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Des Sorciers et des Hommes
Catégorie : Aucune
Auteur/Autrice : Thomas Geha
Sur la Grande Ile de Colme, quand on sait mettre toute morale de côté, la vie offre de nombreuses opportunités.
Boire, voler, rudoyer ou tuer, tel est le quotidien de Hent Guer, un guerrier redoutable, et de Pic Caram, un sorcier aux rubans. Toutefois, leurs plans se trouvent contrariés lorsqu’un matin de gueule de bois, Hent constate, impuissant, la disparition de Pic. Sur la Grande Ile de Colme comme ailleurs, les talents d’un sorcier aux rubans attirent bien des convoitises !
Pour le guerrier, pas question d’abandonner son partenaire de crime : spolier son prochain est beaucoup plus drôle avec l’aide d’un sorcier à la morale légère.
Critique
Par Benedick, le 21/05/2018
Dans le monde de Des Sorciers et des Hommes, la magie semble être avant tout une source de menace. Aucune philosophie, art ou science issus de la culture des humains ne la rendra totalement inoffensive ou prévisible. Au final, c’est souvent la plus brutale des conventions sociales, le désir du plus fort, qui influencera les maîtrises mystiques des sorcières et des sorciers. Capable de prouesses fantastiques générant fantasmes et peurs viscérales, mais fragilisé par certaines limites, le sorcier aux rubans Pic Caram est bien conscient de ce qu’il peut faire subir et lui-même subir. Sa volonté de confort va s’associer au désir de liberté du combattant Hent Guer. Et si la recherche de liberté et de confort peuvent aussi bien s’accommoder que nos deux protagonistes, faire rentrer la morale dans l’équation est beaucoup plus complexe. Surtout que, si les deux hommes assument leurs actes et savent se positionner dans un monde où chacun s’arrange avec ses prétentions de justice, ils doivent composer avec le ressentiment et les ambitions de celles et ceux qu’ils ont floués.
Des Sorciers et des Hommes se compose de cinq premiers épisodes bâtis comme des nouvelles et d’un épisode final dont la taille est celle d’un court roman. D’ailleurs, les deux premières nouvelles ont été préalablement éditées dans l’anthologie Dyrméa en 2017. Discontinus, chaotiques, dotés de points de vus divergents, ces épisodes forment pourtant un ensemble cohérent, solide et vivant. La lecture du roman devient vite avide, car dominée par un puissant désir de connaître les différentes résolutions. En effet, à tout moment, tout semble pouvoir basculer en faveur d’une des forces en présence, chacune d’entre elles ayant leur intérêt, leur justification et même leur raison de s’associer. Si Hent Guer et Pic Caram sont au cœur des enjeux, le développement de certaines figures enrichit et apporte du corps au récit, notamment le justicier Drao Druber, la mercenaire Yasi ou la prêtresse guerrière Joanni.
L’efficacité générale du récit, qui ne comporte aucune partie défaillante sur les trois cents pages du roman, est obtenue grâce à la combinaison du style dynamique de l’auteur et de choix scénaristiques habiles. Chose appréciable, la majorité des scènes d’action est mise en scène en quelques phrases affûtées et percutantes. Et lorsque les affrontements se déroulent sur plusieurs pages, l’intérêt est accru car la tension et le suspense sont bien retranscrits. De plus, par moments, une certaine poésie se dégage lors de descriptions qui mélangent sensations organiques et sentiments étranges. La magie recèle toujours une part d’horreur ou d’indicible pour l’humain dans cette fantasy.
Il est bien évidemment possible de ne pas apprécier Des Sorciers et des Hommes, une raison pouvant être l’angle directeur de la narration. En effet, l’histoire est centrée sur un nombre restreint de personnages aux motivations sans équivoque, plutôt que sur le développement subtil d’un univers avec diverses strates temporelles, géographiques et même sociales. C’est au travers des rencontres et de rares confessions que le lecteur se fera une représentation, forcement incomplète, des sociétés et de l’histoire de la Grande île de Colme. C’est un choix narratif très intéressant, avec une identité forte. Cependant, il peut laisser insensible à cause d’un manque d’empathie envers une majorité de personnages dotés d’un spectre d’émotions dominé par la vengeance et l’égoïsme. La frustration peut même se faire sentir, car certaines personnalités donnent envie de mieux les connaître, pour mieux comprendre et apprécier leur comportement. Deux ou trois épisodes de plus auraient pu parfaire le tout. Mais c’est peut être mieux comme cela, l’amertume étant une saveur qui donne du goût.
Des Sorciers et des Hommes est une digne évolution du précédent ouvrage de Thomas Geha, le Sabre de Sang. C’est la mise en scène de l’action et la capacité à maintenir en permanence l’intérêt du lectorat qui valorisent en premier lieu l’ouvrage. Néanmoins, les aventures de Pic Aram et Hent Guer ont de quoi séduire au-delà du cercle des habitués de la plume de l’auteur et des amateurs de récits courts et furieux.
7.5/10
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