mal et autres considérations sans importance… - l’auteur ne se repose pas uniquement là-dessus, heureusement.
Car son histoire a bien plus à offrir. Fable macabre, le roman ne se contente pas non plus de reprendre l’idée de base de La Foire des ténèbres de Ray Bradbury, une influence que l’auteur reconnait cela dit pleinement. Il suffit parfois de gratter un peu pour tomber dans le tragique. La figure même de Cabal, enfermé dans une armure d’ironie et de morgue, n’est pas la moindre de ses réussites, à l’image des toutes dernières pages du roman (pour ne pas dire plutôt les tout derniers paragraphes) qui parviennent à l’éclairer d’une lumière crue et amère à la fois.
Si les seconds rôles sont souvent savoureux et habilement croqués, il faut bien avouer par contre qu’ils n’ont pas forcément beaucoup d’épaisseur, si l’on met de côté Horst, le frère vampire de notre “héros” ou même Satan le temps de ses courtes apparitions. Johannes Cabal ne prête pas pour rien son nom au titre du roman et celui-ci demeure avant tout centré sur lui, encore et toujours.
De fait, si le lecteur n’accroche pas à ce ton à part une fois franchie la barre des 50 premières pages, difficile d’imaginer qu’il persiste au-delà. Et pourtant, il faut bien quelques chapitres pour que le récit trouve son véritable rythme de croisière pour ne plus revenir en arrière, quitte à ménager quelques concessions à la chronologie de l’histoire ou à faire l’impasse sur certains développements potentiels. Howard tire les ficelles avec un certain bonheur, tel un spectacle de marionnettes sinistre et drôle à la fois, nous livrant une histoire qui tranche singulièrement avec la montagne de parutions interchangeables que nous devons ingérer de gré ou de force dans le domaine de l’Imaginaire.
On pourrait le remercier rien que pour cela, mais ce serait faire bien peu de cas du roman lui-même. Un roman qui ne cherche pas forcément à vous faire rire à gorge déployée mais qui vous laissera peut-être la gorge serrée, une fois refermé.

7.5/10

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